jeudi 28 novembre 2013 - par C’est Nabum

Rupture du contrat de confiance !

SEgpa ... Utile

À qui la faute ?

JPEGIl se passe toujours quelque chose dans notre section. Chaque jour, vient s'ajouter aux précédents, un petit fait qui rend la vie si difficile et le travail si compliqué ! Il n'est pas question d'en dresser une liste exhaustive. La banalisation des dérives, des insultes, des absences, des algarades, des chahuts, des insolences est telle, que je ne peux en rendre compte, la tâche serait trop grande !

Pourtant, deux petits faits sans grande importance à première vue, sont venus illustrer d'une autre manière ce climat si malsain, cette dérive effrayante. A ce propos, je tiens à vous l'assurer, les incidents que je vous narre ici, ne sont pas le seul fait d'un établissement en déliquescence. Des informations venant des autres structures ; analogues à la nôtre, attestent d'une dégradation manifeste des comportements des élèves et de leur relation au travail scolaire et à sa discipline.

Revenons donc à nos chérubins. Vous allez être surpris de l'insignifiance des faits relatés et de l'importance certes relative, des réactions qu'ils vont provoquer. Dans une classe de 5°, deux jeunes filles vraiment sans histoire, se sont engagées à réaliser un exposé. Il leur a été proposé des aides et des accompagnements afin qu'elles puissent travailler en dehors des heures de classe.

Elles les ont refusés, prétextant être en mesure d'effectuer leurs recherches et leur travail chez l'une d'elles. L'enseignante qui a accepté tout naturellement ce choix, attend la date fixée pour apprécier sur pièce. Et comme hélas, rien n'a été fait, un autre jour est proposé, les jeunes filles affirmant qu'elles seront prêtes, cette fois. Cela non plus ne se réalise pas, malheureusement !

C'est là que le drame se noue. L'enseignante punit les deux jeunes filles pour travail non fait, en leur donnant une heure de retenue. C'est l'arme de dissuasion massive qui sévit actuellement dans nos collèges sans avoir véritablement d'effets. Mais ceci est un autre débat. À titre personnel, il y a fort longtemps que j'ai renoncé à ce genre de pression. Seule me semble efficace, la conviction de travailler pour soi et la contrainte en la matière est d'une rare inefficacité.

Toujours dans la même classe mais avec une autre enseignante, deux autres jeunes filles sont en action. L'une offre un paquet cadeau à l'autre sous le prétexte bien compréhensible que c'est son anniversaire, choisissant l'instant même où le professeur est en plein cours. Alors que la discrétion serait recommandée dans le cas présent, le paquet est ouvert avec force commentaires et exclamations.

L'enseignante s'en étonne, on lui répond. Elle inscrit simplement un mot dans le carnet pour expliquer à la famille son mécontentement, estimant que cette bien modeste affaire en restera là.

Dans les deux cas, hélas, les parents sont d'un tout autre avis. Le père de l'une des deux filles qui n'ont pas fait l'exposé, refuse catégoriquement la punition, affirmant qu'il est hors de question que sa charmante fille fasse une heure de plus dans le collège.

Le ton monte entre le directeur et le responsable légal qui ne veut pas de la punition. Ce dernier en vient même à déclarer que, si la sanction est maintenue, il changera d'établissement. Dans l'autre cas évoqué, la mère de celle qui a offert le cadeau, répond par écrit sur le carnet, de manière véhémente. Comment se fait-il qu'on puisse interdire en cours, de donner un cadeau à une camarade. Quelle est donc cette école qui se mêle ainsi de ce qui ne la regarde pas ?

Là encore, un échange a lieu. Le ton monte. La liberté des enfants est inaliénable. La mère s'indigne, proteste, demande des excuses. L'enseignante qui voulait simplement préciser que le moment était mal choisi, doit renoncer à faire entendre raison à la mère en colère.

Quels sont les effets de tels comportements parentaux ? C'est un désastre qui ne va pas améliorer la situation. Nous avons, face à nous, des enfants dans la toute-puissance, soutenus par des parents qui ne jouent plus leur rôle, qui sont, vis à vis de l'institution scolaire, au mieux dans la défiance, au pire dans le soupçon et le mépris.

