L’absence de progrès peut nuire gravement à la vie
La réponse du berger à la bergère à l’article "Attention ! Le progrès peut nuire gravement à la santé, je me la devais. Un commentaire n’aurait pas suffit. Une reprise du texte suivi de mon corollaire me semblait le plus lisible.
"Si l’être humain n’est à la base qu’un des éléments d’une chaîne complexe, il s’est attribué toutefois un rôle supérieur dont la prédominance n’est d’ailleurs discutée qu’au sein de sa propre race, ce qui en limite naturellement la portée. Même s’il est le seul à pouvoir remettre en cause l’existence même de la planète où il vit, cette supériorité ne l’a pas rendu pas plus raisonnable pour autant, et l’on peut se demander si l’attribution initiale des rôles n’a pas connu dès le départ quelques ratées. Se jugeant lui-même imparfait, il a tenté au fil du temps d’améliorer ses capacités au travers de ce que l’on appelle de nos jours les progrès technologiques."
L’évolution a, en effet, poussé le bouchon très loin. L’homme est devenu un prédateur comme d’autres sur une branche de l’arbre de la vie. Mais, il n’a plus eu de moyens de défenses comme ses autres copains du vivant. Il ne court pas vite, pas de carapace, pas de venin. Mais il a quelque chose de plus perfectionné : son cerveau. Je ne vais pas revenir sur ses développements, ses découvertes pour remédier à son manque. Le feu a peut-être été son premier gadget. Ceux-ci font partie des Sciences en général. Mais bien plus récemment, il lui a fallu des outils de plus en plus précis, de plus en plus fins, que l’on a appelé technologie. L’efficacité est à ce prix.
Dans les faits, ces progrès se résument en fait à des choses pas toujours évidentes dans leur utilité, et ce, malgré le fait que tout être humain « civilisé » se doit de posséder ou du moins de savoir utiliser.
Cette technologie s’est construite dans des niches du savoir pour perfectionner au mieux et au plus rapide, la connaissance de son univers et de son environnement. Ce qui n’est pas utilisé chez l’un, l’est chez l’autre. Pas de doute.
Parmi ces « nouvelles technologies », l’informatique occupe une place de choix. Après avoir été la cause de millions de suppressions d’emplois à travers le monde, cet outil est censé apporter dans chaque foyer la connaissance et l’ouverture d’esprit. Les personnes ne trouvant plus de travail dans leurs domaines pour cause d’informatisation peuvent en effet prendre connaissance des raisons de leur chômage au travers de services dédiés, ce qui paraît-il est un progrès.
L’informatique, les automatismes sont venus à l’esprit pour comptabiliser, pour calculer son progrès. Cette histoire passe par là. Ce furent les abaques chinoises, qui permirent les premières approches. L’informatique, elle, est toute jeune mais a fait des pas de géant en à peine, un siècle. Elle a touché toutes les activités humaines, de proche en proche, jusqu’à en être dépendantes dans les entreprises et même chez le particulier. Les élections ont été son sponsor pour évaluer les suffrages. Son histoire a pris un tournant depuis trente ans chez l’homme de la rue. Dans l’entreprise, il a remplacé la "quantité" de main d’oeuvre nécessaire, par la "qualité". Ce n’est plus "Les Temps modernes", avec un travail à la chaîne. L’informatique a détruit beaucoup de jobs et en a créé de nouveaux plus spécialisés, avant de les détruire à leur tour. Rationaliser a été le cheval de bataille , le cheval de Troie, pour produire au moindre coût.
Si Internet s’est révélé de son côté une fabuleuse ouverture sur le monde, il est également devenu l’espace idéal où l’on vend n’importe quoi à des consommateurs n’ayant pas un besoin réel du dernier gadget à la mode, mais qui doivent prouver à leur entourage qu’ils sont « modernes ». Avec ce système, on se déplace bien moins pour se rendre chez son commerçant, préférant « fureter » sur divers sites pour trouver l’objet de ses rêves, et ce, au meilleur prix. Si la commande une fois livrée se révèle défectueuse ou non conforme, il ne reste plus qu’à la renvoyer à ses frais, ce qui fait perdre une bonne partie des économies initialement réalisées. Toutefois, il s’agit là aussi d’un progrès incontournable.
