mardi 21 mai 2013 - par Quentin Georges

« L’armée mexicaine » française et le livre blanc sur la défense

Vision minarchiste du livre blanc au vu de la récente actualité concernant le trop grand nombre de généraux dans l'armée française.

Vous le savez tous, d’ici la fin du mois de juillet la loi de programmation militaire 2014-2019 sera très certainement votée au Parlement. Celle-ci va bouleverser de manière importante la défense nationale française puisque sa vocation première est de rénover notre armée, autrement dit de diminuer massivement les effectifs militaires. En effet, 5 000 postes seront supprimés chaque année en plus des fermetures de casernes qui ont lieu depuis bientôt 4 ans maintenant. Et oui, réduction du déficit oblige, tout le monde se doit de contribuer à l’effort national…

Pourtant, une information révélée sur le site La Voix de la Russie a retenu particulièrement mon attention, et je doute d’ailleurs que vous n’en ayez pas eu vent. Titre bien évidemment accrocheur, « 5 500 généraux en France : quand Hollande se prend pour Zappata  », cela nous promet une belle tirade (sans mauvais jeux de mots) contre le haut de la hiérarchie militaire, reste à savoir si elle est justifiée.

La situation est un peu plus complexe qu’il n’y parait au prime abord, l’armée française comporte à l’heure actuelle deux types de généraux, les actifs que l’on appelle dans le jargon militaire première section, et les inactifs qui sont donc dans la deuxième section. Il est important de savoir qu’un général n’est pas mis en retraite, cela constitue une sanction disciplinaire à ce rang, il est simplement admis en deuxième section. On peut se demander l’utilité d’avoir une section « inactive », et bien c’est tout simple, suite à sa création en 1839 par Louis Philippe, son but était de pouvoir rappeler plus facilement en cas de conflit ce personnel qui était qualifié en la matière. Par conséquent, malgré leur statut sans emploi réel, ces généraux sont considérés comme étant en activité et ce, sans limite d’âge et de nombre. Au vu du contexte actuel, est-il nécessaire d’avoir ce corps d’armée d’autant plus que le rapporteur des armées a comptabilisé 95 rappels annuels d’activités en 2009 soit 2% de rappel ?

Ainsi, pour 498 généraux actifs (donc sur le terrain) en première section fin 2012, nous avons en contrepartie près de 5 500 généraux inactifs payés par l’État en échange d’un rappel qui n’aura sans doute jamais lieu. Ce chiffre est gigantesque, il est égal au nombre de légionnaires tous régiments confondus. C’est aussi un problème de proportion, avec ce nombre nous devrions avoir au minimum plus de 2,5 millions de combattants sur le terrain car ce grade permet de commander une division. Pourtant, c’est loin d’être le cas et cela le sera encore moins dans les années futures au vu du livre blanc présenté à François Hollande. Pour vous donner une idée à titre de comparaison, la Gendarmerie qui fait partie également du corps armée compte un peu plus d’une cinquantaine de généraux pour 105 000 hommes.

Alors oui, il est vrai que jadis cette seconde section était justifiée puisque nous possédions une armée de conscription et de mobilisation générale ce qui permettait à la France de disposer de gros bataillons. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Avons-nous besoin d’un tel corps, ne faut-il pas évoluer, revenir sur cet acquis social pour éviter une fonctionnarisation de l’armée ? Ce pays va-t-il enfin montrer de la modernité dans ses réformes, évoluer, pour enfin frapper ce socle de l’intouchable « avantage acquis » ?

Être libéral ne signifie pas abandonner l’armée, l’État doit garantir nos libertés individuelles et nous protéger, or ce type d’avantage nuit gravement à nos capacités opérationnelles sur le terrain puisque cet argent devrait servir à fournir en équipement nos soldats ce qui est en plus aggravé par la diminution des effectifs actifs. L’armée française possède sans doute l’une des meilleures infanteries au monde, le savoir-faire de la Légion étrangère est reconnue aux yeux de tous, et pourtant notre pays n’est même plus capable de payer ses troupes et de les fournir en matériel !

Oui, nos militaires du rang ne sont plus payés depuis des mois, un dysfonctionnement du système informatisé Louvois est soi-disant invoqué pour cacher la misère des caisses du gouvernement, et pendant ce temps la France va embaucher 40 000 fonctionnaires supplémentaires dans l’Éducation nationale… Il m’attriste de voir cette situation, notre pays possède une grande tradition militaire, notre armée ne mérite pas ce pays et ce pays ne mérite pas cette armée. Le cas de ces généraux est le même que pour les hauts fonctionnaires ou autres conseillers d’État, la vaillance d’un Driant a laissé place au système fonctionnaire dans la hiérarchie.

Frédéric Bastiat a dit un jour, « N’attendre de l’État que deux choses : liberté, sécurité. Et bien voir que l’on ne saurait, au risque de les perdre toutes deux, en demander une troisième », utilisons cet argent gaspillé pour entretenir le matériel défectueux confié à nos soldats et non à des fins inutiles. Le libéralisme, le vrai, a besoin d’une armée forte pour assurer notre sécurité qui est une vraie prérogative régalienne de l’État.

 

Lien raccourci : http://www.contrepoints.org/?p=124919



2 réactions


  • alberto alberto 21 mai 2013 15:46

    Merci camarade pour ce rappel !

    As-tu pu chiffrer le montant annuel des « soldes » attribuées à ces 5500 généraux ?

    Car il y a de quoi « dégraisser », non ?


  • fredleborgne fredleborgne 21 mai 2013 17:14

    C’est une erreur de penser qu’il ne puisse plus avoir besoin d’une armée de 2,5 millions d’hommes.
    Mais mieux vaux un bon colonel encore vert qu’un trop vieux général dans ce cas là.
    De toutes façon, c’est aussi un peu le principe du désarmement unilatéral. Les ennemis potentiels qui nécessiteraient une « grande armée » sont aussi démunis que nous. Et dans les combats, c’est plus économique de faire combattre deux mauvaises armées (mal équipées) l’une contre l’autre que deux bonnes qui ont aussi coûté cher en temps de paix..
    Et puis ainsi, la guerre dure plus longtemps et ça aussi, c’est rentable pour les bonnes âmes de la « reconstruction ».


Réagir