samedi 17 janvier 2009 - par Francis Pisani

Google se tire une balle dans le pied

feetinshower.1232093069.jpg Google vient de faire un sale coup à ceux qui lui font confiance et se servent de certains de ses services comme outil de travail.

La société de Mountain View, au cœur d’une Silicon Valley en pleine crise, a annoncé hier qu’elle abandonnait le développement de Google Video, Catalog Search, Notebook, Jaiku et Dodgeball. Chacun a ses mérites mais aucun ne gagne de l’argent.

Prenons le bloc-note. C’est fort commode pour garder des URL de façon temporaire (quand on prépare un billet par exemple) à la différence de Delicious qui est bon pour les sites ou les pages qu’on veut utiliser plus longtemps. On peut aussi y mettre des commentaires et transformer tout cela en Google Doc. Aucun des remplacements qu’ils proposent ne tient la route.

Ça m’énerve mais c’est pas ça qui compte.

J’ai le sentiment que Google vient de rompre une partie morale du contrat qui nous lie en arrêtant de fournir des outils que j’utilise.

Il y a pire.

En nous offrant des services, elle nous invite à mettre nos informations et nos travaux en ligne à confier dans le fait qu’on pourra s’en servir. En les interrompant elle nous dit : surtout n’allez pas faire confiance à ce que je vous propose. J’arrête tout quand ça me convient.

Steve Rubel se demande, par exemple, si Google Reader, « le meilleur » lecteur de flux RSS, ne risque pas d’être interrompu demain . Il ne semble pas rapporter un sou et ça n’est pas un outil de masse.

Steven Hodson se réjouit de n’avoir pas confié son travail au web .

Ce que Google ne semble pas avoir compris c’est que je peux changer de moteur de recherche du jour au lendemain mais pas de lecteur de flux ou d’outil sur lequel je garde mes notes en ligne. Ces services impliquent un autre type de relation avec les utilisateurs.

En nous montrant qu’on ne peut pas lui faire confiance sur le long terme, cette société joue un mauvais coup à ses utilisateurs et, symboliquement, à tout le mouvement consistant à nous pousser à pratiquer l’informatique dans les nuages.

Pas très intelligent pour une boîte qui se targue de réunir les meilleurs cerveaux de la planète.

Qu’en pensez-vous ?

Envie de protester ?

[Photo Flickr de Pragmagraphr ]



13 réactions


  • Atlantis Atlantis 17 janvier 2009 12:26

    Arreter le développement ne signifie pas l’arret du service. Si les solutions vous donnent entière satisfaction il n’y a pas lieu de continuer à "developper" pour en faire des logiciels/services tentaculaires (à quand la décroissance dans ce domaine aussi d’ailleurs ...).


    • L'enfoiré L’enfoiré 17 janvier 2009 14:37

      @Atlantis,

       Je suis d’accord avec ce commentaire. J’ai fait du développement toute ma vie et il y a des moments où il faut penser mettre un point final pour ne pas ajouter la dernière touche en trop.
       Notepad a déjà eu tellement de version en freeware qui se voulaient meilleures que la précédente que cela en devenait un monstre de gadgets que plus personne n’utilisait si l’utilisation se bornait à quelques fois sporadiquement. Il ne s’agit pas de traitement de texte dans ce cas de figure et Google n’a jamais eu la prétention que de donner des outils simples et sans prétention bien suffisants pour la plupart des utilisateurs.
       Le "nice to have" peut se révéler très vite comme "a shit to use". smiley


    • Emmanuel Aguéra LeManu 20 janvier 2009 20:14

      cette dernière expression vaut son pesant de ...


  • nihalem 17 janvier 2009 15:58

    Google Video était condamné depuis le rachat de Youtube et semblait clairement sur la fin. Les comptes Google video deviennent des comptes youtube et basta.

    On ne peut pas empêcher une société de tester des produits et de les rejeter s’ils ne font pas leurs preuves. Ils ne se précipitent pas pour enlever le "Béta" d’un service pour rien...

    Google Reader n’est plus en béta, il est donc improbable qu’ils virent un système qui leur permet de détecter les sources d’infos les plus prometteuses sans raison...


  • Romain Desbois 17 janvier 2009 16:11

    c’est comme Caramail qui vient de me dire que le 15 février, il va falloir aller me faire voir ailleurs ! sans proposer une solution pour conserver ses archives.
    Je n’ai pas trouvé de comparatif récent et convaincants.
    bonjour la galère pour changer les comptes sur les forums ou les newsletters. Franchement ça me gave grave !


  • Bigre Bigre 18 janvier 2009 08:42

    Les contrats de licence de tous ces services, vous les avez lu ? Ils vous conviennent ? Aucune réserve ?

