lundi 4 novembre 2013 - par José Gaillou

Droits des peuples autochtones en république française : indifférence, empoisonnement, génocide par substitution, non respect des droits internationaux...

JPEG - 31 ko
Alexis Tiouka

Pour aborder la complexité de ce thème, l'association TUKUSI dans le cadre dans son cycle de conférence citoyenne, a privilégié une rencontre sous la forme d'une séance ciné-café. Le choix de projeter le film documentaire " Dirty Paradise" du suisse Daniel Schweizer nous a semblé, à bien des égards, le plus pertinent.

 Le débat qui s'en est suivi était animé par Alexis Tiouka, juriste de droit humain, Expert des droits autochtones.

Le cadre du Pub LeBeaubourg de Kourou était presque trop petit pour accueillir un public nombreux, soucieux du sort réservé aux amérindiens de Guyane.

 

A bien des égards, ce film est pertinent d'autant qu'il relate fidèlement le quotidien des amérindiens Wayanas du haut Maroni et, pour une fois, on leur donne la parole. Les témoignages saisissants des acteurs sont révoltants.

 On comprend, après coup, pourquoi ce film a été censuré en France pour cause d'ingérence dans ses affaires intérieures.

Mais aussi pourquoi il reçoit en 2010 le grand prix du Festival du Film et Forum International sur les Droits Humains (FIFDH) à Genève. Il est diffusé, jusqu'à ce jour en France, qu'à travers des réseaux militants pour le respect des droits humains. Il n'a jamais été diffusé sur une grande chaine publique nationale, pas plus en Guyane.

 

Ces vérités dérangeantes cassent l'image d'une France, soi-disant pays des droits de l'homme. 

Au-dela du synopsis, et à travers ce documentaire c'est la posture de la pensée occidentale qu'il nous faut analyser. Cette pensée néocolonialiste, si dominatrice, aliénatrice et acculturatrice est complètement étrange aux premiers habitants de ce territoire amazonien et qui laisse peu de place à leur expression et à l'émancipation de leurs savoirs-faires ancestraux.

 Le titre de la conférence est évocateur car il dénonce toutes les difficultés à reconnaitre le droit des peuples autochtones dans cette république française.

Le génocide par substitution, l'empoisonnement au mercure dans une grande indifférence nationale et les règles fondamentales des droits humains bafouéees sur le territoire français sont les lots quotidiens de ces citoyens de la planète qui réclament seulement le droit de vivre librement et dignement dans le respect de leur tradition.

 

Tradition qui pourtant est la base des savoir-faire de tous les guyanais d'aujourd'hui.

Qui s'en émeut au niveau local, national et européen ?

"Dirty Paradise" nous oblige à pousser la révolte tant la responsabilité de nos gouvernants est mise à mal.

Pourquoi dans ce siècle des nouvelles technologies, des échanges de l'information peut-on accepter de telles injustes ? Une telle indifférence ?

Pourtant tout le monde, les responsables politiques sont au fait de cette situation. D'ailleurs pour répondre à cette catastrophe sanitaire les services de l'Etat en Guyane avaient dans un temps mis en place un pôle mercure. Où est-il à ce jour ? Quel rôle joue-t-il ? On en entend plus parler.

Les différents programmes lancés à une certaine époque, ont tous échoué, sans la moindre évaluation.

Les suicides successifs des jeunes amérindiens sont aussi connus. Qu'a-t-on apporté comme réponses efficaces ? Un suivi psychologiques par des praticiens qui n'ont aucune connaissance réelle du mode de vie, des croyances et coutumes de cette nation amérindiennes.

Des questions se posent et se reposent tant l'inefficacité des réactions des gouvernants est patente. Aucune démarche intégré, impliquant la population, tenant compte de la globalité des affections ne sait se mettre en place.

Pendant ce temps l'activité des orpailleurs illégaux redouble d'intensité, détruisant faune et flore mais aussi déversant des tonnes de mercure sur le territoire des amérindiens Téko, Wayampi et Wayanas.

