lundi 15 juin 2020 - par LATOUILLE

Prof-bashing : France Télévision renoue avec Radio Paris

Alors que sur France 2 et sur France Info existent des espaces au sein des journaux télévisés pour nous édifier contre les fausses informations, les journalistes de ces médias ne sont pas exempts de nous induire en erreur, soit sciemment soit en construisant une information sur la base d'approximations voire d'oublis qui constituent des mensonges. Voici un exemple d'usage de l'approximation qui entraîne à penser que pour le sujet concerné nous sommes en présence d'un acte de basse propagande.

J’ai été assez stupéfié par le reportage diffusé mardi 9 juin au JT de 20 heures de France 2 à propos des « professeurs décrocheurs » où il s’agissait de montrer que les enseignants ne manifestent pas du même engagement ni du même courage que les soignants.

France 2 a utilisé les mêmes pratiques de rhétorique que Radio Paris à propos de laquelle il faut rappeler aux plus jeunes d’entre nous qu’elle était la radio de propagande du gouvernement de Vichy et qu’elle concourait aussi à propager la propagande du régime nazi dans le pays.

Dans le reportage de France 2 il s’agissait donc de montrer que des enseignants n’avaient donné aucun signe de vie à leurs élèves durant le confinement, pas tous : 4 à 5 %, un chiffre qui serait confirmé par le Ministère, mais le journaliste ne nous a pas montré d’interview d’un représentant du ministère ni même la moindre note confirmant ce chiffre. Or, jamais le Ministère n’a avancé de tels chiffres ! La seule communication faite par le Ministère concernait les 5 à 6 % d’enseignants empêchés de travailler pour raison de santé ou autres motifs personnels autorisés. À ce jour le ministère ne dispose, ni sur le plan national ni dans les académies, de chiffre d’enseignants qui n’auraient pas travaillé sans y avoir été autorisés. Ainsi, l’information donnée dans ce reportage est une fake-new, pour qu’elle ne le soit pas il aurait fallu que le journaliste enquête sérieusement et cherche à rencontrer des enseignants décrocheurs (pas facile) ou des parents d’élèves capables (et à visage découvert) d’apporter la preuve qu’un professeur a volontairement refusé de travailler.

L’interview de la mère d’élève, comme par hasard infirmière, déclare que deux des professeurs de sa fille n’ont pas donné signe de vie. J’emploie le présent de l’indicatif pour signifier que je ne mets pas en doute la véracité de cette absence, mais on ne nous dit pas qu’elle en était la cause : maladie, accident, manque d’habileté à l’usage du numérique… Donc on accuse, et sous couvert d’anonymat, sans preuve. D’autre part quelle mauvaise mère que voilà qui laisse sa fille sans enseignement pendant deux mois sans saisir le rectorat, la direction des services départementaux de l’éducation nationale, le principal du collège. Voilà une méthode d’accusation qui rappelle des heures sombres de l’histoire de notre pays, relayée par un média public avec une complaisance qui doit nous interroger.

Dans la même veine on nous montre la lettre qu’une association de parents d’élèves (la PEEP) adresse à un recteur dont on nous cache le nom de l’académie, pour dénoncer que des « élèves livrés à eux-mêmes à cause de l’absence d’un professeur d’anglais ». On voit que la lettre est datée du 30 mai, c’est bien tard pour saisir le recteur d’un problème dont on ne nous dit pas ce qu’il est : « élèves ont été livrés à eux-mêmes à cause de l’absence d’un professeur d’anglais », s’agissait-il d’élèves d’école primaire, de lycée ou de collège, en quoi consistait cet « abandon » : pas de cours à distance, pas de relation personnel, pas de cours envoyés… ? Averti plus tôt le rectorat aurait eu une solution à proposer, en outre comme dans l’interview précédente on ne nous dit pas pour quelle raison ce professeur était absent. Le reportage est dans la même configuration de traitement à charge de ce dossier ; en quoi le témoignage d’une lycéenne sur les réseaux sociaux serait d’une vérité et d’une honnêteté absolues. De la même façon la diffusion d’une capture de conversation téléphonique n’apporte aucune preuve, il faut se contenter de l’affirmation du journaliste qui nous dit qu’il s’agit des propos d’un membre d’un syndicat d’enseignants. Quand bien même ça le serait, est-il anormal de conseiller quelqu’un qui se trouve en difficulté. En quoi ce qui est dit dans ce message est malhonnête ? Il aurait fallu que le journaliste apporte la preuve que le syndicaliste conseillait à quelqu’un de faire une fausse déclaration.

