samedi 8 janvier 2011 - par Morpheus

Le Projet Venus : analyse critique (3/3)

A l’heure où tout part à vau-l’eau, où tout se mêle dans un vaste cacophonie, où les valeurs s’entrechoquent et se perdent, où les repères s’estompent et se brouillent, à l’heure où demain est plus incertain qu’il ne l’a jamais été, cette heure qui semble, comme dans un poème, être la plus sombre avant l’aube, nous en sommes à chercher une lumière, n’importe laquelle, pourvu qu’elle puisse éclairer notre route et indiquer un chemin. Un espoir.

Rien d’étonnant en pareilles circonstances, de voir poindre les utopies. Or, des utopies, il n’y en a plus guère de nos jours. Elles sont le plus souvent battues en brèche avant même de naître, tuées dans l’œuf par une propagande que certains ont appelés « la fin de l’Histoire », "la fin des idéologies", alors même que ceux-là, se faisant, défendent la dernière idéologie dominant le monde : le capitalisme.

Or, voici que je découvre un projet utopique au sens premier du termes : cette utopie s’appelle « The Venus Project » (Le Projet Venus), et elle est véhiculée à travers le Mouvement Zeitgeist, issu des films diffusés sur internet Zeitgeist (2007) et Zeitgeist : Addendum (2008). Ce début d’année 2011, le 26 janvier, sortira sur internet, simultanément et en vingt langues, le troisième volet, Zeitgeist : Moving Forward (Zeitgeist : Aller de l’Avant).

C’est donc l’occasion que j’ai choisie pour rédiger une analyse critique de cette utopie qu’est le Projet Venus. Etant donné la longueur de cette analyse que j’ai voulue argumentée, je la propose ici en trois parties, dont voici la troisième et dernière partie.

La dépendance technologique

Une importante question doit être posée concernant le Projet Venus, c'est la question de la dépendance à la technologie. Lorsque nous dénonçons la dépendance au système monétariste, nous désignons l'aliénation dans laquelle nous entraîne le fonctionnement du système selon les principes qui régissent le système bancaire. Nous dépendons des banques et de leur capacité à créer l'argent à partir de dettes.

Dans un système d'économie basé sur les ressources, nous dépendons des ressources, et c'est la raison pour laquelle le Projet Venus estime à raison que l'évaluation ainsi que la répartition équitable des ressources doit être fait au mieux. Pour ce faire, le credo avancé est le recours à la précision et l'efficacité de la méthode scientifique et des progrès technologiques. Pourtant, nous avons de nombreux exemples qui montrent les limites de la technologie, et parfois même son inefficacité.

Le dernier exemple en date remonte à moins de deux semaines au moment où j'écris ceci. Cette année 2010, nous subissons ici (Europe de l'Ouest) un hiver un peu plus précoce et rigoureux que d'habitude. De nombreuses perturbations ont provoqués retards et blocages d'aéroports, de routes, de voies de chemin de fer et de voies fluviales. Notamment, sur les voies de chemin de fer, la technologie moderne a été mise en échec par le froid et la glace. Les TGV ont dû ralentir, parce que la glace se formant dans les soubassements des voitures se détachait au croisement de deux rames et les projections à grande vitesse brisait les vitres des trains. De même, pour le train circulant dans le tunnel sous la manche, de la glace s'est formée dans les circuits électriques et électroniques de la locomotive et provoqué des dysfonctionnements qui ont bloqué les machines et le train au beau milieu du tunnel, ce qui a occasionné des difficultés pour évacuer les passagers. Sur la terre ferme, en Belgique, la SNCB a dû ressortir les vieilles locomotives électriques et diesel qui étaient "à la retraite", car les locomotives et les voitures modernes avaient de nombreux problèmes à cause de l'électronique embarquée, tout cela toujours à cause du froid ...

Or, que propose le Projet Venus ? La cybernétisation de toutes les fonctions vitales de la société, villes, transports, moyen de construction, de production de biens et de nourriture. Tout cela régenté par ordinateurs et moyennant une hyper informatisation et l'électronique embarquée à tous les niveaux. Nous deviendrions donc dépendant en toutes choses de l'informatique, de l'électronique et de la cybernétique. Mais que se passerait-il si une vague de froid inhabituelle survenait ? Ou d'autres conditions climatiques hors normes - par nature imprévisibles - ou pire, si une activité solaire anormalement forte se produisait en synchronicité avec une activité particulièrement faible du magnétisme de la Terre ?

Nous nous trouverions entièrement paralysés, en proie à de grandes difficultés, et dans une situation où les "simples" citoyens seraient fortement démunis pour pouvoir réagir et s'adapter à la situation. La majeure partie de la population, déshabitués à se débrouiller par elle même pour sa nourriture, son énergie, et l'ensemble de ses besoins de base, se trouverait entièrement dépendante de techniciens et de scientifiques, qui, s'ils sont en effet les plus qualifiés pour trouver des solutions, n'en restent pas moins des humains, avec leurs limites et leurs défauts.

Ne dit-on pas qu'il ne faut jamais placer tous les œufs dans un même panier ? Ou qu'il faut avoir plusieurs cordes à son arc ? Ces sages proverbes sont là pour nous rappeler certaines choses élémentaires dans la gestion de notre quotidien et dans nos choix de vie. Le principal problème de la science actuelle, d'après de nombreux scientifiques et penseurs, c'est son hyper spécialisation. Cette spécialisation implique le plus souvent une segmentation, une réification des tâches, considérées les unes séparément des autres. Cette façon de penser et de fonctionner est contraire au grand principe d'interdépendance. Il empêche à chaque acteur d'avoir une connaissance et une vue d'ensemble d'un problème donné, et par conséquent, une prise en compte adéquate de la chaîne de causalité. La spécialisation doit être bannie de la connaissance holistique, car elle est le nerf de toutes les perversions de notre société. Par conséquent, nous ne devrions pas mettre tous nos efforts et tous nos espoirs dans les seuls apports de la science et de la technologie. Ce serait hypothéquer la meilleure opportunité qui se présente à nous de refonder une nouvelle humanité qui soit enfin digne de nos vertus et de nos idéaux les plus nobles et les plus progressistes.

Le diable dans les détails

Le Projet Venus est un projet ambitieux, mais sur un certain nombre de points, il m'apparait déjà critiquable dans ses choix. Une des choses qui me frappe, c'est le gigantisme des infrastructures imaginées pour supporter le projet : infrastructures sous marine pour exploiter le courant marin du Gulf Stream, barrages géants, machines gigantesques, etc. Ce gigantisme, je ne suis pas sûr qu'il soit du meilleur aloi. Par nature, le gigantisme n'est pas à l'échelle de l'Homme, mais plutôt à l'échelle des dieux de l'Olympe. Ce gigantisme est-il nécessaire ? Dans la mesure où le Projet Venus envisage la production d'une très grande quantité d'énergie, oui. Une ville selon le Projet Venus demandera, comme les grandes villes modernes actuelles, une très grande quantité d'énergie pour fonctionner. Pour alimenter ces villes, il sera nécessaire de construire de grandes centrales de production d'énergie, comme c'est le cas pour les centrales nucléaires ou les autres centrales de production d'énergie.

