vendredi 6 mars 2015 - par Laurent Herblay

Fessée : le conseil de l’Europe et le Monde en mériteraient bien une !

Mercredi, le Conseil de l’Europe a jugé que la France « ne prévoit pas d’interdiction suffisamment claire, contraignante et précise des châtiments corporels » et violerait la Charte européenne des droits sociaux, ouvrant la voie à une condamnation par la CEDH. Un jugement effarant.

Ubu s’occupe des fesses des autres
 
Le traitement du sujet par le Monde est assez biaisé. Cela commence par le dessin, qui, quand on y fait attention, n’est pas neutre : y est représenté un enfant extrêmement jeune et une femme aux mains totalement disproportionnées, surtout avec un si petit enfant, rendant la fessée encore plus effrayante. Le papier évoque des études qui montreraient la nocivité des « coups reçus dans l’enfance ». Outre le fait qu’il n’y a aucun lien vers une étude qui démontrerait la nocivité de la fessée, le glissement sémantique (avec le choix du terme « coups »), créé un amalgame entre les parents qui battent leurs enfants, et leur donnent des coups et ceux qui se contentent parfois de donner une gifle ou une fessée.
 
Bref, entre mauvaise foi et amalgame, le Monde semble prendre le chemin de Libération dans l’affaire d’il y a un an et demi où un père avait été condamné pour avoir donné une fessée à son fils de 9 ans. Pour aller plus loin, se pose aussi la question du rôle de ces institutions européennes qui se mêlent de ce qui ne les regarde pas, même si je reconnais que cela est aussi la conséquence de traités votés par nos politiques. Voici l’exemple de la complexité que créé cette Europe qui éparpille les responsabilités et fait perdre du temps sur des sujets sans objet (plus de 80% des Français sont contre l’interdiction). Et cela montre aussi la tendance bureaucratique d’une construction qui prétend tout réguler.
 
Les paradoxes de ce débat
 
Malgré tout, c’est un débat que l’on peut avoir. Il est assez piquant de le relancer alors même qu’en Suède, pays pionnier dans le domaine, certains se demandent si le pays n’est pas allé trop loin avec ses enfants, en faisant de petits monstres aux désirs sans limite… En outre, les partisans de l’interdiction construisent une société toujours plus violente, où la protection sociale et les droits des travailleurs sont déconstruits. Mais ils essaient de faire de la vie des enfants un cocon ultra protecteur. Ce sont souvent les mêmes qui veulent que l’école s’adapte à l’enfant ou supprimer les notes.
 
Ne se rendent-ils pas compte qu’ils construisent un monde totalement schizophrène qui rend de plus en plus violent le passage à l’âge adulte, générant des souffrances bien plus grandes qu’une claque ou une fessée, comme le soulignent ceux qui dénoncent la façon d’éduquer les enfants en Suède ?
 
Voici un nouvel exemple de cette « dissociété  » qu’a bien analysée Jacques Généreux. On y retrouve aussi tous les travers de cette société néolibérale, gouvernée par le seul droit, comme si la vie en société ne pouvait être envisagée que par un droit normatif et froid, où les traditions et la volonté arbitraire et culturelle d’une société particulière n’auraient plus leur place. Bien sûr, les opposants de la fessée se feront les avocats des « droits de l’enfant » mais que font-ils pour qu’ils apprennent à lire, à écrire et à compter à l’école, puis trouvent un emploi à la fin de leur parcours scolaires ?
 
Une tradition justifiée ?
 
Même s’il s’agit d’une tradition, il n’est pas interdit de se poser la question sur le bienfondé de ces punitions corporelles. Toutes les traditions ne sont pas bonnes. De même qu’elles ne sont pas toutes mauvaises non plus. 95% de la population en serait passée par là et l’immense majorité n’en semble pas du tout traumatisé, au point de répliquer ce comportement une fois parent. C’est qu’il y a une différence entre donner parfois une gifle ou une fessée et frapper violemment, contrairement aux amalgames dans lesquels tombent trop facilement les adversaires des punitions corporelles, comme Libération.
 
Les punitions corporelles représentent une forme de sanction plus dure, qui permet une gradation dans les sanctions que peuvent donner les parents à leurs enfants quand ils ont dépassé les bornes. Même s’il peut y avoir des excès et des parents trop violents (et dans ce cas-là, il faut être extrêmement sévère pour protéger ces enfants), la très grande majorité du temps, ces gifles ou ces fessées, utilisées de toutes les façons avec modération par les parents, et sans véritable traumatisme physique, n’ont pas de conséquences autres que délimiter plus clairement l’interdit à un enfant qui l’a dépassé.
 

