mercredi 22 juillet 2009 - par olivier cabanel

Cette nature qui nous inspire

Qu’elle nous fournisse en médicaments, ou qu’elle nous inspire les exemples à suivre, la nature est une richesse qui n’a pas fini de nous surprendre.

Nous avons sous la main en permanence de quoi nous soigner, nous guérir, nous nourrir, nous aider, il suffit seulement d’ouvrir les yeux.

un papyrus égyptien datant de 1500 av JC prouve que déjà, on utilisait le saule pour se soigner du mal de tête. En effet, l’aspirine n’est rien d’autre que de l’acide acétylsalicylique, issu de la sève du saule.

C’est la fleur de Bardanne, avec tous ses piquants qui s’accroche partout qui a donné à l’ingénieur suisse Georges de Mestral (inventeur malheureux de la fibre optique) l’idée de créer le Velcro, devenu populaire après que les premiers cosmonautes l’aient adopté.

Aujourd’hui les chercheurs du monde entier observent, dissèquent, analysent, telle plante, tel insecte, tel animal.

Ils essayent par exemple de comprendre le phénomène de mimétisme dont est capable la pieuvre, afin d’en envisager des utilisations pour l’homme.

C’est en observant les mouvements des ailes de libellules que l’on a pu mettre au point l’hélicoptère.

Ricarda Schneider, biologiste à l’université technique de Berlin s’intéresse aux abeilles. Elle a observé qu’en vieillissant, les abeilles on de plus en plus de mal à apprendre les trajets menant aux fleurs.

Lorsque Ricarda les oblige à accomplir des activités de nourrice au sein de la ruche, elle a observé que les abeilles se refont une jeunesse cérébrale. Si ce mécanisme est démontré, il pourrait s’appliquer à l’homme afin de le faire rajeunir.

Dans leur très bon livre (la bionique : quand la science imite la nature/dunod) Agnès Guillot et Jean Arcady Meyer décrivent bon nombre d’inventions qui ne sont dues qu’à l’observation attentive de la nature.

Le TGV japonais a un nez qui ne doit sa forme qu’à l’imitation du bec du martin pêcheur, ce qui lui a permis de gagner 10% de vitesse, en économisant 15% d’énergie.

Un chercheur colombien, Jorges Reynolds s’est inspiré du cœur des baleines à bosse pour réaliser un stimulateur cardiaque de durée éternelle, lequel a été considéré comme l’une des 100 plus astucieuses inventions, et vient d’être publié en 2008 par le programme des nations unies pour l’environnement.

Pour rester avec la baleine, des chercheurs de l’université d’Harvard se sont inspirés des excroissances des nageoires de celles-ci pour améliorer les performances des éoliennes qui tout en étant plus silencieuses, produiront 20% d’électricité supplémentaire.

La puce fait des bonds correspondants à 150 fois sa taille (pour l’homme cela correspondrait à franchir plus de 200 mètres en hauteur) grâce à un polymère à base de protéine élastique, la résiline.

Des chercheurs australiens dont Chris Elvin du CSIRO (université du Queensland/ université nationale australienne) en ont mis au point un produit de synthèse.

Les applications seront multiples allant du remplacement des disques invertébraux usés, jusqu’à la fabrication de semelles de Baskets, qui permettront à n’en point douter d’améliorer les performances des sportifs.

Le paisible concombre de mer est de nature très souple, mais dès qu’un danger le menace, il devient dur comme pierre.

Des chercheurs de la case Western Université de Cleveland ont découvert que ce phénomène était dû à l’agglomération instantanée de nano-fibres de collagène et s’en sont servis pour créer un matériau artificiel rigide qui deviendra souple comme une gomme en présence de l’eau.

On imagine facilement les applications que cette invention va permettre.

L’inventeur israélien Alon Bodner s’est inspiré des branchies des poissons pour mettre au point un système qui permettra d’expulser de l’eau de mer, l’oxygène dissous, ce qui pourrait permettre aux plongeurs de nager sans bouteilles.

Quant au hibou, son vol silencieux a donné des idées à Airbus, qui compte s’inspirer de la technologie anti-bruit de l’oiseau pour concevoir un train d’atterrissage plus silencieux.

Serge Berthier de l’université paris VII a étudié les ailes de papillons. Leur couleur n’est due à aucun pigment, mais seulement à des micro écailles qui décomposent et diffractent la lumière.

C’est cette découverte qui a permis à la société californienne Qualcomm de réaliser les écrans plats de nos télés ou de nos ordinateurs.

On le voit, on a tout à gagner à sauvegarder cette nature qui nous entoure, et à mieux l’observer, car comme disait un vieil ami africain :

« Ce qui est plus fort que l’éléphant, c’est la brousse ».



17 réactions


  • Gollum Gollum 22 juillet 2009 09:54

    Il y a deux attitudes face au monde : l’observer avec l’ à-priori positif que le monde est intelligent, ordonné, qu’il nous aime et à quelque chose à nous apprendre... et l’attitude scientiste : le monde est absurde et sort du chaos. Pénétrons en les secrets, violons le, soumettons le, et tirons en tout le profit possible et imaginable...