Or, je conteste le choix d'une production centralisée de l'énergie. Cette production centralisée, nous savons de quoi il retourne à l'heure actuelle : elle rend absolument dépendant l'ensemble des acteurs de la société à ces opérateurs, qu'ils soient publics ou privés. Pourtant, nous disposons déjà de la technologie qui permettrait à chaque foyer, ou à un petit groupe de quelques foyers, d'être autonome pour la production de leur énergie. L'éolien, le photovoltaïque, le solaire, la méthanisation des déchets, la récolte de l'eau de pluie, le géothermique, sont autant de technologies de production d'énergie renouvelable qui peuvent se décliner à l'échelle d'un ou de quelques ménages, rendant ceux-ci bien plus autonomes que s'ils dépendent d'une production centralisée.

Production centralisée vs production décentralisée

Il y a de nombreux avantages qui plaident en faveur d'une production autonome et décentralisée. Par exemple, lorsqu'une production centralisée tombe en panne, ce sont des dizaines, des centaines, des milliers - parfois des millions - de foyers qui sont privés au même moment d'énergie (cf. les problèmes qu'a connu la Californie). Cela provoque donc une crise importante et de gros problèmes à l'ensemble de l'économie. Cela peut se produire pour de multiples raisons, et les changements climatiques qui ne manqueront pas à l'avenir, de nous prendre par surprise en provoquant des catastrophes naturelles, doivent nous inciter à la prudence. Par contre, lorsque la production d'énergie est disséminée, lorsqu'une catastrophe se produit, elle ne frappe que les zones touchées, et non des millions de citoyens dépendant de la centrale de production. L'impact négatif se trouve dès lors limité, rendant la résolution des problèmes plus aisée. D'autre part, une production décentralisée empêche de facto toute prise de contrôle de la production d'énergie (quelle que soit la raison de la prise de contrôle) par un groupe, une corporation, etc. désirant nuire à la société (pour quelque raison que ce soit). Troisièmement, le risque d'une catastrophe type Tchernobyl ou Seveso se trouve lui aussi écarté.

Enfin, une production disséminée et décentralisée permet un meilleur contrôle et une meilleure responsabilisation des individus de leur propre consommation d'énergie, car étant directement responsable et en prise avec la production et l'entretien, les individus ont conscience de ce qu'ils font et de pourquoi ils le font. Cette responsabilisation individuelle fait selon moi partie intégrante des changements importants de mentalité qui doivent être opérés dans la refondation d'une nouvelle société. Responsabiliser en rendant les familles plus autonomes, tant au niveau de leur énergie que de leur alimentation, est un processus que nous devrions sérieusement envisager si nous voulons voir se développer une société plus responsable et plus citoyenne. La société proposée dans le Projet Venus ne semble pas du tout envisager cet aspect des choses, alors que paradoxalement, elle évoque le fait qu'il est nécessaire de faire évoluer les consciences individuelles. Mais ce n'est pas en proposant une société du futur où tout serait à portée de la main gratuitement que l'on responsabilise et conscientise les individus. Il y a donc là encore une sorte de contradiction dans le choix des solutions par rapport à l'énoncé des problèmes et de leurs causes.

Le béton et l'acier

Le Projet Venus prévoit une grande utilisation du béton et de l'acier pour ses réalisations architecturales. Voilà qui est un choix des plus discutable à bien des niveaux. Bien que n'étant pas ingénieur, j'ai une formation dans la construction, ayant suivi une instruction dans la physique du bâtiment et concernant les conceptions modernes de bâtiments à basse énergie ou de type passif. Ce type de concept me parait entrer en droite ligne dans un projet tel que le Projet Venus. Or, le matériau le plus préconisé dans ce cadre est incontestablement le bois. Quels sont les avantages du bois sur l'acier et le béton ?

· Faible consommation en énergie pour sa production (Bois scié : 350 kWh/m3 ; Béton : 700 kWh/m3 ; Acier : 46 000 kWh/m3 ; Aluminium : 141 500 kWh/m3).

· Lutte contre les gaz à effet de serre (le bois capture le CO2 présent dans l'air).

· Meilleur isolant thermique (15 fois meilleur que le béton, 450 fois meilleur que l'acier, 1700 fois meilleur que l'aluminium)

· Le bois est un régulateur hygrothermique naturel très performant.

· Solidité et durabilité (grande résistance mécanique du bois, matériau de choix utilisé depuis des siècles pour l’exécution des charpentes, pièces maîtresse de toutes les maisons quelle que soit la composition de leurs murs ; bien conçue, une maison bois est construite pour longtemps : en France, de nombreux bâtiments - comme les anciennes maisons à colombages - exposent fièrement leur façade plusieurs fois centenaire : dans les régions du globe particulièrement exposées aux intempéries et aux froids extrêmes, comme les pays scandinaves, les hommes ont massivement choisi la maison bois).

· Sécurité (contrairement aux idées reçues de la propagande de l'industrie d'après guerre, le bois offre une meilleure sécurité incendie).

· Rapidité de construction (pas de délai de séchage, contrairement au béton ou à la maçonnerie).

· Constructions évolutives et modulables.

Vous pouvez facilement, sans être ingénieur, comprendre que pour produire une poutre en acier et en béton, il faut beaucoup plus d'énergie que pour produire une poutre en bois. En outre, le bois est un matériau renouvelable. On vante souvent les structures en acier dans la construction. Pourtant, à cause des chutes de neige supérieures à la norme lors de cet hiver 2010, on a vu de nombreux bâtiments effondrés à cause du poids de la neige : tous ces bâtiments avaient une structure en acier ! Tous ces arguments font du choix de l'acier et du béton comme matériaux privilégiés du Projet Venus, un choix plus que discutable. Il y a par ailleurs des pistes de recherche pour exploiter d'autres matériaux qui méritent d'être explorées, par exemple le bambou : léger, très performant mécaniquement, très rapide et facile à produire (sans engrais, sous de nombreuses latitudes et climats différents), ce matériau encore trop peu connu en occident offre des perspectives étonnantes. Et puis contrairement au froid de l'acier et à la grisaille du béton, le bois offre une chaleur et un confort d'habitat inégalé : on se sent bien dans une maison en bois, l'acoustique y est plus agréable, l'ambiance plus chaleureuse, les odeurs plus saines.

Attention, je ne dis pas qu'il faille abandonner l'usage du béton et de l'acier, mais je réfute l'idée qu'il faille les privilégier. Je considère que leur usage doit au contraire être minimisé, afin de privilégier des matériaux renouvelables (comme le bois) ne nécessitant que peu d'industrialisation pour leur mise en œuvre. Il y a des recherches et des expériences à faire pour faire progresser les connaissances et améliorer les performance déjà grandes du bois.

Les dangers du Projet Venus

Suppression des frontières

Afin de voir le jour, le Projet Venus implique la création d'une instance supranationale, telle que l'actuelle ONU, mais dotée d'autres objectifs, et de pouvoirs plus importants d'ingérence au sein des politiques nationales, au même titre que l'U.E. en Europe. Outre que je ne vois guère comment parvenir à unir tous les pays et tous les gouvernements autour du Projet Venus, et surtout considérant l'expérience que nous avons des institutions européennes, j'ai toutes les raisons d'être inquiet de voir une telle institution se former à l'échelle du monde.

