lundi 25 avril 2016 - par Jean-simon Fortin

Les dangers du conformisme

La société occidentale dans laquelle nous vivons, par le truchement de la démocratie, semble s’être dotée de la plénitude de la liberté, mais devons-nous déjà exulter ? Cette dite liberté est-elle réelle ? C’est irrécusable, nous pouvons faire ce que nous voulons tant et aussi longtemps que nous demeurons à l’intérieur du cadre établi, mais pouvons-nous changer ce cadre ? Les journalistes, véritables forgerons de l’opinion publique sont, semble-t-il, désormais tout à fait transparents, incorruptibles et honnêtes. Ces derniers qualifient même les pratiques médiatiques manipulatrices des médias d’outre-temps d’antiques et d’inénarrables. Or, les insidieuses pratiques d’antan sont-elles toujours présentes sous une forme plus furtive et tacite, pour ne pas faire scandale et que le peuple fomente une révolte ? Le libre arbitre dont nous croyons être bénéficiaire n’est-il pas illusoire et plutôt aiguiller par les ploutocrates et les politiciens qui exercent leur hégémonie sans magnanimité ni vergogne ? Nos choix ne sont-ils pas presque inéluctablement orientés par nos congénères, nos collègues, nos amis et notre famille ? La démocratie est-elle réellement omnipotente ou est-elle plutôt un simulacre, un baume détournant la réalité sur les plaies indélébiles qu’a laissé la monarchie ? Vivons-nous dans une démocratie dissimulant une oligarchie ploutocratique ? Quoi qu’il en soit, la liberté prend une dimension inepte lorsque tout le monde pense la même chose. Le droit de pouvoir dire ce qu’on veut n’est-il pas d’une futilité effarante si nous avons tous le même discours ? Le dissentiment conjugué à la désobéissance n’incarnent-ils pas la genèse du changement et du nivellement par le haut de ce qui est loisible de faire pour un humain de la classe moyenne ? À mon humble avis, il appert que notre pensée et nos agissements sont démesurément influencées par ceux des autres et le seul exutoire est pour moi l’exercice de notre subjectivité et de notre libre arbitre. À mon sens, un phénomène psychosociologique est le principal écueil à l’atteinte de cette liberté. En l’occurrence, je fais ici référence au conformisme. Ce texte constituera un discours dithyrambique à l’égard de l’anticonformisme. Je suis d’avis que ce phénomène est d’une part exacerbé par une manipulation des dirigeants, des ploutocrates et des médias. D’autre part, il est engendré par le regard d’autrui qui est d’une puissance telle qu’il nous exhorte à obéir à ses caprices parfois inintelligibles. Mon plaidoyer mettra en exergue 2 arguments. Les conséquences environnementales du conformisme seront dans un premier temps éclaircies. En définitive, j’expliciterai comment le conformisme peut se métamorphoser en outil prodigieux de manipulation des masses.

 

