lundi 16 novembre 2009 - par
Mailorama : du rêve au cauchemar !
En ces temps de crise économique et de morosité sociale, l’idée de Mailorama.fr, service en ligne spécialisé dans le cash-back en France, avait de quoi plaire au grand public : il avait annoncé son intention, il y a quelques semaines, de distribuer des billets de banque aux passants dans Paris, afin de se faire connaître.
Première chose, il faut savoir qu’il s’agit là d’un acte illégal. En effet, l’article R642-4 du Code pénal interdit l’utilisation de billets de banque "comme support d’une publicité quelconque".
Mais qu’importe la légalité ou pas de la campagne promotionnelle, ce sont environ 7000 personnes qui se sont massées aux abords de la Tour Eiffel ce samedi 14 novembre 2009, pour tenter de récupérer l’une des « bourses » contenant de 5 à 500 euros. Cependant, au dernier moment, Jean-Baptiste Descroix-Vernier, Président de Rentabiliweb, maison-mère du site Internet Mailorama.fr, annulait cette manifestation : "Nous nous sommes aperçus que la sécurité allait être difficile à assurer". Je pense que c’est une décision sage. Je reverserai l’intégralité de la somme qui était prévue au Secours populaire dès lundi". Il devait être distribué 100.000 euros aux passants entre 14h et 17h.
Le résultat ne s’est pas fait attendre : dès l’annonce de l’annulation de la manifestation, des « émeutes » ont commencé dans la capitale. Des vitrines de magasins ont été brisées non loin du Champs de Mars, et des voitures ont été endommagées près de l’école militaire. Des journalistes auraient aussi été agressés, mais cette information est à prendre avec précaution. Néanmoins, d’après des témoins, le quartier est "saccagé".
Après de tels évènements, on peut se demander ce qu’il s’est passé dans la tête des dirigeants de Rentabiliweb. S’il est clair qu’ils cherchaient à faire un gros « coup de pub », ils n’ont pas bien analysé toutes les conséquences de leurs actes. Tout d’abord, baser une opération commerciale sur un acte illégal, ce n’est pas le meilleur moyen de promouvoir sa société. Ensuite, par les temps de crise actuels, il était clair qu’il fallait s’attendre à des débordements. D’un point de vue plus social, je ne pense pas qu’il soit bon de jouer avec les sentiments de la population par les temps qui courent. En effet, une telle opération fait naître de grands espoirs dans la population : l’espoir de repartir un peu plus « riche » le soir.
Résultat des courses, le maire UMP du 7ème arrondissement, Rachida Dati, a demandé au maire de Paris, Bertrand Delanoë, de "porter plainte" contre Rentabiliweb. Le ministère de l’Intérieur a fait savoir qu’il avait "l’intention de déposer plainte" contre l’organisateur. Reste une question à se poser : après un tel désastre, quel avenir pour la société Rentabiliweb ? Eh bien, vraiment, c’est le cadet de nos soucis je crois ! Mais si la société arrive à se remettre de cette mauvaise publicité, j’espère que ça leur servira de leçon, et qu’ils reverront intégralement leur politique de communication, et que des sanctions seront prises en interne contre les initiateurs de la promotion.