Sans le soutien des parents, sans un langage commun qui pousse l'enfant à accepter les contraintes de la discipline scolaire, sans ce contrat de confiance, la tâche est impossible. Nous sommes sous les feux croisés de famille en rupture de repères sociaux et de gamins qui ont pris le pouvoir. Il n'est plus possible de punir, méthode qui n'est certes pas la meilleure mais qui demeure encore une manière éprouvée de retrouver un peu de crédibilité.

Que faire quand ce n'est plus possible ? Comment vont s'en sortir ces deux gamines qui viennent d'avoir le pas sur leurs enseignantes ? Nous pouvons parier qu'un jour ou l'autre, parents et enfants s'apercevront de l'aberration de leur posture. Mais en attendant, ils sortent vainqueurs !

Ces deux petits faits anodins ne sont pas uniques, hélas ! Ces deux familles ne sont pas des cas isolés ! Chaque jour, de telles mésaventures surviennent, on dirait même qu'elles se multiplient . Sans un vrai contrat entre la famille et l'école, sans une adhésion aux principes, aux contenus, aux codes de la vie collective, l'enseignement ne peut plus remplir sa mission. Nous allons dans le mur. Nous courons à notre perte et ce sont bien souvent des parents qui jettent de l'huile sur le feu qui couve … Quel avenir pour ce système devenu fou ?

Irresponsablement leur.



19 réactions


    • sleeping-zombie 28 novembre 2013 10:20

      Ce qui est amusant avec les posts de durae, c’est de trouver le moment où il ne pourra pas s’empêcher de vomir sur les étrangers, quelque soit le sujet.

      Là, il a fallu attendre un peu, j’ai failli être... déçu ? non, c’est pas vraiment le mot... Agréablement surpris ?
      Bref, j’espère que t’es bien payé pour faire tes salissures ici. Mais ça me surprendrait aussi.


    • C'est Nabum C’est Nabum 28 novembre 2013 11:32

      durae.leges.sed.leges


      Je ne crois pas entre la corrélation Discipline - Avenir

      Il me semble qu’il se joue autre chose, une dégradation forte du lien social, bien loin des problèmes de circonstance ...

  • claude-michel claude-michel 28 novembre 2013 10:29

    Depuis Mai 68...les élèves ne respectent plus les enseignants (ce n’est pas venu d’un coup bien sur)...ça se dégrade tous les jours un peu plus..c’est une des causes du mal de l’EN...il me semble..(c’est ce que me disent deux de mes filles enseignantes).


    • Le Yeti Le Yeti 28 novembre 2013 11:22

      Tout à fait. Et c’est à compléter par la totale démission de la plupart des parents dont parle l’article.

      Je n’ai reçu qu’une seule gifle de la part de mes parent et les fessées que j’ai reçue se comptent sur les doigts d’une main.
      Lorsque je faisait une bêtise, ma mère, très intelligemment, me posait entre quatre yeux deux redoutés questions  : « Dis moi ce que tu as fait. » et « Qu’est-ce que tu en penses ? ». (C’était une autre époque !)
      Mais quand je vois les propos et les comportements de bon nombre de gamins (y compris ados) envers leur parents, je suis certain d’une chose : hormis le fait que cela n’aurait jamais seulement effleuré l’esprit, si d’aventure je m’étais comporté de la sorte mon père m’en aurait collée une à me dévisser la tête (Une sorte d’exorciste, quoi ! smiley) et ma mère m’aurait fait chauffer les fesses au rouge.
      Et je les en remercie.

      Lorsque lors d’un entretien d’embauche on demandera à ces gamines d’articuler ... « Ha bon !!! Parce que là vous êtes déjà en train d’articuler ... » On ne leur répondra même pas « On vous écrira. »
      Lorsque par un heureux coup du sort elle trouverons finalement un job de presse bouton qu’elles refuserons d’accomplir parce que la couleur du bouton ne leur conviendra pas, leur carrière ne se comptera pas en semaines ni même en jours mais en minutes.
      Et lorsqu’en dernier ressort la seule et unique contribution qu’elle seront capable d’apporter à leur dossier RSA sera une croix laborieusement gribouillée en bas du formulaire, elle n’auront même plus la jugeote nécessaire pour comprendre ce qu’il leur arrive.

