lundi 21 janvier 2008 - par qyutiun

La science n’est pas un monstre

On ne peut nier que la science occupe une place centrale dans les fondements de notre société et de notre mode de vie, ce qui en fait aujourd’hui le centre de nombreux débats, en particulier les OGM et le réchauffement climatique. Pourtant l’image que l’on en a est parfois trompeuse.

La perception de la science

Il existe de nombreux clichés sur la science, images de la science véhiculés entre autres par les médias.

D’abord celle d’une entité détentrice de vérité absolue : dans les débats à la télévision et dans les journaux, le scientifique est invité en tant que spécialiste pour présenter une vérité sur un sujet, vérité non discutable puisque personne d’autre ne dispose de son expertise. Les résultats scientifiques sont la plupart du temps présentés comme indéniablement vrais et définitifs (c’est aussi le cas dans les écoles). Par ailleurs, on ne les montre presque jamais comme résultat d’une recherche : on ne parle que rarement de la méthode scientifique en tant que telle. On demande donc au non-spécialiste de croire le scientifique sur parole. Ainsi la science, par certains côtés, paraît castratrice. Elle apparaît souvent par ce biais comme l’instrument du pouvoir politique ou économique. Puisque seuls les résultats sont présentés de manière opaque, on en devient facilement méfiant quant à leur valeur, surtout quand ceux-ci sont récupérés pour telle ou telle cause ou intérêt.

En second lieu, la science est perçue par le grand public comme ce qui s’oppose à la spiritualité car trop rationnelle et éloignée de la réalité du vécu. Elle voudrait réduire l’homme à son fonctionnement matériel, ignorant l’aspect immatériel et spirituel qui nous anime. On peut associer ceci au mythe du savant fou, que l’on imagine volontiers à l’esprit rigide, incapable de percevoir les nuances et les subtilités de la vie en société, parce qu’il ne voit que le côté logique et matériel des choses. La science semble par certains côtés « asociale ».

Ajoutons enfin qu’elle est généralement présentée sous l’angle de ses applications, de l’utilisation que l’on en fait. La technologie est beaucoup plus mise en avant que la recherche fondamentale. Les voyages spatiaux sont plus spectaculaires que les accélérateurs de particules permettant de valider les théories. Alors la science peut faire rêver, mais elle peut aussi faire peur. Le génie génétique, avec les OGM et le clonage, en est un exemple particulièrement frappant, dès lors qu’il commence à s’attaquer au vivant, et quelque part à ce que nous sommes.

Si certains points peuvent trouver une justification, la vision qui s’en dégage chez le grand public reste assez éloignée de ce qu’est la science en réalité : dans ses fondements, elle n’est rien d’autre que la recherche de connaissance. C’est pourquoi, contrairement à la vision qu’en ont beaucoup de gens, elle est au même titre que la spiritualité une quête de sens. En effet, par elle, l’homme cherche avant tout à comprendre le monde et à savoir qui il est.

La science, savoir universel

La science fondamentale cherche à connaître ce qu’il y a de constant dans le monde, non pas ce qu’il s’y passe, mais ce dont il est fait, les lois qui le gouvernent. Elle observe le monde, essaie de l’expliquer en imaginant des lois générales correspondant aux faits, puis vérifie si le modèle ainsi créé fonctionne. Et quand on arrive à regrouper plusieurs phénomènes en la manifestation d’un seul qui les sous-tend, quand les lois deviennent d’une simplicité et d’une élégance étonnante, alors on a l’impression de toucher du doigt une vérité absolue, de dévoiler légèrement le mystère du monde.