L'U.E. est le projet le plus anti démocratique qui ait été réalisé depuis la dernière guerre mondiale. Elle a été instaurée sans aucune forme de légitimité démocratique, elle s'est imposée progressivement et sournoisement aux états membres et à leurs citoyens à l'aune de traités de plus en plus contraignants, qui ont vidé les états de pratiquement toutes leurs prérogatives. L'essentiel des politiques normalement attribués aux états est maintenant décidé par la Commission Européenne, et les gouvernements des états ne sont plus là que pour traduire les lois et décrets votés à l'U.E. dans leurs propres législations. Les frontières au sein de l'U.E. ne sont plus que symboliques, ou presque. Le grand melting pot a été décrété sans que les populations, les citoyens, aient eut leur mot à dire. Lorsqu'une "constitution" commune a été "proposée", quelques rares états (France, Pays-Bas, Espagne, Irlande) ont organisés un referendum afin d'obtenir l'adhésion de leurs citoyens. En France, au Pays-Bas et en Irlande, le traité a été rejeté par une majorité. Pour contourner cela, le traité à été "toiletté" et a été voté par décret ... Il n'y a donc plus aucune forme de démocratie en Europe, si ce n'est un vernis illusoire et passablement craquelé. Les états qui font partie de l'U.E. se trouvent coincés, car le système est si bien ficelé qu'il est auto bloquant. Sortir de l'U.E. afin de récupérer sa souveraineté nationale est de l'ordre de l'exploit et paraît presque impossible.

Si une institution supranationale à l'échelle du monde entier était constituée de la même façon, quelles garanties aurions-nous que cette institution respecte non la forme, mais bien l'esprit démocratique ? D'autant que je considère, comme Mr Fresco, que nous n'avons jamais véritablement connu la démocratie : c'est une expérience, un projet qui reste à l'état d'ébauche. Nous avons développé quelques expériences qui ne constituent que des proto démocraties, et qui sont pour la plupart devenue des proto fascismes.

Bien sûr, beaucoup d'humanistes souhaiteraient voir abolir toutes les frontières, estimant que celles-ci sont des limites artificielles, illégitimes, qui séparent artificiellement les peuples et surtout les divise. C'est à la fois vrai et faux. Que ces limites soient artificielles est en partie vrai, mais ce que l'on ne peut pas nier, c'est la différence au niveau des langues, par exemple. Lorsqu'un état est constitué d'une population parlant une langue nationale spécifique (ex. Japon, Russie, France, Portugal, Espagne, ...), la langue elle-même constitue une différence et une "barrière" réelle entre les peuples. Or, ces langues multiples ne sont-elles pas également une richesse ? D'autre part, on peut concevoir que les états sont en quelque sorte chacun un "projet de société" particulier, et que chacun de ces projets représente un choix qui appartient, peu ou prou, à ses citoyens. Bien sûr, c'est très discutable : puisqu'aucun pays n'a véritablement développé de démocratie "vraie", on peut considérer que les choix ont en réalité été opérés par des "élites" au pouvoir, et que les peuples ont donc été contraint de suivre.

C'est vrai, mais seulement dans une certaine mesure. Si cela s'est produit de cette façon, c'est que d'une manière ou d'une autre, les populations ont été amenées à accepter le système imposé. Dans une dictature, c'est la force et l'oppression qui est utilisée afin de soumettre la population ; dans une pseudo démocratie telle que nous la connaissons, c'est par le biais de la propagande et des techniques de manipulation des masses (ingénierie du consentement) que l'on obtient l'adhésion de la population (mais seulement dans une certaine mesure).

La disparité de "projet de société" constitue donc, d'un certain point de vue, un problème, mais d'un autre, une richesse : si de multiples projets peuvent être expérimentés, on peut établir une comparaison, et voir quels sont les avantages et inconvénients de chacun. Mais si un seul projet se développe sur toute la planète, quel point de comparaison aurons-nous ? Si jamais le projet prend mauvaise tournure, quelles seront les possibilités pour les citoyens de se retirer de ce projet ? Là est tout le danger de la suppression des frontières : il n'y a plus d'échappatoire.

Récupération politique

Beaucoup de ceux et celles qui sont sensibilisés au Projet Venus sont également informé du danger imminent de voir établir une dictature mondiale. Tous les signes avant coureur sont là. Les groupes et individus qui concentrent actuellement les pouvoirs entre leurs mains œuvrent depuis des décennies à établir un gouvernement mondial. Ils ne s'en cache presque plus (voir les discours de G. Bush père, G. Bush fils, N. Sarkozy, etc.). Il est donc parfaitement normal que le Projet Venus, qui propose lui aussi l'établissement d'une gouvernance mondiale, soit perçu avec méfiance. De nombreuses interrogations se posent, notamment concernant Peter Joseph, le réalisateur des films de la série Zeitgeist. Qui est-il ? Appartient-il à une organisation et si oui, laquelle ? Ces questions, pour suspicieuses qu'elles puissent paraître, sont légitimes : nous sommes constamment manipulés, il est donc naturel - et sain - de développer une méfiance face à toute information ou projet nouveau. Il nous faut faire preuve de grand discernement, et pour cela, collecter le maximum d'informations les plus objectives qui soient, et recouper ces informations.

De plus, quant bien même il serait avéré que le Projet Venus est bien ce qu'il prétend être, il reste un grand danger, qui est celui de la récupération politique de certains éléments du projet. Les émules du Nouvel Ordre Mondial peuvent être considérablement intéressées par le Projet Venus, et il est tout-à-fait vraisemblable qu'ils envisagent de s'approprier le projet tout en le mettant à leur sauce. Ce serait même l'attitude la plus judicieuse qu'ils puissent avoir. Ils récupéreraient en même temps les citoyens qui se mobilisent pour promouvoir le projet. C'est de la même manière que la plupart des idées innovantes ont été récupérées, que ce soit les écrits d'Adam Smith ou plus tard ceux de Karl Marx, ces idées ont été récupérées, déformées et remodelées afin de dévoyer l'essence de chacun dans le but d'obtenir l'adhésion des masses. Les industriels de l'agro alimentaire, de l'électronique, de l'industrie sidérurgique, de la cybernétique, etc. ne peuvent qu'être séduis par le Projet Venus : cela pourrait bien constituer un formidable tremplin de promotion pour leurs objectifs personnels.

