lundi 19 novembre 2007 - par moizaussi

Google se plante-t-il sur le mobile ?

Google vient de donner un aperçu de son environnement de développement pour les mobiles, « Android ». Premières impressions, décevantes.

Après de longs mois d’attente et beaucoup de buzz, Google, par l’intermédiaire de l’Open Handset Alliance, vient, le 12 novembre, de rendre public un premier aperçu de son environnement de développement (Software Development Kit - SDK) pour les téléphones portables.

De nombreuses rumeurs avaient couru sur le net parlant de GooglePhone pariant que la voie ouverte par l’iPhone allait bientôt attirer le géant du net.

C’est donc une autre approche que Google à choisi : plutôt que de proposer un téléphone par lui-même, qu’il faudrait vendre directement aux utilisateurs - Apple sait faire, Google pas encore - la société basée à Mountain View a préféré racheter, puis diffuser, une plate-forme de développement logicielle qui se propose de devenir "le Windows" pour les mobiles.
Nul doute que cette nouvelle rentre dans une stratégie à long terme de concurrence avec Microsoft. A plus long terme, car pour l’instant, les premiers téléphones utilisant la plate-forme Android sont annoncés pour la deuxième moitié de 2008.

Que présente l’espace réservé aux développeurs du site de l’Open Handset Alliance ? Cela pourrait se résumer en une librairie Java pour permettre le développement d’applications sur téléphone portable. Toute ce dont on pourrait rêver... à première vue.
En parcourant le site présentant les classes disponibles, on est frappé que de mobilité, que de connexion réseau bien spécifique que celle-ci impose, il n’en n’est fait référence quasiment nul part. En revanche pour faire une interface graphique, tout semble là !

Un peu court jeune homme ?

Il n’est pas question de nier le fait que l’éventuel succès des applications sur les téléphones portables se fera grâce à une compatibilité entre terminaux, donc un OS standardisé, et que l’interface est tout sauf négligeable.

Cependant, une application aussi belle et bien foutue soit-elle ne pourra jamais faire plus que du traitement de données. Est-ce tout ce dont on demande à une application sur un téléphone portable ? Est-ce qu’un téléphone portable est un PC en réduction, qui voit le réseau comme une boîte noire qui fonctionne à peu près tout le temps correctement ?

La mobilité nécessite des terminaux incluant des capacités radio. Cela implique aussi une gestion performante des batteries (les terminaux portables Wi-Fi n’ont pas encore l’autonomie suffisante pour une utilisation quotidienne). Exploiter, de manière innovante, la mobilité ce n’est pas seulement considérer que le réseau s’occupe au mieux de la connexion, et qu’on n’a pas à s’en soucier.

La mobilité va de paire avec la localisation, de type GPS. Rien, ou presque dans les classes mises en ligne, à part une bien creuse LocationProvider qui laisse sur sa fin.

Et que dire surtout de la partie la plus complexe d’un terminal portable, la connexion radio, selon une ou plusieurs technologie (GSM, UMTS, Wi-Fi, bientôt WiMAX, etc.) ? Le SDK se garde bien de l’effleurer. Ah si ! Un risible package "android.telephony" qui semble vouloir s’adresser au bon vieux "coup de fil", et surtout pas à tout autre usage.

Le plus surprenant, c’est l’image présentant la "Android Architecture" où l’on s’aperçoit que la partie réseau est considérée être gérée par un noyau Linux. Sur le fond, rien à redire, si ce n’est qu’il est difficile d’annoncer proposer un nouveau standard pour les téléphones portables et dans le même temps afficher que l’interface avec le hardware se fera uniquement par Linux... qui est tout sauf une plate-forme de standardisation. Une application qui voudra utiliser de manière complexe les capacités d’une interface réseau (pour récupérer des mesures par exemple, pour ajuster les puissances d’émissions, pour tout autre chose qui feront les inventions de demain) devra traiter directement avec le driver (pilote).

De plus dans le schéma d’architecture, seul Bluetooth et Wi-Fi apparaissent. Sont-ce les seules connexions que proposeront les terminaux Android ? Le GSM a de beaux jours devant lui.

