La sécheresse, nouveau drame des agriculteurs
Le gouvernement a fini par annoncer un certain nombre de mesures pour aider les éleveurs, qui sont les premières victimes de la sècheresse que traverse le pays cette année et qui bouleverse notre production agricole. Une réponse nécessaire mais insuffisante.
Le drame de la sécheresse
La sècheresse en cours est inédite depuis 1976. Non seulement l’hiver et le printemps ont été les plus chauds depuis plus d’un siècle, mais en outre, il pleut également beaucoup moins que la moyenne. On ne sait pas encore si nous arriverons jusqu’aux extrémités 1976 puisque l’été y avait été également très chaud et sec. Dans ce cas, les conséquences seraient très fortes, sachant que plus de la moitié des départements sont déjà en restriction d’eau.
Cette sécheresse devrait réduire les rendements de la plupart des cultures. Cela ne sera pas trop grave pour les céréaliers qui bénéficient de cours extrêmement élevés, ce qui devrait compenser la baisse de rendement. En revanche, c’est une calamité pour les éleveurs, qui sont pris à un triple piège : ils manquent de fourrage (gratuit) pour leurs bêtes et doivent donc acheter plus de céréales, et ils se retrouvent contraints à abattre davantage de bêtes, ce qui déprime les cours de la viande.
Du coup, ils se retrouvent coincés entre une augmentation des dépenses et une baisse du prix au kilo de la viande. Mais, des mécanismes de solidarité sont mis en place : ils récupèrent exceptionnellement les fourrages des champs en jachère ou de terrains publics, ce qui permet de contenir les coûts. Et le gouvernement vient de débloquer un fonds de garantie pour indemniser les éleveurs, ce qui devrait limiter les conséquences de cette sècheresse.
L’agriculture n’est pas un pas un secteur économique comme les autres
Si ces actions sont utiles et nécessaires pour soutenir les éleveurs, cela amène à se poser à nouveau la question de la manière de gérer l’agriculture. L’agriculture n’est pas un secteur comme les autres pour de multiples raisons. Tout d’abord, il s’agit d’une activité vitale pour l’homme. Que la production de téléviseurs diminue de 10% n’est pas un drame pour l’humanité. En revanche, que la production de céréales baisse de 10% et nous aurons des famines.
En outre, l’activité agricole est une activité beaucoup plus instable que les autres activités économiques. Elle est dépendante du temps, qui peut provoquer une forte hausse ou une forte baisse des rendements d’une année sur l’autre. Les coûts peuvent également fortement varier d’une année sur l’autre. Enfin, les prix, fixés sur les marchés, sont beaucoup plus fluctuants que ceux de la plupart des autres activités économiques. Résultat, les revenus font un yo-yo impressionnant.
Il y a donc une aberration complète à abandonner un secteur aussi vital à l’instabilité des marchés, faisant peser une forte menace sur l’alimentation de l’humanité. C’est pourquoi il devrait y avoir une exception agricole, une reconnaissance du droit de chaque pays à être relativement auto-suffisant et un encadrement des mécanismes de marché (prix minimums). Cela permettrait aux agriculteurs de vivre de leur métier et non de dépendre de plus en plus des aides étatiques.
Il est absolument nécessaire d’aider les éleveurs dans la passe très difficile qu’ils traversent. Mais cette énième crise devrait précipiter une réflexion plus globale sur le traitement d’un secteur économique vital que nous avons abandonné aux mécanismes les plus brutaux du marché.