La méthode scientifique trouve ses fondements entre autres dans la pensée des philosophes grecs et dans l’usage de la raison. Elle a pour principes la rigueur et l’objectivité. Elle se base sur le raisonnement, qui est la seule méthode permettant d’accéder à des vérités (mathématiques) non subjectives, donc indéniables, et sur l’expérience reproductible, c’est-à-dire la confrontation d’un modèle (mathématique) avec la réalité afin de valider ou d’infirmer la théorie. Elle est donc par définition la pratique permettant d’élaborer un savoir universel. Par exemple, on peut considérer la spiritualité ou encore la littérature comme mode d’accès à une vérité, et même à une vérité qui ne serait pas accessible à la science, mais pas comme constitution d’un savoir absolu.

En ce sens, la science a un statut particulier. On ne peut la restreindre dans ses principes à un fait culturel. D’ailleurs, toutes les civilisations humaines ont pratiqué une certaine forme de science. Elle ne peut pas être mise au même niveau que d’autres modes de savoir. La contrepartie de ce statut particulier c’est qu’en science rien n’est vrai et tout est sujet à remises en question. Même si certains faits sont plus que bien établis, la vérité absolue n’existe pas. La science est une affaire de consensus... et de révolutions.

Voilà pour ce qui est des fondements de la science. Pour ce qui est de la pratique, c’est une autre histoire. La pratique scientifique est bien sûr imprégnée de la culture de ceux qui la pratique. Elle est aussi instrumentalisée par les différents pouvoirs de la société.

La science et les scientifiques

La science existe par ceux qui la font. Elle s’accompagne donc d’opinions, de sentiments, d’intuitions.

Tout homme est imprégné d’une vision du monde sans laquelle il ne pourrait vivre, mais qu’il est difficile pour lui de voir remise en question et d’adapter. Chaque homme a en son esprit une certaine quantité de principes philosophiques fondamentaux, tirés de son expérience qui lui permettent de se forger une opinion sur la plupart des sujets. Il accepte facilement une vérité qui correspond à son opinion et a tendance à ne pas croire celles qui s’y opposent. Il a naturellement tendance à croire vrai ce qu’il voudrait vrai. Le chercheur, même si sa profession l’oblige à une certaine honnêteté intellectuelle et donc à lutter contre cette inclinaison naturelle, ne peut en être exempt.

Mais s’il est évident que ces facteurs peuvent orienter les axes de recherches, la méthode scientifique est justement là pour servir de garde-fou, pour garantir un résultat fiable et se prémunir de la subjectivité. Le chercheur est obligé de se confronter à la réalité avec rigueur. Ainsi l’orientation philosophique des chercheurs pris individuellement a sans doute peu d’impact au final sur la recherche scientifique et il serait abusif d’en déduire un biais sur les résultats.

La communauté scientifique et la pensée unique

Il peut en être tout autre si l’on considère l’orientation philosophique non pas des individus séparément, mais de l’ensemble de la communauté scientifique.

Comme nous le disions la science est une affaire de consensus. Les scientifiques ne travaillent pas seuls. C’est à la communauté scientifique de valider les résultats. Comme il est impossible en pratique de valider rigoureusement l’ensemble des résultats, et puisque l’erreur existe toujours, c’est par l’accumulation de résultats allant dans le même sens et par un système de confiance entre chercheurs rigoureux que se forge le consensus. Ce système permet aux résultats douteux d’être rejetés, parfois à tort et aux résultats de confiance d’être acceptés. La communauté génère ce qu’on pourrait appeler une "pensée unique". En matière de science, c’est un mal nécessaire.
Il est indéniable que la communauté dans son ensemble possède un certain cadre philosophique, à la fois induit par les théories et influent sur les recherches, cadre accepté par tous et dans lequel il est nécessaire d’entrer si l’ont veut appartenir à la communauté. C’est pourquoi les avancées majeures en science sont appelées révolutions : elles remettent tout en cause.