Pouvons-nous attendre indéfiniment un éveil des consciences des responsables politiques, sous peine de complicité ?

De nombreux témoignages se sont succédés à l'issu de la projection. Tous déplorent cet attentisme, voire ce mépris à l'égard d'un fait de société qui se déroule à nos portes, sur un territoire français.

 La forêt primaire est mise à sac, les rivières et les criques sont polluées par des tonnes de mercure et de boue. Au mépris des lois et du bon sens, on assiste à la destruction de la forêt équatoriale et à l’ethnocide d’un peuple sans que personne ne semble s’en émouvoir. Une réalité qui assombrit l’éclat des bijoux en Or que nous portons.

"Dans un climat de Western amazonien, nous accompagnons ces Amérindiens qui refusent de disparaître dans le silence, la honte ou l’indifférence." Daniel Schweizer

Et nous, qu'attendons-nous pour réagir et bousculer les principes attentistes, électoralistes qui en sommes sacrifient ces territoires enclavés.

Le lancement d'une plate-forme citoyenne pour lutter contre l'orpaillage illégal se met en place et chacun espère que la mobilisation citoyenne saura créer un dynamisme pour porter et dénoncer au plus loin cette catastrophe due en grande parti à la passivité de deux Etats français et brésilien tournés vers d'autres intérêts économiques communs, mondialisation oblige.

 

 

 

 Le public nombreux, environ une soixantaine, espère également que ce film sera projeté dans d'autres endroits, d'autres lieux, libérant ainsi la parole et responsabilisant chacun de nous dans la défense des droits humains, de tous les humains.

Comme disait mon ami Aïku d'Antécum Pata : " Je suis avant tout un citoyen comme vous, avec les même besoins fondamentaux. Je ne demande pas de la compassion mais la juste reconnaissance de mes droits humains."

 

 

Tukusi a lancé les jeudi Citoyen à Kourou, ce genre de conférence doit se généraliser sur le territoire guyanais permettant à tout un chacun de parvenir à un niveau d'information nécessaire pour un engagement citoyen responsable, en connaissance de cause. L'avenir de nos enfants et de la planète sera le résultat de nos comportemens actuels. 

La révolution des mentalités est nécessaire pour une sobriété heureuse.

Pour Pierre Rabhi c'est une évidence : "Seul le choix de la modération de nos besoins et désirs, le choix d’une sobriété libératrice et volontairement consentie, permettra de rompre avec cet ordre anthropophage appelé “mondialisation”. Ainsi pourrons nous remettre l’humain et la nature au coeur de nos préoccupations, et redonner, enfin, au monde légèreté et saveur."

José GAILLOU

 

Prochaine conférence le 7 novembre 2013 : La gestion de nos déchets 

 


6 réactions


  • Francis, agnotologue JL 4 novembre 2013 13:27

    Merci pour cet article, même et surtout, s’il dérange.

    « N’ayant plus de nouveaux territoires à coloniser, nous avons colonisé nos propres enfants. » (Amérique, notre histoire, Arte)

    Aujourd’hui, les multinationales nous ont tous colonisés. Les compagnies minières, pour n’évoquer que celles-là. n’attendent que la levée des derniers petits verrous pour détruire ce qu’il reste de naturel dans notre environnement.

    Le capitalisme détruit tout ce qui est naturel et gratuit.


  • Alois Frankenberger Alois Frankenberger 4 novembre 2013 13:59

    J’avais déjà lu tout ça dans le Raids et dans le Géo.

    Les frontières amazoniennes sont poreuses et les orpailleurs clandestins en profitent pour faire n’importe quoi n’importe où étant donné qu’ils jouissent d’une impunité de fait étant donné qu’il est impossible de surveiller les frontières et le territoire correctement à moins de mettre dix hommes tous les kilomètres et de prévoir une rotation des effectifs ce qui serait budgétairement impayable.



    • la_gata la_gata 4 novembre 2013 17:09

      Il n y a pas que les orpailleurs clandestins , les orpailleurs officiels le font tout autant , seule différence c’est qu’ eux cotisent , mais les dégâts environnementaux sont les mêmes .