Les informations mises en lignes ne sont encore que parcellaires, certes. Mais de la part de Google, qui a su nous surprendre plus d’une fois, ne peut-on attendre un peu plus qu’une banale "yet another" hiérarchie Java qui ne propose aucune solution, ni même aucune (bonne) question ?

On ne peut s’empêcher de penser que le montant de 10 millions de dollars mis en jeu pour des applications innovantes est à la hauteur de la vacuité de ce qui est proposé : faire plus que des petits Mickeys avec Android vaudra bien 10 millions de dollars !



3 réactions


  • stephanemot stephanemot 19 novembre 2007 16:25

    Attendons le résultat des enchères sur le spectre mobile aux US. Si Big G obtient des fréquences il peut les monnayer à prix cassé : la simple diffusion de sa techno.

    Android seul n’est pas vraiment un événement :


  • Vincent 19 novembre 2007 22:44

    Le plus surprenant, c’est l’image présentant la « Android Architecture » où l’on s’aperçoit que la partie réseau est considérée être gérée par un noyau Linux. Sur le fond, rien à redire, si ce n’est qu’il est difficile d’annoncer proposer un nouveau standard pour les téléphones portables et dans le même temps afficher que l’interface avec le hardware se fera uniquement par Linux...

    Linux est le système d’exploitation qui sera utilisé par les téléphones qui proposeront android. Un système d’exploitation fournit par définition l’interface entre le hardware et le software. Donc vous reprochez à Linux de faire ce qu’il est censé faire... à moins que vous n’ayez une dent contre linux ?

    [Linux] qui est tout sauf une plate-forme de standardisation. Renseignez vous : google a réuni une disaine de fabricants de semiconducteurs, dont intel, nvidia, et texas instruments, ainsi que 4 (pour l’instant) fabricants de téléphones portables, dont motorola et samsung. Si ils se sont joint à Google dans l’open handset alliance project, c’est qu’ils comptent utiliser android.

    Une application qui voudra utiliser de manière complexe les capacités d’une interface réseau (pour récupérer des mesures par exemple, pour ajuster les puissances d’émissions, pour tout autre chose qui feront les inventions de demain) devra traiter directement avec le driver (pilote).

    En fait vous ne savez pas trop de quoi vous parlez. Toutes les entrées sorties seront accessibles par des fonctions de l’api : fichiers, réseau, base de données... et des API optionnelles, encore incomplètes, existent ou existeront bientôt pour accéder aux fonctions GPS, 3D, wifi, bluetooth, etc... Mais tout ceci est accessible en java ! Le jour où un constructeur veut intégrer un capteur de température dans son téléphone, il développera un driver, et une API java, mais il est le seul à s’occuper de l’OS du téléphone, les développeurs d’applications récupèreront la valeur de la température par l’intermédiaire d’une fonction java, sans avoir à savoir que l’OS sous-jacent est linux ou windows.

    Un peu rapide comme article, moi je dirais qu’il est encore tôt pour se prononcer sur android, en apparence ça a l’air plutôt prometteur, enfin on va pouvoir développer simplement des applications mobiles installables sur de nombreux téléphones ! En effet, ils sont de plus en plus puissants, mais jusqu’à présent leurs possibilités sont bridées, et on se retrouve à jouer avec le bête jeu du serpent ou du taquin, alors qu’on a un véritable ordinateur dans la main !

    D’un autre côté, je regrette la semi-transparence de Google, qui une fois de plus propose un système mixant open-source et propriétaire : la machine virtuelle utilisée, Dalvik VM (propriétaire), possède son propre « bytecode », et compile le bytecode java dans son propre langage, propriétaire. Ils avancent qu’une fois traduits, les applications tournent jusqu’à 10 fois plus rapidement qu’avec une VM java, mais certains diront que c’est pour éviter d’être obligé de rejoindre le java community process... plus d’infos ici


  • moizaussi 19 novembre 2007 23:11

    D’autres pensent qu’Android est plus qu’un buzz... ou bien est-ce du 2ème,3ème,..,nième degré ? http://blog.fon.com/fr/archive/technologie/android-amulateur-connecta-a-fon.html

    Par ailleurs, nn attendant un article sur dédié à ce sujet sur AV, le lecteur peut toujours consulter : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ad_hominem


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