vendredi 26 juin 2009 - par Daniel Topper

Le b.a.-ba du bobo

Si l’exotisme distrayait autrefois le bourgeois ou assurait au romantique de se distraire de la société bourgeoise, la société d’aujourd’hui se pare d’une nouvelle figure fascinée par la rhétorique de l’ « ailleurs » ou de l’ « autrement » : le bourgeois-bohème. Nouvelle figure parce que notre homme est un bourgeois qui croit déloger sa propre suffisance alors qu’il sert un nouvel ordre moral. Quelques réflexions cyniques dans ce monde des belles âmes.

Le 19e siècle au plan esthétique fut la résolution de l’inconfortable conformisme d’une bourgeoisie assise sur ses principes. L’autosatisfaction étalée comme un veau, le ventre plein aux as, la tête cassée par l’arithmétique des Lumières qui s’emparent du monde, il fallait au bourgeois voir ailleurs si il n’y était pas. Il s’agissait déjà de se reposer de cette fatigue d’être soi propre à l’individualisme qu’une humeur moins déprimée aurait appelée au 18ème « effort ». Le romantisme vint donc tromper l’ennui. De l’emportement sentimental d’un Hugo dont les symphonies verbales déchirèrent un public étriqué, en passant par les jardins botaniques et leurs « curiosités », aux paradoxes mallarméens paralysant la raison et ouvrant au bruissement inouï du Néant dont la poésie était l’écume, on institua le bonheur d’être triste. On se sensibilisa au théâtre d’ombres, de silhouettes et de reflets qui se jouait dans un au-delà d’autant plus séduisant qu’il apparaissait chimérique. L’individu repu de romantisme mourut ainsi volontiers à soi dans les regrets d’une absence : celle de l’autre « légèrement » autre.
 
Quel rapport toutefois entre une belle plante exotique rencontrée au Jardin botanique et la tristesse tournée vers l’absence ? L’exotisme précisément. L’objet exotique provient du lointain mais a ceci de caractéristique qu’il nous apparaît comme « retenu » par le lointain. Il nous apparaît « hors contexte » dans une trouée de l’horizon. Il ne se rend pas proche, il se rend « séparé », pourrait-on dire. Or « l’absence » au creux de laquelle l’exotisme se faufile, a toujours au final le goût (ou le dégoût) du Néant ou de la mort. Ainsi l’objet exotique fait-il signe de l’au-delà : son style est fantomatique, c’est un objet fantastique. Mais la séparation est source de désir, de petite mort. Tous les maris vous le diront : plus la femme s’absente plus elle est idéale.

Cependant, si l’autre (ou l’absence de l’autre) c’est-à-dire pour la vision romantique l’allure troublante de quelqu’un ou quelque chose, « captive » le spectateur, c’est que cet autre n’y est pas « vraiment » autre. Il est ici « semblable à » lui. L’objet exotique a beau ne se donner qu’à travers la suggestion, il n’est pas « absolument » étrange. Il se tient entre l’intimité et le spectacle, l’étonnement et l’habitude, l’étrange et le stéréotype. L’exotisme, autrement dit, constitue un semblant d’autre qui répond « à une attente » : on trouve au sauvage « une utilité ». Non pas celle d’étendre le champ d’exploitation ou le circuit touristique, mais d’offrir une rêverie au bourgeois qui s’évade, au civilisé qui s’encanaille de la sorte.
 
L’étroitesse bourgeoise et son hypocrisie trouvèrent donc dans l’exotisme les images du rêve d’un passé authentique, innocent et heureux. La passion de l’exotisme, ne fut autre que la délectation d’un désamour de soi… Qu’en est-il aujourd’hui ?
 
La fin du 20ème siècle vit l’apparition d’une nouvelle forme de résolution du malaise dans la civilisation : le bourgeois-bohème. Une résolution plus radicale. Car devant les affres de ce qu’il est convenu d’appeler « la mondialisation », le bourgeois-bohème est le portrait du bourgeois qui a « intériorisé » l’exotisme, au point d’en faire « un style » de pensée, ou plutôt, ne nous avançons pas trop, un mode de vie. Pour le bobo réfléchir signifie en réalité « se » donner en spectacle, à savoir se tenir à la vitrine de sa propre exposition où se reflète ce qui « ressemble à » une critique de soi-même ou de la société occidentale. Retraçons l’essentiel de ce mode de vie et découvrons cette pseudo critique.
 
