Indépendants et talentueux : les jeunes stylistes s’affirment !
Elles sont jeunes, souvent encore étudiantes, et déjà, elles ont créé une ou plusieurs lignes de vêtements. Lassées par l’uniformisation des collections que l’on trouve aujourd’hui en magasin, ces jeunes femmes ont su créer leur propre monde. En mixant les genres et les codes, elles bouleversent le monde de la mode, et s’attirent la sympathie d’un nombre croissant de femmes en quête d’originalité. Portrait de quelques-unes de ces graines de talent.
Notre hexagone regorge de créateurs qui méritent d’être connus. Tel est le cas de Laurianne Foyard, qui depuis cinq ans s’exprime à travers « L’usine à bulle », la marque qu’elle a créée. Au départ, un simple goût pour la customisation, qui devient une passion pour la couture. Laurianne se fixe alors un objectif : créer toutes ses tenues elle-même. Sans cours de couture, elle réussit son pari, et sa garde-robe regorge aujourd’hui de créations toutes plus originales les unes que les autres. Son style s’affirme au fur et à mesure des collections, et L’usine à bulle propose aujourd’hui des vêtements toujours féminins, mais peu communs. Amoureuses des formes atypiques, Laurianne crée des jupes aux finitions arrondies, des guêtres rigides, des vestes queue de pie... En dégradé de violets, sa couleur fétiche, son site Web1 permet d’apprécier l’ensemble de ses collections. Mais si Laurianne ne jure que par sa machine à coudre, elle ne souhaite pas faire de la création à grande échelle, et vend donc uniquement les créations qu’elle a déjà réalisées. En attendant de devenir un jour costumière...
Dans son univers kawaï et coloré, ZarZar s’enferme pour créer des vêtements des plus originaux : des tabliers ! Customisés à base de patchworks, rubans, et autres gri-gris, ces vêtements de cuisine, une fois décorés, deviennent furieusement féminins et gracieux. Depuis son site Internet2, il est possible de choisir son modèle ou de se faire créer un modèle unique. Gracieuse blonde à dread locks, la demoiselle mixe habilement décors enfantins et détails inattendus. Tout droits sortis de son imagination, elle fabrique aussi des petits monstres porte-clés personnalisables aux couleurs choisies par l’acheteur. Les créations de ZarZar composent donc un monde acidulé qu’il fait bon visiter.
Plus développées grâce au potentiel commercial offert par les Etats-Unis, et qui manque aujourd’hui à nos compatriotes, Supayana et Shrinkle commencent à devenir deux phénomènes outre-Atlantique.
Yana Golbursky, d’origine russe, arrive aux USA à l’âge de quatre ans. Elle commence à créer des vêtements pour ses poupées, avant de s’intéresser à la customisation de ses vêtements. Lasse de la mode qui l’entoure, qu’elle trouve sans saveur, elle commence donc à modifier ses tenues, avant de se lancer et de les frabriquer elle-même. Le talent est au rendez-vous et, à seulement vingt-deux ans, Yana a déjà créé plus d’une centaine de tops, et quelques jupes, sous son enseigne Supayana. En vendant des créations sur ebay, elle se constitue une base de clientes fidèles qui n’a de cesse de s’agrandir. Ses créations s’arrachent aujourd’hui, à partir de 90$ et jusqu’à plus de 200$. Sold out dès leur mise en vente sur son site3, son succès est indéniable. Son talent l’est lui aussi, car Yana trouve toujours le petit détail qui fera d’un top basique un haut ultra-tendance : dentelles, cols travaillés, finitions inattendues, matières et imprimés originaux... Il semble que l’ascension de Yana n’en soit pourtant qu’à son début, mais sa clientèle toujours plus grande, et l’attention dont elle semble commencer à bénéficier, laissent présager qu’elle atteindra rapidement le firmament...
Enfin, Amy, alias Shrinkle4, une amie de Yana, a, elle choisi des tenues plus provocantes et flashies. Sans être vulgaires, ses créations s’inspirent du rock, du punk, et empreintes souvent de couleurs vibrantes. Très talentueuse, elle s’amuse également à déstructurer des vêtements pour un résultat étonnant, tel un tee-shirt de groupe de Métal détourné en robe. Changeant de couleur comme de chemise (avec une prédilection pour le rose), la jeune femme d’origine asiatique laisse parler son imagination dans chacune de ses créations, et permet à ses clientes de ne pas passer inaperçues, sans ressembler à un sapin de Noël...
Dédouanées du système traditionnel de la mode, ces jeunes femmes créent toutes en autodidactes. Leur succès est la preuve qu’une dose de talent associée à une pointe d’originalité et à beaucoup de persévérance peut également entraîner la reconnaissance du public. Car c’est là toute la révolution permise par le développement des nouvelles technologies : chacune d’entre elles s’est fait connaître via Internet. Créations en vente sur ebay, sites personnels permettant de voir leurs créations, et plus récemment création de leurs propres pages sur myspace.com ; la reconnaissance se fait d’abord via les proches, et se répand sur la Toile. Cette génération de jeunes talents n’a plus besoin de l’aval de ses aînés pour fidéliser sa clientèle. Indépendants et talentueux : les jeunes stylistes s’affirment !
Sarah Michaud