Naturellement, il ne s’agit pas de permettre des mauvais traitements, qu’il faut repérer et sanctionner, pour le bien des enfants. Mais l’immense majorité des parents font une utilisation parfaitement raisonnable des punitions corporelles et il serait absurde de les interdire sans nuance.



31 réactions


  • Séraphin Lampion P-Troll 6 mars 2015 17:59

    Que le conseil de l’Europe s’occupe des siennes, de f...... !


  • charlie charlie 6 mars 2015 18:41

    Ce barouf est stupéfiant : comment peut-on être opposé aux châtiments corporels comme méthode d’éducation ?? Les témoignages des parents qui se laissent emporter à donner des gifles et des coups montent qu’ils ne sont pas fiers mais que ça leur a fait du bien sur le moment, en cas de grande peur devant les conneries dangereuses de leurs rejetons. Voilà, ils regrettent et ils essaient de ne pas recommencer. C’est le début de la sagesse.

    Mais de là à juger du bien-fondé éducatif des coups aux enfants, ll y a tout de même une marge !


  • Alren Alren 6 mars 2015 19:07

    Des mots, des comportements, des regards parfois sont beaucoup plus blessants qu’une gifle donnée après une bêtise sous le coup de l’énervement, de la peur, de l’impuissance de l’adulte dont l’enfant ne doute pas qu’il (qu’elle) l’aime.


    Personnellement, j’ai le souvenir fort clair de propos humiliants formulés par un certain prof à mon égard. Et des dizaines d’années après, je lui en veux encore !

    Bien entendu ces biaux messieurs de l’Euurooope voulaient nous faire comprendre que « charbonnier n’est plus maître chez lui » , que la démocratie c’est eux et eux seuls et que pendant ce temps-là, on ne parlera pas du fiasco économique dont ils sont responsables !

    • Fergus Fergus 7 mars 2015 11:10

      Bonjour, Alren.

      Entièrement d’accord avec vous. Des gifles, des fessées, des coups – avec ou sans martinet -, j’en ai pris assez souvent dans mon enfance à la maison, mais aussi fréquemment à l’école (ce que je racontais en 2010 dans cet article : Au bon vieux temps des châtiments corporels dans l’enseignement catholique). Et je n’en ai jamais été traumatisé, ni même déstabilisé, alors que certaines paroles humiliantes m’ont plus marqué en quelques occasions.

      Je n’ai toutefois pas reproduit ce type d’éducation avec mon fils – à quelques rares et menues tapes près – et c’est très bien ainsi. Mais je ne suis pas sûr qu’il ait été éduqué mieux que moi.


    • charlie charlie 7 mars 2015 12:03

      @Fergus

      « Je n’ai toutefois pas reproduit ce type d’éducation avec mon fils »
      Pourquoi ? je ne comprends pas ce qui vous en a empêché si le châtiment corporel est bel et bon pour l’éducation des enfants, ni « traumatisante » ni « déstabilisante » selon vos dire. 
      Si vous la défendez, il faut bien que vous lui trouviez quelque intérêt, non ?


    • Fergus Fergus 7 mars 2015 17:15

      Bonjour, Charlie.

      Vous m’avez mal lu : je suis opposé châtiments corporels. Je voulais simplement souligner qu’ils ne sont pas forcément traumatisants et que, comme cela a été dit par Alren, des humiliations verbales peuvent avoir parfois des conséquences pires sur l’enfant.


    • charlie charlie 7 mars 2015 17:58

      @Fergus

      ok fergus, j’ai traduis trop vite votre commentaire peu critique en approbation..... J’attends sans doute des refus très fermes à la violence envers les enfants, et j’ai dû vous trouver trop tiède. smiley


    • Fergus Fergus 7 mars 2015 18:47

      @ Charlie.

      Je condamne évidemment avec la plus grande énergie toutes les formes de violence exercées à l’encontre des enfants.


  • Robert GIL Robert GIL 6 mars 2015 19:35

    je crois que l’education ne depends pas de pour ou contre la fessée, mais de bien d’autres facteurs ...
    .
    voir : MES CHERS PETITS


  • bluerage 6 mars 2015 19:42

    Mais qui lit encore cette daube de Libé ?


  • psynom 6 mars 2015 19:42

    Je suis opposé aux châtiments corporels ou aux punitions humiliantes... (mais je n’ai pas à juger les autres parents).

    Je suis surtout opposé à ce que des lois s’immiscent dans le mode d’éducation des parents, culpabilisent, infantilisent, encore une fois de plus, le citoyen.

