mardi 18 septembre 2007 - par Clement Donzel

Google Apps vs Microsoft Office : la guerre peut commencer

Il y a quelques jours, nous apprenions que Google et Cap Gemini signaient un accord de distribution permettant à la SSII française d’ajouter à son portefeuille produits la suite Office de Google « Google Apps Premium Edition ».

Il n’en fallait pas plus pour que Microsoft sorte les griffes, et envoie une communication par e-mail à certains de ses clients :

« Nous croyons que la compétition est bénéfique pour les consommateurs et pour l’industrie. Ceci étant dit, nos clients nous disent que nos solutions apportent la facilité d’utilisation, la robustesse et la sécurité dont les entreprises ont besoin. Cela valide notre sentiment perçu lors de cette année 2007, avec plus de 90 % des entreprises qui ont renouvelé leur contrat de licence avec nous dans le dernier trimestre de notre année fiscale. Notre long engagement à répondre aux besoins complexes des entreprises, un écosystème composé de partenaires utilisateurs de la plate-forme Office qui a crû de 43 % l’an dernier et nos actuels et futurs investissements dans nos logiciels et nos services délivreront encore plus de flexibilité à nos clients. »

Puis Microsoft poursuit en suggérant également une liste de dix questions que doivent ce poser les clients à propos de la suite Office en ligne de Google :

Google proclame avoir pour clients des entreprises, mais combien y a-t-il véritablement d’« utilisateurs » de leurs applications dans l’entreprise ?

L’historique des produits Google se traduit par la mise en ligne de logiciels inaboutis qu’on appelle des versions bêta, avec une planification des mises à jour que Google est seul à connaître, chose contraire à ce que les entreprises veulent et attendent de leurs partenaires technologiques, donc que fait Google pour indiquer à ses clients que leurs nécessités sont bien prises en compte ?

Google racole les clients avec le faible coût de ses applis, non pas seulement sur le prix, mais également sur le fait que Google Apps n’a besoin ni de ressources matérielles ni de stockage ni de maintenance. Pourtant, si Google Apps est véritablement complémentaire à la suite Office de Microsoft, alors les coûts augmentent de fait pour l’entreprise puisqu’elle se retrouve désormais à devoir gérer et maintenir deux systèmes IT. Cela ne débouche-t-il pas sur une complexité accrue et des coûts plus importants ?

Le métier principal de Google, c’est la recherche monétisée par la publicité. Leur cible sur les entreprises et, à présent, les applicatifs logiciels, est une cible marginale, conjuguée à d’autres cibles marginales qui ne représentent pas plus d’1 % du CA de Google. Que se passera-t-il si l’implémentation de ces produits s’avère insatisfaisante ? Réduiront-ils le service à la portion congrue et arrêteront-ils les frais dans les plus brefs délais ? Ou les clients doivent-ils juste espérer que cela ne se produira pas ?

Google Apps fonctionne seulement si l’entreprise n’a pas de gros utilisateurs, si les employés sont “always on”, et que les entreprises n’ont pas développé d’applications Office personnalisées. Or ce panorama de la situation ne correspond-il pas à un très faible pourcentage de la population globale des travailleurs de l’information aujourd’hui ? Donc si l’on compare les fonctionnalités, il n’est pas étonnant que Microsoft dispose d’une avance considérable.

Les applis Google n’ont pas certaines fonctionnalités essentielles d’aide à la création de documents, telles que la prise en charge des en-têtes et des pieds de page, des tables des matières, des notes, etc [...]

Les entreprises ne doivent jamais perdre de vue les exigences réglementaires et législatives. Donc s’il est vrai que Google peut stocker en très grande quantité les données des entreprises sur ses serveurs, celles-ci n’ont aucun moyen facile et automatisé de supprimer régulièrement ces données, de traiter les aspects légaux propres à des documents spécifiques ou d’en faire remonter des copies. Que se passera-t-il donc le jour où elles seront amenées à répondre à des exigences réglementaires ? [...]