La décrépitude environnementale est intrinsèquement liée au conformisme

L’ubiquité de la normopathie, tendance excessive à se conformer aux normes sociales sans exprimer sa propre subjectivité, est une problématique tangible. C’est un truisme, me direz-vous, que des pertes de temps, du stress et des casse-tête résultent du conformisme. Il n’y a pas à dire, un simple choix vestimentaire peut s’avérer être bigrement compliqué lorsqu’il faut se soumettre à la norme vestimentaire. Néanmoins, en creusant de la surface et en allant au-delà des évidences, on découvre que les défauts du conformisme sont légion et ne se limitent pas à ceux évoqués ci-dessus. Effectivement, les effets du conformisme sont nuisibles dans notre vie de tous les jours, mais ils le sont a fortiori en ce qui concerne l’environnement. Le lien entre le conformisme et la situation environnementale n’est peut-être pas ostensible au premier abord, mais il n’en demeure pas moins réel et factuel, lorsque considéré sous une perspective qui revêt une dimension davantage sagace et clairvoyante que superficielle. Le regard des autres, se traduisant par une incitation à l’homogénéité exerce un pouvoir si palpable sur nous que nous sommes prêts à tout pour ressembler aux autres. Calquer servilement notre vie sur celles des autres est garant de notre acceptation sociale et permet souvent d’éviter la zizanie. Or, quand vient le temps d’effectuer des achats, la pression sociale nous place dans une position d’ambivalence inextricable. Soit nous choisissons nos convictions, notre volonté et nos goûts, soit nous décidons de crouler devant l’influence coercitive et incisive des autres. Malheureusement, la deuxième option est largement privilégiée. Les lignes qui suivent feront foi du cycle du conformisme, démontrant du coup en quoi ce dernier est substantiellement préjudiciable à l’environnement. Les vicissitudes de la vie font en sorte que certaines personnes capables de définir leurs propres souhaits achètent un produit quelconque. Si cette personne est un tant soit peu influente, elle galvanisera sans le vouloir d’autres personnes à se le procurer par fatuité ou vanité. Si cette personne est tout simplement une personne aimée par une autre personne ne voulant pas être séparée de cette dernière, la personne qui l’aime achètera le même produit pour ressembler à la personne qu’elle aime ou pour ne pas se sentir rejetée par cette dernière. Les personnes s’étant auréolé de gloire grâce à leur nouvelle acquisition feront en sorte, par le processus ci-dessus, que le produit gagnera en popularité. C’est à ce moment que le phénomène du conformisme entrera en jeu. C’est la popularité du produit dans un cercle d’amis qui enhardira les autres à l’acheter. La situation sera à l’avenant sur le plan familiale, à l’école, au travail, dans une municipalité et s’étendra ensuite à la grandeur d’un pays. Tel qu’il appert de ce qui vient d’être mentionné, la racine du conformisme réside d’une part dans la fatuité d’une minorité. Ensuite les autres suivent dans le but d’annihiler leur sentiment d’infériorité vis-à-vis de ceux-ci. D’autre part, la peur de toute forme d’ostracisme et de tensions relationnelles est un autre facteur jouant un rôle prépondérant en ce qui concerne le conformisme.  Enfin, la pression sociale devient si forte que même les plus réfractaires et dénués de vanité se conforment pour éviter d’être malfamés ou ostracisés. Si cette litanie de causes et d’effets semble sophiste et que cette argumentation paraît être un discours fallacieux et perfide venant d’un fervent défenseur d’une société hétéroclite, voici des exemples concrets qui devraient dissiper les doutes à cet égard. Comme la vanité et la recherche de l’acceptation atteignent leur paroxysme lors de l’adolescence, nous sommes très enclins au conformisme au cours de cette période. Lorsqu’un étudiant arrive avec un morceau de linge de valeur, ses plus proches amis ou encore ceux qui le vénère auront tendance à s’en procurer eux aussi. Les premiers agiront pour éviter le rejet et les seconds pour combler leur sentiment d’infériorité. Ce cercle vicieux se perpétuera jusqu’à ce que ceux qui sont le moins influençables ressentent une pression si forte qu’ils imitent les autres. Cette situation que presque tout le monde a déjà vécue pour préserver une amitié indéfectible ou parfois même pour une raison plus prosaïque, montre que le raisonnement si dessus n’est pas si loin de la réalité et qu’il n’est pas aussi bancal qu’il n’y parait. En définitive, la fatuité et la peur du rejet permettent d’expliquer le lien consubstantiel entre le conformisme et la surconsommation. C’est donc dire qu’endiguer le conformisme aurait des impacts indéniables sur la surconsommation et, par conséquent, sur l’environnement. Le conformisme pouvait naguère, dans une certaine mesure, être disculpé de ses effets pernicieux et délétères. Or, devant la situation environnementale engendrée jusqu’à un certain point par le conformisme, tel que susmentionné, nous nous devons de mettre un terme à ce phénomène social inhérent à la surconsommation.

 

Les médias s’assurent que nous ne tergiversions pas 

Le conformisme peut aussi sévir sous une tout autre forme. Une forme beaucoup plus subtile et silencieuse. Une forme alambiquée et ingénieuse agissant dans l’ombre. Une forme de conformisme émanant de stratagèmes subreptices provenant de deux strates distinctes de la population. Bien que ces strates représentent une proportion infinitésimale de la population, ce sont elles qui sont les plus influentes et qui détiennent le pouvoir, du moins, jusqu’à nouvel ordre. Je dresse ici le portrait des ploutocrates et des politiciens. Les uns sont les 67 personnes les plus opulentes au monde. Ceux ayant succombé aux tentations perverses de l’avarice et de la cupidité. Ces 67 personnes possèdent autant que la moitié la plus pauvre du monde. Leur aversion pour la philanthropie et l’altruisme conjuguée à leur avidité s’est traduite par un gain de pouvoir incommensurable. Les autres sont élus par le peuple et, il va sans dire, servent les intérêts des premiers. Une tierce partie, à savoir les médias, fait ensuite le pont entre la population et les personnes influentes dont il est question ci-dessus. Ce troisième groupe n’est pas le plus banal, loin s’en faut. Il est en effet essentiel à la manipulation de la population. Le conformisme sert les intérêts de ceux-ci selon deux angles. Les riches accumulent les profits en se servant de la publicité comme instigateur du conformisme. Pour leur part, les politiciens l’utilisent pour tenter d’étancher leur soif inextinguible de pouvoir. Ils implorent les médias de les aider à effacer le pluralisme, par l’entremise du conformisme. Évidemment, une population homogène ayant des opinions stéréotypées garantie un nombre peu élevé de dissidents et une insurrection beaucoup moins probable. La manipulation des masses orchestrée par les gouvernements et les multinationales ne sert les intérêts que d’une faible minorité. Ce sont eux qui établissent les normes, pour ensuite nous les faire avaler. Finalement, on prend ces normes comme évidentes voire axiomatiques. Or, ces normes ne sont pas toujours avantageuses pour la majorité des gens, car ce n’est pas la majorité des gens qui les a établies.