Internet a été, d’abord, l’outil qui a servi pour les communications entre les universités. Ce n’est que bien plus tard, que ce qu’on a appelé le Web, le www, le dotcom est arrivé d’abord pour l’entreprise et ensuite pour les le citoyen lambda. Celui-ci s’est longtemps demandé qu’est-ce qu’il pouvait en faire chez lui. Vendre, communiquer avec sa banque par le web étaient tout désigné, mais ce n’est pas encore toute la population qui s’est connectée. Le téléphone était lent. Les fils en fibre de verre, les bornes devaient s’installer pour accélérer les communications. Incontournable pour les uns. Manquant toujours de convivialité pour d’autres. Le prix de la connection, l’âge de l’internaute éventuel sont aussi des obstacles pour faire le pas.
Dans ce domaine de la technologie, la téléphonie occupe une place considérable. Là où autrefois on s’écrivait de longues lettres d’amour dans un Français dont chaque mot était pesé, la rapidité des transferts de données a bizarrement réduit le dialogue à un « Je ta tend a 21 h a l’an droit habituel. N’oublie pas les préservatifs ». Également grâce à ces outils, on se parle de moins en moins directement, mais on se téléphone, même si l’interlocuteur est de l’autre côté de la rue.
Tout devient de plus en plus virtuel. La télévision a tué le cinéma. L’ordinateur a tué la télévision. Le langage jeune a pris des raccourcis dans le langage, toujours dans l’esprit d’aller toujours de plus en plus vite.
La généralisation d’un outil tel que le GPS s’est également révélée comme faisant progresser nettement la race humaine. Là où autrefois on demandait sa route au paysan du coin qui vous invitait souvent à partager son repas, c’est à présent une voix synthétique qui vous annonce que vous êtes arrivé à destination. Lors de ce voyage, les enfants assis à l’arrière n’auront rien vu du paysage, car passionnés par le DVD de« L’âge de glace épisode 244 ». Cela permet toutefois aux parents de pouvoir discuter tranquillement de la manière dont ils vont pouvoir payer les mensualités tant de la voiture qui les transporte, que du crédit « vacances » qui leur permet d’aller non pas à l’endroit dont ils rêvent, mais là où il est de bon ton d’aller pour en discuter ensuite avec ses amis ou collègues de travail.
Le GPS est loin d’être un gadget quand le convoyeur ne sait pas consulter une carte. Trouvez quelqu’un pour se renseigner en plein champ ? Oui, peut-être à une vache. Cette invention a été possible grâce à la triangulation entre les satellites. La règle de l’observation et de l’orientation reste à observer.
Une fois rentré dans leur luxueuse demeure, qui en fait appartient à un établissement bancaire, ils pourront enfin voir où ils sont allés grâce au Home Cinéma qui projettera sur grand écran le film de leurs vacances dont ils n’ont que peu profité, car trop occupés à réaliser ce même long métrage. Lors d’une soirée entre relations, ils vanteront les aspects culturels des lieux visités grâce aux renseignements trouvés sur Google, ce qui leur donnera l’impression d’être ce qu’ils auraient voulu devenir, mais ne sont pas.
Voyager est une opération habituelle que l’homme a pris pour suivre les transhumance des animaux. La sédentarisation est considéré comme un progrès des civilisations. Certaines d’entre elles n’ont pourtant pas cesser de se déplacer, d’aller voir si l’herbe n’était pas plus verte ailleurs. Cela s’est fait par les invasions de territoires ou très récemment suite à une conquête syndicale par les vacances. Les gens du voyage, eux, restèrent les transhumants de profession de foi, tandis que les vacanciers n’auront que des périodes courtes pour essayer de comprendre l’autre et son exotisme particulier. Les photos numériques ont fait explosé la consommation de souvenirs. La mémoire, ce n’est pas une donnée très fidèle pour l’homme.
