jeudi 10 mai 2007 - par Pierre JC Allard

La drogue sous contrôle

De toutes les aberrations de la société actuelle, il en est peu qui apparaissent aussi coûteuses et aussi néfastes que cette guerre perdue que l’on prétend mener contre le trafic de la drogue. Cette « guerre à la drogue » est un non-sens pour deux raisons.

La première, au palier des principes, c’est que la relation entre la société moderne et l’individu repose sur le respect de la liberté de ce dernier, à laquelle l’État n’impose des limites que pour le bien ou le respect de la liberté des autres. Au nom de quel droit l’État viendrait-il dire à un adulte sain d’esprit qu’il peut ou ne peut pas absorber une substance quelconque ? De quoi je me mêle ? Qui en a décidé ainsi ? Pourquoi ?

La seconde, bien pratique, c’est qu’il est inacceptable, alors que l’on voit se développer dans la société une violence croissante, allant du « taxage » dans les écoles à la montée en puissance des gangs de rue, que la plus grande partie des ressources policières du monde soit occupée tous azimuts à jouer au cow-boy avec les trafiquants de drogues, lesquels ne font que répondre à une demande.

Il ne s’agit pas de savoir si la drogue est bonne ou mauvaise pour la santé ; le tabac, l’alcool, le café ne sont pas bons pour la santé. La pollution qui sort des tuyaux d’échappement des centaines de millions de voitures qui circulent sur les routes n’est pas bonne pour la santé. Bien sûr, la drogue est essentiellement nocive et il faut prendre toutes les mesures possibles pour que n’y aient pas accès les mineurs et incapacités mentaux, mais, quand on parle d’adultes, toute prohibition qui ne protège pas les droits d’autrui est intolérable.

Il est normal que tout individu majeur et sain d’esprit ait le droit inviolable de consommer ce qu’il veut ; il est donc incontournable que l’on doive tôt ou tard légaliser l’usage de toutes les drogues. On tarde à le faire pour des raisons qui prêtent à interprétation, mais on y viendra bientôt. Le problème, c’est de concilier l’exercice de ce droit à consommer avec la volonté sociale bien justifié que la drogue ne devienne pas un pilier de notre culture. Comment pourra-t-on éviter la diffusion intempestive de la consommation des drogues dites « dures » en simple réaction à la levée de la prohibition dont elles ont fait l’objet ? Une diffusion d’autant plus pernicieuse que, pour certaines d’entre elles, une assuétude peut être vite créée ?

Aucune solution ne sera parfaite, mais on pourrait s’inspirer du principe qu’un produit dangereux ne doit jamais être accessible aux mineurs et incapables et alléguer que cette inaccessibilité ne peut être assurée efficacement que si le produit demeure sous la surveillance des autorités. Partant de là, on pourrait interdire non pas la consommation, mais la circulation des drogues « dures ».

On pourrait exiger que quiconque veut consommer légalement ces drogues - essentiellement les opiacés - obtienne un permis à cet effet. Un permis qu’on lui accordera sans discussion, mais qui ne lui permettra de s’en procurer que dans des boutiques de l’État et à la condition de les consommer sur place. Quiconque a son permis devrait pouvoir se présenter à une boutique de l’État et acheter la drogue qu’il veut, mais il ne devrait pas quitter les lieux avant de l’avoir absorbée. La drogue ne doit pas circuler.

Évidemment, il est ennuyeux de devoir passer à la boutique pour recevoir une piqûre d’héroïne, mais le narcomane qui en a vraiment besoin ne reculera pas devant cet effort. Celui qui refusera cet effort, ce sera celui qui n’en n’a pas besoin. Celui qui veut essayer. Inutile de lui faciliter l’expérience....

La possession d’une drogue dure à l’extérieur d’un local prévu pour sa consommation ne devrait pas mener à une peine de prison, mais à une amende sévère. Celui qui payera 500 euros d’amende, parce qu’il ne s’est pas rendu à la boutique de l’État où il aurait pu obtenir sa dose pour deux dollars, y songera longtemps avant de refaire cette erreur.

