mardi 25 août 2020 - par heber

Géopolitique des pays de l’Europe du Sud : I- Contexte et environnement

Nos pays du Sud de l'Europe sont confrontés à plusieurs défis géopolitiques qu'il convient d'analyser afin de proposer ultérieurement comment survivre et agir avec efficacité dans ce contexte.

 

 Les pays du Sud de l’Europe, Espagne, France, Italie, Portugal, Grèce, Roumanie, Bulgarie ( j’omets le cas des pays de l’Ex-Yougoslavie qui sont confrontés à une problématique particulière) évoluent dans un contexte géopolitique qui a dramatiquement changé en quelques années :

Les USA ne sont plus des alliés fiables, ni du point de vue de la sécurité, ni du point de vue économique.

Ils perçoivent l’Europe, dans son ensemble, comme un concurrent commercial gênant et trop puissant et souhaitent affaiblir l’Union Européenne, en la limitant au rôle de simple instrument permettant d’élargir indéfiniment un grand marché ouvert qui joue le rôle d’attracteur de tous les pays limitrophes de l’Est et du Sud afin de les englober dans leur système militaire (l’OTAN) dont l’ objet réel n’est pas la défense de l’Europe mais d’encercler la Russie.

Les USA continuent de percevoir la Russie, malgré l’écroulement de l’empire soviétique, comme un pays menaçant l’hégémonie mondiale militaire américaine.

En outre, les USA sont de plus en plus accaparés par l’Asie qu’ils perçoivent à la fois comme l’origine de la principale menace de leur suprématie ( la Chine ) mais aussi comme le réservoir principal d'expansion de leur économie capitaliste.

 

La Chine, 2ème puissance mondiale, inexorablement destinée à ravir le premier rôle aux USA d’ici 20 ans, sape chaque jour davantage notre indépendance économique en prenant le contrôle progressif de pans entiers de nos appareils industriels et de nos activités de service et en substituant à nos productions nationales les marchandises élaborées à bas prix dans ses propres usines.

Son but, très clair, est de nous réduire au rôle de clients et de partenaires dépendants et fidèles, tout comme l’Afrique constitue pour eux un réservoir de matières premières et de production agricole.

 

La Russie, traumatisée par la disparition de son ancien empire, transformée en émirat pétrolier et gazier et en pays exportateur d’équipements militaires de haute technologie, ne dispose ni d’une économie moderne et suffisamment diversifiée ni d'un réel appareil productif compétitif.

Dirigée par des autocrates, très intelligents et très habiles, mais traumatisés par une grandeur passée à jamais disparue, la Russie est confrontée à un déclin démographique angoissant, rendant de plus en plus problématique le contrôle d’un territoire immense et vide, bordé par des pays très peuplés et avides d’espaces ( Chine, Inde) et par des populations hostiles, soumises à des croyances fondamentalistes redoutables (Turquie, Pakistan, Iran).

Obnubilée par la peur de l’encerclement et se sentant menacée de tous côtés, elle perçoit également l’Europe comme un adversaire manipulé par les USA pour réduire progressivement la ceinture d’états satellites ou ‘’indépendants‘’ encore soumis à son influence ( Biélorussie, Moldavie, Arménie, Géorgie, Serbie, Ukraine …..). 

 

La Turquie, soumise aux frères musulmans, désormais devenue expansionniste et belliqueuse, constitue une véritable menace pour nos intérêts énergétiques, politiques, économiques et sécuritaires, en Méditerranée, dans les Balkans et à l’intérieur même de nos pays, par l’intermédiaire de sa diaspora et de ses mouvances et établissements religieux.

L’Afrique du nord comme l’Afrique sub-saharienne constituent des menaces existentielles pour la préservation de nos systèmes de valeurs démocratiques, nos cultures et nos modes de vivre en raison de la masse potentielle d’émigrants qui, poussées par la pauvreté et une démographie galopante, cherchent aujourd’hui et chercheront encore plus demain à venir s’installer dans nos contrées, perçues comme un Eden pouvant mettre définitivement fin à leur état de misère.

A ce contexte mondial, s’ajoutent de graves problèmes intérieurs. Toutes nos ‘’démocraties occidentales’’, des USA comme de l'Europe, sont sapées par une profonde crise de crédibilité du personnel politique, par une inexistence totale de projet de société, par un individualisme exacerbé, par une absence préoccupante d’affaiblissement de l’autorité de l’Etat et un abandon progressif de l’exercice de ses pouvoirs régaliens, et par une contestation systématique et permanente des lobbies et communautés professionnelles, sociales, culturelles ou religieuses qui recourent sans aucune réserve à la violence et par une irresponsabilité croissante et généralisée des citoyens.

Suite à cette analyse et face à ce constat, nous analyserons dans un deuxième article, les voies éventuelles de solution.



3 réactions


  • Clark Kent Séraphin Lampion 25 août 2020 16:05

    « par une absence préoccupante d’affaiblissement de l’autorité de l’Etat »

    un affaiblissement ou une absence d’affaiblissement ?


    • Clark Kent Séraphin Lampion 25 août 2020 16:21

      @Séraphin Lampion

      Les USA ne souhaitent pas « affaiblir » l’Europe qui n’existe pas en tant qu’état !
      Ils sont simplement déterminés à maintenir dans le premier cercle de leur empire les « provinces » conquises à la « libération » (euphémisme pour conquête) et laisser les nouvelles conquêtes dans la condition de « colonies », ce qui est contradictoire avec les prétentions affichées par l’UE.
      L’hégémonie américaine a tendance à s’effriter, mais les pays constituant l’Europe géographique (moins la Russie, plus la Turquie qui n’a jamais été admise dans le premier cercle) se trouvent de fait en état de dépendance.


  • heber 26 août 2020 06:54

    Séraphin Lampion

    vous avez raison , c’est un lapsus qui m’a échappé à la relecture, c’est , bien sûr,un affaiblissement préoccupant de l’autorité de l’Etat, que je voulais écrire.

    sorry


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