Johnny et la France…
A quelques jours de la sortie de la bio de Johnny Hallyday, la presse relaye la vision politique et sociale du chanteur.
"On a souvent dit que je m'étais barré (en Suisse) pour ne pas payer d'impôts. C'est en partie vrai, mais c'est aussi parce que c'est épuisant cette ambiance".
Cher Johnny, Il me semble que tu es un peu confus en ce moment (séquelles de ton coma ?). Tu nous dis que l’ambiance est épuisante en France et c’est ce qui t’a décidé à partir en Suisse, mais j’ai l’impression que ta notion du temps s’est singulièrement dégradée. En effet, en proclamant ton appartenance à la droite et en critiquant la gauche, tu oublies simplement que ton départ en Suisse est largement antérieur à l’arrivée de la gauche au pouvoir puisqu’il me semble que c’est sous Chirac que tu as décidé de fuir le pays pour des raisons fiscales et rien, ni personne, même ton ami Sarkozy avec son bouclier fiscal, n’a pu te faire revenir en France.
Il est toujours facile de refaire l’histoire, de se forger une conscience politique à la va vite, mais tu ne me feras pas croire que c’est une réflexion politique qui t’a amené à quitter la France, d’autant que tes multiples résidences à l’étranger te conduisent depuis longtemps à ne plus mettre les pieds chez nous que pour gagner l’argent que tu ne veux surtout pas partager. C’est surtout une réflexion de rentier, comme celles de Depardieu, Delon, ou Aznavour dont tu te sens très proche (et qui a été un précurseur en matière d’exil fiscal en Suisse) et qui fera de vous les plus riches du cimetière.
« Tu n’es pas pour que les gens pauvres le soient », écris-tu, ce qui est un lieu commun : personne n’est pour a priori. Il faut les aider, rajoutes-tu. Permets-moi de te rappeler qu’il faut éviter de donner des leçons de citoyenneté aux autres qui payent leurs impôts en France quant une grande partie de tes revenus (7 Millions d’euros en 2013 selon la presse) échappe au fisc français.
"Je me suis toujours demandé pourquoi aux Etats-Unis quand t'as une belle voiture, les mecs sourient et te disent formidable, et en France on te traite de voleur ».
Encore une fois, tu fais une erreur d’analyse. Il n’est que de voir le succès du salon de l’automobile, les ventes de la presse people qui vante à longueur de numéros les vertus de la réussite des stars et l’audience des émissions de téléréalité faisant miroiter la gloire, sans compter le succès grandissant du loto pour constater que tu te trompes lourdement au mieux ou que tu cherches à manipuler l’opinion contre cette gauche qui serait « anti riches », selon la formule consacrée par la droite.
Personne ne te reproche de gagner de l’argent et de le dépenser comme tu le veux en belles bagnoles, en champagne ou en voyages. Une chose est certaine : tu vis à l’étranger dans ta bulle avec l’argent que tu gagnes principalement en France étant donné que tu es un illustre inconnu ailleurs et aux Etats Unis dont tu vantes la tolérance (évite tout de même d’aller dans certains quartiers avec tes belles voitures et tes belles motos. Tu pourrais faire l’amère expérience d’un manque certain de tolérance que tu imputes seulement à la France).
Cher Johnny,
Il me semble que ce n’est pas très correct de cracher dans la soupe en publiant ce genre de propos qui ne sont là que pour faire le pitch de ton bouquin et manipuler l’opinion et tes fans en redorant ton blason qui a été singulièrement terni ces dernières années. Accessoirement, (mais n’est-ce pas là le principal objectif ?), la publication de ces déclarations à quelques jours de la sortie de ton livre, contribuera à augmenter tes revenus, à défaut de te forger une image de rebelle et d’analyste politique.
Le pire, c’est que des gens qui ont du mal à boucler leurs fins de mois vont se précipiter chez Auchan ou à Carrefour pour acheter ton bouquin qu’ils mettront bien en évidence à côté de la Sainte Vierge, dans la salle à manger.
C’est con, parce sans être un fan, j’ai toujours apprécié l’artiste et le show man que tu étais, Aujourd’hui, face à l’exil des fuyards fiscaux, je regarde les chanteurs, les acteurs et les autres à l’aune de leur citoyenneté et de leur participation au redressement du pays. Quant à ceux qui s’exilent, je mets un point d’honneur à mettre particulièrement de côté ceux qui s’érigent en chevaliers blancs et en donneurs de leçons. Tu en fais désormais partie au même titre que Depardieu.
Pour faire la promo de ton bouquin tu mets en avant une pseudo réflexion politique qui constitue les « bonnes feuilles » lâchées aujourd’hui dans la presse. Comme toujours dans ces cas-là, je pense que le reste de ton bouquin sera dénué d’intérêt. Tes emmerdes de pauvre riche avec tes ex ou tes producteurs ne m’intéressent pas, mais ce n’est pas grave, tu seras bientôt en tête de ventes.