Ainsi les théories précédant le XXe siècle sont teintées de mécanisme et de déterminisme. La vision du monde qui les accompagne ne laisse aucune place au hasard, et seuls les causes et les effets existent. Ceci laisse penser que soit tout est déterminé, soit l’âme humaine est hors du monde. Il a fallu la mécanique quantique pour qu’apparaisse, au moins dans la plupart des interprétations, un véritable hasard, c’est-à-dire un hasard qu’on ne peut réduire à notre ignorance. Il existe certains domaines, comme la parapsychologie, qui semblent considérés par les scientifiques comme ne méritant pas que l’on s’y intéresse, même en y appliquant la méthode scientifique.

Il existe également une vision, très répandue à mon sens chez les scientifiques, selon laquelle la science pourrait tout expliquer et constituerait l’unique façon d’accéder à la connaissance. Dans sa forme extrême, le "scientisme", c’est l’idée qu’à terme la science pourrait remplacer la philosophie, la religion, la métaphysique.

Enfin citons la vision selon laquelle la science est l’outil d’un progrès perpétuel capable de répondre à tous nos besoins et d’améliorer sans cesse notre bien-être. Si elle est effectivement un progrès perpétuel dans le domaine de la connaissance, rien ne prouve qu’elle le soit dans le domaine du bien-être. C’est pourtant une idée répandue et colportée par le marketing dans le domaine des technologies.

La science instrumentalisée

Ceci nous amène à l’idée que la science pourrait être instrumentalisée. Elle pourrait l’être dans son financement, donc l’orientation des recherches, et dans la récupération de ses résultats à d’autres fins.

Notons d’abord que la connaissance n’est pas neutre. La connaissance est un pouvoir en premier lieu sur l’objet que l’on connaît, que l’on maîtrise et, en second lieu, sur ceux qui ne la possèdent pas. C’est pourquoi la science, qui a priori ne s’intéresse qu’à la connaissance en tant que tel, finit toujours par être aussi l’instrument du pouvoir.

Ainsi les recherches scientifiques sont souvent financées par l’armée ou par des entreprises commerciales. La première motivation d’un financement peut être applicative. On cherche à développer certaines technologies. Dans ce cas, il ne s’agit pas d’instrumentaliser la science, mais plutôt de l’utiliser. Ceci a l’inconvénient d’orienter les recherches, éventuellement de les restreindre à ce qui est potentiellement utile. Ca a l’avantage de développer la science et les techniques. Mais paradoxalement c’est quand la recherche est la plus désintéressée qu’elle produit les résultats les plus importants. La physique quantique par exemple, qui est pure théorie, a déterminé l’existence de l’ensemble des technologies numériques d’aujourd’hui.

Mais la science est également utilisée pour servir de caution. Ainsi différentes recherches sont effectuées pour prouver ou nier, c’est selon, la dangerosité des téléphones portables, ou encore celle de différents OGM ou médicaments. Et il existe de multiples manières de s’accommoder de la vérité scientifique : choix de scientifiques « amis  », limitation et orientation des recherches, présentation, reformulation et occultation de résultats. Chaque camp se l’approprie pour obtenir une vérité, celle qui l’arrange, que ce soit économiquement ou politiquement.

Nous pouvons avoir généralement confiance en la plupart des résultats scientifiques, puisque aucun scientifique n’est isolé et que la communauté a pour effet de rejeter les résultats douteux. Toutefois on imagine mal un fabricant de téléphone portable financer une recherche qui prouverait finalement que ses produits sont dangereux... Commercialement parlant, ce serait se tirer une balle dans le pied.

On se souviendra également des plaintes de nombreux scientifiques sur l’ingérence du gouvernement américain dans des résultats portant sur le réchauffement climatique (reformulations et occultations). Plus récemment l’utilisation politique d’un rapport scientifique sur les OGM a fait débat en France.

Les limites de la science

Pour finir, abordons brièvement le sujet des limites de la science comme mode d’accès à la connaissance. Nous évoquions le cadre philosophique de la science. En réalité, les limites de la science se trouvent dans ses fondements même.