Quiconque a son permis et veut un « fix » devrait pouvoir l’avoir immédiatement à crédit à la boutique : on ne joue pas avec les dépendances. Il n’en aura pas un autre, cependant, avant d’avoir réglé son dû. Comme il s’agira d’un montant insignifiant, le seul qui ne pourra pas faire face à cette obligation sera celui que sa drogue aura amené à un état de turpitude tel qu’il ne peut plus disposer du moindre revenu.

Celui qui se présente à une boutique sans avoir le prix de ce qu’il a déjà consommé et en redemande n’est plus fonctionnel. Il est devenu un danger social. Son manque est donc satisfait sur le champ, mais il est aussi mis sous arrêt et envoyé immédiatement en centre de désintoxication. L’ordre de cours pour sa cure fermée est automatique et il n’y a pas d’exceptions.

Il ne s’y retrouvera pas en milieu hostile, car quiconque en fait la demande doit pouvoir aussi être admis de son plein gré et gratuitement en centre de désintoxication, d’où il doit simplement accepter à l’entrée qu’il ne recevra son congé que lorsque, de l’avis des experts du centre, il sera désintoxiqué. Assez libre de sa dépendance pour faire un libre choix.

Celui qui y est assigné par la loi, comme celui qui va de son propre gré en désintoxication, en sort libre. Rien ne l’empêche de recommencer le lendemain, mais il aura eu sa chance.... et au besoin, il en aura d’autres. Il sera un fardeau pour la société, mais, même s’il le fait cinq fois, dix fois, cent fois, ce fardeau sera bien plus léger que celui de maintenir en place les forces policières requises pour tenter vainement de l’empêcher de consommer. Et on aura substitué la liberté et la notion d’aide, à l’intrusion de l’État et aux prohibitions.

On sera sur la bonne voie, mais il faudra faire plus. En parallèle à cette démarche d’accès contrôlé à la drogue - et de réhabilitation forcée dans les cas extrêmes - il faut mettre en place une politique d’information. Mettre en place, aussi et surtout, une politique de conditionnement pour inculquer aux enfants, dès leur plus jeune âge, un profond dégoût de la drogue.

Conditionnement ? Ne jouons pas les vierges offensées ; toute éducation est un conditionnement. Si on a pu, pendant des siècles, contrôler la libido des adolescents en les menaçant d’un enfer intemporel, ne peut-on pas juguler la tendance à expérimenter les drogues dures, au moins dans les cas où l’accoutumance n’est pas prénatale, par la simple démonstration des dommages bien réels liés à leur usage ?

En légalisant toutes les drogues, mais en ne permettant l’usage des drogues « dures » que sous contrôle, dans un cadre où le plein consentement de l’usager à en accepter les effets nocifs ne fait aucun doute, on fait tout ce qui est acceptable pour que le nombre reste gérable de ceux qui en consommeront, mais on respecte la liberté individuelle.

Cette liberté n’est pas négociable. Personne n’a le droit de disputer à un autre être humain la béquille dont il veut s’aider pour faire face à sa condition humaine.

Pierre JC Allard



23 réactions


  • pabix 10 mai 2007 11:58

    Vous usez de beaucoup d’arguments d’autorité. « Au nom de quel droit l’État viendrait-il dire à un adulte sains d’esprit qu’il peut ou ne peut pas d’absorber une substance quelconque ? »

    En français, je répondrais que la sécurité sociale de France garantit l’accès aux soins pour tous, mais que la drogue crée tellement de ravages qu’elle risquerait de plomber la sécu si tout le monde en prenait. Tout simplement. La question de la drogue est une question de santé publique.

    Il y a certes des drogues qui n’entraînent aucune accoutumance. Mais pour les autres, la dépendance a pour résultat une désociabilisation progressive. Le constat n’est pas si difficile à faire, quand même !

    La prohibition, c’est pas pour s’amuser que les gouvernements la pratiquent. C’est aussi une question de protection de la population, de même qu’il y a des douanes. Diriez-vous qu’un adulte devrait être libre de choisir des produits contrefaits et hautement dangereux/toxiques/etc. s’il le souhaite ?