Il est impératif pour le monde des affaires, connecté en permanence, qu’il puisse toujours compter sur un support technique 24/7. Si une entreprise déploie Google Apps et rencontre un problème technique à 8pm PST, désolé, mais rien à faire ! Est-ce que les heures d’ouverture de l’assistance technique de Google (1AM-6PM PST) sont les nouveaux horaires des acteurs économiques mondialisés ? [...]

Google indique que les entreprises n’utilisent aujourd’hui que 10 % des fonctionnalités des applications bureautiques, ce qui implique que CHAQUE utilisateur n’a besoin que de ces 10 % de fonctionnalités, alors qu’en fait il est clair que dans chaque entreprise différentes fonctions doivent pouvoir avoir accès à des informations données, auquel cas de quelle manière la trop vague stratégie de Google peut-elle satisfaire les exigences spécifiques de ces utilisateurs ?

Les produits Google Apps étant perpétuellement en version bêta, et Google contrôlant quand et si de nouvelles versions ou fonctionnalités doivent être implémentées, les clients n’ont qu’un contrôle infime - s’ils en ont - sur la planification relative à l’implémentation desdites versions ou fonctionnalités. [...]

Bref, il n’en fallait pas plus pour voir une réaction de Mountain View, qui semble-t-il choisit la publicité pour son droit de réponse... le tout étant tout de même moins long à lire et probablement tout autant percutant.

publicite_google_apps.jpg

La guerre est déclarée !

[Source Google-Stories.com - Propos traduits et librement repris de Jean-Marie Le Ray de l’excellent blog Adscriptum . Gif animés via le tout aussi excellent Zorgloob].



6 réactions


  • dperez dperez 18 septembre 2007 12:29

    Allons, allons, avez-vous déjà utilisé Google Office ? Niveau usabilité, c’est nul, nul, nul. Ça risque pas de détroner MS Office. Pour du gratuit, OpenOffice.org est 10x mieux, c’est pas dans un navigateur bourré de Javascript/Ajax et lent comme un escargot.


    • Clement Donzel 18 septembre 2007 15:55

      Il faut croire que Microsoft n’est pas du même avis. Avec cette communication, MS nous prouve bien que la solution Office de Google, même imparfaite, pourrait à terme prendre des parts de marché sur les suites bureautiques en ligne.

      D’autant plus que la solution Google Apps s’adresse plus aux PME qu’aux grands groupes, étant donne la simplicité d’implémentation, les couts très faibles et la facilite de maintenance, éléments couteux pour une petite structure.


  • Vincent 18 septembre 2007 15:24

    Pour info, IBM a annocé aujourd’hui qu’ils allaient mettre en ligne une suite pour concurencer Office, la guerre à 3 ?

    Sinon Open office est très bien.


    • SOULfly_B 24 septembre 2007 12:58

      Cette suite s’appelle Symphony et est basée sur OpenOffice : encore un argument en faveur des logiciels libres !


  • Pak 18 septembre 2007 23:06

    Je suis d’accord sur les fonctionnalités de MS Excel, en revanche du point de vue du traitement de texte le mieux est de balancer Word à la poubelle personne ne va le regretter : 2 images à 500 Ko et ton fichier fait 26 Mo, des tas de problèmes de numérotation, d’option planquées de mise en page, de bugs, de crash et même de destruction de document. Ca se finit toujours par une impression dans un fichier pdf pour avoir une chance que tout le monde voie la même chose ou au moins que les numéro de pages ne changent pas smiley

    A mon sens pour toute PME ou travail à la maison : open office est la meilleure solution ! Dans les grandes boites la question se pose pas puisque là c’est un choix stratégique. Il est logique de limiter le nombre de logiciels or on a le doigt dans l’engrenage ...


  • ageur 2 octobre 2007 15:59

    « Que se passera-t-il si l’implémentation de ces produits s’avère insatisfaisante ? Réduiront-ils le service à la portion congrue et arrêteront-ils les frais dans les plus brefs délais ? Ou les clients doivent-ils juste espérer que cela ne se produira pas ? »

    Assez ironique de lire ce genre d’arguments alors que windows xp sera retiré de la vente en juin 2008.

    Certaines questions sont certes tres pertinentes et effectivement il est toujours bon de remettre en question ce genre de solution mais le fait que cela inquiete autant microsoft est au fond une bonne pub pour google.


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