La stratégie du choc

Pour établir une économie mondialisée basée sur les ressources, il faut au préalable que le système monétariste s'effondre. Le Projet Venus et le Mouvement Zeitgeist table sur l'effondrement annoncé de ce système, mais même si nous considérons comme nécessaire l'effondrement de ce système néfaste, nous ne devons pas moins être conscient du chaos que cet effondrement va engendrer. La majeure partie de l'humanité n'est pas consciente de ce cataclysme, et ceux qui en parlent sont dans la position de Cassandre. Lorsque cet effondrement se produira, il résultera inévitablement un choc important pour les peuples du monde. Comme je l'ai développé antérieurement, une telle situation de crise est nécessaire pour amorcer une remise en cause fondamentale de nos vieux paradigmes. Il y a hélas de fortes probabilités que c'est exactement sur ce même choc que comptent ceux qui veulent établir un Nouvel Ordre Mondial, avec de tout autres visées que celles avancées dans le cadre du Projet Venus. Cette stratégie du choc bien rodée depuis un demi siècle risque donc fort d'être mise en œuvre et nous prendre de court. Car si l'internet est notre mode de communication, les tenants du Nouvel Ordre Mondial ont toujours la mainmise sur les médias de masse traditionnels, et disposent de tous les réseaux, lobby, experts en communication et en propagande, pour tourner à leur profit l'effondrement du système bancaire.

Comment résisterons-nous face à cet assaut ? Comment pourrons-nous empêcher que la stratégie du choc soit déployée pour forcer l'établissement d'un Nouvel Ordre Mondial ? Comment parvenir à faire connaître le Projet Venus et susciter l'intérêt, voire l'adhésion du projet par une majorité, et faire en sorte que celle-ci ne se laisse pas aller à des solutions toutes faites préparées par les "maîtres du monde" ?

Nous nous trouverons alors dans une situation sans précédent dans l'Histoire connue : une situation où tout est possible au niveau mondial, le pire comme le meilleur. Une situation où les chances du meilleur sont les plus grandes depuis très longtemps, mais où les moyens du pire sont également les plus puissants. Comment favoriser cette opportunité, tout en contournant le déséquilibre des moyens ? A la charnière entre un monde meilleur et le meilleur des mondes, comment pouvons-nous faire peser la balance vers le monde meilleur, sans que celui-ci ne devienne le meilleur des mondes ?

Conclusions

La critique sociale que pose le Projet Venus et le Mouvement Zeitgeist concernant les dérives de notre monde est pertinente, nécessaire et même indispensable. Développer un nouveau projet de société humaniste - une utopie -, pour le bénéfice de tous les humains, sans exceptions, est nécessaire et tout aussi indispensable. Prendre les devants - je dirais plutôt, personnellement, rattraper le retard - sur les "élites" qui sont actuellement au pouvoir, est la meilleure chose à faire, si nous ne voulons pas être à nouveau menés par le bout du nez. Mais ce retard à combler est grand. Très grand ! Cela ne signifie pas que ce n'est pas possible. Au contraire, j'estime que c'est le moment ou jamais de nous y mettre très sérieusement. En cela, l'esprit du Mouvement Zeitgeist et du Projet Venus est positif. Mais nous n'avons par contre pas le droit d'hypothéquer ce projet, et pour éviter cela, nous devons réfléchir à tous les tenants et aboutissants du projet, et accepter qu'il évolue, pourvu que cela reste toujours dans le sens de l'esprit humaniste du projet. Nous devons empêcher que ce projet soit récupéré par des "élites" - quel qu'elles soient (y compris scientifiques) : ce projet doit demeurer entre les mains des citoyens, et c'est pourquoi les citoyens doivent s'en emparer.

Cependant, les citoyens "lambda" sont mal préparés pour s'emparer adéquatement - c'est-à-dire faire usage sagement - de LEUR pouvoir. Ils ont (nous avons) tout à apprendre, et même à réapprendre, puisqu'il s'agit de bazarder nos vieux paradigmes. C'est une introspection majeure qui est nécessaire. Nous aurons donc plus que jamais besoin d'élever nos pensées, d'élever nos énergies positives, créatives et spirituelles. Nous devons absolument réintroduire la philosophie et la spiritualité (j'ai bien dis spiritualité, pas religion !) dans le débat. Reprendre notre pouvoir, c'est commencer par cesser de nous déresponsabiliser en cédant notre pouvoir à un "représentant". C'est nous impliquer personnellement. C'est développer l'esprit critique, non seulement à l'égard des autres, mais principalement vis-à-vis de nous même. Etre responsable c'est "avoir la capacité de répondre". Nous avons donc un double travail à faire : le plus important est le travail sur nous même, puisque nous sommes invités à reprendre notre pouvoir, DONC notre responsabilité. Considérez qu'il ne peut y avoir de liberté sans responsabilité : être libre, c'est être responsable et vice versa. Celui qui délègue sa responsabilité, délègue en même temps sa liberté. Il n'y a pas d'alternative à cela.

Nous devons aussi développer notre capacité d'écoute[1] et de communication. Nous ne devons pas nous contenter de dire ce que nous pensons : nous devons penser ce que nous disons ! Si nous ne faisons pas chacun cet effort, nous continuerons à être à la merci des fabricants de pensée et des manipulateurs. Nous devons développer pareillement de nombreuses qualités, comme l'empathie, la compassion, le discernement, la communication consciente et non violente, etc. Et abandonner autant que faire se peut nos défauts égotiques, comme le jugement[2], les idées préconçues, la projection, etc. Il y a de nos jours beaucoup de méthodes qui nous invitent à développer ces qualités, je ne crois pas qu'il y en ait une qui soit vraiment meilleure que les autres : je crois que toutes les méthodes qui existent sont autant de possibilités pour chacun de trouver celle qui lui convient. Au final, l'efficacité résulte toujours de l'intension et de la persévérance de la personne elle-même dans sa démarche. C'est pourquoi je conclurai par une citation de Krishnamurti.

"La crise, ce n'est ni du côté de la politique ou des gouvernements, qu'ils soient totalitaires ou soi-disant démocratiques, ni chez les scientifiques, ni dans les religions qu'elle se trouve, mais au sein même de notre conscience, c'est-à-dire dans nos esprits et nos cœurs, dans notre comportement, dans nos relations. Et cette crise ne peut être pleinement comprise, et sans doute pleinement affrontée, si nous ne comprenons pas la nature et la structure même de la conscience."

FIN



[1] "Celui qui n'a pas d'oreille pour écouter n'a pas de tête pour gouverner" (proverbe allemand)

[2] Notre discernement éclaircit ce que nos jugements occultent, car nos jugements ne sont que l'expression tragique de nos besoins.

 

 

Bibliographie

Nouveau dictionnaire étymologique du français, par Jacqueline Picoche, éd. Hachette-Tchou (1971)

L'infini dans la paume de la main, par Matthieu Ricard et Trinh Xuan Thuan, Nil Edition (2000)

Les dernières heures du Soleil ancestral, par Thom Hartman, éd. Ariane (1998-1999)

Essai d'exploration de l'inconscient, par C.G. Jung, éd. Robert Laffont (1964)

La clé, par Grace Gassette et Georges Barbarin, éd. Astra (1950)

Le chemin le moins fréquenté, par Scott Peck, éd. Robert Laffont (1987)

Libres enfants de Summerhill, par A.S. Neill, Librairie François Maspero (1970)

Le meilleur des mondes, de Aldous Huxley, éd. Plon (1977)

1984, de Georges Orwell, éd. Gallimard (1950)

La stratégie du choc, la montée du capitalisme du désastre, par Naomi Klein, éd. Acte Sud (2008)



26 réactions


  • Walid Haïdar 8 janvier 2011 10:49

    Bravo,


    cette fois-ci je suis trop en phase avec l’article pour ajouter quoi que ce soit.