    Parce que décider volontairement de se lier à des formats / technologies "propriétaires", des services offerts par des sociétés commerciales, c’est aussi accepter de subir les décisions des sociétés commerciales. Ça me semble tout à fait logique.

    C’est pas idiot de regarder qui est derrière ces services, de voir où sont les intérets. C’est pas idiot de ne pas faire aveuglement confiance ....

    Bigre !


  • Elisabeth P Elisabeth Piotelat 18 janvier 2009 11:05

    Tout à fait d’accord avec Bigre. Les contrats sont en général très clairs. Rien n’est gratuit dans le "web 2.0". Par exemple, des listes d’adresses email valides... ça se vend. 

    De plus, si vous utilisez les outils développés par Google, vous n’utilisez pas ceux des voisins... et vous ne cherchez pas à fabriquer les vôtres. Vous frainez donc une éventuelle concurrence et votre connaissance de l’informatique devient plus superficielle. 

    Pourquoi écrire 10 lignes en html, en soupoudrant de php, alors qu’il est si simple de remplir un formulaire ? 

    Ce serait dommage de se priver des outils de Google et autres. Cependant, il faut lire les contrats et essayer de sauvegarder ses données afin qu’elles soient accessibles "hors ligne" (garder une copie des photos mises sur Flickr, lire sa messagerie avec un logiciel comme Thunderbird et déplacer les messages important dans les "Dossiers Locaux", etc, etc...)


  • Elisabeth P Elisabeth Piotelat 18 janvier 2009 17:45

    Ne pas réinventer la roue... d’accord... mais avoir une roue de secours ou savoir réparer soi-même, c’est bien.


    • Halman Halman 18 janvier 2009 19:35

      Ne pas faire la bêtise de mettre ses infos personnelles en ligne sur le net mais les garder sur son disque dur et faire des copies et sauvegardes régulière, rien de mieux comme sécurité.

      Mettre ses données en ligne et après se plaindre que Google arrête le service, c’était couru, c’était jouer avec le feu.

      La dernière des bêtises à faire.

      Mes url, adresses de sites, adresses email ne sont pas dans Outlock qui est visité par tous les virus et les hackers de la planète, mais sont dans un fichier doc régulièrement sauvegardé dans des répertoires et disques dont personnes ne se douteraient qu’ils servent à ça.

      Ainsi je les retrouve toujours, quelles que soient les versions du log utilisées.
       smiley


    • Emmanuel Aguéra LeManu 20 janvier 2009 20:20

      Tout à fait Halman.
      Je ne comprends pas, par exemple, comment on peut à la fois s’émouvoir du fichier Edwige et en même temps ouvrir un compte Google, msn ou autre facebook...
      A mois que... oui, c’est sûrement ça : Les anti-Edwige n’ont pas d’ordinateur.
      CQFD


  • lapalette 18 janvier 2009 19:08

    Parce que l’auteur s’imagine qu’une compagnie, dont le but assumé est de faire de l’argent va exaucer son petit plaisir en gardant ses données à travers le temps ?, va lui permettre d’exploiter le net sans bourse déliée ? Mais vous rêvez les agoreux ! Je n’ai jamais cru au cloud computing et je commence à en percevoir les limites dans la vie de tous les jours pour les autres ...
    C’est pas du cynisme, c’est la réalité. Faire confiance à une entreprise privée, à l’autre bout du monde pour un service qui ne coûte rien, mais ce n’est pas possible dans la société dans lequel nous vivons !
    Dans notre société, le don, c’est pas une finalité, c’est un appât !



  • Deneb Deneb 19 janvier 2009 08:16

    Avec toutes ces diabolisations de l’internet, surtout ce "feu à volonté" contre Google, qui vous espionne, teraque, spamme ...., l’internaute moyen ne sais plus à quel saint se vouer.

    Google vous propose un "deal". Vous lui servez de cobaye, il accumule des données sur vous, vos préferences, vos goûts etc., il ne cache pas qu’il en tire des resultats pour son marketing, et en echange il vous fournit une info sur mesure. Cela me semble honnete et je l’accepte. Toutefois je suis conscient que Google est une boite commerciale, leur but c’est le profit. Je sais que leur "gratuité" est toute relative.

    Pour tout ce qui a une importance professionnelle, je fais donc appel à des solutions Open Source, où la gratuité est réele, car au lieu de polariser les cupidités et les recherches de profit, l’Open Source polarise les enthousiasmes. Les resultats de ce système sont spectaculaires : Mozilla, Wikipedia, Open office ... Ce ne sera pas gratuit, mais on ne le paiera pas avec l’argent. On le paiera avec la foi : il faudra y croire. Et s’enthousiasmer.


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