    Alors certes, la prohibition ressemble à quelque chose d’hypocrite, et des « centres officiels » de piqûre seraient un moindre mal que le trafic à haut niveau tel qu’il est pratiqué aujourd’hui. Mais je trouve louable le fait d’essayer de limiter la circulation des drogues. Si la solution que vous proposez a les conséquences attendues, alors je serai pour. Mais on ne sait pas encore ce qu’elle donne.


    • dbug 10 mai 2007 15:09

      Juste pour mettre un bémol à vos propos :

      Vous faites un amalgame classique entre drogue et piqure, peu de drogués se piquent, la plupart consomme du canabis, des pillules (LSD, MDMA, amphétamines ...) et de la cocaïne (par voix nasale). La possibilité de choisir sa drogue ne serait-elle pas aussi un moyen de protéger la population ? Surtout si chacune de ces drogues est assortie de sa liste d’effets notoires, à l’image des médicaments ...

      Et je dis ceci en connaissance de cause, les pharmaciens vendent régulièrement des médicaments autorisés sans ordonnances contenant des dérivés opiacé ou autres et qui, pris massivement procure une sensation emphorisante/anestésiante mais dont les conséquences désastreuses se lisent sur le visage du client ... Et la capacité d’addiction de ces médicaments est terrifiante ! Faudra-t-il prohiber tous les sirops anti-toussifs et pillules anti-douleurs ?


    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 10 mai 2007 19:32

      A Pabix. Prenant vos points dans l’ordre. 1.« la drogue crée tellement de ravages qu’elle risquerait de plomber la sécu ». Et le tabac, l’alcool, la malbouffe ? Si le coût d’un abus dont l’État a pris la responsabilité de pallier les effets peut servir de pretexte à interdire l’usage, on ne peut plus parler d eliberté dans le sens où on l’entend aujourd"hui...

      2. Certaines drogues réduisent la « sociabilité » d’autres l’augmentent, parfois trop... Pas de corrélation connue avec la création de dépendance, sauf à partir du seuil où l’assuétude remplace toutes les autres pulsions, y compris celle à sociabiliser. L’effet est le même chez l’alcoolique que chez le narcomane : néfaste. Mais on parle de liberté.

      3. Certes pas pour s’amuser ! Voyez l’article auquel je réfère pour les vraies raisons de la guerre à la drogue. La population n’est pas mise en danger par la consommation de drogues dures... elle l’est par le besoin que le drogué veut satisfaire a tout prix et qui conduit à la criminalité.

      4. Les douanes sont une modalité de la fiscalité. Pour les produits conntrefaits, on est dans le domaine de la fausse représentation, pas de la protection du public. Les produits dangereux doivent être interdits s’ils présentent un danger pour les autres ; chacun doit garder le droit de sauter en parachute... seul.

      5 Les « centres officiels » de piqûre existent déjà discrètement dans beaucoup de grandes villes, mis en placxe pour la lutte contre le Sida.

      Quant aux conséquences... il faut voir.

      Merci de vos commentaires.

      PJCA


    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 10 mai 2007 19:39

      A dbug. Votre bémol est plutôt un dièse smiley. Bien des substances en plus des opiacés devraient en effet être soumises au même contrôle de circulation et n’être livrées que pour consommation surveilleé. Toutes celles qui peuvent produire une accoutumance dont le sevrage est rendu difficile par des effets somatiques identifiés.

      Merci

      PJCA


  • Fabrice Fabrice Duplaquet 10 mai 2007 12:47

    Voila une opinion tranchée qui n’est pas confirmée par les experts et encore moins par les études scientifiques. Il est actuellement bien accepté que l’usage des drogues douces est une porte d’entrée à la consommation ultérieure de drogues dures. Il semble aussi démontré que ce qui est interdit est plus difficile à se procurer que ce qui est en vente libre. Autre confirmation, pour beaucoup d’individus un rempart sociétal, une interdiction légale peut servir de garde fou. J’ai souvent envie de rouler à 180 km/h lorsque je suis en retard mais le respect de la loi freine cette envie et cela peut me sauver la vie. Bref, le raccourci est trompeur. La libéralisation n’est pas la solution même encadrée. Je préfère que mes enfants soient élevés dans une société qui respecte quelques valeurs comme le respect de soi et que notre société soit adulte et forme des adultes capables d’affronter la vie sans avoir à se réfugier dans des paradis artificiels.