Il y a eu d’énormes problèmes et d’importantes difficultés pour mettre en marche puis faire fonctionner « la continuité pédagogique ». Certaines difficultés sont liées au manque de maîtrise de l’informatique par certains enseignants souvent faute de formation : on n’improvise pas un enseignement et un suivi à distance d’un coup de baguette magique, certains élèves ne disposaient pas d’ordinateur ou/et pas d’imprimante, les cours envoyés par la poste ont pâti de la réduction drastique du service postale… Les dix premiers jours qui ont suivi la fermeture des établissements scolaires ont connu une importante vacuité du service.

Donnons acte au journaliste du fait qu’il s’est interrogé sur les causes du « décrochage » de certains professeurs : 6 secondes question comprise (« comment expliquer ces absences de certains profs »). Donnons‑lui acte aussi que le format des reportages de télévision, ici 3 minutes et 27 secondes, ne permettent pas d’être exhaustif, pour autant ça n’autorise pas à diffuser des informations approximatives et parfois douteuses. Quand on observe de près le document présentant le chiffrage des « décrocheurs » dont le journaliste nous dit que le chiffre provient du Ministère, on voit (à 1 minute 54 secondes du début du reportage) clairement en bas de page la mention « Ministère de l’Éducation nationale, SPDEN-UNSA, PEEP ». Il ne s’agit donc pas d’un document officiel émanant du ministère mais seulement d’un vague et imprécis calcul aléatoire fait par le journaliste. Ce n’est pas honnête.

Des problèmes il y en a eu, nombreux du fait de l’institution, de professeurs, de la Poste, de centres sociaux et de mairies, mais aussi du fait de certaines familles et aussi d’élèves. L’Éducation nationale et ses partenaires auront à charge de repérer ces problèmes et d’y apporter des solutions notamment au regard d’une organisation renouvelée de l’École et de l’enseignement. Pour l’heure, comment mettre en place un enseignement à distance pour des familles qui ne disposent pas de connexion à internet, avec des enseignants pas formés à cette pratique particulière et maîtrisant mal voire pas les techniques nécessaires ? Sans doute les mairies et les centres sociaux auront à prendre en compte cet aspect du problème en termes d’accès au numérique et l’Éducation nationale devra se pencher sur l’organisation d’une formation massive des enseignants à ces pratiques, cesser de se satisfaire de quelques webinaires. Nonobstant ces problèmes, bien réels, qui ont perturbé gravement le dispositif de « continuité pédagogique », il y a certainement eu des professeurs « décrocheurs ». Parmi eux certains ont décroché au bout de quelques jours parce qu’ils étaient dépassés par la charge qui leur tombait dessus : travail colossal, élèves difficiles à joindre, problèmes familiaux… Quand on peut mettre en place une classe virtuelle, qui fonctionne sans interruption de réseau, c’est peu différent en termes de temps de l’animation d’une classe physique, quand on ne peut pas le faire et qu’il faut avoir des relations individuelles (téléphonique ou par internet) avec chacun de ses élèves voit-on la difficulté : nombre d’heures, disponibilité des élèves sollicités par d’autres professeurs… Quelques autres sont des « décrocheurs » qui n’ont aucune justification dont l’attitude est impardonnable ; personnes ne sait combien ils sont.

L’article paru dans Le Monde du 11 juin est plus honnête que ce reportage de propagande de France 2. Ainsi, Le Monde ne tire pas à boulets rouges sur les enseignants et titre, ce qui est plus conforme à la réalité de la situation, « La continuité pédagogique promise aux élèves n’a pas toujours été tenue, selon les familles. » Le journaliste écrit : « Selon un sondage IFOP réalisé en avril, 75 % des familles se sont dit satisfaites du déroulement de l’enseignement à distance. Autant se sont senties capables d’accompagner leur enfant, et plus de 8 sur 10 affirment que celui-ci a été en contact avec un enseignant ». En creux, on entraperçoit la part, très minoritaire et néanmoins audible, des expériences problématiques. « Évidemment que la période a été difficile, mais il ne faudrait pas que ces retours‑là soient l’arbre qui cache la forêt, indique au Jean-Michel Banquer, le ministre de l’éducation nationale. La France est l’un des pays qui a le mieux réussi, pendant le confinement, à maintenir un lien avec les élèves et à leur éviter de décrocher. La relation entre l’école et les familles en est ressortie plutôt renforcée. Je veux le répéter : la mobilisation des enseignants est restée remarquable. »

C’est aussi ce que met en avant la FCPE. « Souvent, les parents qui nous interpellent mélangent la démotivation de leurs enfants et celle, supposée, des enseignants, note Jean-André Lasserre, à Paris. Ils veulent croire que si leurs enfants travaillent moins, c’est que l’offre scolaire n’est pas à la hauteur. Quand les attentes sont fortes, la désillusion peut l’être aussi.