    Merci encore car votre travail a été fort utile à sa modeste échelle.

    Continuez...

  • Kalki Kalki 8 janvier 2011 10:50

    La question reste : a quoi ca sert de vivre ?

    Vous avez l’énergie en abondance a porté de main

    Vous avez la matière en abondance

    Vous avez l’intelligence en abandonce

    Vous avez la force de travail en abondance

    QUEL EST VOTRE BUT DANS LA VIE

    LA réplication a l’infinie dans l’univers ?

    Je crois que l’auteur ne s’est pas encore posé encore la question, ni la plupart des personnnes

    Je rajoute : Il existe le logiciel libre, le matériel libre, la monnaie libre : vous savez stallman free software fondation, stallman travaillait en intelligence artificielle dans les années 70, on lui piqua du code a ce type, et ce type décida pour le BIEN COMMUN qu’il serait préférable que l’information soit libre selon une licence, un code de conduite

    Ca s’appelle distribuer en réseau

    Mais d’ou vient l’idée du réseau, du mouvement cybernétique, et avant des conférences macy qui analysèrent le pourquoi du comment du totalitarisme ou l’individu n’est PLUS RIEN

    Alors vous savez : la cybernétique a aussi influencé, les hippies, et INTERNET

    Ce n’est pas la technologie le problème MONSIEUR LE BORGNE : le problème c’est le totalitarisme : la société technologie totalitaire, la centralisation , et du coté de l’individ les imbéciles et leur endoctrinement par les idéologies.


    • Kalki Kalki 8 janvier 2011 10:51

      Le grand bouleversement c’est que l’individu doit être FORT pour survivre

      il ne doit pas être un chien soumis

      d’ailleurs il ne survivra pas de cette manière

      Le travail de chien disparaitra : QU’ON SE LE DISE


    • Kalki Kalki 8 janvier 2011 10:52

      ALORS le TYpe qui vient vous promettre du travail pour tous et tout et tout et cerise sur le gateau

      est un MENTEUR


  • ddacoudre ddacoudre 8 janvier 2011 12:52

    bonjour morpheus

    nous avons développé plus d’utopie que nous le croyons, mais souvent ce mot sert à définir l’impossible, or, (je crois que c’est de Bergson) personne ne lui avait dit que c’était impossible il l’a fait.
    le projet vénus n’est pas irréalisable, la question est de savoir s’il sera humainement viable, ma réponse est non
    je t en ai donné brièvement une explication dans une réponse a ton avant dernier article, que tu peux comprendre au travers de deux articles que j’ai écris.
    je te mets les liens http://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=67081
    http://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=86795

    bravo pour ce bon boulot.
    cordialement.

    je te colle mon article sur l’utopie.

    Sans Utopie l’homme se meurt

     

    L’utopie pour la plupart d’entre nous relève du rêve, mais du rêve non accessible à la réalité.

    Mais au fait ?

    De quelle réalité parlons-nous ? La nôtre celle de nos désirs personnels de l’image que nous avons de notre existence, ou la réalité qui inclut les autres ?

    Pourtant dans l’un ou dans l’autre cas, il nous faudra des « éléments de mesure », il nous faudra comparer, évaluer, mais comment faire si nous n’avons rien appris. Dans ces cas là, nous écoutons ce qui se dit, s’écrit, tout ce qui se fige dans le temps, par des légendes, des maximes, des usages, des habitudes, et dans tout cela nous prenons ce qui nous convient, pour vivre notre quotidien.

    Et ce quotidien ce n’est pas rien, il est même Tout. Alors, en l’observant, ce que nous ne faisons pas la plupart du temps, nous verrons que nous échangeons un grand nombre d’informations, mais que nous n’avons que très peu de communication relationnelle, faute de temps et à cause du nombre qui fait que la masse dilue et absorbe les individualités, au point d’empêcher toute relation inter personnelle.

    Rien de bien nouveau, de tout temps il en a été ainsi, du moins dans le monde contemporain. Pourtant les hommes en ayant sous leurs yeux le monde sensible avec un but à leur communication, (la procréation), ne s’en sont pas contentés, et, concomitamment certainement, ils ont développé deux mondes, le monde physique et le monde Utopique. Le monde physique, celui de tous les instruments que nous avons réalisé, et celui de la pensée abstraite, notre imaginaire, que je qualifie volontairement d’utopique. Néanmoins, aucun des deux n’est séparé de l’autre, car tous les deux sont le produit de la pensée symbolique. Au-delà du fait d’être interdépendants, ils s’entrechoquent ou s’associent sous la baguette de notre pensée. J’y reviendrais.

    Pourquoi je qualifie notre imaginaire d’utopie ?

    Simplement pour banaliser le mot « utopie », comme d’autres ont banalisé le mot « charges », afin qu’il ne nous fasse plus peur, qu’il ne nous fasse plus peur pour le but que je poursuis, celui de vous expliquer qu’il n’y a pas d’utopie irréalisable.

    Il ne suffit pas pour autant de penser à son désir pour qu’il se réalise. Tout dépendra du niveau où il se situe, en fonction des moyens qui sont les nôtres actuellement.

    Exemple : si nous voulons seul changer le monde, quelle que soit l’idée émise, il nous faudra la sortir de notre pensée, la communiquer, pourtant ce ne sera pas suffisant ; il faudra qu’elle soit diffusée ; il faudra qu’elle représente aussi un attrait pour être partagée par d’autres sans les gêner ; il faudra qu’elle ne tombe pas dans l’oubli pour résister au temps ; de telle manière que c’est moins l’utopie en elle-même qui est irréalisable que les conditions de son développement. 

    Dans l’exemple choisi, les conditions de développement de cette utopie vont dépendre de l’idée qu’ont les autres du « monde réel » qui est le leur, (non celui des « penseurs » et des scientifiques), mais surtout celui de leur « monde réel » au quotidien. De ce monde loin du raisonnement philosophique ou scientifique, ce « monde réel » pragmatique qui est celui de l’expérience humaine élémentaire, celui des simples exigences pour vivre, qui font que nous ne nous départirons pas de ce qui nous donne des assurances pour un inconnu hypothétique.

    Si bien que nous utilisons le mot utopie pour qualifier une idée émise et ainsi masquer le manque d’audace personnel pour se lancer dans une réalisation qui sort des références d’un passé normatif, dans lequel nous nous sommes installés. Cette utopie sert à combattre aussi bien une idée qui modifie les rapports envers les dominants, qu’à permettre la dissuasion intéressée personnelle, celle d’idées mythiques, progressistes ou « rétrogressives », et qualifier toutes les demandes de ceux qui, vivant mal leur présent, imaginent des mondes meilleurs.

    A ce titre là l’utopie devient un mot « réactionnaire » qui entre en contradiction avec l’expérience de notre « réel ».