Notre personnage se veut citoyen « du monde ». Il soutient « Médecins du Monde », « Enfants du monde », « Jardins du Monde ». Il écoute de la musique « du monde », mange de la cuisine « du monde », goûte aux bières « du monde », s’intéresse à la littérature « du monde », aime le cinéma « du monde », côtoient les artisans « du monde », etc. Bref il réussit là où la logique échoue : particulièrement ouvert au monde, il savoure « le local » en général. Il boit ainsi le bouillon culturel que lui fait avaler son désir d’un monde « sans frontières ». Les frontières, les limites, les découpages, les formes, les catégories de toutes sortes constituent en effet pour lui l’apanage d’une pensée conservatrice dont sont dispensées les « autres » cultures, à commencer par les plus « traditionnelles » bien sûr. Ouvrir, s’ouvrir et l’ouvrir pour dénoncer les esprits bornés qui s’évertuent à « former » un raisonnement (impliquant des catégories), voilà le mot d’ordre. Se couler dans des sentiments encore et toujours des sentiments ! voilà qui parle en faveur de « la qualité », ce « je-ne-sais-quoi » qu’on ne discute pas. Aussi la figure du « sans-papiers » (de couleur, par préférence) sert à notre bourgeois de bon sauvage. Le cri du « sans-papiers » qu’il fait sien lui apparaît manifester l’innocence et l’authenticité perdues dans un monde arraisonné par « une logique » toute européenne. 
 
Notre personnage ne jure également que par le développement « durable ». L’expression signifiant, si l’on comprend bien, que le développement seul risque de s’arrêter quand il se déroule et qu’il faut donc vouloir qu’il marche quand il marche. Plus sérieusement, parler de « développement » durable, c’est oublier que tout industriel désire que son entreprise tourne indéfiniment et ne manque donc pas de ressources. Mais ce n’est pas là, encore une fois, une question de logique. Le bourgeois-bohème a l’âme d’un poète. Comme le créateur, il croit au pouvoir performatif du langage par lequel le mot vaut la chose. Parler de développement durable revient alors à conjurer le destin du développement moderne, fatalement inégalitaire, superficiel, mortifère… Le parler-citoyen-du-monde — que nous nommerons « la poélitique », une confusion entre poétique et politique (pour peu que le domaine économique et de la formation en la matière suppose une vision « politique ») — la poélitique donc, revient à pratiquer un exorcisme sur le langage technique, techniciste et dominateur de la modernité, à croire que l’on extirpe par incantation la Bête logée dans les assises de la pensée occidentale. La poélitique est ainsi un parler dont les mots ne sont que la condensation du bourdonnement que fait une sensibilité (aux autres) ignorée par la raison. Par son style, la poélitique « impressionne » comme « une chose », une vraie, pourrait nous toucher. Il suffit de la sorte à la belle âme de parler poélitique pour réaliser de grandes choses, elle qui n’a pas de mains. Mais la création poélitique présentée comme la haute couture de l’avant-garde humanitaire n’est en réalité que du prêt-à-penser sur fond de clichés. 
 
Clichés relayés par un autre exemple tiré du registre poélitique : « le tourisme durable ». Est durable un touriste qui se comporte en éco-citoyen (un citoyen recyclable ?). De la même manière que les grands paysages ne l’effraient pas, le bourgeois-bohème ne craint pas l’emphase. Ainsi, on ne le verra pas jeter un papier à la poubelle, mais bien « réduire son empreinte sur l’environnement ». Donc, si l’on comprend bien, le touriste durable qui veut rester là où il n’est que de passage doit s’effacer pour durer. Il y a de quoi perdre le nord pour la raison. Et c’est tant mieux ! puisque le bobo, complètement à l’ouest, voyage de préférence vers le Sud. Mais un Sud désertique. Car depuis que les ouvriers, les fonctionnaires et une classe très moyenne envahissent les îles durant l’été, la Mongolie et ses espaces infinis, par exemple, conviennent mieux aux rêveries de notre promeneur. Renouer avec l’humanité dans le silence d’une yourte où l’interprétation plus ou moins heureuse des gestes de l’autre apparaît comme un miracle de compréhension, semble en effet plus aisé que sur une plage remplie d’allemands quinquagénaires en string et monokini. C’est que le touriste durable ne parle pas avec l’autre, il « jette les ponts entre les cultures et entrouvre l’horizon d’une paix universelle ». Bref, s’il va se terrer quelques temps dans les steppes, c’est parce qu’en définitive il veut la paix.
 