Certains m’opposeront que les progrès technologiques ont permis une espérance de vie bien plus longue que par le passé. Si la période entre la naissance et la mort s’est effectivement allongée, encore faut-il que cet allongement soit propice à y faire quelque chose, sans pour cela supposer de laisser son œuvre à la postérité. Délayer en effet 80 ans d’ennui dans quelques mois de vie réelle finit par donner un breuvage insipide, même si l’équivalent moderne d’une rondelle de citron peut donner un aspect plus présentable.
Une vie n’est qu’un passage. Chacun aura un chemin différent ou semblable à son contemporain. Le travailleur se fait payer par un salaire, des émoluments ou par des rentes que sa génération aura constitué ou qu’une précédente aura transmise. Le bonheur est affaire personnelle, de motivation, de chance, de potentiel.
Description caricaturale me direz-vous ! Oui, sans aucun doute, mais assez proche de ce qu’est devenue la vie dite moderne, faite d’apparences, de paraître et de faux semblants. Si l’être humain vit depuis sa création grâce à ce que lui donne quotidiennement la nature, il s’en est progressivement écarté. La raison de cet éloignement progressif et constant réside en un seul raisonnement qui est un besoin d’expliquer l’inexplicable, de comprendre l’incompréhensible, sans pour cela consentir le moindre effort qui pourrait l’amener à un sentiment de modestie face à cette nature qui lui donne tout sans rien demander en échange .
La vie ancienne était un peu à relier aux fourmis, à l’abeille avec une reine dans la ruche qui tenait le troupeau et des ouvriers esclaves qui la nourrisait. L’homme croyait au droit divin avec son cortège de servitudes. L’homme a utilisé la nature tout en la considérant comme l’ennemie. Cela pendant très longtemps. Il prend conscience très récemment qu’elle nous indique beaucoup de chemins à suivre. L’évolution continue. Des espèces disparaissent, de nouvelles mieux adaptées apparaissent. L’évolution se cherche en permanence. La nature, si elle se régénère en définitive, va beaucoup plus lentement qu’au rythme de l’homme. C’est son seul défaut.
Il est donc important de se créer son propre monde que l’on puisse maîtriser par la simple pression du doigt sur une touche « Marche/Arrêt », ce que l’être humain n’a pas réussi à faire pour sa propre vie, sans parler des fonctions avance ou retour rapide.
Le temps est une variable qui va à sens unique. Appelé 4ème dimension après les trois qui constituent l’espace de l’homme. La touche "Marche/Arrêt" n’existe pas. L’accès direct à l’information date des disques durs. On parle de fracture numérique, de traitement de l’information, pour se dissocier de l’analogique. L’ordinateur numérique a eu l’avantage de la précision par rapport à celui qui travaillait en analogique. Celui-ci existe encore pour modéliser l’environnement avec des mesures comme dans un oscilloscope.
L’histoire et l’évolution de l’informatique, je l’ai connue pendant 40 ans. J’ai presque tout connu et utilisé. J’en ai écrit une histoire qui si cela intéresse, se trouve sous ce titre "La Grande Gaufre". Histoire de machines, mais aussi en alternance avec celle des hommes qui l’ont utilisée à bon escient ou à mauvais, en mercenaires du progrès. Cette histoire continue et est mise à jour en permanence.
Les gadgets et les "nice to have" ont été légions. C’est évident. Jusqu’où aller trop loin, quand tout est possible en y mettant les moyens. Voilà la question qui reste primordiale.
L’ordinateur, lui, n’a fait qu’être responsable, mais jamais coupable.
Je ne sais si la bergère sera contente, mais c’est ce que je me devais de lui dire comme droit de réponse.
Mais comme tout finit en chanson, entamons un karoké parodique de l’histoire : "Je ne suis pas bien portant" de K. Koger, G. Bourzac, & M. Joseo
Depuis que j’fais d’l’informatique
Je n’ai plus que des embêtements
Ah mon Dieu quelle gymnastique
C’est pas tous les jours très marrant
Mais attendez que j’vous explique
Tout ce qui cause mon tourment :
J’ai le Mac qu’est patraque
Le PC déglingué
Le Pentium sans calcium
J’ai l’écran qu’est tout blanc
L’disque dur pas bien dur
Le clavier tout bloqué
Le modem qu’a la flemme
L’imprimante bien trop lente,
Les cartouches qui se touchent
Et les buses qui abusent
Les polices qui pâlissent
L‘DVD fatigué
Le scanner qu’a ses nerfs
L’menu pomme dans les pommes
L‘CD rom c’est tout comme
La mémoire sans espoir
Les options en option
La souris rabougrie
Le mulot qu’est trop gros
---
Ah mon Dieu qu’c’est palpitant
Toute cette informatique
Ah mon Dieu qu’c’est palpitant
Mais qu’est-ce qu’on perd comme temps.