 Quel est le rôle des médias ? La crédibilité octroyée aveuglement par le peuple à ces derniers est telle qu’elle nous rend vulnérable à un assujettissement éventuel. En croyant tout ce qui provient de la logorrhée télévisuelle incoercible, on finit par bâtir notre opinion autour de ce que les médias martèlent sempiternellement. Ensuite, nous écoutons les publicités. Les multinationales paient des gens qui s’évertuent à convertir pléthore de besoins factices en besoins irrépressibles, par le biais du conformisme. Ils exhibent leur produit à l’écran, mais la profitabilité de la publicité est largement engendrée par un conformisme subséquent à l’achat de quelques-uns, incitant les autres à faire de même, tel qu’illustré plus haut. Idem pour les entreprises qui se servent des célébrités et des sportifs à outrance pour que leurs produits gagnent en popularité. Ils savent pertinemment qu’il ne suffit que quelques personnes se procurent le produit par admiration pour un sportif ou une star et qu’ensuite le produit se propagera sans problème à cause de notre propension à calquer notre vie sur celles des autres. Est-ce le conformisme, la publicité ou le fait qu’il soit plus performant qui fait en sorte que les gens se procurent respectivement les IPhone6, IPhone 7 et IPhone 8 dès leur sortie, et ce, même si le leur fonctionne toujours. Paierait-on vraiment des sommes mirobolantes pour une performance dérisoirement améliorée ? Paierait-on réellement des sommes astronomiques simplement parce que les compagnies se sont ingéniées à nous faire croire qu’il faut acheter leur nouveau produit sans raison apparente ? Pour moi, poser la question c’est y répondre. Je souscris à la thèse selon laquelle nous agissons pour être comme les autres, pour être acceptés ou par vanité, et ce, sans égard au prix à payer. De manière moutonnière et masochiste, nous sommes prêts à nous tirer en bas du pont si la multitude en décide ainsi. En sus, nous bâtissons notre vie selon l’idéal nous étant présenté dans les médias. Ceux-ci sculptent une réalité utopique devenant la norme. Nous aspirons ensuite à atteindre les exigences de cette norme et nous sommes prêts à tout pour y parvenir. Non seulement pour éviter de devenir un paria, mais aussi pour prendre confiance en soi et pour transformer un sentiment d’infériorité ou de frivolité en sentiment de supériorité. Les médias savent très bien comment nous prendre par les sentiments ou par la peur pour nous amener à tous nous conformer. Ils utilisent le conformisme d’une manière fabuleusement efficiente. Leurs discours dissimulent un manichéisme impitoyable. Le mal est la divergence d’opinion vis-à-vis des médias et vice-versa. L’influence informative est également mise à profit par les médias. C’est-à-dire qu’ils utilisent le fait que la population pense qu’ils ont raison. Dans ce cas, on ne se conforme pas parce qu’on veut imiter les autres. Ce n’est donc pas la pluralité qui est utilisée dans ce cas mais plutôt la crédibilité, l’influence et la légitimité des médias. Étant convaincu de la véracité des propos des médias, nous devenons des proies faciles.

Somme toute, quand l’ineptie ne suffira plus à instiller le doute, le conformisme aura remporté la bataille, il nous aura réifié, l’autorité et la puissance auront eu le dessus sur la majorité, le délire se sera emparé de nous, l’illusion sera irréversible et la désillusion immuable. Une décadence progressive, mais définitive du peuple s’entamera. Nous deviendrons de candides passagers de notre vie et nous perdons le poste de conducteur aux mains des normes nous serrant comme un étau. Nous perdrons le poste de conducteur aux mains des politiciens et des milliardaires. Par contre, si nous agissons, si l’anticonformisme devient roi, sans toutefois réduire à néant le conformisme, un jour obscurantisme ne rimera plus avec journalisme. Quand la supposée dichotomie entre journalisme et obscurantisme sera réelle, quand argent et pouvoir feront deux et qu’argent, pouvoir et médias feront trois, l’espoir d’une démocratie moins spécieuse règnera. 