    Nous avons choisi la deuxième solution, nous allons bientôt en récolter le salaire.
    Aux survivants de changer d’attitude...

    • amipb amipb 22 juillet 2009 11:11

      Entièrement d’accord. J’ajouterai que la première attitude est celle d’un véritable scientifique. Je reste admiratif devant certains esprits scientifiques et poètes, comme Hubert Reeves, George Charpak ou Matthieu Ricard.

      Le scientiste est celui pour qui toute invention est un progrès, pour qui le monde est imparfait et doit être amélioré et qui préfère modifier la réalité plutôt que l’observer, s’en inspirer.


    • olivier cabanel olivier cabanel 22 juillet 2009 17:48

      Gollum,
      effectivement, nous avons face a la nature qui nous entoure un comportement non pas d’observateur attentif, mais souvent un comportement de prédateur,
      obnubilés par l’idée que tout nous appartient, ou tout doit nous appartenir,
      domestiquant les espèces sauvages, asservissant nos frères humains,
      comme vous le dites, nous sommes en train d’en récolter le salaire.


  • imaes 22 juillet 2009 11:15

    ça me rappelle cette fameuse soirée du 14 juillet sur la 2 ou Drucker nous présentait les bienfaits de notre Armée chérie qui aide les gens en afghanistan et soigne les bébés poliomyiéliteux au Soudan ;
    (On voyait d’ailleurs le centre d’entraînement de l’armée de terre où tous nos bidasses ont obligation de faire un stage, avec les nouveaux équipements de l’infanterie etc.

    Ce centre, c’est dans une micro-ville à la française (avec une enseigne bar-tabac !!), soit disant parce que 80% des pertes de soldats ont lieu en zone urbaine..

    vous avez déjà vu les villes d’afghanistan, les gars ?)

    enfin bon, tout ça pour dire qu’on voyait le nouveau drone bientôt opérationnel (en Seine-Saint-Denis ?) calqué sur une libellule... assez flippant et caractéristique de la dérive scientiste et absurde de nos sociétés.

    La libellule qui illustre l’article : Crocothemis erythraea


    • olivier cabanel olivier cabanel 22 juillet 2009 17:52

      imaes,
      je n’ai pas voulu regarder cette soirée que vous évoquez,
      j’ai été choqué que l’argent de la république serve à payer un expatrié volontaire, nommé hallyday, qui planque son argent en suisse, et qui n’a aucune honte a en recevoir de notre part un million d’euros payés par le contribuable.
      effectivement si on ajoute a çà les propos sucrés de Druker, et l’image nauséabonde d’une armée suréquipée, gaspillant des milliards en armements, en salaires, on en vient a préférer un autre 14 juillet plus citoyen.


    • imaes 23 juillet 2009 00:28

      Je crois bien que Johnnie walker texas holiday a touché 2 millions d’euros pour son anthologique concert...
      Je n’aurais pas délibérément regardé la télé ce soir là si mes grand-parents n’y avaient été skotchés avec un sourire béat...j’ai pourtant tenté de leur expliquer...


  • L'enfoiré L’enfoiré 22 juillet 2009 16:48

    @L’auteur,
    C’est ce que j’ai appelé « Petites natures pour Grande Nature »
    Complément à mon article. Merci.
    L’histoire continue en permanence.


    • olivier cabanel olivier cabanel 22 juillet 2009 17:55

      Guy,
      merci de nous avoir rappelé ton article,
      j’avoue à ma grande honte qu’il m’avait échappé,
      je devais être en vacances...


    • L'enfoiré L’enfoiré 22 juillet 2009 18:05

      Salut Olivier,
       Je n’avais même pas vu que c’était toi qui avait écrit l’article.
       Toutes mes excuses, je suis attiré par les sujets et je ne regarde pas l’auteur.


  • Le péripate Le péripate 22 juillet 2009 22:02

    Je ne savais pas que ça s’appelait un concombre de mer.


  • Sinbuck Sinbuck 22 juillet 2009 22:54

    Pour revenir sur les observations de Gollum : la méthode scientifique considère l’univers (ou la nature) comme un observable, c’est à dire un laboratoire. Et le scientifique se considère à l’extérieur. Une autre facon de voir les choses : l’homme (la femme) est un laboratoire à part entière et il doit apprendre à s’observer, intérieurement, énergétiquement pour comprendre les ressorts de la machnie extérieure qui la vue naître.


    C’est un article qui remet les choses en place, un peu d’humilité face à la nature pour en tirer son « essence de sagesse ». L’institut Planck en Allemagne travaille beaucoup sur ce concept qui s’efforce d’améliorer notre technique « machiniste » par la vitalité naturelle qui a fait ses preuves en y puisant son inspiration.