---
Comme j’ai un bug dans le système
J’téléphone au réparateur
Y’me demande : « quel est votr’ problème
Je vous écoute j’ai un quart d’heure »
J’lui dis soyez pas si pressé
Et laissez moi vous expliquer :
J’ai le Mac qu’est patraque
Le PC déglingué
Et puis j’ai ajouté
Voyez vous ce n’est pas tout :
J’ai l’e-mail qui s’emmêle
Les circuits qui sont cuits
L’raccourci riquiqui
J’ai l’index qu’est perplexe
Les pixels en rondelle
L’USB constipé
J’ai les bits qui s’agitent
La sauvegarde pas gaillarde
La disquette qui caquette
L’utilitaire qu’a des vers
Les icônes qui déconnent
L’processeur qu’est farceur
Le graveur qu’est en pleurs
Le lecteur qui bat l’beurre
L’moniteur et ta sœur
---
Ah ! mon Dieu qu’c’est palpitant
Toute cette informatique
Ah mon Dieu qu’c’est palpitant
Mais qu’est-ce qu’on perd comme temps.
---
J’ai invité la belle Suzanne
L’autre jour au cybercafé
Elle m’a dit : « j’préfère ta bécane
Allons chez toi fais moi surfer ! »
Hélas ma machine est en panne
Que j’lui réponds, j’suis désolé :
J’ai le Mac qu’est patraque
Le PC déglingué
Le Pentium sans calcium
J’ai l’écran qu’est tout blanc
L’disque dur pas bien dur
Le clavier tout bloqué
Le modem qu’a la flemme
L’imprimante bien trop lente,
La cartouche qui se touche
Et les buses qui abusent
Les polices qui pâlissent
L‘DVD fatigué
Le scanner qu’a ses nerfs
L’menu pomme dans les pommes
L‘CD rom c’est tout comme
La mémoire sans espoir
Les options en option
La souris rabougrie
Le mulot qu’est trop gros
Et puis j’ai ajouté
Voyez vous, ce n’est pas tout :
J’ai l’e-mail qui s’emmêle
Les circuits qui sont cuits
L’raccourci riquiqui
J’ai l’index qu’est perplexe
Les pixels en rondelle
L’USB constipé
J’ai les bits qui s’agitent
La sauvegarde pas gaillarde
La disquette qui caquette
L’utilitaire qu’a des vers
Les icônes qui déconnent
L’processeur qu’est farceur
Le graveur qu’est en pleurs
Le lecteur qui bat l’beurre
L’moniteur et ta soeur
En plus d’ça, j’vous l’cache pas
J’ai aussi, quel souci
Les octets pas très frais
Les virus plein d’tonus
Les majuscules qui s’bousculent
Les minuscules qui copulent
Le Windows qu’est morose
Les programmes, c’est un drame
Et la puce en lotus
Le cordon en tire-bouchon
L’MS DOS qu’a des bosses
Les menus mal fichus
Le logi-ciel mon mari !
Et l’audio qu’est idiot
La carte son qu’est marron
La couleur quelle horreur
Les fenêtres qui s’pénètrent
Les symboles qui s’affolent
Le système bien trop blême
Le réseau qui prend l’eau
Et du coup, voyez vous
Il vaut mieux qu’vous partiez
Car je sens, c’est navrant
J’peux plus rien maîtriser !...
---
Ah mon Dieu qu’c’est palpitant
Toute cette informatique
Ah mon Dieu qu’c’est palpitant
Mais qu’est-ce qu’on perd comme temps
---
Ah mon Dieu qu’c’est affolant
Toute cette informatique !
Ah mon Dieu qu’c’est affolant
Mais qu’est-ce qu’on ferait sans...
L’enfoiré,