    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 10 mai 2007 19:55

      A Fabrice Duplaquet. Nous avons des visions différente de la valeur relative des principes dont nous nous réclamons. Les miens m’imposent de proposer d’abord la liberté, mais aussi de respecter les vôtres. En ce qui a trait aux « experts », ils ont tendance à confirmer les prémisses de leurs commanditaires, mais je n’ai encore rencontré aucun médecin pour me dire que le tabac étai moins nocif que la marijuana. Exemple de la façon dont les experts s’expriment, ce fait divers, tout à fait savoureux http://www.nouvellesociete.org/5021.html

      Deux de vos affirmations me font toutefois un peu tiquer. La première, c’est « qu’il est actuellement bien accepté que l’usage des drogues douces est une porte d’entrée à la consommation ultérieure de drogues dures. » Je vous soumets respectueusement que cette thèse n’est généralement pas accepté. La deuxième,c’est qu’il serait « démontré que ce qui est interdit est plus difficile à se procurer que ce qui est en vente libre ». Je n’ai pas pris connaissance de cette démonstration, mais je vous crois sur parole smiley

      Merci

      PJCA


  • dbug 10 mai 2007 13:37

    Je suis d’accord avec l’auteur, en principe ... Mais dans la réalité, certaines lois protège les plus faibles au détriment des plus forts, et c’est assez normal finalement. L’influence de mes copains et de l’attitude de mon père pour m’inciter a fumer ma première cigarette est la pour en témoigner smiley Certes je suis responsable de ma propre dépendance a cette merde, mais s’il avait été interdit de vendre des cigarettes librement (qui demande des papiers a un enfant de 14 ans ?) nous n’en serions pas là aujourd’hui ...

    L’idée d’un coffee shop a cependant certaines vertues éducatives et permet l’encadrement de prises par des professionnels de santé, car on ne pourra pas empêcher le traffic de drogues, et donc la consommation par les plus volontaires dans cette démarche.

    Par contre ce qu’il faut éviter a tout prix, c’est d’enfermer tout le monde dans des prisons ... Aujourd’hui 70% des prisonniers français sont coupables de traffics de drogues, et celà ne représente que 10 à 20% des dealers ... Peut-être qu’un assouplissement des lois vis-à-vis des drogues douces serai la bienvenue (travaux d’intérêts et compagnie ? Vente semi libre ?) et couterai moins cher a la société (voire rentable grace à des taxes sécurités sociales ?)


  • omar omar 10 mai 2007 15:43

    Je suis d’accord avec vous pour affirmer que la lutte contre les drogues les plus néfastes sont des aberrations couteuses et hypocrites qui ne disent pas leur nom.

    Mettre le cannabis au même niveau que les drogues dures est une aberration totale quand on sait le nombre de jeunes consommant cette substance qui ne provoque aucune accoutumance physique, tant qu’elle n’est pas coupée ou traitée avec d’autres substances chimiques ou d’autres drogues des plus nocives quand ce n’est pas des micro-billes de verre.

    On pourrait plutôt le classer parmi les substances médicamenteuses et les anti dépresseurs naturels, ce qui permettrait de faire d’une pierre deux coup puisque, de toute évidence, les mafias qui contrôlent ce marché dont le Maroc est le premier producteur mondial, ne sont pas prêtes de renoncer aux profits juteux, ni d’ailleurs les politiques qui les couvrent et bénéficient surement de ces trafics honteux.

    Alors autant légaliser le cannabis pour les personnes majeures et en faire un médicament, puisque de toute façon les circuits d’approvisionnements existent et tous les jeunes savent pertinamment qu’il n’est pas un jour, ni une semaine ou chaque quartier de France, chaque banlieue reçoit son arrivage d’inégale qualité, en fonction du nombre d’intermédiaires et de la substance utilisée pour couper.