Sa première limitation est la complexité du monde. Si nous savons décrire à partir de la théorie le comportement d’une particule, et si cette particule isolée vérifie parfaitement les prédictions, les choses se compliquent vite, et à partir d’à peine quelques atomes les résultats sont déjà impossibles à prédir sans effectuer d’approximations. Mathématiquement, même, aucune solution exacte à un problème donné n’est possible passé un certain nombre de particules. Autant dire que l’on est loin de la description d’un être vivant. A grande échelle, nous ne sommes plus strictement dans de la science exacte. Toutefois ceci n’empêche pas la biologie d’exister, et d’obtenir de nombreux résultats intéressants.

Mais, en réalité, la principale limitation de la science est plus profonde encore, et tient à sa nature même : la science ne s’occupe que du général. Elle ne s’intéresse pas à la singularité de l’expérience. C’est ce qui fait son succès, et c’est aussi sa limite. Ainsi, depuis la physique quantique au XXe siècle, elle admet comme nous le disions l’existence d’un hasard réel, différent de l’ignorance assimilée à un hasard, mais elle ne s’occupe pas pour autant de ce hasard, en ce qu’il constitue une succession de singularités. La science ne peut s’intéresser qu’à ce qui est immuable. Pourtant, le hasard, c’est ce dont est constitué l’ensemble de nos vies, en permanence.

C’est dans cette brèche que s’engouffre Jung avec la théorie de la synchronicité qu’il élabora en collaboration avec le physicien Pauli. L’idée derrière ces concepts est que ce qui fait sens, pour nous en tant qu’être conscient, se trouve justement hors de ce qui est reproductible, c’est-à-dire dans la singularité des événements. En particulier, Jung s’attache à des événements n’ayant aucun lien de cause à effet, mais se produisant simultanément. C’est cette simultanéité qui pour nous est porteuse de sens, mais la science ne l’appréhende pas car pour elle ce n’est que du hasard.

Le théorème de Gödel affirme (et prouve) que dans un système arithmétique il existe des propositions vraies mais indémontrables. On peut imaginer qu’il en soit de même dans la réalité physique du monde, et que certaines vérités restent inaccessibles à toute théorisation.



19 réactions


  • Diego Diego 21 janvier 2008 12:52

    Tres bon article assez objectif et je suis assez d’accord avec la majorité de tes arguments.

    Cependant je rajouterai quelque chose, la science a il me semble une autre limite qui se trouve dans l’experience necessaire a toute avancée. La science ne peut vérifier par l’experience que des phénomènes se déroulant à l’echelle des temps humains et je pense que c’est une des raisons pour laquelle elle fait peur. Comment vérifier l’innocuité de tel ou tel produit sur 100 ans ? La science n’est absoluement pas dangeureuse en soi, c’est le stress lié aux enjeux économiques qu’il y a derriere qui la rend hative et donc potentiellement dangereuse.

    Je pense que la science génere egalement une peur liée à la méconaissance que la majoritée des gens ont d’elle.

    Apres j’avoue que la catastrophe humaine que son exes est en train de générer me fait quelque peu peur.

    Je pense que l’évolution de la science est allée plus vite que l’évolution de la pensée philosophique politique et economique et ce décalage se ressent de plus un plus et que c’est un facteur du mal que connait notre petite planete.

    Je rajouterai enfin que plus la conaissance du monde avance plus nous comprenons que nous sommes en train de faire une grosse connerie.


    • quen_tin 21 janvier 2008 15:46

      Tout a fait d’accord avec ce commentaire.

      Un danger de la récupération de la science est effectivement de ne pas tenir compte des contraintes de la recherche, en particulier le temps nécessaire à l’élaboration de résultats fiables.

      Votre remarque me permet de compléter mon article sur un point que j’aurais du mentionner :

      Dans la pratique on est souvent obligé d’agir politiquement en ayant des résultats scientifiques incomplets ou incertains. Dans ce cas la science peut éclairer le débat mais ne peut faire office de juge et trancher. Il revient à la politique et aux partenaires sociaux de décider des risques que l’on souhaite prendre, mais il est alors abusif de se reposer entièrement sur la science.