      Mais comme on disait à une autre époque : « Pleures ! Tu pisseras moins. »


    • C'est Nabum C’est Nabum 28 novembre 2013 11:34

      Claude-Michel


      C’est la mauvaise compréhension du mot liberté qui est cause de toutes les dérives.

      La liberté individuelle est toujours limitée à la lisière du besoin collectif
      La grande nouveauté c’est l’effacement de l’autre ...

    • claude-michel claude-michel 28 novembre 2013 13:35

      Par C’est Nabum......


    • claude-michel claude-michel 28 novembre 2013 13:37

      "Dieu fit la liberté....l’homme a fait l’esclavage... !

      Marie-Joseph Chénier...

  • Le Yeti Le Yeti 28 novembre 2013 10:56

    « Le ton monte entre le directeur et le responsable légal qui ne veut pas de la punition. »

    Aucun médecin ne m’a engueuler parce que je refusait de suivre tout ou partie de sa prescription. Et le fait est que c’est de MA santé qu’il s’agit, pas de la sienne.
    Lui a fait son taf et peut donc dormir tranquille ...


  • alice au pays des merveilles alice au pays des merveilles 28 novembre 2013 11:25

    Je suis en train de lire des témoignages d’enseignantes du ghetto noir Chicago. elles privilégient entre autre la communication avec les parents et bien sûr les élèves, le respect des jeunes mais surtout elles travaillent sur le manque affectif de ces enfants.

    Leurs vécus ne dévalorisent jamais ces adolescents ni leurs parents (quelques soient leurs défaillances éducatives) , mais sont toujours tournés vers l’empatie, la reconnaissance de leur souffrance, la reconquête de leur estime d’eux mêmes, le travail effectué pour leur redonner confiance, leur redonner espoir et leurs réussites.

    A travers ces histoires on sent tout l’amour de ces femmes pour cette jeunesse et chaque jeune qu’elles instruisent est une victoire pour elles.



    • C'est Nabum C’est Nabum 28 novembre 2013 11:36

      alice au pays des merveilles


      Je crois qu’il y a moyen de penser les rapports autrement

      Je m’y suis employé les années précédentes

      J’arrive ici dans une situation très déterriorée. Je constate impuissant que l’espoir et la confiance ne sont plus de mise.

  • alice au pays des merveilles alice au pays des merveilles 28 novembre 2013 13:52

    Où règne le désespoir puissions nous apporter l’espérance.

    Voilà ce que font ces femmes, je doute que votre environnement social et économique soient pire que la leur et pourtant elles ne désespèrent pas .


  • Fleurnacre Fleurnacre 28 novembre 2013 16:51

    Exclure ces élèves de l’école ,en leur préconisant une lecture du bien vivre en classe ,et/ règlement de l’établissement ,en adéquation avec le fait qu’il faille du respect avant l’indulgence .

    Car une retenue ne sert à rien ,puisque leurs parents n’adhèrent pas au principe fondamental qu’il faille respecter ses enseignants et leurs enseignements indispensables pour réussir au mieux, et chômage ou pas là n’est pas le problème assurément .

  • Stof Stof 29 novembre 2013 05:37

    Inutile de perdre son temps avec des élèves qui n’en valent pas la peine. Quant aux parents : des cons produisent des cons, en général. Concentrez votre travail sur les autres et tout ira bien.
    Le système ne peux pas produire que des gagnants.


    • C'est Nabum C’est Nabum 29 novembre 2013 06:01

      Stof


      L’école ne doit pas être un lieu d’élimination ni de compétition

      Il faudrait pouvoir travailler avec tous, apprendre la collaboration, trouver et utiliser les ressources de chacun pour le bien du groupe

      C’est ainsi que certaine nation font de leur enseignement une école du vivre ensemble quand en France c’est déjà la loi du plus fort.

      Et qund le plus fort est le moins volontaire pour travailler, c’est l’enfer !

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