La liberté de conscience d’un libertaire libéral

Il a ses raisons, Hollande de rassurer les maires, qui même tous différents ont le droit de choisir les principes, les idées qui gouverneront leur vie. La liberté de conscience, pourquoi un maire, citoyen comme un autre, ne pourrait il pas l'invoquer ? C'est un libertaire...
Imaginez le maire refusant de se plier à des normes jugées contraires aux exigences de son for intérieur. Un drame, une contradiction à résoudre entre la norme morale qui est la sienne, et celle juridique imposée par l'extérieur, la Loi.
Voilà notre ami le maire tiraillé entre sa conscience et le droit, entre l'auto-gouvernance et la contrainte externe. Un combat titanesque...
Mettez-vous à sa place, il va devoir livrer un combat contre une contrainte qui ne vient pas de lui, une norme contre laquelle il n'est pas d'accord. Vous me direz que c'est peut-être le même qui, avec ses amis, fit emprisonner des objecteurs de conscience qui refusaient avant lui de se soumettre à une norme édictée par l’État...
François Hollande, d'une intelligence vive, a compris qu'une douloureuse bataille entre le maire et sa liberté de conscience allait s'engager. Que cette situation ne pouvait pas être ignorée et qu'il convenait d'imaginer des modalités d'articulation entre entre les exigences du droit étatique et celles de la conscience. Manquerait plus que cela que des maires ne conforment pas leur comportement à leurs convictions !
Évidemment, le problème c'est qu'il va falloir un pouvoir central fort pour éviter que des comportements de maires risquent de remettre en cause certaines règles qui régissent la vie en collectivité et reflètent l'adhésion de la majorité de la population à des valeurs communes...
Ce qui serait bien – et c'est l'idée à Hollande – c'est qu'il faut faire silence sur les règles les plus chiantes, celles qui ne font pas consensus. On peut ainsi prévoir des dispositions dérogatoires à des lois impératives. Bien entendu, ceci s'applique aussi aux promesses qu'il avait faites pour être élu... Pour durer, il faut plaire à tous, surtout à ceux que vous étiez censé combattre. Alors, le devenu Président nous dit avec d'autres mots qu'il faut donner de l'air aux institutions, donner plus d'autonomie, faire un minimum de Lois pour laisser le for intérieur et la négociation prendre le pas sur la norme.
En l'espèce, pour faire passer sa loi sur le mariage, le Président la possible évocation de la liberté de conscience en raison de la difficulté morale que peut éprouver un maire à s'y soumettre.
Mais alors, François, ça ne va pas l'encontre du principe qui veut qu'un individu ne peut s'affranchir de ses obligations juridiques en invoquant un impératif de conscience ?
C'est un révolutionnaire, notre Président.
Il sait qu'il vient de mettre le pied dans un nid de futures entorses aux règles de droit : après l'objection de conscience, après la dispense au profit des médecins refusant pour des motifs de conscience de pratiquer des interruptions volontaires de grossesse, après la possibilité pour les journalistes leur permettant de « démissionner tout en bénéficiant d'indemnités de licenciement en cas de "changement notable dans le caractère ou l'orientation du journal ou périodique si ce changement crée, pour la personne employée une situation de nature à porter atteinte à son honneur, à sa réputation ou, d'une manière générale, à ses intérêts moraux", d'autres dispositions sonnent à la porte.
François Hollande, dans sa course effrénée de mamours avec la droite, est égal à lui-même. Il continue de penser que l'arrangement, la négociation entre « partenaires » est aujourd'hui préférable à la Loi. On en voit l'exemple sur la recherche d'un « accord » fébrile entre syndicats patronaux et ouvriers sur la « compétitivité », grâce auquel l’État se tirerait les flûtes sans légiférer et imposer "ses" vues : ensemble, en toute harmonie, patrons et syndicats se mettraient seuls d'accord sur le choix des salariés à choisir la corde pour qu'on les pende.
Une longue période s'ouvre (sur quatre ans encore) où l'on verra au nom de la « synthèse » se rédiger le roman d'une République qui n'aurait « pour seule finalité (que) de gérer le relatif induit par la pluralité et qui s'interdirait de produire elle même des valeurs spécifiques. »
François Hollande en lâchera d'autres et transigera sans limites sur ce qu'il disait qu'il ferait. Aujourd'hui, pris isolement, on peut convenir que « Même un gros con de droite peut avoir une conscience et la liberté d’en user #mariagepourtous ».
Il y aura obligatoirement un chapitre qui nous expliquera quelles seront les valeurs fondamentales sur lesquelles l’État démocratique et libéral sous sa présidence ne pourra transiger, et qui détient le pouvoir légitime de les identifier.
De ces lignes découleront le bonheur.
Léon