  • Lucien Denfer Lucien Denfer 22 juillet 2009 23:27

    Ainsi seule la nature aboutit à sa fin : le règne de la nature, c’est celui de la nécessité, le règne de la technique, celui du contingent. Sans qu’on décèle dans son argumentation cette distinction capitale, Aristote a pu dire « la nature est fin ». Aussi l’idéal technicien se ramène à l’imitation de la nature, c’est à dire d’intérioriser, par l’artifice, cette finalité que les sciences naturelles (qualifiées parfois de « pures ») distingueront dans la physis. On crée l’avion en vue de reproduire la finalité de l’aile d’oiseau : l’objet d’art reproduit l’organe. Entre la technique et l’organique se tisse une relation que la bionique actuelle tente de parfaire mais que artistes et artisans entretiennent sans y penser. L’art imite, en trompe l’oeil, la nature et, si l’idéalisme platonicien nous convainc de chercher la nature en dehors de la concrétude du monde, l’art s’inspire de cette nature de l’être qu’est - selon la tradition platonicienne - l’idée. Toute la phraséologie de « l’inspiration » repose sur cet idéalisme : l’artiste ne construit pas, il pêche ; il va chercher, en le tréfond de son âme, auprès des Muses, ou dans la « nature » paysagère ou morte, la source de son art au lieu de manipuler, de la façon la plus artificielle, les outils sémantiques qui sont à sa disposition.

    • olivier cabanel olivier cabanel 23 juillet 2009 20:29

      Lucien Denfer,
      pas sur que le phénomène d’inspiration que vous décrivez corresponde bien aux trouvailles des chercheurs, et autres inventeurs,
      l’artiste n’est il pas plutot une sorte de « chaman », qui perçoit et utilise grace aux découvertes que son hyper sensibilité, ce que nous appelons l’inspiration,
      paul Claudel, dans un échange de courrier, avait décrit avec précision ce que je considère comme la meilleure définition de l’inspiration artistique.


    • Lucien Denfer Lucien Denfer 23 juillet 2009 21:28

      Oui en effet, c’est aussi ce que j’ai compris dans cette phrase ou il est fait mention que l’artiste inspiré fait naturellement, sans y penser, ce que la bionique s’efforce de faire en tant que discipline scientifique : « Entre la technique et l’organique se tisse une relation que la bionique actuelle tente de parfaire mais que artistes et artisans entretiennent sans y penser »




  • Gollum Gollum 23 juillet 2009 10:07

    Bon je précise un peu ma pensée en réponse à ceux qui ont réagi à mon post...


    La première attitude n’est rien d’autre que l’attitude de nos ancêtres qui savaient pertinemment que l’univers entier est un gigantesque organisme vivant, avec tout ce que cela implique. D’où une religiosité naturelle, qui dans bien des cas s’est dégradée en superstition. La deuxième attitude est celle de la science, du rationalisme et de l’efficacité (du moins en apparence). Tant que les victoires apparentes de la deuxième option n’ont pas entraîné de déséquilibres trop voyants, la victoire de la science, de la technique, du rationalisme et de l’athéisme qui va avec fut totale. Seulement voilà, la fête est finie et beaucoup se rendent compte que les fruits de la science, etc... sont les fruits de l’arbre du mal.


    Nous sommes à un tournant. Sans le retour à une attitude religieuse vraie, nourrie par une raison éclairée, on n’en sortira pas et le gouffre sera de plus en plus béant. Je note que ce que j’entends par là s’oppose aussi bien au rationalisme qu’à l’attitude de foi aveugle des églises traditionnelles, qui sur ce point se donnent la main pour faire croire que seules leurs deux attitudes sont possibles.


    Il y a des sciences traditionnelles qui concilient hémisphère cérébral droit et hémisphère cérébral gauche. L’alchimie par exemple fut l’une d’elle. Elle fut fort décriée par le XIXème siècle, celui-ci affirmant que la transmutation métallique était impossible. On sait ce qu’il en est. Un exemple :

    Notons que les anciens attribuaient chaque planète à un métal traditionnel. Ainsi, Lune : argent, Mercure : mercure, Vénus : cuivre, Soleil : or, Mars : fer, Jupiter : étain, Saturne : plomb. J’ai donné l’ordre des planètes selon l’ordre traditionnel que l’on trouve dans n’importe quel grimoire consacré à la question, du Moyen-Âge. Or, si l’on part de Mars et que l’on vise le 5ème élément et ainsi de suite, on obtient l’ordre suivant :

    Mars, Vénus, Lune, Jupiter, Soleil, Mercure, Saturne ce qui traduit en métaux donne : Fer, Cuivre, Argent, Étain, Or, Mercure, Plomb. On constate que l’ordre métallique ainsi obtenu est un ordre croissant selon le numéro atomique des métaux en question. Connaissance hors de portée des Anciens selon le paradigme scientiste dominant. Le rationaliste endurci y verra bien entendu, comme toujours, l’effet du hasard.


    Ce qui distingue les connaissances des Anciens de la science moderne, c’est que celle-ci est sans âme, considère les choses comme mortes et donc exploitables et industrialisables. (On peut se gratter longtemps pour obtenir de l’or de façon industrielle par des procédés alchimiques...). L’accent mis sur le quantifiable, le répétitif, les statistiques, l’oriente toujours dans les mêmes directions, qui ne sont bien évidemment, pas les bonnes..


    À chacun de choisir son camp...


  • Patapom Patapom 24 juillet 2009 11:45

    Charmant article qui change un peu les idées. Merci. ^_^


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