lundi 20 décembre 2010 - par Chien Guevara

L’espérance de vie, alibi déplacé des réformes

L’espérance de vie, alibi déplacé des réformes

Un état des lieux en guise de prévision

Combien de fois n’avons nous pas entendu cette phrase : « la réforme des retraites est indispensable car l’espérance de vie augmente », ou bien « dans cinquante ans, nous vivrons vingt ans de plus ». Spécialistes à l’appui, on nous l’a ressassée à longueur de journée, convainquant d’abord les syndicats, puis par contagion, une bonne partie de la population.
Cependant, quand on vous a annoncé un allongement de l’espérance de vie, ce n’était pas une prévision, mais tout simplement un état des lieux ; oui, l’espérance de vie en France est en augmentation, mais non, nous ne sommes pas sûr que ça va continuer, messieurs les spécialistes !
D’ailleurs, et si l’on regardait ce qu’il en est aux Etats Unis, vu que nous les « copions » avec une vingtaine d’années de retard.

L’espérance de vie augmente, mais …



Sur la courbe de l’espérance de vie en France, on constate en effet qu’il y a une croissance régulière et importante ces dix dernières années : plus de trois ans de gain entre 1999 et 2009* (78,150 années en 1999 et 81,706 en 2009).
Pour trouver quelque chose de semblable aux Etats Unis, il faut remonter à la période allant de 1972 à 1982, où l’on constatait un gain de 3,2 ans sur 10 ans ( 71,156 ans en 1972 et 74,361 en 1982).
Et que s’est-il passé pour les USA ensuite ?

Chez nos amis américains

Et bien, on peut remarquer qu’ensuite, la courbe s’infléchit fortement ; on ne constate qu’un gain d’un an d’espérance de vie, sur les dix années suivantes. On atteint ensuite un plateau juste avant l’an 2000, et même une baisse en 2003. Un nouveau départ semble apparaître trois années de suite, puis l’espérance de vie stagne.
Il est à noter que cette « relance » sur les années 2004 à 2006 est sans doute due à la hausse considérable des dépenses de santé par habitant (comme la courbe ci-dessous le montre).
Désormais, l’espérance de vie ne monte même plus (2007 = 2006), alors que les dépenses de santé, elles, continuent d’augmenter (6350 $ par habitant en 2006 et 7066 $ en 2007).



Alors ?

Sur quoi s’est-on basé en France, pour affirmer que dans quarante ou cinquante ans, nous vivrions vingt ans de plus ?
Sûrement pas sur notre modèle, notre exemple, notre référence. Car il semblerait bien, aux Etats Unis, que quand le capitalisme atteint ses limites, l’espérance de vie aussi !

Article d'origine : L’espérance de vie, alibi déplacé des réformes



4 réactions


  • Le journal des tueursnet Le journal des tueursnet 20 décembre 2010 11:14

    Docteur, je ne sais pas si je dois dire tout ce qui me passe par la tête
    En France, on manifeste ses envies mais on ne revendique aucun lien de parenté avec la vie : Eros.
    A quoi bon s’en prendre à la cour quand on ne sait pas ce que c’est que l’amour …
    Ça grille puis ça part en vrille ! Parce que nous sommes encore incapables de laisser des traces indélébiles de notre désir de changement, de renversement, de bouleversement…
    Nous ne creusons pas assez de tunnels dans les consciences assoupies et endormies de nos concitoyens.
    Alors que l’injustice dont ils sont victimes de jour en jour, exige d’eux, de couper une fois pour toutes le cordon et devenir démons, violents ou truands pour mettre fin à cette supercherie où tout le monde biaise et personne ne jouit
    Et que vive la révolution… avec des couilles, pas avec des nouilles… viva la muerte
    http://www.tueursnet.com/index.php?video=Amma


  • kiouty 20 décembre 2010 11:35

    Alors ça, la question de l’allongement de la durée de vie, c’est l’argument massue par excellence qui vise à saboter tout débat dès le début.
    Et ca marche !

    Le nombre de gens qui me regardent de façon hallucinée quand je leur dis qu’on s’en fiche et que ce qui compte, c’est de faire la réforme pour plaire aux agences de notation et donner des gages destinés à ne pas faire baisser la note de la France avant 2012...

    Et puis aussi démanteler le système de retraites par répartition et favoriser le privé, comme les fonds de pension et les assurances privées, évidemment, on est dans le néo-libéralisme tout ce qu’il y a de plus classique.


  • epapel epapel 20 décembre 2010 19:25

    La réforme des retraites étant passée, cette analyse - déjà présenté x fois avant - ne présente plus aucun intérêt par rapport à cette réforme.

    Vous passer sous silence l’autre raison invoqué par la gouvernement : le papy-boom depuis 2006 dont la cause est un surcroît important de naissances de 1946 à 1973 (après plus d’une génération de classes creuses à partir de 1914) qui contribuera pour plus de 50% à l’augmentation du nombre de retraités.

    Pour le reste l’analyse est très pertinente car l’extrapolation des tendances sur de grandes périodes est une idée fausse. Avec ce principe, ont pourrait par exemple opposer que nous serions en décroissance en 2050 si on l’appliquait à la croissance du PIB ce qui contredirait les affirmations du gouvernement, très gênant pour tout le monde.

    Vous pourriez aussi y ajouter le fait que l’allongement de la durée de vie au travail pourrait-être un facteur de limitation de l’augmentation de l’espérance de vie de ceux qui ont des métiers physiquement éprouvants.


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