mercredi 16 novembre 2005 - par Serge Weidmann

Quelques vertus du vice

dans_les_quartiersLa violence dans les quartiers a eu un certain nombre de retombées heureuses, tant il est vrai que le diable, lui aussi, porte sa pierre, comme le disaient les anciens bâtisseurs d’églises.

La première a été constatée à Clermont-Ferrand où, après quelques dizaines de voitures brûlées, un feu de poubelle menaçant un immeuble et un commissariat incendié, « not’ maire », Serge Godard en personne, est sorti de sa tanière pour venir dans les quartiers nord, en toute simplicité, tailler une bavette avec Miloud et Mohamed. Lui qu’on ne voyait jusqu’alors que lors des cérémonies officielles, drapé dans sa majesté de premier magistrat de la ville, était là, tout humble, fringué comme monsieur tout le monde, et tout ouï pour, enfin, écouter ses administrés. Ces nouvelles assises impromptues avaient au moins le mérite de la sincérité, peut-être, de la gratuité, certainement.


La seconde et la troisième vertus nous viennent de la TV nationale. Quelques journalistes s’avisèrent alors, que, pour endiguer la sinistrose engendrée par les mauvaises nouvelles, il convenait de faire œuvre constructive en montrant des blacks et beurs qui, à la force du poignet, sont devenus quelqu’un, en créant des entreprises qui marchent, se développent et embauchent. Que les parloteurs des petites lucarnes, dont les études sociologiques nous disent qu’ils sont, à la quasi unanimité, plus proches de Marx que de Tocqueville, fassent en fait l’éloge du libéralisme, voilà qui confine au miracle.


Mieux : ils allèrent jusqu’à interviewer un jeune Maghrebin, d’une famille plus que modeste, sage, tranquille, rangé (des voitures, si vous me passez le jeu de mots). Celui-ci expliqua calmement, mais fermement, qu’il voulait vivre honnêtement, que ses qualités, il les devait à sa mère qui lui a donné jour après jour une éducation morale exemplaire, exaltant les vertus de la rigueur et du travail.
Gardons en mémoire ces instants bénis, dont je crains, hélas ! le caractère éphémère, mais qui ont fait du bien à ceux qui en ont été les témoins.

Serge Weidmann




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