    Il faudrait être naïf pour penser le contraire et l’éradication du trafic de drogue ne peut se faire qu’en stoppant les gros trafiquants qui font passer des tonnes et des tonnes en France et disposent forcément de complicités au plus hauts niveaux. Cela pose juste le problème du courage et de la volonté politique.

    Mais il est aussi vrai qu’une répression sans précédent et une prohibition totale des drogues poserait une question de sécurité car cela provoquerait selon moi des troubles assez grâves dans une population dont les jeunes parvienent à se procurer leur dose de Haschich et autres expédiants sans trop de peine.

    De la à dire que les drogues soient utilisées sciamment comme un régulateur des tensions sociales dans les quartiers, il n’y a qu’un pas que je franchis allègrement car cela fait beaucoup trop longtemps que la drogue circule en quantité faramineuse dans toutes les cités de France.

    Elle est non seulement un frein à la réussite scolaire de cette jeunesse, mais aussi un excellent temporisateur qui diluera et atténuera à merveille cette pression concurrencielle que ces jeunes des « minorités visibles » font subir à nos « chères têtes blondes ».

    Je dis cela car je ne penses pas que les policiers Français en charge de la lutte anti drogue soient des idiots ou des imbéciles, mais eux n’ont pas de passe droits et pendant ce temps, et depuis de très nombreuses années, chaque territoire de France reçoit sa cargaison de drogues douces.

    Pour ce qui est des drogues dites dures, je suis pour une interdiction totale de vente et de consommation.

    Pour ce qui est de la question de la liberté, vous la traiter d’une façon très cynique puisque ceux qui n’auront pas de parents ou d’amis ou simplement des personnes qui leur veulent du bien pour les conseiller sur les dangers de la prise de drogue, se retrouveront seuls dans une démarche d’expérimentation empirique face à des drogues que l’on ne peut même pas se permettre d’essayer, même pas une seule fois pour voir.

    Il est évident que tous les jeunes ne seront pas égaux devant les dangers de la drogue si elle était en vente libre. Pour moi c’est hors de question, bien trop dangereux pour les mineurs.

    Maintenant, c’est assez difficile de parler de drogues puisques les substances arrivant sur le marché sont de plus en plus variées surtout dans le domaine des molécules synthétiques.

    Les drogues les plus sournoises sont les médicaments et autres composés chimiques qui sont légaux, prescrits par nos médecins, responsables de nombreux effets secondaires, à l’origine de certains scandales retentissants, et l’objet de « tous les soins » de l’industrie pharmaceutique, domaine d’activité commerciale des plus rémunérateurs.

    Les drogues les plus accessibles sont les champignons halucinogènes contenant de la psylocybine et poussant dans toutes les régions du monde, principalement sur les souches de bois, les prés humides et les déjections animales.

    N’importe qui peut donc s’en procurer gratuitement puis cultiver les spores à la maison en suivant des recettes disponibles sur Internet, le principal danger étant la mort par empoisonnement si vous vous trompez d’espèce de champignon.

    Quand je penses que les premiers colons américains cultivaient tous un lopin de chanvre indien pour leur usage personnel.

    Quand je pense que les puissance occidentales voulaient forcer les masses chinoises à cultiver et consommer de l’opium, quelle belle revanche de l’empire du mileu que ce contrôle des naissances et cette croissance économique tandis que le monde occidental s’affaisse lamentablement sous l’effet des drogues les plus diverses.

    La liberté n’a pas que du bon...


    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 10 mai 2007 20:06

      A Omar. Mise à part l’affirmation que vous êtes pour l’interdiction des drogues dures, je ne vois rien dans votre texte qui contredise mes conclusions. Pour éviter tout malentendu, je vous souligne que ce que je propose exclut spécifiquement les mineurs et les incapacités. Quant aux adultes que leur origine ou leur éducation rendraient incapable d’assumer pleinement leur liberté, je vous suggère de n’émettre cette opinion que sous un nom d’emprunt... smiley

      Merci

      PJCA


  • silversamourai silversamourai 10 mai 2007 18:45

    bonjour Pierre,ne pensez-vous pas que :« libre de sa dépendance » produit une antonymie....l’un excluant l’autre il n’y a plus de base logique pour un raisonnement...sinon,j’ai trouvé votre texte plutôt kafkaien... cordialement...


