samedi 23 juin 2012 - par Jean Claude BENARD

Pôle Emploi : Déshabiller les uns pour à peine habiller les autres ?

Le plan stratégique de la direction de Pôle Emploi ne satisfait quasiment personne. Il prévoit de différencier le suivi des chômeurs, mais pas d'augmenter des effectifs de conseillers. Devra-t-on être obligatoirement chômeur de longue durée pour bénéficier d'un suivi qualitatif ?

Nous avons a plusieurs reprises écrit sur l'impossibilité de faire fonctionner le « grand service de l'emploi » voulu par Nicolas Sarkozy avec un sous effectif chronique. De fait, on ne compte plus les conseillers qui ont à gérer au delà de 250 chômeurs. Cette situation qui désole le personnel de Pôle Emploi et tétanise les chômeurs n'a jusqu'à présent pas trouvé de solution.
 
Or, le conseil d'administration de Pôle Emploi vient d'adopter jeudi son plan stratégique 2015 dévoilé par le site La Fusion pour les Nuls.
 
Quelles sont les principales innovations ? 
 
Au delà du fait que Pôle Emploi pourrait passer des accords avec des sites de petites annonces (Monster). Et utiliser son site comme kiosque permettant aux entreprises de rentrer directement en contact avec les demandeurs d'emploi, la principale innovation serait : « (...) un suivi différencié des demandeurs d'emplois. Les chômeurs de longue durée bénéficieront désormais d'un accompagnement renforcé (...) » la direction de Pôle Emploi indiquant que c'est : «  une manière d'alléger le portefeuille des conseillers, qui dans certains cas pouvaient suivre jusqu'à plus de 100 demandeurs d'emploi par mois  »
 
Selon les propres termes François Nogué, le Président du conseil d'administration de Pôle Emploi : « (...) Il nous faut d'abord faire plus pour ceux qui en ont le plus besoin (...) » quant aux autres, ils devront se convertir progressivement d'un accompagnement Web avec : «  si nécessaire, un contact physique  »
 
Pour ceux qui sont inscrits à Pôle Emploi, ce discours n'augure, à vrai dire rien de bon ! En effet, après la dématérialisation des courriers qui oblige les chômeurs à disposer ou trouver une connexion internet pour savoir s'ils sont convoqués, et la saturation plus que fréquente et la déhumanisation du 3949, s'ils ne sont pas chômeurs de longue durée, leur isolement risque d'augmenter encore. 
 
En résumé, on propose de continuer sur la logique du précédent gouvernement : Faire plus avec moins !
 
C'est d'ailleurs le sentiment des syndicats de Pôle Emploi à qui la direction leur a demandé de se prononcer sur le nouveau plan stratégique.
 
Et ce n'est pas un franc succès nous dit Libération puisque  : « (...) Consultés sur la partie organisationnelle du plan, qui préconise notamment de différencier le suivi des chômeurs en fonction de leur capacité à trouver un emploi, quatre syndicats ont voté contre : SNU, FO, CGT et SUD, et cinq se sont abstenus : CFDT, CFTC, Unsa, CFE-CGC et Snap (...) »
 
Que reprochent-ils ?
 
Majoritairement ils reprochent, comme l'explique la CGT, un manque cruel de personnel : « (...) A défaut d'embaucher massivement des agents pour assurer l'objectif d'un agent pour 60 demandeurs d'emploi, comme cela était prévu à la création de Pôle Emploi, les signataires ont préféré modifier l'offre de service (...) » La CFDT de son côté réclamant : « 5.000 embauches dont 2.000 immédiatement »
 
De notre côté, nous ajouterons que cette décision est particulièrement perverse. Car, dans l'hypothèse où les choix de la direction de Pôle Emploi seraient toutefois appliqués, il est clair que pour obtenir un suivi efficace, il faudrait attendre d'être classé chômeur de longue durée.
 
Mais en termes de suivi efficace, comme l'indique FO rien de rassurant pour ceux qui sont les plus éloigéns de l'emploi puisque semble-t-il le projet de la direction de Pôle Emploi est floue sur : « le nombre de demandeurs d'emploi que devra suivre chaque conseiller »
 
Lorsqu'on connaît la difficulté de remettre dans l'emploi des chômeurs de longue durée, n'est-il pas préférable d'éviter que ceux qui sont inscrits à Pôle Emploi depuis quelques mois se retrouvent en longue durée ? En fait, nous pensons comme le représentant du SNU que ce projet est avant tout : « plus comptable que social »
 
Il ressemble d'ailleurs aux choix faits par le précédent gouvernement dans le domaine de la santé. Pour des raisons d'économies et d'optimisation, on a diminué de plus en plus les remboursements. Beaucoup de français ont décidé de faire l'impasse sur certains soins, ce qui aboutira pour un certain nombre d'eux, à des pathologies lourdes, plus difficiles à guérir et mille fois plus coûteuses.
 
Doit-on appliquer cette logique aux chômeurs ?
 
La balle est donc dans le camp du gouvernement qui pourrait peut-être se poser la question du coût (le double) et de la qualité du service des opérateurs privés dont les résultats sont moins bons que ceux du service public de l'emploi. Ce qui permettrait dans ce cas de recruter de nouveaux personnels qui font actuellement défaut à Pôle Emploi.
 
A suivre ... 


10 réactions


  • AN221 AN220 23 juin 2012 12:15

    Quand il y a plus de demandes d’emploi que d’offre,c’est le chômage..

    Quand il y a plus d’offres de consommation de que de demandes ,c’est la croissance..

    Tous les petits écoliers peuvent aller se rhabiller..

