Erasmus a 20 ans, et manque d’ambition
Erasmus a 20 ans, Barroso dit que ce programme symbolise ce que l’Europe fait de mieux. Et pourtant, l’intégration de l’éducation supérieure européenne est un rêve pour le prochain siècle, à la vitesse où l’on va. Avec 450 millions d’habitants et un objectif de civilisation de la connaissance, une mobilité organisée de 250 000 étudiants par an, c’est une bien piètre ambition... PAC ou éducation, il faut choisir !!!
Happy birthday, Feliz cumple anos, Zum Geburtstag viel Glück... Bon anniversaire Erasmus. Le programme d’échanges étudiants, le plus connu
et le plus populaire de tous les programmes européens, a fêté ses 20 ans jeudi.
Son bilan est largement
positif. Quand on sait qu’ils n’étaient q’une poignée de braves à avoir imaginé
ce programme et réussi à persuader François Mitterrand de soutenir Erasmus,
jusqu’à sa création en 1987... Depuis, près d’1,5 million de jeunes ont passé une
partie de leurs études dans un pays européen autre que le leur. Aujourd’hui, plus
de 2000 établissements d’enseignement supérieur prennent part à ces échanges
financés par la Commission européenne, et accueillent environ 150.000 étudiants
par an.
L’objectif (Voté par le
Parlement Européen et ratifié par
le Conseil de l’Europe le 15 Novembre dernier) est
d’atteindre 3 millions d’étudiants d’ici à 2012, c’est-à-dire en 6 ans faire
bouger autant d’étudiants européens qu’en 20 ans (1,5 millions), soit un flux
de 250 000 étudiants par an. L’objectif est très humble !!!, passer
de 150 000 étudiants par an à 250 000, ce n’est pas un exploit face à
la taille de l’enjeux (construire l’Europe de l’éducation par l’échange et la
coopération). L’intégration de l’éducation supérieure européenne est un rêve
pour le prochain siècle, à la vitesse où l’on va. Avec 450 millions
d’habitants et un objectif de civilisation de la connaissance, une mobilité
organisée de 250 000 étudiants par an, c’est une bien piètre ambition...
C’est peu, ridiculement peu, alors qu’Erasmus
symbolise ce que l’Europe fait de mieux. Outre l’aspect directement lié aux
études, il crée un espace d’ouverture et de tolérance et amène les gens à se
rencontrer de manière naturelle. Il encourage le dialogue interculturel et
incite les jeunes à penser « européen » et à être mobiles, non seulement
pendant leurs études, mais aussi lorsqu’ils entreront sur le marché du travail (du Manuel
Barroso dans le texte).
On comprend la posture du
Président de la Commission européenne qui est avant tout un gestionnaire. Ce
programme d’échange - étendu à tous les pays du monde depuis la rentrée
universitaire 2004/2005 - coûte un bon milliard d’euros sur 7 ans. C’est peu en
réalité, car les bourses attribuées aux étudiants restent peu élevées : entre
100 et 130 euros par mois. Mais pour imaginer faire une réelle Europe, avec un Erasmus qui symboliserait ce que l’Europe fait de mieux, il faudrait un
Erasmus puissance 10 (faire bouger 2,5 millions d’étudiants par an) et un
budget de 15 à 20 milliards sur 6 ans.
Mais ne rêvons pas, Barroso
n’a pas de marges de manœuvre budgétaire pour nourrir l’ambition d’une Europe à
la mesure de la mondialisation. Il ne faut pas oublier, à cause de la France, on ne peut pas
se payer la PAC (plus de 40 % du budget EU) et investir dans l’éducation ...
En 2007, combien de braves pour imaginer un programme Erasmus puissance 10 ?