    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 10 mai 2007 20:09

      A silversamourai. Vous avez raison. Licence poetique pour euphonie smiley. j’aurais du écrire « libéré » et non « libre »

      Merci

      PJCA


  • Forest Ent Forest Ent 10 mai 2007 22:00

    Le choix entre prohiber ou pas ne relève pas de principes, mais d’efficacité.

    L’alcool est une drogue et est mauvais pour la santé. Mais quand les US ont voulu l’interdire, ils ont constaté que cela créait plus de problèmes que ça n’en résolvait : la consommation ne baissait pas significativement, mais la criminalité et la corruption augmentaient.

    J’ai bien peur que parmi les hommes politiques qui s’opposent à la légalisation, certains ne soient pas à l’abri d’un nouvel Eliot Ness.


    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 11 mai 2007 08:07

      A Forest Ent. Tout à fait. Comme vous le glissez sans avoir l’air d’y toucher, cependant, c’est bien contre ceux qui défendent la prohibition qu’un nouvel Eliott Ness est maintenant requis. http://www.nouvellesociete.org/5144.html

      Pierre JC Allard


    • Forest Ent Forest Ent 11 mai 2007 11:47

      Il y a deux auteurs qui ne veulent pas se laisser oublier.

      Orwell, et sa vision du contrôle social à travers celui du langage et des médias.

      Huxley, et sa vision du contrôle social à travers les manipulations génétiques et les drogues.


  • MANx17000 11 mai 2007 13:48

    Une solution ?:Un Etat dealer de cannabis pour combler les déficits et contrer l’économie souterraine et la corruption.


  • Jaitun Jaitun 12 mai 2007 18:14

    le problème éthique de la légalisation de la drogue ne se pose pas avec comme postulat que, éthiquement, l’alcool et la tabac doivent être interdits également.

    en revanche, la consommation de drogues répond à certaines particularités : on ne peut pas parler de la drogue, mais des drogues car les effets de chaque produit sont très différents

    la seule solution que j’envisage est de définir clairement des modes et des lieux de consommation (à savoir que tout produit acheté doit être consommé et qu’on ne peut pas consommer plus d’un produit à la fois, ce qui n’est pas évident à mettre en place par exemple dans un « club à ecstasy » où la consommation ne peut pas être surveillée facilement , vu le caractère forcément festif du lieu)

    à partir du moment où chaque drogue est consommé dans un lieu qui lui est approprié et que ce lieu est très clairement surveillé (concernant sa consommation et la possibilité de se procurer le produit), je pense vraiment qu’on peut tout à fait penser à la légalisation des drogues, le seul souci étant l’éthique hypocrite qu’on taxera sur un Etat qui, d’un côté organise la consommation de drogues et d’un côté décourage sa banalisation alors que c’est le cas actuel pour l’alcool.

    Cependant, le cas de l’alcool nous le montre : l’organisation de la consommation est efficace (et les recettes suivent) mais la prévention n’empêche pas du tout sa consommation. Le problème est évidemment culturel, mais le cannabis, subissant une interdiction mais dont la consommation est dissuadée par la prévention, ne reçoit pas non plus une audience très attentive quant à la limitation de la consommation par les jeunes.

    Le modèle hollandais n’apparaît pas exemplaire : le marché noir est toujours existant, la consommation des drogues interdites est toujours existant, en revanche la connaissance des dangers du cannabis est réel chez les jeunes et la consommation de la population est moins importante selon les défenseurs de la légalisation des drogues

    des infos à vérifier mais une piste intéressante : face à la drogue, nous pouvons être tous égaux en tant que consommateur potentiel, à savoir que nous pouvons tous savoir les mêmes choses, comme tout le monde sait par exemple qu’est-ce qu’un alcoolique, quelles sont les limites de l’alcool et qu’est-ce qu’une consommation excessive d’alcool. Qui pourrait me dire quelle est une consommation excessive de cannabis ? (on la définit qualitativement par les conséquences qu’elle entraîne sur la santé mentale et la sociabilité de l’individu, mais certainement pas quantitativement comme on sait par exemple que boire tous les jours plus de trois verres de vins est dangereux pour la santé, etc.)

