samedi 7 novembre 2009 - par inf0graph

Décision de l’ICANN à Séoul : le Web en a perdu son latin !

A partir de 2010, l’alphabet latin ne sera plus le seul alphabet disponible pour créer des noms de domaines. Si cette révolution était fortement attendue, l’annonce a été faite en fin de semaine dernière à Séoul par l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) dont le dirigeant, Dengate Thrush, s’est empressé de déclarer qu’il s’agissait du changement le plus important d’internet depuis 40 ans.

En effet, avec cette décision du vendredi 30 octobre 2009, on assistera bientôt à l’apparition de nombreux alphabets pour les noms de domaine (chinois, russe, arabe, hindi, cyrillique, hébreu, japonais etc.). Dans un premier temps toutefois, seules les extensions nationales (.ru, .cn, .jp…) seront concernées, les .com, .net et .org restant exclusivement en alphabet latin. Or, ces dernières extensions représentant sans trop de surprise la très grande majorité des 180 millions de noms de domaines existant, le changement est en effet majeur, mais son champ d’action restera de fait limité. Jusqu’à quand ? Car on se doute bien qu’il s’agit là d’un test grandeur nature avant d’ouvrir plus largement l’accès de ces alphabets au Web. Le PDG de l’ICANN, Rod Beckstrom lançait ainsi à l’issue du vote « Ce n’est que la première étape, mais c’est une étape extrêmement importante et un changement historique en direction de l’internationalisation de l’Internet ».

Si le nom de domaine sera ouvert aux autres alphabets, les extensions devront quant à elle rester obligatoirement en typographie latine. Il faut également préciser que si les nouvelles URL apparaîtront sur nos écrans à partir de 2010, les procédures d’enregistrement commenceront dès le 16 novembre prochain.

Si cette nouvelle constitue évidemment un bouleversement particulièrement important, elle demeure logique dans la mesure où plus de la moitié des 1,6 milliards d’utilisateurs d’internautes n’utilisent pas l’alphabet latin. Et à l’heure où l’on parle de démocratisation du Web, cette réforme permettra un accès plus facile à des populations ne maîtrisant pas notre alphabet. Le patron de l’ICANN Rod Beckstrom ne s’y trompe d’ailleurs pas, puisqu’il souligne que cette nouvelle est « un petit pas pour l’ICANN, mais un grand pas pour la moitié de l’humanité qui n’utilise pas l’alphabet latin, comme en Corée, en Chine et dans le monde arabe ».

Au milieu de ce semblant d’unanimité, certains y voient une dérive communautariste quand d’autres dénoncent la faille qui vient de s’ouvrir. En effet, de nombreux experts en sécurité informatique ont tiré la sonnette d’alarme en estimant que cette démarche ne faisait qu’accroître le nombre de risques sur la toile, notamment l’apparition de nouveaux sites de phishing (une lettre d’un alphabet en remplace une autre dans une URL jusqu’alors exclusivement latine, trompant ainsi l’internaute non vigilant).

(Source : Blog Webazia)


7 réactions


  • Yannick Harrel Yannick Harrel 7 novembre 2009 11:11

    Bonjour,

    Le plus complexe dans cette affaire ce sera l’adaptabilité des moteurs de recherche face à ces nouveaux horizons ^^

    Et vite car sinon il va falloir soi même jongler avec différents alphabets pour s’y retrouver (toute personne effectuant du sourcing peut aisément saisir ce que j’avance). Je note in fine que cela va contribuer grandement à la territorialisation d’Internet.

    Cordialement


    • pingveno 24 novembre 2009 12:39

      Les moteurs de recherche indexent déjà les sites écrits dans d’autres alphabets. La seule différence est ce qu’ils mettront au bout de l’index, c’est à dire l’adresse web.
      Et c’est plus facile de lire une adresse qui contient un mot en russe que son équivalent en %D0%D1%D2%D3%D4 comme on voit actuellement.


    • pingveno 24 novembre 2009 12:42

      Les moteurs de recherche indexent déjà les sites dont le contenu est écrit dans un autre alphabet. Ils ne se trompent même pas d’encodage, pour peu que celui-ci soit correctement spécifié dans l’entête.
      Alors pourquoi peineraient-ils à mettre au bout de l’index, une URL avec des caractères non latins ? C’est tout de même plus lisible que de voir des %NN partout dans l’URL !


  • krolik krolik 7 novembre 2009 13:55

    Oui, une incroyable révolution.
    Des sites auxquels on n’aura pas accès si l’on n’a pas installé le bon clavier.
    Un web parallèle pour une division du monde..
    @+


    • pingveno 24 novembre 2009 12:35

      « Des sites auxquels on n’aura pas accès si l’on n’a pas installé le bon clavier. »

      Bien sûr, pour consulter des sites en russe il me paraît tout à fait normal de repasser en alphabet latin juste pour pouvoir taper l’adresse web...


  • Grasyop 7 novembre 2009 20:25

    C’est une bonne nouvelle. Rien de plus normal que chacun puisse utiliser ses propres langue et écriture. Y compris nous, francophones, qui pourrons enfin choisir des adresses écrites en français correct, avec caractères accentués et cédilles.

    Les problèmes sont à mon avis des faux problèmes.


  • Traroth Traroth 1er décembre 2009 19:17

    Encore une manière de dresser des barrières. Vous n’avez pas lu l’histoire de la tour de Babel ?


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