    L’expérience de notre réel s’effectue par la détermination d’objectifs à partir d’une représentation du désirable en valeurs relatives, qui systématiquement ordonnées, organisent une vision du monde qui apparaît stable et irréductible.

    Cette vision du monde est une nécessité pour lui assurer une viabilité culturelle stable, mais est un frein lorsque la stabilité devient la permanence irréductible d’une organisation déterminée, telle le capitalisme.

    Le dictionnaire de la sociologie donne un aperçu de différents types d’idées se qualifiant d’utopiques. Je vais reprendre le texte en entier.

    « L’utopie se propose de transformer, de façon plus ou moins radicale selon les cas, les structures et les valeurs sociales en vigueur. On peut qualifier « d’utopique » des écrits (l’utopie de Thomas More, 1516, fut le premier d’une longue série), des pratiques (celles de certains mouvements sociaux), des « rêves » (toutes utopies non encore pratiquées, écrites). On peut également distinguer : 1. Des « utopies absolues » en contradiction avec l’expérience humaine la plus élémentaire ; ce sont des mythes : pays de cocagne, fontaine de jouvence, etc. ; 2. Des « utopies relatives » projets sans précédent historique mais de réalisation partielle ou totale (l’Océana de Francis Bacon, ou le « programme du parti communiste » de Marx et Friedrich Engels) ; 3. Des « utopies négatives pronostiquant des sociétés où la technique la plus perfectionnée est mise au service d’un projet d’asservissement humain.

    On a opposé une société ouverte, libérale, démocratique (Karl Raymond Popper). Marx et Engels ont distingué « socialisme utopique » (les prés marxistes) et « socialisme scientifique ». K. Mannheim (1929) a mis en parallèle idéologie (conservatrice) des classes supérieures et utopie (progressiste) des classes subalternes ; il a aussi désigné une « intelligentsia sans attaches » comme la couche sociale apte à produire des utopies.

    On peut considérer que toute utopie critique le présent au non d’un passé archétypique ou d’un principe censément élémentaire, et en vue d’un avenir décliné sur le changement social valorisé (utopie progressive) ou dénoncé (utopie rétrogressive).

    On appelle groupements volontaires utopiques ceux qui répondent à ce modèle de fonctionnement (sectes, ordres religieux, certain groupement politiques et syndicaux, certaines formes de communauté et de coopératisme, etc.)

    Plus que tout autre membre de l’école de Francfort, Herbert Marcuse (1964) a vu venir l’avenir ouvert à l’utopie d’une libération humaine totale, une fois la technique mise au service d’un projet humaniste. Il devait, en 1968, décréter pourtant « la fin de l’utopie ». Aujourd’hui, dans les écrits de Jürgen Habermas, la « communication » joue le rôle de l’utopie ».

    Ces quelques lignes donnent un aperçu des diverses idées qui ont été ou sont qualifiés d’utopiques, et à leurs lectures, il est difficile de définir dans notre existence ce qui ne relève pas de l’utopie.

    Il apparaît donc que nous brandissons de tout temps ce mot utopie comme un épouvantail de dissuasion, pour se préserver de toute perturbation venant bousculer notre tranquillité quotidienne. Et, dans le même temps, il a qualifié toutes les étapes de l’évolution de nos sociétés et bien des inventions, cela au prix d’un grand nombre de vie.

    Grâce à la Télomerase, la fontaine de jouvence tant espérer, par la biologie prend place au premier plan de l’oncogénétique et de la gérontologie, même si rien ne permet de savoir comment se terminera l’histoire.

    Alors y aurait-il une raison absolue qui rendrait le capitalisme irréversible que toutes oppositions seraient qualifiées d’utopiques, au point que les citoyens préfèrent l’abstention que de voter pour des porteurs utopies. En cela ils se trompent pour vivre le capitalisme à besoin des utopies, sans elles il mourra et nous avec. Ceux qui le soutiennent et n’ont pas compris cela creusent sa tombe.

     


  • herbe herbe 8 janvier 2011 13:18

    Merci !

    Je suis aussi en phase avec votre article.

    Je vais faire, même si comme vous le montrez que les difficultés et défis sont immenses, le pari pour le monde meilleur ...


    • Morpheus Morpheus 8 janvier 2011 19:16

      Si nous nous mobilisons et si nous refusons de laisser plus longtemps les choix concernant notre avenir à des politiciens, des banquier ou des businessman, si nous prenons nous-même les choses en main, alors oui, on peut faire le pari d’un monde meilleur.


  • Bélial Bélial 8 janvier 2011 18:53

    Salut Morpheus, c’est bien d’avoir fait cette grosse analyse, 3 articles tous intéressants, c’est juste dommage que ça n’ait pas attiré plus de monde.


    • Morpheus Morpheus 8 janvier 2011 19:14

      Merci Bélial smiley

      Je ne m’attendais pas à beaucoup de participation, c’est un sujet peu médiatisé, donc qui attire peu.

      Pour poursuivre le débat (pour tous ceux qui le souhaitent), je suggère d’aller sur le forum du site du Mouvement Zeitgeist, où j’ai lancé un sujet à partir de cet article. Voici le lien.

      http://www.mouvement-zeitgeist.fr/index.php?option=com_kunena&func=view&catid=19&id=14712&Itemid=345


    • ddacoudre ddacoudre 8 janvier 2011 22:54

      bonjour morpheus

      je suis allé faire un tour sur le cite intéressant, bonne continuation, beaucoup de question existentielle, et oui la machine et encore un outil moins sensible que l’homme, mais comme je te l’ai déjà écrit en 2050 environ nous arriverons à créer mieux que lui, cette machine sera t-elle spirituelle ???

      cordialement.


  • Rudynou Rudynou 8 janvier 2011 20:57

    J’adhère totalement à ton article, Morpheus !

    Au plaisir de te lire smiley


  • Jean-Paul Foscarvel Jean-Paul Foscarvel 9 janvier 2011 11:35

    Cela rappelle un peu les projets des années soixante, du genre Team X, avec des constructions pharaoniques liées à des organisations sociétales quelque peu totalitaires : les architectes et urbanistes voulaient gérer le monde.

    Bien entendu, ces projets sont restés sur le papier.


  • Dubitatif 9 janvier 2011 20:02

    Merci Morpheus pour cette analyse, c’était un peu mes réflexions quand j’ai vu la présentation du projet Venus, trop de gigantisme et de dépendance à la maintenance pour être résilient au changement ou aux catastrophes.

    En sécurité, on multiplie toujours les appareils/contrôles de manière redondante pour éviter d’être dépendant de l’échec d’un seul d’entre eux. Mais ça demande plus d’investissement (intellectuel ou financier) pour palier les risques, et ce n’est pas dans l’air du temps.

    De plus la centralisation, c’est toujours très mauvais,il y a des exemples historiques de contrôle des ressources de l’eau http://en.wikipedia.org/wiki/Hydraulic_empire

    Par contre, là ou je suis un peu en désacord, c’est sur la méthode scientifique, ce n’est qu’un outil intellectuel pour aborder un problème et c’est très efficace.
    La question est « est-ce vraiment un problème réel ou qu’on se pose pour se donner des problèmes à résoudre ».