    il est intéressant d’infléchir les recherches scientifiques et médicales sur la définition claire d’une consommation dangereuse de drogue, chaque type de drogue ayant ses particularités.

    mais la question se pose à partir du moment où les drogues sont légales. autrement, la recherche scientifique se borne à définir des dangers qualitatifs et vagues qui ne permettent pas à chaque individu d’identifier à partir de quel moment il entre dans la toxicomanie (toxicomanie qui existe, aussi, pour le cannabis). l’organisation inverse se verra taxer d’immoralité car elle incitera à dire « fumer un joint tous les soirs n’est pas dangereux », incitant indirectement tous les jeunes à pouvoir s’autoriser son joint du soir.

    nous sommes face à un problème d’hypocrisie, de morale ou d’éthique mais aussi de logique (face à cette hypocrisie)

    je pense que le problème n’est pas près d’être débattu de façon plus large que celle du cannabis, et encore, les tentatives passées se sont avérées finalement avortées.


  • Leekid 27 juin 2007 21:30

    @ l’auteur :

    Si je conçois parfaitement votre postulat à l’égard de la liberté individuelle, je pense toutefois que la question des drogues mérite une réflexion plus approfondie. Le point de départ de votre thèse, déjà, pose des questions. Vous dites : « Au nom de quel droit l’État viendrait-il dire à un adulte sain d’esprit qu’il peut ou ne peut pas absorber une substance quelconque ? ». Quelle est la définition d’un ’adulte sain d’esprit’ ? Un adulte est-il forcément capable de la mise en abîme lui permettant de déterminer lui même s’il est suffisamment ’sain d’esprit’ pour pouvoir s’adonner à une quelquonque drogue ? Outre le fait que tout le monde ne soit pas égal face à la drogue, toutes les drogues ne sont pas égales elles-mêmes. Là où, par exemple, l’héroïne crée une dépendance rapide et forte, avec des conséquences sociales, mentales et physiques extrêmement néfastes (délinquance, overdoses, aliénation...), le LSD par exemple ne crée aucune dépendance et n’a à son actif aucun décès imputable directement (cas unique dans les statistiques encore assez jeunes en ce domaine). L’usage de cette substance dans un cadre psychiatrique expérimental a d’ailleurs repris, et c’est une bonne chose. Et pourtant, même le LSD n’est pas à mettre entre toutes les mains. Un être parfaitement sain d’esprit peut vivre une très mauvaise expérience psychique avec le LSD. Bref, tout cela pour dire qu’on ne peut aborder la question des drogues sous un angle monolithique et qu’il est dangereux (à commencer pour eux-même) d’octroyer la même liberté face aux drogues à tout le monde et de la même manière. Entre répression et interdiction pure et dure (ce que vivent nos sociétés actuelles) et laxisme à tout va, il y a un juste milieu qui est - je pense - la consommation encadrée, et encore, pas pour toutes les substances.

    Cordialement,

    Leekid


    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 30 juin 2007 03:07

      @ Leekid. Je souhaiterais aussi que les opiacés soient réservés à un usage médical, tout en soulignant que je suis férocement opposé à ce qu’on n’utilise pas l’héroïne dans les cas - il y en a- ou les autres analgésique sont impuissants. Comme vous le mentionnez, cependant, ma position pour la liberté est un postulat. PERSONNE n’a le droit d’interdire à un autre humain de consommer ce qu’il veut, la seule exception que j’admet étant celle de la femme enceinte, qui n’a pas le droit d’imposer cette consommation au fetus. Pour le droit d’exercer cette liberté, il y a une question de fait à contrôler, mais ne pourrait-on pas admettre au moins, sans s’y limiter, que quiconque est admis à voter devrait être présumé apte à former un jugement ?

      http://www.nouvellesociete.org/120.html

      PJCA


  • Mysticman Mysticman 15 septembre 2007 05:30

    Très bon article. Je n’en suis pas consommateur mais j’estime que toutes les drogues douces et dures devraient être légalisés sous contrôle. Bravo pour ce courage d’avouer que vous êtes pour ce respect des libertés individuelles.