      Il me semble que de nos jours, après plusieurs siècles de prises de risques inconsidérés (comme l’introduction du lapin en australie...), il serait de bon ton de revenir à plus de prudence, voire de changer radicalement la relation de l’homme à la nature...

      Il serait d’ailleurs intéressant, pour poursuivre la discussion, de se demander en quelle mesure la science (où la culture ?) introduit-elle un rapport de domination de l’homme sur la nature...


  • Dominique Larchey-Wendling 21 janvier 2008 15:41

    Excellent article qui présente la science comme une activité humaine, ce qu’elle est fondamentalement, et donc soumise comme les autres aux faiblesses, aux lâchetés, à l’aveuglement, à l’arrogance ... bref à tous les défauts des hommes, dont les scientifiques ne sont certainement pas exempts. Une petite critique sur la tendance de l’auteur à focaliser plus sur les sciences "quantitatives" qui le conduissent à affirmer que la mathématisation est un objectif de toutes les sciences, une exagération à mon avis.

    Enfin citons la vision selon laquelle la science est l’outil d’un progrès perpétuel capable de répondre à tous nos besoins et d’améliorer sans cesse notre bien-être. Si elle est effectivement un progrès perpétuel dans le domaine de la connaissance, rien ne prouve qu’elle le soit dans le domaine du bien-être. C’est pourtant une idée répandue et colportée par le marketing dans le domaine des technologies.

    Ca c’est très important et je pense que les scientifiques doivent reprendre le contrôle de l’utilisation que l’on fait du label scientifique. Aujourd’hui, la science a en grande partie remplacé la religion mais elle ne remplit plus un rôle d’émancipation qu’on lui prête à mon avis naïvement mais au contraire de soumission à l’autorité scientifique. La science doit se réapproprier et réaffirmer son objectif qui n’est pas de dire la vérité (ce que font les religions) mais de la rechercher et de sans cesse remettre en cause les "certitudes."

    Par exemple, sans vouloir défendre du tout les "créationnistes," je pense que la posture des scientifiques qui défendent la théorie de l’évolution de Darwin est typique de la dérive scientiste. Cette dernière (Darwin) n’est plus défendue pour ce qu’elle est (une théorie scientifique qui a ses succès et ses limites) mais comme la pierre angulaire sans laquelle la science ne saurait survivre, ce qui est un positionnement absurde et anti-scientifique à mon avis. Il y a là une question de pouvoir et une dérive inquiétante des scientifiques eux-mêmes. Pour être très clair sur ma position par rapport au "créationnisme" que je ne soutiens pas du tout, je pense que les questions qu’ils posent ne sont pas de nature scientifique (sait-on définir ce qui est intelligent et déterminer si un objet ou un être a été fabriqué par une entité intelligente ou est au contraire simplement le fruit du hasard ?) Ces questions ne peuvent être résolues par des méthodes scientifiques et sont hors de son champ.

     


    • quen_tin 21 janvier 2008 16:15

      Sur le darwinisme, j’aurais tendance à dire que la théorie est suffisamment éprouvée par les faits pour pouvoir être admise...

      Généralement on dit qu’une théorie scientifique est vraie dans un référentiel donné, c’est à dire que c’est en explorant les conditions limites qu’on peut en voir les failles, et trouver une nouvelle théorie plus générale qui englobe la première. Mais ceci ne peut pas contredire l’ancienne théorie qui a été maintes et maintes fois validées... En tout cas pas comme le créationisme contredit le darwinisme !