    Je suis surtout opposé à ce que ce soit l’U.E. qui l’impose à la société française (sans son avis en plus de ça)

    Je suis complètement effaré qu’une association britannique puisse se permettre de juger, porter plainte et faire condamner la société Française.

    Vite sortons de cette U.E.


    • Fergus Fergus 7 mars 2015 11:14

      Bonjour, Psynom.

      « Je suis surtout opposé à ce que des lois s’immiscent dans le mode d’éducation des parents, culpabilisent, infantilisent, encore une fois de plus, le citoyen. »

      D’accord avec vous sur ce point.

      « Je suis surtout opposé à ce que ce soit l’U.E. qui l’impose à la société française (sans son avis en plus de ça). »

      Pas d’accord en revanche sur cette affirmation : l’UE n’impose rien aux nations qui la composent dans la mesure où elle agit dans le cadre des missions et des objectifs qui lui sont fixés par les 28 chefs d’Etat membres, y compris le président français ! 


    • psynom 7 mars 2015 12:02

      @Fergus
      vous vous contredisez : sur les 28 qui s’immiscent indument dans le mode d’éducation des parents, 27 ne sont même pas français, ne connaissent même pas la société française, et n’en on rien à f......
       Je n’ai pas voté pour eux, ils n’ont pas de leçon à me donner. Je ne reconnait pas leur pouvoir de décider ou de juger à ma place, ni à la place de la société.


    • Fergus Fergus 7 mars 2015 17:29

      @ Psynom.

      Dans ca cas, il faut être cohérent et rejeter les directives de l’UE sur les droits des femmes, ou sur les normes environnementales, et nomment en matière de sauvegarde des biotopes humides ou de protection des espèces animales menacées. Etc.

      Et si, vous avez voté pour l’UE, d’une part en élisant un président de la République qui est membre du Conseil européen en charge de définir les orientations de la Commission, d’autre part en élisant des députés européens qui, comme leurs homologues au niveau français, sont habilités à déposer des projets de directives.

      Bonne fin d’après-midi.


  • Il ne faut pas être hypocrite. Le fait de donner une fessée sur des fesses dénudées est violemment érotique. Pour le (la) donneur comme, à un autre titre, pour le (la) receveur...avec des sous-entendus sado-masochistes. Relisez les mémoires de Rousseau.
    Interdite ou pas, la fessée subsistera.


    • Fergus Fergus 7 mars 2015 11:19

      Bonjour, Automates Intelligents.

      Qui parle de « fesses dénudées » ? La plupart des fessées se donnent à travers le pantalon ou la culotte de l’enfant.

      J’ajoute à cela que celles que j’ai prises, pantalon baissé, lorsque j’étais pré-ado dans une institution catho (je relate cela dans un article mis en lien en réponse à Alren), se faisaient, à l’aide de baguettes plus ou moins fines selon la volonté de plus ou moins faire mal, sur le haut des cuisses, beaucoup plus sensibles aux coups portés !


    • Fergus Fergus 7 mars 2015 18:54

      Bonjour,Septikettak.

      Rassurez-vous, j’en ai été viré après un peu plus de 2 ans de conflits avec l’encadrement, et définitivement athée.

      Quant à être personnellement de gauche (la vraie, celle qui se soucie avant toute autre chose des autres, et notamment du sort des classes populaires), je l’ai été dès que j’ai commencé à m’intéresser à la politique.

      Autre chose : il existe d’excellents cathos de gauche au même titre que des athées de droite. Et vice-versa, cela va sans dire...


  • Montdragon Montdragon 6 mars 2015 21:59

    J’ai voté oui à l’article mais les gifles je dit non, je n’ai d’ailleurs jamais fessé un enfant (j’en ai 3), à part la petite claque sur le cul celle qui fait pas mal.
    Ça ne m’empêche pas pour chier sur le conseil de l4euorpe, qui voudrait que nous devenions aussi africains......on leur posera la question à eux, s’ils sont pour ou contre la fessée ???


  • philouie 6 mars 2015 22:20

    Moi je trouve ça très Charlie.
     
    Le refus des baffes.


  • cassandre4 cassandre4 6 mars 2015 23:36

     

     Quand l’ €urope fait du « social » au rabais !

     Elle serais plus crédible, si elle uniformisait es salaires (bas et hauts) et la fiscalité ! smiley


  • troletbuse troletbuse 7 mars 2015 09:39

    Enfin, le conseil attaque les vrais problèmes. On est sauvé.