    Là clairement, on est dans le deuxième cas, la société de consommation et notre société « moderne » n’est pas remise en question, et c’est une solution pour pallier les côtés négatifs et retenir les côté « positifs » pour l’auteur.

    Je suis d’accord que ce n’est pas en se coupant de plus en plus de la nature qu’on arrivera à s’accomplir, on fait parti de l’écosystème qu’on le veuille ou non, et il faut arriver à vivre en harmonie avec lui, plutôt que contre (société actuelle) ou à côté (projet venus).

    @ Stéphane Seyer
    Je partage totalement ton analyse, plutôt que d’essayer de faire du gigantisme, il vaudrait mieux aller dans le sens des petites structures interconnectées.

    Je reste persuadé que le progrès moderne et la vie en harmonie avec la nature ne sont pas incompatibles (on peut très bien vivre avec moins de densité dans des maisons en bois et avec de l’eau courante [récupération des eaux de pluies, gestion plus rigoureuse des stocks] pour prendre une douche chaude [solaire/fermentation]). Ce ne sont que des exemples vite fait, il faut tester pour voir si c’est réellement viable, mais l’idée c’est de ne pas avoir peur d’imaginer et de s’adapter.

    Malheureusement, ce genre de solutions sont toujours locales et non applicables a des effets d’échelle, ce qui va à l’encontre de la concentration des pouvoirs voulus par ceux qui ont le pouvoir et qui veulent le garder.


  • jmcn 10 janvier 2011 01:12

    Juste une remarque : certaines solutions techniques réclament le gigantisme. Par exemple il y a une taille minimale à partir de laquelle il est possible d’exploiter le différentiel de température entre le point le plus haut et le point le plus bas d’un immeuble de manière à profiter du flux d’air généré pour faire tourner des turbines qui rendront le bâtiment indépendant énergétiquement. Cette taille est de 800 mètres sauf erreur.

    Pour ce qui est de l’ingénierie collaborative, les systèmes open source comme Debian sont la preuve vivante de l’excellence à laquelle il est possible de parvenir en sortant complètement des logiques commerciales. Pourquoi pas le reste ? De fait il devient urgent de sortir du n’importe quoi qui conduit a breveter des séquences de l’ADN humain. Le projet Venus me parait de ce point de vue beaucoup moins délirant que la gabegie actuelle, et propose un changement paradigmatique salvateur sur de nombreux points. Il demeure donc un bon départ de réflexion.

    Citer Krishnamurti est particulièrement bien vu. Ca change des philosophes à la Onfray qui traitent de sujets dont on se fout complètement, comme savoir si Freud se paluchait.


    • Morpheus Morpheus 10 janvier 2011 13:25

      Je veux bien croire que certaines solutions techniques pour produire de l’énergie nécessite une forme de gigantisme. Sans rejeter catégoriquement la technique, je m’interroge sur la pertinence de telles solutions. Ce que je veux dire, c’est qu’il pourrait être possible de proposer des solutions alternatives qui n’ai pas de recours aux systèmes de production centralisées.

      Pour prendre un exemple, un barrage est une forme de contrôle que l’on opère sur la nature, et lorsque l’on fait un barrage, on transforme considérablement l’environnement, non seulement à l’emplacement du barrage, mais partout en aval. Par contre, placer des moulins à certains endroits le long de la rivière / du fleuve, permet également de produire de l’énergie, mais sans modifier la structure du courant d’eau ni son environnement. On a donc deux solutions de productions, l’une centralisée et « rentable », mais qui modifie l’environnement et le « contrôle », l’autre qui utilise le courant à plusieurs endroits, décentralisée, et qui ne modifie pas l’environnement.

      Donc, ce n’est pas tant la technologie en elle-même qui m’inquiète (un outil est neutre, et seule son utilisation peut être qualifiée de « bonne » ou « mauvaise »), ce sont les choix que l’on fait du type de technologie que l’on va privilégier. C’est surtout ce type de réflexion que j’aimerais voir se développer au sein même du Mouvement Zeitgeist.

      Et je vous rejoins quand à votre comparaison entre les projets de nos industries basée sur la technologie et la science, et ceux du P.V.

      Cordialement


    • jmcn 10 janvier 2011 19:56

      Il me parait aussi judicieux de noter que la disparition du secret militaire mettrait, sans nul doute, d’un coup au sein de la société des technologies révolutionnaires du point de vue médical ou énergétique par exemple.

      En cela dans nos sociétés la technologie tient un rôle ambigu. En fait, si on y prête attention, n’émergent que des technologies qui maintiennent le statu quo en faveur de l’oligarchie dominante. Si demain, une technologie basée sur la mémoire de l’eau (je cite cet exemple non par hasard mais parce que les russes on développé cela depuis au moins une vingtaine d’années) détruit la manne financière détenue par l’industrie pharmaceutique, celle dernière mettra en le phagocitage de la technologie en question. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé à Benveniste avec une violence inouïe. Si Internet est apparu, de ce point en vue, on peut en imaginer la contrepartie : marketing ciblé, profilage des individus etc ...

      Comme vous le dites justement la technologie n’est ni bonne ni mauvaise, est bon ou mauvais ce que les hommes en font. Pour l’instant le côté vampire à l’oeuvre en ce moment ne présage rien de bon, à moins d’une révolution dans les mentalités et les modes d’organisation de la société.


  • Athéna Athéna 9 avril 2011 17:50

    @Morpheus smiley

    Tout d’abord BRAVO pour cet article autant percutant que pertinent !

    Effectivement il y a des points importants à soulever dans le Projet Vénus, tant au niveau scientifique comme vous l’avez souligné, mais également sujet à l’ebr qui est abordé avec beaucoup de simplicité...

    Je pense que c’est en soulevant ce genre de problèmes... que l’on pourra avancer... vers un monde meilleur smiley

    Amitié
    Athéna


  • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 24 juillet 2011 08:35

    Bravo pour ces trois articles qui offrent une analyse sérieuse et bien mise en contexte du projet Venus.
    J’adhère complètement aux réserves émises.
    Laisser la science dirigirer l’humain, cela ressemble terriblement à une nouvelle secte à fin totalitaire.
    En fait, le choc qui vient est voulu par les tenants du N.O.M. et ils pourraient bien, pour cette stratégie du choc, se servir du Projet Venus pour nous donner à croire que l’utopie est à notre portée afin de nous asservir.
    Toujours les mêmes salades qui font tourner le monde depuis la nuit des temps.


    • Morpheus Morpheus 28 juillet 2011 22:51

      Merci, Luc-Laurent, pour votre réaction à ce sujet.

      Suite à l’écriture de cet réflexion, j’ai adhéré au mouvement zeitgeist, qui promeut (promouvait) le Projet Venus, afin d’en savoir d’avantage, notamment justement sur les intentions et pour me faire une idée sur la possibilité que cela soit un mouvement sectaire ou non, ou déterminer s’il y avait des intentions cachées.

      La première chose à en dire, c’est que cet article, bien que critique sur bon nombre de points, a été favorablement accueilli par les membres du mouvement dans leur ensemble.

      La deuxième chose est que j’ai observé une très grande disparité dans les membres, tant sur un plan géographique que sociale.

