Novembre – brèves sur la politique de sécurité ou les dernières gesticulations pour endormir les policiers, les gendarmes et les citoyens

Drames en série : Nouveaux suicides en Gendarmerie. C’est la garde républicaine, caserne Nouvelle France à PARIS, qui est touchée par un nouveau suicide qui s’est produit le 16 octobre. Nous ignorons les causes exactes de ce drame ni de quelle façon il s’est produit mais il semblerait que la victime âgée de moins de 30 ans se trouvait face à un problème sentimental. Le 20 octobre un autre garde se serait également donné la mort dans des circonstances ignorées.
Le 20 octobre, une vive émotion s’est manifestée à Bourges lors des obsèques nationales d'Anne Pavageau en présence de nombreux policiers. A 15 heures une minute de silence a été observée dans tous les commissariats et toutes les gendarmeries de France pour rendre un dernier hommage à cette policière mère de famille. Si le geste fou de l’homme qui l’a tuée à coups de sabre reste incompréhensible, c’est aussi l’incompréhension qui domine à l’annonce d’un nouveau suicide, celui d’un jeune policier d’une trentaine d’années la nuit suivante. Récemment affecté à Vaulx-en-Velin (69) ce père de famille s’est donné la mort avec son arme de service pour des raisons qui restent à déterminer. Ce suicide intervient une semaine après celui d'un jeune policier de 27 ans, père de famille également, récemment affecté à Villeneuve-sur-Lot qui s'est donné la mort à son domicile. Une nouvelle fois les services de sécurité sont en deuil.
Un gendarme se suicide dans l’Oise. Cette information va sembler banale tant elle se répète au long des semaines. Ce jeune gendarme de la brigade de Verberie (Oise) avait 28 ans, il a choisi de nous quitter le 21 octobre, nous ne savons pas pourquoi et nous ne le saurons peut-être jamais, il nous reste le chagrin d’une famille, la tristesse de ses amis et camarades que nous partageons.
Nouveau drame chez les policiers. Ce sont les corps d’un gardien de la paix récemment affecté à Nantes et celui de son épouse qui ont été retrouvés à leur domicile de Saint-Mars-du-Désert le 23 octobre. L’enquête semble vouloir établir que l’homme a tiré sur son épouse avant de retourner l’arme contre lui. De là à dire qu’il s’agit d’un drame familial le pas est rapidement franchi. Nous nous posons la question de savoir dans quelle mesure les conditions de travail interfèrent dans la vie familiale et peuvent conduire à ce genre de drame. Nous nous associons à la douleur des familles et des proches.
26 octobre, les 90 fonctionnaires de
26 Octobre, Claude Guéant au forum de la presse régionale dans le Nord : Morceaux choisis : Au sujet des patrouilleurs : À Lille, nous comptons 1 065 patrouilles supplémentaires pour la même période, dont 333 (pas 334) pédestres. Je compte en faire davantage encore, en sollicitant les fonctionnaires actifs qui sont dans des bureaux, qui ne sont pas handicapés par des blessures. Sur huit heures de présence, ils peuvent consacrer deux heures à des patrouilles. Je compte aussi réduire le nombre de mises à disposition au profit des organisations syndicales. Dont acte monsieur le ministre attendons la réaction des syndicats. Le 28.10 à Bordeaux, nouvelle mise en avant des policiers "patrouilleurs" qui permettent des arrestations en flagrant délit (des exemples SVP) en septembre on compte 30000 patrouilles de plus qu’en juin. Il pourrait préciser au contribuable que c’est économique, l’entretien de chaussures, rollers ou bicyclettes est moins onéreux que celui des voitures. Pour récupérer les écologistes il pourrait aussi préciser les tonnes de CO2 économisées en remplaçant les chevaux vapeur par le muscle.
27 octobre. Quand le président de
Trois nouveaux suicides dans la police. Ces actes irréversibles se sont produits entre le 29 octobre et le 3 novembre. Le premier à Nice (06) où un fonctionnaire de 36 ans a mis fin à ses jours avec son arme de service. Il demandait depuis plusieurs années un rapprochement près de sa compagne, gendarme dans le centre de
Le second drame concerne un fonctionnaire de
Un troisième policier âgé d'une trentaine d'années, affecté au commissariat de Strasbourg, s’est donné la mort avec son arme de service à son domicile d’Ernstein (67). Aucun renseignement ne filtre sur les causes de ces trois suicides. Il semble que devant ce problème la police soit aussi « muette » que la gendarmerie.
Recrutement de conjoints de policiers ou gendarmes décédés en service étendu aux pacsés. C’est une dépêche AFP qui nous apprend que le 1 er novembre, suite à un décret publié au journal officiel, les conjoints pacsés de policiers ou gendarmes tués en service pourront, au même titre que les mariés, être recrutés sans concours dans la fonction publique. Le décret précise que depuis 1995 cette possibilité était offerte par la loi aux conjoints de policiers. Le saviez-vous ? Ce n’est que depuis le 14 mars 2011 que les conjoints de gendarmes pouvaient en profiter. Existait-t-il une disparité de traitement ?