Le matin, à l’heure du petit déjeuner se joue encore chez notre bourgeois le troisième acte d’un mélodrame romantique — le triomphe de l’exclu. En prenant son café « équitable », il rejoint en effet le Sud qui persifle le Nord, son ordre et ses escrocs. Il n’interrogera pas les conditions politiques du commerce dans ledit Sud. Par contre, sur le paquet de café qu’il est allé acheter religieusement, le charme de cette maman éthiopienne en habits traditionnels sur fond de plantations, le sourire « made in dignity », donne une leçon à notre consommateur qui pour le coup se voit consom’acteur (du mélodrame). Notre bourgeois a le blues et le café dans la cuisine a l’odeur d’une sainteté interculturelle…
 
La médecine douce, naturelle ou alternative que défend le bourgeois-bohème sonne, quant à elle, le triomphe de la « croyance » sur les frappes chirurgicales qui cadencent selon lui l’univers de la technique. Libre de l’enchaînement causal et des interactions chimiques, la douce médecine alter se veut une médecine « ouverte » (de préférence aux mystères orientaux). D’un amas cellulaire impersonnel le corps devient avec elle un corps plus « humain », une gamme harmonique de sentiments et d’émotions. Et comme elle n’est plus engoncée dans la scientificité d’une pensée unique, la médecine alter plaide en faveur de la « diversité » : homéopathie, naturopathie, acuponcture, phytothérapie, lithothérapie, organothérapie, hydrothérapie, balnéothérapie, massothérapie, chiropraxie, ostéopathie… Certes l’homéopathie, par exemple, revient à prescrire du sucre à un diabétique. Mais justement l’important est d’y « croire ». Imprégné du panser magique, le croyant ne doit plus « combattre » la maladie — ce vocabulaire ressortissant au mauvais esprit allopathique —, il doit l’« accompagner ». Si le croyant n’est pas en forme, c’est en effet parce qu’il subit un affaiblissement vibratoire, une dysharmonie. Il est en désaccord avec lui-même et doit donc se montrer compréhensif : sur base de cette note non pas fausse mais « étrange » de la maladie élargir sa sensibilité et accéder par là à une nouvelle harmonique. Au fond, le patient doit avoir le moral, lui dont le corps abrite une âme et ses humeurs. La croyance bobo qui se présente de la sorte comme une mise en cause du système occidental signe en réalité le triomphe de l’hyper individualisme : la maladie, c’est ton affaire !
 
Le bobo, pour terminer, ne mange ni « chimique » ni « physique », mais « bio ». Cependant, attention ! notre bourgeois est exigeant : il ne confondra pas « naturel » et « bio », ce qui lui donnerait des airs trop facilement romantiques. La gamme bio implique d’abord des produits qui ont connu une transformation « douce ». Car il faut cesser de maltraiter la Terre, cette Mère (un peu possessive quand on y pense) qui s’est sacrifiée pour une progéniture ingrate. Aussi le bobo n’éduque pas ses enfants, il les terrorise : avec Al Gore et Arthus-Bertrand, il se drape dans une prophétie apocalyptique. Mais il n’y a pas de révolution sans terreur et l’on peut se reposer sur la peur : elle n’est jamais ennuyeuse. Et quoi de plus exotique qu’une fin du monde proférée sur grand écran ? Que l’on se rassure toutefois : grâce à une culture bio refusant toute logique de rentabilité, il n’y aura jamais suffisamment de quoi nourrir la surpopulation mondiale. Notre Terre pourra enfin respirer. 
 
Voilà comment le bourgeois-bohème se donne tant de mal pour son bien-être. Il substitue en somme à l’autocritique un masochisme mondain : le bobo à mal à son Occident et il adore ça !


26 réactions


  • fouadraiden fouadraiden 26 juin 2009 13:43


     Pire que le bobo occidental , que j’ai rencontré, c’est le bobo du sud qui imite celui du nord.


  • Jiache 26 juin 2009 14:37

    Cet articles est tellement caricatural qu’il n’a, à mon avis, aucun sens.

    Vous décrivez en fait surtout la classe moyenne, qui n’a rien à voir avec la bourgeoisie. Pour raccourcir, j’appelle classe moyenne un couple qui gagnerait entre 3000 et 6000 € par mois. Pensez vous sérieusement que l’on peut les qualifier de bourgeois ?

    D’autre part, pensez vous que les couples dont les revenus dépassent les 6000 € par mois se soucient vraiment des petits producteurs, du réchauffement climatique ... ? Si oui, vous regardez trop TF1 !