      Le mouvement est (en tout cas était lors de mon passage) en phase d’organisation, mais de façon laborieuse, et pas très efficace (contrairement aux mouvements sectaires, généralement bien organisé, surtout lorsqu’ils sont à visée internationale, comme la scientologie, par exemple).

      J’ai aussi pu constater que les initiateurs et les promoteurs du Projet Venus étaient sincères et n’étaient pas appuyé par des structures gouvernementales ou pire, industrielles ou financières. Ce qui est plutôt bon signe si l’on émet la crainte d’une « autre forme de contrôle » smiley

      J’ai également cherché à trouver réponse à mes questions, bien entendu. J’ai obtenu pas mal de réponse, pour la plupart satisfaisantes (pas pour chaque point), et il en résulte un sentiment général que le projet à des mérites qui valent la peine d’être étudiés, même si, comme moi, l’on éprouve des réticences vis-à-vis de la technologie et de la science.

      Par exemple, il est exact que les nombreux dysfonctionnements de matériels technologiques dont nous faisons usage (j’en mentionne divers exemples dans l’article) sont le produit de notre industrie, tournée vers le profit, et non l’efficacité - il faut voir le documentaire sur l’obsolescence planifiée, c’est édifiant ! Qu’en serait-il de la technologie dans une société où précisément, c’est la durabilité et l’efficacité qui serait recherchée, et non le profit ?

      Ce simple exemple mérite de prolonger et d’affiner la réflexion, ce que je vous invite à faire. C’est par une telle démarche - critique, mais objective et constructive - que de véritables solutions pourraient être avancées pour sortir la planète et la société humaine de l’impasse dans laquelle elle s’est mise.

      Cordialement smiley


  • elizeo 16 mars 2012 17:37

    c’est un plaisir de vous lire Morphéus... et de voir que l’échange d’opinions et d’idées peut encore fonctionner positivement. Pour évoluer, une idée ou une opinion à besoin de ses détracteurs...et quand elle est juste, elle évolue positivement, entraînant avec elle les différents protagonistes. Tous ceux qui ont pour but un avenir meilleur, utopique simplement parce qu’une minorité l’a décidé ainsi, devraient affirmer leurs points de vues, partager leurs savoirs et leurs forces tout en apprenant de ceux qui en savent plus comme de leurs propres faiblesses. Pour ma part, j’adhère complètement au projet, même si vos remarques sont tout à fait justifiées. Car je suis sûr que les personnes qui partagent des valeurs communes aussi importantes sont assez intelligentes ou conscientes pour accepter et comprendre la critique, se remettre en cause, puis trouver une solution commune. Chacun aura bénéficier de cet échange pour se rapprocher de ce qui est juste et de ce qui doit être fait...


  • françois 13 mai 2012 10:55

    je crois que les analyses que vous faites, vous devriez les envoyer à Jacque Fresco lui-même.


  • firebird 28 juillet 2012 14:22

    La spécialisation dans un domaine professionnel n’implique pas une spécialisation de l’individu en général et sur la durée. Donc dans une profession on peu à l’instant T se spécialiser et cela n’empêche en rien de développer d’autre compétences proches ou éloignées de sa profession actuelle. Se concentrer sur quelques mois ou années à un domaine pointu est nécessaire aussi pour avancer dans ce dit domaine. Et la multi dimensionalité de l’existence humaine fait qu’on n’est pas qu’une machine faisant qu’une seule chose. Au contraire le projet Vénus argumente la possibilité offerte à tous d’avoir plus de temps et surtout des moyens bien plus accessibles pour s’adonner à de nouvelles pratiques, pratiques inconcevable pour quelqu’un qui est occupé 40h par semaine à son boulot spécialisé ou éreintant.


  • Kicyfroth 6 mai 2013 16:56

    Excellent article !


    Attention par contre à ne pas mettre tout le monde dans le même bain :

    Par exemple sur la FAQ du site http://mouvement-zeitgeist.fr : 
    La nature elle-même est notre professeur. Nos institutions sociales et nos philosophies doivent être tirées de cette compréhension fondamentale et, invariablement, « spirituelle ». Plus vite cette compréhension se propagera, plus vite la société deviendra saine, pacifique et équilibrée.

    Si tes affirmations sont vraies pour le projet Venus, elles ne le sont pas (ou peut-être plus ?) pour le mouvement Zeitgeist, même pour ce qui concerne une « gouvernance mondiale » (affirmation qui a confirmé définitivement mon scepticisme envers le projet Venus)
    Tu pourras d’ailleurs trouver à la fin de leur FAQ, la raison de leur séparation avec le projet Venus.
    Il est très important pour moi en tout cas de les distinguer car si j’en crois cet article, ces deux mouvement sont désormais autant différents dans la forme que dans le fond.

    • Morpheus Morpheus 6 mai 2013 17:51

      Bonjour Kicyfroth,

      La première fois que j’ai entendu parler du Projet Venus, c’était en visionnant Zeitgeist : Addendum. Ma première réaction primaire a été négative (« Quoi, c’est ça leur solution ? La science pour régler les problèmes ? C’est des dingues ? »). Lorsque j’ai écris cette analyse critique du Projet Venus, en 2011, je venais de lire le document « Designing the Futur » en français. Je n’étais plus dans une réaction primaire, mais encore sceptique sur de nombreux points (en témoignent les questions que je posais).

      A la suite de la diffusion de cet article, j’ai rejoins le Mouvement Zeitgeist et un peu plus tard, la coordination (avec notamment Jonacre et Darshounet). A cette époque, le Mouvement Zeitgeist était encore (censé être) le bras activiste du Projet Venus. J’ai donc pu approfondir mon analyse et obtenir certaines réponses à quelques-unes de mes questions. Puis j’ai assisté en direct à la séparation entre le TMZ et le TVP.

      J’ai ensuite quitté le TMZ et décidé de rejoindre le TVP, bien que je ne sois pas totalement convaincu (je reste un esprit critique). L’une des raisons de mon choix, c’est le grand nombre de contradictions et d’incohérences que j’ai décelé au sein du TMZ à l’époque où j’y étais. Beaucoup de membres ou de sympathisants ne connaissaient absolument rien au TVP, ce que j’ai trouvé assez ahurissant. Je trouvais important, pour un militant, de s’approprier le sujet et de chercher à en apprendre plus, à la fois pour comprendre et pour pouvoir en parler.

      Le TVP est un projet difficile à appréhender, parce qu’il renverse tellement de lieux communs, tellement de croyances, tellement de présupposés, que l’on se trouve inévitablement confronté à une résistance (en soi, je veux dire). Mais même si je conserve encore des réserves sur certains points (parce que je ne les comprend pas encore du fait de mon illettrisme scientifique), il m’apparait aujourd’hui que de tous les projets que j’ai étudié jusqu’ici (Revenu de Base, Salaire à Vie, Constitution Citoyenne tirée au sort, transhumanisme, etc.), le TVP est le projet le plus cohérent et le plus sérieux que je connaisse.

      Il mérite de dépasser nos propres résistances.

      Cordialement,
      Morpheus


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