  • Gasty Gasty 7 mars 2015 12:17

    Privé un enfant de Mac Do, ça c’est très bon pour son éducation de futur consommateur de mal bouffe.

    Moi j’ai que des Rolex maintenant ! Quand j’étais petit, je n’ai eu que des Lip. Faut savoir attisé chez les jeunes le gout des vrais valeurs en les brimant.

    La fessée, c’est ringard...Voyez ! grâce à mes parents j’ai réussi dans la vie.


  • Hervé Hum Hervé Hum 7 mars 2015 13:59

    Comme vous l’avez écrit, la fessé ou la gifle importe peu à ce conseil machin, la seule chose qui l’intéresse, c’est de détourner l’attention des citoyens de la politique de casse sociale et d’infantilisation des citoyens.

    Cette histoire de fessé sert à donner la fausse impression que l’UE est sociale, alors qu’elle est construite pour être antisociale. Toujours la même stratégie de détournement et d’égarement des problèmes politiques. Toujours cette même tactique de confusionisme entre le sociétal et le social. Le premier cachant la destruction du second.


  • christophe nicolas christophe nicolas 7 mars 2015 14:46

    Ne vous inquiétez pas, l’Union Européenne a voté des budgets pour le surgénérateur Myrrha à Mol juste à coté de Bruxelles, alors ils auront une « fessée » s’ils ne changent pas.


    Mol est au cœur de la plus riche région du monde, près du siège de l’OTAN et où les gens influents ont des intérêts économiques et affectifs. Ils ne peuvent pas agir en douce sans se déjuger sauf raison sérieuse.

    La seule raison sérieuse nécessite de revenir dans la vérité.

  • bakerstreet bakerstreet 7 mars 2015 15:52

    Deux articles sur la fessée. il ne faudrait pas davantage, il n’y aurait plus de fesse disponible. 

    Des fessés, il y a celle à la DSK, d’ordre économique et ménagère, et les autres éducatives, sur lesquelles je ne m"égarerais pas. 

    Hitler a reçu beaucoup de fessés de son beau père. 
    Education rude à la prussienne ! 
    On se temps là là on ne badinait pas avec la badine :

    La question est donc de savoir s’il en a reçu de trop, ou pas assez ?

  • Qaspard Delanuit Qaspard Delanuit 8 mars 2015 00:57

    « Naturellement, il ne s’agit pas de permettre des mauvais traitements, qu’il faut repérer et sanctionner, pour le bien des enfants. Mais l’immense majorité des parents font une utilisation parfaitement raisonnable des punitions corporelles et il serait absurde de les interdire sans nuance. »


    Je vais me permettre de décliner votre proposition et vous me direz comment vous appréciez cela, d’accord ? 

    1. Naturellement, il ne s’agit pas de permettre des mauvais traitements, qu’il faut repérer et sanctionner, pour le bien des femmes. Mais l’immense majorité des maris font une utilisation parfaitement raisonnable des punitions corporelles et il serait absurde de les interdire sans nuance.

    2. Naturellement, il ne s’agit pas de permettre des mauvais traitements, qu’il faut repérer et sanctionner, pour le bien des salariés. Mais l’immense majorité des patrons font une utilisation parfaitement raisonnable des punitions corporelles et il serait absurde de les interdire sans nuance.

    3. Naturellement, il ne s’agit pas de permettre des mauvais traitements, qu’il faut repérer et sanctionner, pour le bien des détenus. Mais l’immense majorité des surveillants de prison font une utilisation parfaitement raisonnable des punitions corporelles et il serait absurde de les interdire sans nuance.

    4. Naturellement, il ne s’agit pas de permettre des mauvais traitements, qu’il faut repérer et sanctionner, pour le bien des poulains et des caniches. Mais l’immense majorité des directeurs de cirque font une utilisation parfaitement raisonnable des punitions corporelles et il serait absurde de les interdire sans nuance.

    Maintenant, j’aimerais bien qu’on m’explique d’une manière « parfaitement raisonnable » pourquoi on trouverait normal d’utiliser sur des enfants ce que l’on jugerait scandaleux d’utiliser sur des femmes, des employés, des détenus ou même des animaux de cirque. 

    Je vous demande d’y réfléchir, et non de seulement défendre une position par principe. 

    • Ruut Ruut 10 mars 2015 19:44

      @Qaspard Delanuit
      Peut être parce que des femmes, des employés voir des détenus ne tenteraient pas d’allumer le gaz et de jouer avec des allumettes, juste après......


  • zygzornifle zygzornifle 8 mars 2015 11:00

    L’Europe ne nous fesse pas mais nous sodomise .....


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