  • fredleborgne fredleborgne 23 juin 2012 13:46

    4 ans de petits boulots, mise à part une tentative manquée chez un petit patron, emploi trouvé par moi-même, qui a conduit à un licenciement avec un consentement mutuel.
    Depuis, ce licenciement, (8 mois) je reçois un petit complément des assedics on va dire un mois sur deux, car j’arrive à trouver plus de 110 heures en intérim assez régulièrement. Bref, je n’ai pas encore vue ma nouvelle conseillères, et j’ai reçu en tout et pour tout que 2 e-mail avec des annonces « correspondant à mon profil ». Encore heureux que je n’aie pas attendu pour postuler sur celles pour lesquelles je n’ai rien reçu.
    Mais qui prendra un type qui a quitté sa spé durant 4 ans ? Devrais-je faire une formation ? Ben, entre mon âge, et ma débrouillardise, on ne se précipite pas pour ml’en proposer. bref, jusqu’à la retraite, si je fais confiance à Pôle-Emploi, je risque me cantonner à faire de la manutention en intérim en ayant un bac + 2 en informatique...
    Mais je ne me plains pas, car mes « piges » sont, en quantité, supérieures à la moyenne des inscrits en intérim. Je plains surtout ceux qui doivent survivre, qu’ils travaillent ou pas, avec le RSA. Loin de penser qu’une réforme de pôle-emploi soit nécessaire, je pense toujours qu’il faut surtout réformer le monde du travail lui-même, pour que chacun ait un « chomage technique » qui répartisse sur chacun le droit au travail, le droit à l’indemnisation, et la charge du travail dans la vie quotidienne. Au lieu de réduire le temps de travail légal, il vaut mieux le laisser tel quel dans la loi, même si dans les faits, les travailleurs ont 90% réel et 10% « indemnisés ». Cela permettrait de gonfler les effectifs de 10% sans pour autant augmenter les coûts de production, puisque les dix pour cent d’« employés en plus » correspondraient à 100% d’assurance chômage en moins..
    Ainssi, de fait, tout le monde travaillerait, tout en travaillant moins, tout en conservant « le droit » de pouvoir travailler (et d’avoir une base de rémunération en conséquence) à 35 heures.
    Mais, le simple principe de partage des ressources, qu’il s’agisse de bouffe, d’énergie ou de travail est une utopie... 


  • AN221 AN220 23 juin 2012 15:33

     4 mois de travail =4 mois d’indemnisation

    6 mois de travail =6 mois d’indemnisation 
    12 mois de travail =12 mois d’indemnisation
    24mois de travail =24 mois d’indemnisation *
    54 mois de travail =24mois d’indemnisation *
    20 ans de travail =24 mois d’indemnisation *
    50 ans de travail =24 mois d’indemnisation *
    200ans de travail =24 mois d’indemnisation *

    *****Remplacer 24 par 36 si plus de 50 ans.
    Et attention faut gagner 1 122 euros brut minimum......



     


  • marco1960 23 juin 2012 18:07

    Personnellement je ne suis absolument pas convaincu par cette analyse !

    Avant d’évoquer la quantité, il serait judicieux d’évoquer la QUALITE, car si l’on regarde du côté des structure privée spécialisée dans ce domaine et qui affiche de bons taux de réussite, on pourra constater que les chargés d’affaires sont des PROFESSIONNELS". Soit des gens issus de cursus techniques, soit des anciens salariés reconvertis. La fusion de l’ANPE et des ASSEDICS a été un véritable échec, car ette nébuleuse est devenue à part entière un pôle purement administratif, dans lequel les dossiers ne sont gérés que par des administratifs. Chez bon nombre de privés, les gens qui gèrent les dossiers, maîtrisent un domaine, ont une culture des métiers recherchés et voire même possèdent des carnets d’adresses et qui, par conséquent apporte un service CONCRET au candidat. 
    J’ai malheureusement eu UNE FOIS dans ma vie, à solliciter ce service et je ne dois qu’à moi mon retour à l’emploi, ayant constater que la culture du métier de mon référent était totalement inexistante !!!
    Le problème est UNIQUEMENT LA. 



  • mortelune mortelune 24 juin 2012 12:32

    Paul emploi ! 

    Et oui il n’en reste plus qu’un, les autres sont partis en même temps que le PS est arrivé. Pas grave on a pas besoin d’eux pour travailler... Pour Noël je n’achèterai pas de ipod à mon fils, je lui apprendrai à faire un lance pierres avec un morceau de bois. Je suis certaine qu’il en fera bon usage.

  • intercepte 24 juin 2012 18:58

    Au lieu de recruter des fonctionnaires pour pole emploi, l’Etat devrait plutôt recruter des chefs d’entreprise avec comme mission créée une entreprise productive soutenu pas l’Etat et recruter 200 chômeurs.


  • Le péripate Le péripate 24 juin 2012 20:16

    Il ne faut pas déshabiller Paul pour habiller Pierre.


  • kriké 24 juin 2012 22:41

    OUVRIR le lien dans un nouvel onglet ou fenêtre (clic droit)

    Allemagne : une jeune femme de 25 ans c’est vu retirer ses allocation chômages
    pour avoir refusé un emploi de prostituée...


    Depuis la loi de légalisation de la prostitution en 2002 en Allemagne, les prostituées sont devenues des travailleuses comme les autres, assimilées au statut « d’indépendantes ». Le sexe exercé en freelance ouvre des droits à l’assurance chômage et à la couverture maladie.


    Ce serait amusant si ce n’était complètement imbécile

    Quand la prostitution masculine sera légalisé,j ’en connait qui raserons les murs.


  • ETTORE ETTORE 25 juin 2012 20:53

    Pôle Emploi est un gigantesque fourre tout.

    ils ne servent qu’à faire le noeud sur le sac avant de tout balancer.
    Eboueurs de la société !

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