D’un établissement à l’autre, on le reconnaît : les « dysfonctionnements » existent, mais à la marge. « Et ils ne sont pas une surprise, indique Philippe Vincent, secrétaire général du syndicat de proviseurs SNPDEN-UNSA. Comme dans toutes les entreprises, on connaît les personnels plus fragiles. Ceux qui ont un problème de santé ou des difficultés familiales ; ceux qui sont mal équipés ou mal à l’aise avec le numérique. »

L’article du Monde propose le témoignage de deux chercheurs, spécialistes du numérique dans l’éducation, qui montrent bien ce que fut cette période inédite, où les enseignants ont été sidérés par une fermeture abrupte des établissements, et comment elle a exacerbé des situations préexistantes.

Aussi, peut-on s’étonner du parti pris d’écriture du reportage de France 2 ; sauf à y relever à chaque seconde des relents d’une propagande qui ne dit pas son nom : discréditer les enseignants. Le plus choquant c’est l’approximation des informations qui trop souvent frisent le mensonge, et l’anonymat comme celui de cette « infirmière » qui, dit le journaliste « veut briser un tabou » ; outre qu’il n’y a aucun tabou sur cette affaire, ni au sein de l’institution éducation nationale ni parmi les enseignants, dans quel cercle vertueux est-elle qu’elle en serait un parangon.

À qui profite cette campagne de dénigrement lancée sur les chaînes populistes ou affidées au pouvoir que sont BFM, RMC et LCI où, sur cette dernière, David Pujadas parle d’un enseignant sur deux qui n’est pas retourné en classe, ou encore le journal l’Opinion où on peut lire : « La moitié d’entre eux [les enseignants], encore aujourd’hui, n’a pas repris le chemin de l’école et dont une part non négligeable serait à ranger dans la catégorie des tire‑au‑flanc »… On peut supposer que cette campagne tombe à point nommé au moment où on annonce un allègement du protocole sanitaire pour faire taire les enseignants ; il s’agit de relancer l’économie alors muselons les enseignants pour qu’ils ne sèment pas du gravier sur la route de la reprise. Peu importe, on pourrait envisager tellement de raisons.

Ce qui est le plus troublant dans ce reportage c’est bien son aspect propagandiste. Que les médias populistes et affidés à la macronie usent envers les enseignants de leur habitude au dénigrement comme ils l’ont fait, par exemple, avec les Gilets Jaunes, aujourd’hui avec la police, montre qu’ils ne sortent pas de cette ligne éditoriale qui consiste à remuer le fumier, et seulement remuer le fumier sans jamais aller amender les terres, dont acte. Qu’un média public use des mêmes moyens est choquant, mais en même temps c’est bien l’État, donc le gouvernement qui dirige, même si c’est indirectement, France Télévision. Alors, vive les réseaux sociaux qui jouent aujourd’hui le même rôle que les tracts et les journaux clandestins entre 1940 et 1945 pour contrer Radio Paris ! Ce n’est pas digne des journalistes.



16 réactions


  • caillou14 rita 15 juin 2020 08:20

    Toutes les chaines de télévision font de la propagande pour leur parti politique !

    Il n’ya a plus de journalistes, que des liseurs de prompteurs pour déverser des fake news !

     smiley


    • Clark Kent Séraphin Lampion 15 juin 2020 08:32

      @rita

      le problème c’est que toutes les chaines françaises font la propagande du même parti politique, et pas que les chaines de télé : les radios et les journaux aussi


    • velosolex velosolex 15 juin 2020 12:04

      @Séraphin Lampion
      Une radio se détache, tout de même, dans le ton et la forme, c’est France Culture.
      Jugé élitiste et précieuse, à tort, par beaucoup, qui ne la connaissent que très mal.

