samedi 20 janvier 2018 - par
Macron, le président des milliardaires
Déjà, ministre, il s’était distingué en disant qu’il « faut des jeunes qui aient envie d’être milliardaires » quand la grande richesse s’exprimait plutôt en millions, un indice sur les repères de celui qui n’était alors que ministre de l’économie. Bien évidement, une fois arrivé à l’Elysée, il met en œuvre une politique au service des milliardaires comme jamais il n’y en a eu en France depuis des décennies.
Le robin des riches
Bien sûr, la majorité dit que sa très coûteuse transformation de l’ISF a pour but de stimuler l’investissement, en exonérant de taxation le patrimoine financier et en ne conservant (temporairement ?) que celui sur le patrimoine immobilier. Mais d’abord, cet argument est totalement ridicule car c’est un effet d’aubaine colossal pour les grandes fortunes actionnariales, qui, sans investir un centime de plus, ne paieront plus la moindre taxe sur leur fortune. En outre, il faut savoir que la part du patrimoine financier croît avec le patrimoine, ce qui signifie que cette réforme favorise les plus riches des plus riches, sans que l’on trouve le moindre argument sérieux pour justifier un tel cadeau fiscal.
Bien sûr, le gouvernement et les ultralibéraux affirment que cela est nécessaire pour notre compétitivité et éviter que les riches fuient notre pays. Depuis longtemps, certains média rapportent de manière alarmiste le départ de quelques centaines de contribuables payant l’ISF, comme s’il s’agissait d’un flot considérable de pauvres persécutés par notre fiscalité proto-communiste. En réalité, le nombre de départs est dérisoire et s’explique par quelques désertions et des expatriations de français par des multinationales. Mieux, quelques chiffres remettent largement en cause la fable de cette persécution fiscale des hauts revenus ou patrimoines, comme le rapporte l’Observatoire des inégalités.
En effet, si les plus riches étaient opprimés fiscalement en France, alors, notre pays en compterait moins que la moyenne. Manque de chance, les statistiques semblent indiquer que la France n’est pas si hostile pour les plus riches puisque nous en comptons plus que tous les pays européens, à l’exception de la Norvège. En effet, le seuil pour faire partie du 1% le plus riche est à 7 631 euros par mois, contre 4 976 pour l’UE, 6 581 outre-Manche ou 6 000 tout rond en Allemagne. Bref, en France, les plus riches sont plus riches qu’ailleurs en Europe. Le rapport entre les revenus des plus riches et les autres est également supérieur au reste de l’Europe, Portugal à part, invalidant certains discours.
Bref, dans un tel contexte, il est encore plus choquant de mener la politique fiscale que Macron mène depuis son arrivée au pouvoir. Rien, absolument rien, ne justifie cette baisse massive de la fiscalité pour les plus riches et les revenus du capital, alors qu’ils touchent des plus hauts historiques, et que la fiscalité française n’est pas si lourde que cela. Et reste encore à venir l’effarante baisse de l’impôt sur les sociétés, qui aura également un effet sur les inégalités en gonflant les profits nets, les dividendes, les cours boursiers et les réumérations des dirigeants. Pire, le démantèlement du droit du travail facilite les licenciements boursiers comme on a pu le voir pour Peugeot Citroën ou Pimkie.
L’ancien banquier d’affaire mène la politique du petit monde dans lequel il se projette, sans même se poser la question si les intérêts de cette minorité coïncident avec l’intérêt général. Un indice : aux Etats-Unis, qui sont en avance, cette petite minorité s’enrichit outrageusement au détriment de l’immense majorité. En 2017, les milliardaires s’y sont enrichis de 1000 milliards de dollars.