lundi 26 octobre 2009 - par
PSA : Le libéralisme économique fait une nouvelle victime
La France connaît depuis quelques années une crise économique et morale que rien n’arrête, à ce qu’il semble. Désormais, aller au travail est devenu pour certains une corvée, un cauchemar. Pressions diverses, compétition acharnée pour monter en grade, craintes des restructurations ont de toute évidence un effet pour le moins délétère sur la santé psychologique des salariés. Le modèle économique qu’a choisi la France, comme toute l’Europe, est en cause. Le libéralisme, dont on nous dit qu’il peut seul favoriser la croissance économique, n’est pas une solution. Il n’enrichit pas la France, il la tue à petit feu.
Samedi 24 octobre, on nous apprenait le nouveau suicide d’un salarié de l’entreprise PSA Peugeot Citroën, après une première vague qui avait fait en 2007 six morts, dont deux dans l’usine de Mulhouse.
S’il est un peu réducteur d’expliquer toutes ces morts volontaires par des raisons ressortissant seulement aux conditions de travail, il est certain, et les enquêtes l’ont bien montré, que les restructurations y jouent un rôle important. C’est le cas pour l’entreprise France Telecom, qui a dû geler les mutations internes et les restructurations qui étaient prévues, devant une véritable avalanche de plus de vingt-cinq suicides, du jamais vu en France.
Certes, la crise économique qui sévit depuis près de deux ans, en entraînant une stagnation des revenus et une certaine précarisation de l’existence, explique bien des choses. Mais ces drames n’auraient pas la même ampleur si la concurrence à tout prix n’était pas le leitmotiv de ces entreprises à capitaux privés. On estime que le taux de suicides chez France Telecom est une fois et demi plus élevé que la moyenne nationale. Dans sa dernière lettre, un salarié écrivait ainsi :
« Je me suicide à cause de mon travail à France Télécom. C’est la seule cause. Urgence permanente, surcharge de travail, absence de formation, désorganisation totale de l’entreprise. Management par la terreur ! » (Marseille, le 14 juillet 2009)
De fait, les restructurations absurdes, qui ne tiennent aucun compte des compétences des travailleurs, transformant du jour au lendemain leurs vies en faisant par exemple de cadres chevronnés de simples mécaniciens ; les pressions arbitraires qui se multiplient pour faire face à une concurrence tout aussi féroce et cruelle, au moment même où plane la menace de la délocalisation, tout cela rend ces entreprises indignes et inhumaines. Tout cela décrédibilise totalement la politique de privatisation menée sous les gouvernements,de droite comme de gauche, depuis 1982, et la trahison mitterrandiste, dans le cadre du néolibéralisme anglo-saxon.
Que la France entre en concurrence avec les autres pays du monde, cela va de soi. Le général de Gaulle lui-même considérait la grandeur de la France comme la base de sa politique. Mais que des Français soient les adversaires de Français, cela est radicalement immoral. Qu’un véritable état de guerre entre entreprises ait lieu au sein de notre nation, cela signifie simplement que le vivre-ensemble est menacé. Certes, à force d’erreurs politiques et économiques, nous nous sommes rendus dépendants des autres pays du monde qui vendent leurs produits à plus bas prix. Pour que la souveraineté de l’Etat soit rétablie sur le destin des Français, il faudrait donc changer nos modes de vie, il faudrait remettre en cause la décision de Napoléon III qui, en 1860, signait le premier traité de libre-échange avec l’Angleterre.
Ce n’est pas une politique impériale que nous réclamons, encore moins impérialiste.
Nous réclamons qu’au détriment des capitalistes, qui profitent indéniablement de l’individualisme ambiant et du climat de compétition acharnée, le bon sens et un certain humanisme soient rétablis, en France, pour le bien moral des travailleurs dont la vie actuelle est intolérable.
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