vendredi 30 novembre 2012 - par Michel DROUET

La Préfecture de Région à Rennes verra-t-elle le jour ?

Les travaux de construction qui devaient débuter avant la fin 2012 sont reportés. Le permis de construire avait pourtant été signé début 2012 et les appels d’offres lancés dans la foulée.

C’est un cabinet parisien qui avait été choisi pour concevoir ce bâtiment de 6215 m2 pouvant héberger les 350 agents des services préfectoraux pour un coût de 45 millions d’euros, coût qui serait l’une des raisons du report de ce projet en ce contexte de crise économique et de réduction des dépenses de l’Etat.

Bravo ! Direz-vous, l’Etat a pris enfin conscience de la nécessité de réduire ses dépenses et vous applaudissez des deux mains cette initiative en tant que contribuable payant des impôts et des taxes qui auraient permis à financer ce projet de l’Etat.

Sauf que… vous pouvez effectivement vous réjouir dans un premier temps, mais quand vous aurez constaté qu’en tant que contribuable local, c’est vous qui faites les frais de ce report vous commencerez à changer d’attitude.

C’est pourtant tout simple : la Préfecture de Rennes a été construite et payée par le Conseil Général (Département) en 1979, aux frais des contribuables locaux. Depuis la Décentralisation de 1982, les services de l’Etat et du Conseil Général cohabitent dans ce bâtiment, et l’Etat loge donc ses services gratuitement dans un bâtiment propriété du Département : un beau cadeau des contribuables locaux à l’Etat qui participe modestement aux frais d’entretien du bâtiment !

Si ce système pouvait se justifier il y a 30 ans, il est devenu tout à fait intolérable aujourd’hui.

Du fait de l’accroissement de ses compétences depuis plus de 30 ans, le Département a été obligé de louer des bâtiments pour loger ses services, alors qu’il disposait en théorie de surfaces « squattées » par les Services préfectoraux. Il a même envisagé à plusieurs reprises de construire des extensions ou d’acheter des nouveaux bâtiments dans le parc immobilier disponible.

L’ensemble de ces projets a fait long feu, soit en raison des coûts, soit pour des raisons politiques (un ancien Président du Conseil Général a toujours refusé la construction d’un bâtiment pour ne pas affoler l’électeur…).

Bon an mal an, la frilosité des services de l’Etat pour couper le cordon, les non décisions successives du Conseil général et les différentes études demandées aux architectes ont pesé lourd dans le porte-monnaie du contribuable local, qui a payé les loyers et les honoraires des bureaux d’études et des architectes. C’est en millions d’euros que la facture du contribuable local se monte depuis trente ans pour loger l’Etat.

Et ça continue ! Le départ de la Préfecture devait permettre l’installation par le Département de l’Etat Major du Service d’Incendie et de Secours dans les locaux libérés. Le Département devra donc construire à ses frais (c'est-à-dire avec l’argent des contribuables locaux) un nouveau bâtiment alors qu’il dispose en théorie des surfaces nécessaires, mais qui sont occupées gratuitement par l’Etat.

Il n’y a pas de raisons pour que cela cesse et au train où vont les choses, dans trente ans nous serons encore dans la même situation.

Il serait intéressant que la Chambre Régionale des comptes se saisisse de ce dossier, mais en tant que juridiction financière placée sous l’autorité de l’Etat, elle ne le fera pas.

On peut supposer par ailleurs que ce qui se passe en Ille et Vilaine se passe également dans d’autres départements français. Ce dossier illustre très bien l’imbrication entre différents niveaux de collectivités publiques et par conséquent les tares de notre système de gouvernance locale.

Le citoyen, peu au fait de ces dossiers, se contente de payer ses impôts et participe à la survivance de ce système obsolète.




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