  • la_gata la_gata 4 novembre 2013 17:17

    Je pense que les peuples amazoniens se trouvent entre les plus méprisés de la planète . ses droits fondamentaux sont niés par TOUS les états qui se partagent l’Amazonie, entre le Pérou, Bolivie, Brésil, Colombie,France, etc. aucune différence.
    tous ces gouvernements vont seulement se servir, par le biais de concessions a des entreprises privées ou directement . et pour les populations que dalle.


  • eric 4 novembre 2013 19:44

    En général, des que je vois le mot citoyen, j’arrête de lire. Comme en gros 90 % des gens en France sont citoyens, ceux qui éprouvent le besoin de rajouter ce mot a toutes les choses ont en général deux ambitions.
    Prétendre qu’ils sont plus citoyens que les autres. C’est déjà un peu gênant. ( en pratique une conférence de banquier, de frontistes, de veuves cycliste SONT des conférences citoyennes).
    Exciper de cette citoyenneté supérieure pour transgresser la vraie citoyenneté qui implique notamment le respect des lois citoyennes, c’est a dire votées démocratiquement.

    J’ai regarde un peu quand même : sije comprends bien, face aux insuffisance de l’armée a arrêter les orpailleurs migrants illégaux, ils envisagent des « mesures citoyennes », quand on sait qu’ils sont assez armes pour avoir pu descendre des soldats français, cela promet.

    Fermer les frontières, tirer a vue les illégaux et autres travailleurs clandestins, donner un permis de chasse aux armées française et brésiliennes ? Attaquer les bijoutiers Nicois ( objectivement complices ) ? Que sais je encore.

    Je pense que même au FN, personne n’oserait tenir un discours du genre de celui de cet article avec toutes ses implications concrètes potentielles... Etpourtant....SI on ne veut plus de mercure, qu’est ce qu’on fait en attendant d’avoir change le monde ?


  • smilodon smilodon 4 novembre 2013 20:28

    @ l’auteur... Bel article en effet !..... La preuve « actuelle » que vous êtes dans le vrai, c’est qu’un « français » qui voudrait revendiquer son « appartenance » à ce peuple en voie de disparition, passerait illico pour un « facho », un « extrémiste » un « nazi » ou un « f.n »... Voire pire !.. Non, il voudrait juste faire valoir ses droits à son « identité », ses « racines », lui aussi !... C’est tout !.. Mais c’est trop !... Ne vous inquiétez pas trop !... Je suis persuadé que des centaines de « français » qui vous liront seront d’accord avec vous !... Le « peuple » de France étant trop grand pour être assimilé à une « tribu », il est bien plus vulnérable que toutes ces peuplades d’Amazonie, certes !.... Mais le combat, au demeurant, est le même !.... Et, toutes proportions gardées, le résultat sera le même !.... Nul « Chef » ici, pour défendre les guerriers !..... L’envahissement se veut « légal », et toute résistance, même à coup de sarbacanes, sera punie avec la plus grande sévérité !... L’indien français doit disparaitre !.... D’où qu’il soit né, et où qu’il vive sur le sol de ses aïeuls !....... Bretons, Basques, Vendéens, Corses, amateurs de cassoulet ou de choucroute, ce peuple, originaire de « ces » peuplades« , doit s’effacer !.... Et il va s’effacer !.. Sans laisser aucune trace !... Nos »chefs« le veulent ainsi !.. Et il en sera ainsi !.... Le pire, c’est qu’on le vit, on le voit en »direct live« , chaque jour !.. Et qui se soucie du peuple »France«  ??.... Personne !...... Comme personne ne se soucie de la disparition de tous les autres peuples »autochtones«  !...... Sauf, les »peuples« eux-mêmes !.... Chacun des »individus« de ces »peuples« , ou »peuplades originelles«  !..... A l’échelle de la vie de cette »planète", tout ça n’est pas bien grave !..... Rien ne se perd, tout se transforme !.... Adishatz.


Réagir