Les suicides ça suffit. Des dizaines de policiers et de gendarmes se sont donnés la mort depuis le début de l’année. Le 9 novembre c'était un gendarme de Thann (68) âgé de 42 ans. Quand nous lisons dans la presse : « De source proche de l’enquête, on incitait à la prudence dans cette affaire, ajoutant que ce suicide pouvait avoir de multiples raisons, y compris d’ordre privé », nous invitons les informateurs à faire leur travail d’enquête avant de se prononcer et à donner leurs conclusions à l’issue de leurs investigations. Nous savons pertinemment qu’une chape de plomb va recouvrir cette affaire et que nous ne serons jamais tenus informés. A chaque fois la hiérarchie invoque des difficultés « personnelles ou familiales » pour s’exonérer de toute responsabilité. On oublie volontairement de préciser que dans ces métiers, police et gendarmerie, la vie professionnelle est totalement imbriquée dans la vie privée et familiale. Il devient nécessaire de mettre un coup de frein à ces suicides dont le chiffre ne cesse de croître. Il serait temps que les spécialistes s’impliquent dans le mal être des membres des forces de sécurité avant qu’ils ne passent à l’acte. Les cellules psychologiques qui se mettent en place après un drame pour soutenir les gendarmes feraient mieux de s’impliquer auprès des personnels en difficulté avant qu’ils n’attentent à leurs jours. Il faut que le commandement prenne en charge ce problème, qui ne cesse de s’étendre, par une meilleure formation et surtout une écoute réelle des gens en difficulté. Il est également important qu’on cesse de vouloir cacher au public la réalité de ces suicides à répétitions.
C dans l’air, mise au point. A l’occasion de l’émission de l’incontournable « C dans l’air » du jeudi 10 novembre 2011 nous avons pu apprécier l’honnêteté intellectuelle de la responsable d’un syndicat de commissaires. Cette émission intitulée « les ripoux : comme au cinéma » traitait des quelques affaires de hauts fonctionnaires de la police qui ont été pris « les doigts dans le pot de confiture ». Nous laissons la justice faire son travail sur ces dossiers qui ont défrayé la chronique. Nous ne pouvons cependant ignorer l’affirmation d’une « commissaire divisionnaire » responsable d’un syndicat (ce qui lui vaut d’être détachée pour assurer cette fonction). Elle a affirmé sans sourcilier que la gendarmerie connaissait les mêmes ripoux que la police mais que les faits étaient dissimulés dans son cas. Quelques réflexions sur le plateau ont permis de souligner que la gendarmerie restait une grande muette mais surtout que, contrairement à un commissaire, un officier de gendarmerie n’effectuait que rarement plus de quatre années au même poste ce qui n’est pas le cas des responsables de la police qui font parfois partie des meubles dans certains services. Les changements de postes évitent de se mêler à la voyoucratie et, en sus, cela empêche les officiers de trop s’attacher à des politiques futurs dirigeants de l’Etat. Nous aurions aussi aimé entendre que les méthodes de travail des gendarmes sont totalement différentes de celles des policiers. Contrairement à ces derniers les gendarmes ne disposent pas de frais de représentation ou d’enveloppes destinées à rémunérer les indicateurs. Le règlement gendarmerie ne disait il pas que le renseignement était à rechercher dans les couches saines de la population ? Nous suggérons à monsieur Yves Calvi que, devant de telles énormités, il demande à ses interlocuteurs de citer des exemples.
18 novembre, le conseil constitutionnel se prononce sur les attaques violentes des avocats contre les dispositions de la nouvelle garde à vue. Dispositions contestées le 8 novembre. Sans entrer dans le détail nous pouvons déjà dire que les avocats réclamaient toujours plus de pouvoir durant la garde à vue avec des enquêteurs pratiquement « mis à leur disposition ». Ils seraient devenus ainsi les acteurs principaux de la garde à vue. Peut-être un moyen pour combler le manque d’effectifs chez les enquêteurs qu’ils sont tout disposés à suppléer. Bien entendu rien concernant l’assistance aux victimes, il semble que certains avocats se limitent à la défense des personnes soupçonnées. Le conseil constitutionnel a simplement précisé que : « toute personne placée sous le régime de « l'audition libre » devra être informée de la nature et de la date de l'infraction qu'on la soupçonne d'avoir commise et de son droit de quitter à tout moment les locaux de police ou de gendarmerie ».
Christian CONTINI
Et d’autres articles dans le magazine N° 26 de décembre 2011 de l’Association Gendarmes et Citoyens :
http://issuu.com/agecassociation/docs/agec_magazine_decembre_2011_335_md
ou sur le site :
http://sites.google.com/site/assogendarmesetcitoyens/