Vous avez dit crise du logement ?
Ca y est ! On y arrive ! Les hommes et femmes politiques vont enfin faire quelque chose pour nos clochards, que l’on a « humainement » rebaptisés SDF.
Mais reste à savoir ce qui va être fait et surtout s’il ne va pas s’agir encore une fois de passer la pommade sur une fracture dite sociale, terme qui revient ces jours-ci comme un boomerang.
Car si on se limite au cas des sans-logis et que l’on se dit qu’il suffit de construire des logements pour leur donner un toit, le projet ne sera qu’un placebo. En effet, il faudra alors trouver les moyens de financer la construction de nouveaux logements sociaux, déterminer les collectivités qui en prendront la charge et les sanctions à prendre en cas de non-respect des engagements de l’Etat. Et tout ça avec une baisse générale des impôts, nous dit-on.
N’est-ce pas là une vision simpliste et électoraliste des événements ?
Car, le problème du logement en France est bien plus complexe. Qu’est-ce qui obligent les gens à vivre dans la rue ? La précarité de leur emploi ou bien la faiblesse de leurs revenus ! Mais pas seulement, comment ne pas voir dans l’explosion des prix du marché de l’immobilier, que ce soit en matière de location ou d’acquisition, une éminente raison de la crise que traversent ces individus. Le fait que les prix aient augmenté a incité des hommes et des femmes à réclamer des logements sociaux et ainsi allonger la liste des demandeurs sur un parc immobilier insuffisant. Comment expliquer autrement la présence de logements laissés vacants dans la plupart des grandes villes de notre pays ?
Et si les prix ont augmenté dans le centre des villes, c’est parce que les gens fuient la périphérie de celles-ci, apeurés par la menace des cités, parfaitement véhiculée par les médias et les politiciens. Bien sûr, ce n’est pas la seule raison. Il est évident que cela ne fonctionne pas pour les littoraux où les gens achètent par volonté de confort. Mais il ne faut tout de même pas négliger ce phénomène de crainte si l’on veut construire un vrai plan social concernant le logement.
Maintenant cette crainte est-elle fondée ? Bien sûr qu’il y a des problèmes dans certains quartiers, on ne peut le nier. Mais, là aussi, n’est-ce pas la création de logements regroupant les personnes issues de la même immigration qui crée cette insécurité ? Comment intégrer des immigrés et leurs enfants quand on crée des Tombouctou sur Seine et des Casablanca sur Loire ? Comment se sentir français quand tous les voisins de pallier ont des origines identiques ? Et quelle réponse donne-t-on à ces Français immigrés de 2ème ou 3ème génération ? On rase et on construit au même endroit ! Et oui ! Il ne faudrait pas mélanger : il ne faudrait pas voir de tâches noirs dans un paysage blanc !
Pour étayer mes propos, prenons le cas de quelques communes. Dans la commune où je réside, comme dans bon nombre d’autres villes, on détruit les anciennes tours pour construire en leur place des tours neuves et plus petites. Oui, plus petites, pour que l’on les voit moins quand les automobilistes arrivent à proximité de cette bourgade de 10000 habitants : ça fait moins pauvre. A contrario, dans le centre-ville, on laisse des promoteurs immobiliers construire des résidences cossues dans des quartiers chics. N’aurait-il pas été plus intéressant de construire en ces lieux des logements réservés aux travailleurs sociaux ? Si l’on veut de la mixité sociale, il faut faire les efforts nécessaires pour la créer !
Et au-delà de la mixité sociale, qu’en est-il de la diversité culturelle dans ce pays ? Quand cessera-t-on de parquer les Français d’origine africaine dans les mêmes quartiers ? Le Ministre de la cohésion sociale Jean-Louis Borloo a obligé, depuis 2002, les communes à respecter l’engagement de détenir dans le parc immobilier 20 % de logements sociaux. Ce que la plupart d’entre elles s’attachent à faire. Mais si je prends l’exemple d’une bourgade bourgeoise située au Sud d’Orléans qui ne possédait pas suffisamment de logements destinés aux classes modestes, certes, elles en a bâtis beaucoup, mais elle a distribué ces logements à des Dupont, des Durand. Peu de français d’origine africaine ou asiatique dans ces quartiers ! Pareil dans beaucoup de villes où il y a des quartiers « sociaux » réservés aux « Français » et d’autres aux « Autres » ! On peut donc aisément se poser de la question des conditions d’attribution des logements sociaux en France.
Le problème posé par les « Enfants de Don Quichotte » et autres associations de lutte contre la précarité ne risque pas d’être résolu avec des propositions d’urgence telles celles qui vont être prochainement débattues à l’Assemblée. Tant que l’on ne résoudra pas le problème de la fluctuation excessive de l’immobilier locatif et privatif, tant que l’on aura pas résolu le problème de la fuite des quartiers sensibles pour cause d’insécurité, tant que l’on aura pas créer dans nos villes une véritable mixité culturelle et sociale, on ne pourra pas espérer supprimer du paysage urbain les vagabonds et clochards en tout genre !