      Mauduit le matin, comme historien. « Les cours de l’histoire » à 9 heures
      « Les chemins de la philosophie » à dix heures
      « Le pieds sur terre, à 13h30. »
      « Entendez vous l’éco » à 14 h« 
       »La compagnie des auteurs", plus tard, à 15h
      Rien que du bon

      Un des bienfaits du confinement, a été de mettre peut être certains dans la confidence Il ne faut se faire une idée de cette radio le Week end, qui déjoue, et est nettement mois bonne
      Sévissent des émissions religieuses, et Frinkelkraut et Ockrent, totalement indigestes, pour faire cure de dégout.
      Malheureusement c’était souvent ces jours ci que la radio était en temps ordinaire le plus écouté. Les podcast sont maintenant des trésors d’archives


  • rogal 15 juin 2020 09:27

    Bashing, fake news, and so on : plus besoin de profs d’anglais.


  • Yann Esteveny 15 juin 2020 09:47

    Il faut attendre la presse aux ordres dénigre les enseignants pour qu’un « docteur en science de l’éducation » découvre avec stupéfaction que la presse aux ordres peut mentir !

    Se permettre de parler de faits historiques d’il y a quatre vingts ans sans comprendre la propagande actuelle donne-t-il le droit de juger et ne méritait-il pas de faire un effort d’éducation élémentaire ?


  • Spartacus Lequidam Spartacus 15 juin 2020 10:15

    Réécrire l’histoire par corporatisme de caste.

    Ces profs sont des étatistes intouchables.

    A part un papier dans un canard, ou une émission TV, un déni de prof de gauche sur un site de censure de gauchistes ils ne craignent rien. 

    Franchement, pourquoi ces profs iraient se faire chier a bosser, puisque dans l’univers des intouchables de l’extrême gauche rentière des sciences sociales et humaines ou politiques viennent défendre l’indéfendable et la promotion d’en faire le moins possible...

    Dire qu’a l’éducation nationale il n’existe pas un problème d’absentéisme, c’est comme dire que les profs de sciences humaines ne sont quasi pas tous des militants d’extrême gauche.

    Une vérité, un tabou.


  • velosolex velosolex 15 juin 2020 11:31

    Selon l’endroit où ils habitent, les parents ont vite compris, ou non, la légitimité de l’arrêt de la scolarité. De plus voilà un moment que les pédiatres encouragent celle ci à repartir au vu de la catastrophe pédagogique, plus évidente pour les enfants que celle sanitaire, liée au virus en temps que tel.

    J’entends bien que les profs sont des agents de l’état, respectant les consignes ministérielles, mais on n’a guère entendu de voix, ni de syndicalistes, si présents et critiques d’habitude, émettre un avis critique sur ce grand garde à vous national de confinement jacobin, marchant au pas de l’oie. 

    Là où l’Allemagne avait une approche différente selon les länders, le pays a confiné pareillement, du village perdu du centre de la France, et de l’ouest en général, très peu touché, que la région Parisienne. ...J’ai tant vu de ces images ridicules on l’on voyait certains se balader dans leur classe avec un métre ruban pour expliquer que toute rentrée serait mathématiquement impossible, dans des endroits pourtant indemnes de contagion...Il y avait dans ce zèle administratif, quelque chose qui n’appartenant pas à l’ADN des hussards de la république, mais évoquant davantage des précautions de notaires, plus royalistes que le roi. Que certains se fassent porter pâle, et en nombre non négligeable, ne fait pas partie d’une rumeur, mais d’un fait. Comme le fait évident qu’il y a de bons et de mauvais profs, qui feront malheureusement toute leur carrière, mutés quand ils posent trop de problèmes, ou mis sur la touche « maladie ». Au moins arrêtent ils de poser problème alors. Ce n’est pas faire injure aux bons en disant cela. Chacun aura vécu cette expérience, en étant enfant, puis parent d’élève. Le covid est juste là aussi un révélateur. 

    Au final, plus d’un remarque que la note va être salé pour certains gosses, victimes d’une désertion en rase campagne des adultes, politiques en tête, pour donner des ordres absurdes, suivis scrupuleusement au garde à vous en charentaise....Au final, cela s’apparente à une violence terrible, avec des dégats en chaines, socio éducatifs, et psychologiques, autant que des conduites de retrait. L’évocation de non assistance à personne à danger me vient à l’esprit. On n’a totalement occulté le coté systémique de la catastrophe, ne voyant pas plus loin que le bout du thermomètre. 