    Vous parlez également du « bon sauvage », idée rousseauïste, si vous me passez l’expression", qui a fait son chemin mais aussi son temps. Encore une fois on reconnais ici assez bien le discours convenu du Figaro et de TF1 qui aimeraient bien pouvoir mettre les gens dans des cases, c’est tellement plus pratique.

    J’allais oublier les méchants parents qui terrorisent leurs enfants en leur rabâchant tous les jours que la planète est en danger. Vous croyez vraiment à ce vous dites ?

    En fait les vrais bourgeois roulent en 4x4, se foutent des petits producteurs, de la pollution et de la fragilité de notre planète. En plus, contrairement à vous, plein de haine envers vos contemporains, la crise, ils ont les moyens de se la payer.

    Rien ne vous interdit de penser ce que vous écrivez, mais la modération aurait peut être du placer cet article en tribune libre plutôt que dans la rubrique actualité en raison du parti pris et du manque flagrant d’objectivité de votre écrit..


    • geko 26 juin 2009 15:09

      Bah le discours de la haine ordinaire est devenu le carburant citoyen d’AV


    • Yaka Yaka 26 juin 2009 16:25

      « Cet articles est tellement caricatural qu’il n’a, à mon avis, aucun sens. »

      10 lignes plus bas

      "En fait les vrais bourgeois roulent en 4x4, se foutent des petits producteurs, de la pollution et de la fragilité de notre planète. En plus, contrairement à vous, plein de haine envers vos contemporains, la crise, ils ont les moyens de se la payer."

      Votre commentaire ne vaut pas mieux :/


  • Yaka Yaka 26 juin 2009 16:33

    Vous avez raison :

    - Laissons tomber le bio et mangeons des pesticides, le bio ca fait bobo.
    - Le commerce équitable ??? un artefact du libre échangisme, puisque le système est de tte facon mauvais il faudrait tout changer. Un petit changement ne sert à rien, ca fait trop bobo.
    - L’ouverture vers d’autres culture, pfff des conneries, restons plutot chez nous, ca fera moins bobo.

    Et puis continuons comme ca de ranger des gens dans des cases toute faites, de pianoter sur nos ordis en se faisant une fausse idée des autres ... ca fera avancer le monde.
     


  • Yaka Yaka 26 juin 2009 16:42

    Je n’aime pas tellement cette société où tout le monde se considère comme « normal mais original » et range tous les autres dans des cases toute faite (bobo, beauf, bourgeois).

    "La croyance bobo qui se présente de la sorte comme une mise en cause du système occidental signe en réalité le triomphe de l’hyper individualisme : la maladie, c’est ton affaire !"

    Je trouve que votre article souligne d’un individualisme exacerbé


  • ecophonie ecophonie 26 juin 2009 16:43

    Comme le dis Jiache, le bobo n’est pas un bourgeois, le bobo est un naïf de la classe moyenne souvent jeune car ça se guérit avec l’expérience je pense. C’est donc le jeune diplômé qui arrive sur le marché du travail, des rêves d’égalités plein la tête mais que son boulot dans le tertiaire (le bobo vivant dans les grandes villes il bosse souvent dans le tertiaire) peu ancré dans la réalité des autres gens de ce monde ne conforte pas dans ses idéaux. Il va donc faire de l’associatif et acheter équitable. Si un jour la croissance verte a lieu, le bobo se fera plus rare.
    Ceci dit il ne fait rien de mal (à part partir à l’autre bout du monde pour ses vacances, là j’avoue ça me gonfle) et c’est se tromper de cible que de lui taper dessus. Dans la lutte des classes, la classe moyenne fait souvent office de rempart aux vrai riches face aux travailleurs pauvre or, il n’y a pas de honte à gagner 2500€/mois et à ne pas avoir de fin de mois difficile, cet état de fait devrait même être normal, la vrai cible c’est le vrai riche celui qu’on voit jamais dans le métro parce qu’il roule en cayenne, et dont le salaire assouvit le moindre de ses caprices sans aucune autres considérations.

    Le « début » de votre « article » est « imbuvable ».


  • frédéric lyon 26 juin 2009 16:48

    Très bon article.


  • Annie 26 juin 2009 17:08

    Le bo-bo est la seule parade trouvée par certains pour dissimuler leur égoïsme sous un manteau virtueux et qui peuvent ainsi à peu de frais, conserver leur esprit étriqué, leur consommation effrénée, et leur sentiment de supériorité surdimensionné.