En conclusion, j’ai pour mon dire que le plus important est en premier lieu de s’ouvrir les yeux sur ce phénomène qu’est le conformisme. Parfois nous sommes sur le pilote automatique, la voie de la simplicité l’emporte sur celle de la rationalité et nous agissons comme les autres sans penser plus loin. Nous ne sommes pas conscients que l’addition de petites actions banales peut être dommageable au final. Trop souvent, nous sommes obnubilés par le rythme effréné de la vie. Or, tranquillement mais surement, les conventions sociales s’incrustent en nous à notre insu, malgré notre bonne volonté. Prendre conscience de tout cela constitue le premier pas vers la porte sortie. En étant au fait de ces dangers, nous sommes à mêmes de les anticiper. Succinctement, la quintessence de cet texte se résume à la promotion de la méfiance et de la diminution de l’influence qu’ont les autres sur nous. En outre, l’exercice de notre propre subjectivité est impératif. Tout compte fait, j’espère avoir insufflé une partie du courage et de la motivation nécessaire à l’obtention d’un monde meilleur, du monde auquel je rêve. Je rêve d’un monde dans lequel nous nous serons émancipés des dogmes, d’un monde dans lequel nous nous serons délestés du fardeau de devoir se conformer aux normes. D’un monde dans lequel l’éventualité de voir les stéréotypes et le conformisme s’effriter à l’image d’un bloc monolithique se délitant ne relèvera plus d’un rêve chimérique, mais plutôt de la réalité. D’un monde dans lequel nous aurons appris à résister à notre propension naturelle vers la résignation face aux discours captieux et fallacieux des multinationales et des médias. D’un monde dans lequel la réflexion, la logique et le libre arbitre seront exaltés. D’un monde dans lequel le peuple aura comme leitmotiv de redonner à la démocratie son pouvoir tributaire de la réflexion de tout un chacun. 



4 réactions


  • Jo.Di Jo.Di 25 avril 2016 18:51

     
    La liberté des cochons ... devant leurs auges ...
     
    multi-ethniqués, grand remplacés, sorti de l’histoire des cochons sauvages, domestiqués, surveillés par 3 chiennes bâtardes gardes chiourmes du bas : Pute médiatique, Caste Crasse et La Gôôôchiste ...
     
     
    La fange des libidineux cochons appartient au Seigneur Capital.
     
    Mais loin dans la forêt, au delà du grand béton Grand Remplacement et du parking Carrouf Halal, se balade le gros ours Poupou. Il vient de trouver un vieux casque d’acier, au pied d’un vieux mur.
    Le petit dogue Gregor, qui vient d’être adopté par le Seigneur pour faire peur aux veaux du métayer DeGaulle, est parti à l’aventure loin de la ferme des animaux bobo. Il y rencontra par hasard, où pas, l’ours retord, qui lui fit quand même cadeau du vieux casque d’acier. Quel jouet !
     


  • Sozenz 26 avril 2016 12:52

    article qui pourrait paraitre quelconque , rabâché ; mais qui a sa totale importance , je dirai même une importance capitale sur l ensemble de notre vie ; sur notre équilibre mentale et notre équilibre vitale (le plan matériel).
    Merci pour cette « piqure » de rappel. ^^
     


  • L'enfoiré L’enfoiré 26 avril 2016 17:34

    Il est certain que l’environnement influence notre prise de conscience et de décision.

    Je dis environnement, je ne dis pas nécessairement les humains qui en font partie.
    Il est certain que dans une ville, dans un champs, dans un désert, les choses seront vue autrement.
    Les médias influencent bien sûr dans le cas d’une catastrophe, d’un attentat comme nous venons de vivre dans la peur pour la plupart des gens.
    Mais la réaction naturelle est contrer cette peur, de faire comme si ce dommage n’était pas arrivé. 
    La trace reste comme dans le métro où une bombe avait explosé pour ceux qui étaient proche, beaucoup moins pour les autres qui n’ont pas l’événement lui-même.
    Cette semaine, le VIF exprimait ce que j’avais découvert depuis longtemps, les nouveaux leaders d’opinion, sont les humoristes, du moins en Belgique.
    Aujourd’hui, le rire joue un rôle politique et social. Les paroles d’humoristes sont plus fréquentes, plus écoutées pour cogner sur tout ce qui fait déjà mal en apportant un sas de décompression avec l’actualité.
    J’ignore si cela fonctionne de la même manière en France.
    A vous de me le dire... Car nous sommes un peu différents dans le nord, même si nous avons la même langue. 

  • L'enfoiré L’enfoiré 26 avril 2016 17:37

    Un documentaire de ARTE pourrait vous expliquer comment fonctionne nos relations avec le monde par l’intermédiaire des pouvoirs du cerveau.


Réagir