    Il y a des produits légaux comme les anti-dépresseurs qui se rapprochent des drogues dures.

    Malheureusement, ce n’est pas avec un gouvernement comme on a que ça va pouvoir se faire tout de suite. Mais il faut avoir le courage d’oser débattre.

    Déjà sur la question du cannabis, ça n’a pas beaucoup évoluer.

    Les débats citoyens et politiques se font rares. Si les Verts ont osé en parler, rares sont ceux qui en parlent vraiment.

    Mais je pense sinon qu’on pourra légaliser toutes les drogues dures comme douces mais pour cela il faut être un peu patient et surtout lancer le débat dans l’arêne politique.


  • Lisa SION 2 Lisa SION 18 décembre 2007 00:23

    Bonjour, j’arrive après la pluie, mais le sujet sera toujours d’actualité dans dix ans...

    Ce n’est pas le produit qui représente le danger, mais la dose. N’importe quel médicament procure un effet sur l’organisme, puisque c’est une infime dose de poison introduite dans le corps dans le simple but d’entrainer le corps à lutter contre l’affection. Ce n’est pas le produit que demande le corps, mais l’effet. Celui-ci est la réaction naturelle de défense de l’organisme pour lutter contre le poison ( le médicament ). L’effet bien distinct chez celui en qui il s’agite est comme une alerte générale, quand tous les voyants sont au rouge clignottant, quand tout l’organisme s’engage dans la lutte contre l’intrus poison, quand l’éveil est intérieur et total.

    Bien-sûr, cet effet peut être obtenu sans aucun produit, comme quand on réussit une compétition ou un examen, mais ne le fête-on pas immédiatement au Champagne...Le Champagne, d’ailleurs ne coûte pas plus cher que trois grammes d’herbe mais peut donner la trique jusqu’au matin ! Les produits qui coûtent dix fois plus cher ne donnent pas dix fois plus de plaisir, mais relèvent du snobisme. Un seul gramme de cocaïne coûte le prix d’un billet d’avion pour Barcelone. Quel est le voyage le plus instructif ? Chacun peut choisir sa drogue et attendre la tombée de la nuit ou la fin de la journée de travail ou de la semaine pour s’égayer. Chacun est en droit de se produire chez soi ce qu’il désire sans recourir au marché fut-il d’Etat...

    J’ai retenu une excellente histoire à ce sujet, qui probablement ne fera rire que les usager simples de cannabis...mais fera peut-être réfléchir les autres :

    Un type revient du parloir et déclare à ses deux compagnons de cellule : Hé, les mecs, on va sortir d’ici. Et il sort de sa poche trois grammes de cocaïne, trois extazy et trois grammes d’herbe. Il se fait un gigantesque rail, et le sniffe d’un seul jet...respire un grand coup...et dit : D’abord, je vais péter le mur avec ma tête, ensuite arracher trois quatre barreaux...et on est libre ! Le second qui a avalé les trois extazy, le regarde, soupire un grand coup et dit : Qu’est ce que tu t’énerves...on va plutôt...passer sous la porte......et puis s’envoler... ! Le troisième qui s’est roulé un énorme pétard, l’allume..tire une grosse latte...la recrache tranquillement...respire une grande bollée d’air et dit :

    Qu’est ce que tu t’énerves et toi qui t’envoles...on est pas bien ici !

    Si l’Etat met l’accent sur le cannabis, qui est le moins dangereux de tous les produits, c’est parce que celui-çi est un révélateur de vérité. En effet, tout être qui a au cours de son éducation, été écarté de la réalité, de la vie, du réel, au contact du cannabis va brutalement réaliser tout d’un coup le profond fossé qui le sépare du naturel, de l’essentiel. Il faut choisir sa drogue pour supporter le monde dans lequel on vit...mais pourquoi aller payer dix fois plus cher à un trafic international ce que l’on peut produire gratuitement sur son balcon pour zéro francs !!!

    J’aime avec quel sérieux vous avez traité ce sujet, et regrette que nous ne soyons pas plus concertés pour apporter des solutions à ce chronique et lourd problème.

    Amitiés à vous.


Réagir