  • roOl roOl 26 juin 2009 17:11

    Le bobo écrit des articles sur les bobo sur AV.
    Ca lui permet de mieux se comprendre.
    Autant tenir un journal intime, ca nous éviterai de lire sa prose.


    • Yaka Yaka 26 juin 2009 17:26

      Et le bobo répond à des articles de bobo sur AV à propos des bobos.

      On s’en sortira pas =)


  • omar omar 26 juin 2009 17:32

    A ne pas confondre avec le bo-no-bo....


  • Jean-paul 26 juin 2009 19:02

    Le bobo se croit philosophe et enseigne a Bruxelles .


  • Daniel Topper 26 juin 2009 20:28

    Visiblement certains sont affectés d’un esprit de sérieux et supportent mal l’ironie...


  • Kdm Kdm 26 juin 2009 23:40


    "Ceux qui prétendent détenir la vérité sont ceux qui ont abandonné la poursuite du chemin vers elle. La vérité ne se possède pas, elle se cherche.
     Albert Jacquart...


  • NAHASH NAHASH 27 juin 2009 02:45

     

    Difficile de définir le « bobo », si ce n’est comme la personnification de l’idéalisme-romantisme stérile dans une société post-héroïque.

     

    Le « bobo » figure emblématique de la forteresse Occident, comme les télé-philosophes et autres producteurs de prêt-à-penser qui derrière les murailles de ce grand parc d’attractions tout dévoué à l’Individu et à la Consommation, imaginent le Réel plus qu’ils ne l’expérimentent.

     

    S’enfermant dans une lutte des causes remplaçant la lutte des classes, ils fonctionnent par la pensée-réflexe plus que par la réflexion, et s’enferment dans le Particulier, essayant vainement de retrouver cet instinct de l’Universel qu’un Occident post-industriel ne connaît plus.

     

    Individus « clones-consommateurs » de cette anti-culture de Contrôle et Conditionnement propre à ce cocon sécurisé et confortable qu’ils appellent le Monde Libre, leurs singularités disparaissent derrière des particularités modelées et formatées, des comportements traçables et rentables, ne connaissant plus le sens de l’Expérience du Réel, du Monde, de Soi, de l’Autre, ils tentent pathétiquement dans des causes particulières de retrouver le sens du mot Progrés, qu’intuitivement ils sentent être l’essence de l’Histoire humaine. Progrés qui ne se conjugue plus que sous ses formes économique et technologique dans une société où la dépolitisation de l’Economie a neutralisé le Politique, où la Culture se meurt peu à peu, où le Réel est devenu Décor.

     

    Bref…une société où le sens du Collectif, de la Communauté humaine disparaissent derrière les revendications particulières, prévisibles et orientables, fashion et sous franchise ; derrière des individus devenus clones se réfléchissant mutuellement à l’infini…Nos contemporains, nous…les « bobos » ne sont dés lors que « minorité visible » au cœur de foules translucides.

     

    Question : doit-on considérer les habitants du Monde Libre comme prisonniers de leur forteresse et souhaiter leur libération ou aider à leur libération ?

     

    Cordialement,


  • NAHASH NAHASH 27 juin 2009 02:51

    désolé pour le doublon...


  • Daniel Topper 27 juin 2009 11:07

    Vous allez faire vos courses à la Fnac pour citer BHL et Albert Jacquart ?


  • martin martin 27 juin 2009 12:33

    J’ai aimé et le ton et la forme , n’en déplaise aux censeurs.
    Merçi à l’auteur pour ce divertissement non dénué de fondement


    • Daniel Topper 27 juin 2009 13:45

      Votre condamnation du jugement (alors qu’il s’agit davantage d’ironie de ma part) est symptomatique de l’univers des belles âmes. Dans cet univers le jugement en général vient maltraiter la diversité des opinions élevées naturellement en liberté. Il est d’office au service de l’ordre. Dans cet univers, le langage lui-même à la limite est de trop, lui qui fonde des ensembles. Le jugement forme donc un univers concentrationnaire. Cela, la belle âme peut l’affirmer sans complexe, puisque chez elle on peut dire tout et n’importe quoi jusqu’à la folie. Le but n’étant pas de construire un monde commun (ce qui implique la catégorie du jugement) mais de voir s’envoyer en l’air des mondes multiples, des langages si particuliers qu’il faut bien les appeler, conformément à l’éthymologie, « idioties »...


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