    Les commerçants , les indépendants, sans ressources, ont été eux aussi touchés non pas par le covid, mais par l’aberration administrative, qui les a étranglés . A force d’ouvrir le parapluie, si l’on est pas mouillé, on va pour certains mourir d’asphyxie. Il aurait fallu adaptabilité, régionalisation des décisions, au lieu de ce stupide garde à vous de principe aligné sur Paris. Les Français ont vécu un aperçu de l’aberration qui s’appelait auparavant le « service militaire », où toute réflexion était impossible, et même suicidaire 



  • velosolex velosolex 15 juin 2020 11:47


    L’auteur évoque, en écho à d’autres, le « prof bashing », de façon un peu facile. Pour ce faire, il reprend cette terminologie à la FNSEA qui tente depuis quelques mois de contrer l’image de plus en plus calamiteuse de l’agriculture, inventeur du concept « d’agro bashing »....Il semble que le "Bashing fait florès, mais ne soit révélateur surtout des bastions ne supportant traditionnellement aucune critique. 

    Mais les gens sont de plus en plus informés, et ne se tiennent plus au garde à vous. Avis d’orages ! Plus personne ne mord maintenant à la mythologie du « jardinier de la France » depuis que tout le monde sait la réalité terrifiante des pesticides s’attaquant à tout ce qui est vivant. 

    Une autre catégorie de fonctionnaires a mis donc en évidence ce « bashing ». Ce sont les flics. On parle de « Flic-bashing » depuis une huitaine de jours...L’attaque est la meilleure défense ; semble t’il, même quand c’’est aux forceps, et que personne n’y croit, mais se tait, et ravale sa salive, au sommet de l’état....

    L’éducation nationale a ceci de commun avec l’intérieur et l’agriculture, d’être un poste clé, au niveau ministériel. Les ministres sont choisis avec mille prudences, et évaluation, en fonction de leur diplomatie, mangent souvent leur chapeau, tant les réformes sont difficiles à faire passer, face à un corps de fonctionnaires, réagissant pour le meilleur et le pire, souvent au quart de tour, et capables de bloquer le pays, contrairement à d’autres, qui n’ont aucun moyen de pression, comme les soignants. De là, les grandes disparités entre corps de fonctionnaires. Mais les agriculteurs ont comme chacun sait eux aussi une possibilité de « se faire respecter » considérable.

    Pour les agriculteurs, la « compréhension » des autorités, leur permet, en guise de protestation, de détruire le matériel public et les préfectures, avec la même souplesse, et mansuétude, que s’ils étaient jugés par l’IGPN. Les gilets jaunes n’auront pas vécu la même expérience. Eux qui ont bien été éreinté par les critiques et les bien pensant, avant qu’on ne leur accorde une certaine modernité, dans le ton, et la forme. 

    L’affaire n’est pas terminée ; trouver que Castaner est trop timoré et ne les respecte pas, fait raisonner bien étrangement notre démocratie. Un peu trembler devrais je dire !. Que les flics osent mettre cette notion réservée aux pestiférés, et aux minorités en avant, eux qui n’osent souvent moufter, ferait presque que rire.

    Donc il ne me parait pas très pertinent de reprendre ce copyright de « bashing » très fumeux, tant il fait écho bien malheureux ! Car il évoque l’esprit de corps, ne supportant pas le regard critique extérieur. 

    Il ne s’agit donc pas d’opposer les uns aux autres, mais de protester contre une fausse démagogie qui exempterait certains des obligations de leurs charges, et contre cet esprit de corps détestable qui donne de la posture même à la lâcheté, ou du moins à la légèreté, en tentant de défendre l’indéfendable. 


  • xana 15 juin 2020 14:14

    Merci LATOUILLE pour cet excellent article. Certains vous reprocherons peut-être de ne pas vous être rendu compte plus tôt de ce que valaient les infos de cette chaîne, mais je trouve que vous avez fort bien démonté leur propagande dans ce cas précis.

    Moi qui ai été un informaticien autrefois, je me sens pas mal désorienté avec les réseaux sociaux et le numérique d’aujourd’hui ; je comprends assez bien que des enseignants (même bien plus jeunes que moi) puissent se trouver complètement démunis pour faire leurs cours par ce moyen.

    On peut espérer que l’EN va s’en soucier et faire des formations auprès des enseignants et aussi des familles.


  • adrien 11 octobre 2020 12:26

    ce prof-bashing des médias s’ajoute aux risques psychologiques qui sont fréquents et parfois sérieux pour les enseignants : https://www.officiel-prevention.com/dossier/formation/fiches-metier/la-prevention-des-risques-professionnels-des-enseignants


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