    • Dominique Larchey-Wendling 21 janvier 2008 16:40

      Vous n’avez pas bien compris ce que je voulais dire. Oui la théorie de Darwin permet d’expliquer des phénomènes que l’on peut observer. Cependant, elle n’explique pas tous les phénomènes que l’on peut observer. Mon amie biologiste connait quelques exemples où il parait difficile d’attribuer au hasard (sélection naturelle) certaines adaptations : je crois qu’il y a un exemple où il s’agit de mousses et de poluants au pieds de pylones électriques.

      Bref, les créationnistes disent, comme Darwin n’explique pas tout, c’est que cette théorie est fausse (et en plus justifie leur propre théorie). Ceci montre un incompréhension de la notion de vérité scientifique. Si la théorie de Darwin permet de prédire des observations, elle est une théorie scientifique valide dans un certain domaine. Ce n’est pas pour autant qu’elle est la vérité et qu’elle ne se trompe jamais. Par contre, les théories créationnistes ne peuvent être confrontées à des observations. En ce sens, elles ne sont pas scientifiques. Je trouve dommage que les scientifiques veuillent réfuter ces théories en argumentant que la théorie de Darwin est une vérité absolue : ils présentent alors la science comme une religion dont ils seraient les gardiens. Il serait plus simple de demander aux "créationnistes" d’exprimer leurs théories de manière à ce qu’elles puissent être confrontées à l’observation, à la mesure ou à la prédiction. Ce qui est fondamental dans les sciences expérimentales.


    • quen_tin 21 janvier 2008 16:52

      Ok... Je suis d’accord avec cette façon de voir, autant pour moi

      En même temps l’enervement des scientifiques face au créationisme est compréhensible, surtout quand ceux-ci arrivent à faire modifier des livres scolaires de science pour ce qui finalement tiens uniquement de la croyance religieuse ! Donc je comprends que ça provoque des réactions un peu excessives...

       

       


    • quen_tin 21 janvier 2008 16:01

      Tu veux dire que l’homme n’est pas libre ?


  • Dominique Larchey-Wendling 21 janvier 2008 16:40

    Vous n’avez pas bien compris ce que je voulais dire. Oui la théorie de Darwin permet d’expliquer des phénomènes que l’on peut observer. Cependant, elle n’explique pas tous les phénomènes que l’on peut observer. Mon amie biologiste connait quelques exemples où il parait difficile d’attribuer au hasard (sélection naturelle) certaines adaptations : je crois qu’il y a un exemple où il s’agit de mousses et de poluants au pieds de pylones électriques.

    Bref, les créationnistes disent, comme Darwin n’explique pas tout, c’est que cette théorie est fausse (et en plus justifie leur propre théorie). Ceci montre un incompréhension de la notion de vérité scientifique. Si la théorie de Darwin permet de prédire des observations, elle est une théorie scientifique valide dans un certain domaine. Ce n’est pas pour autant qu’elle est la vérité et qu’elle ne se trompe jamais. Par contre, les théories créationnistes ne peuvent être confrontées à des observations. En ce sens, elles ne sont pas scientifiques. Je trouve dommage que les scientifiques veuillent réfuter ces théories en argumentant que la théorie de Darwin est une vérité absolue : ils présentent alors la science comme une religion dont ils seraient les gardiens. Il serait plus simple de demander aux "créationnistes" d’exprimer leurs théories de manière à ce qu’elles puissent être confrontées à l’observation, à la mesure ou à la prédiction. Ce qui est fondamental dans les sciences expérimentales.

     


  • Marsupilami Marsupilami 21 janvier 2008 18:32

    @ L’auteur

    Bon article, dont le titre m’a rappelé Tout ce que vous devez savoir sur la science de Harry Collins et Trevor Pinch (Ed. Points-Sciences). Un très bon et très drôle bouquin où ils comparent la science... à un monstre ! Ou plus exactement à un golem, une créature artificielle imaginaire, faite d’argile avec une forme humaine, qu’on retrouve dans les légendes juives d’Europe orientale, et dont le nom signifie soit « masse informe » ou « embryon ». L’une de ses caractéristiques était de ne cesser de grandir et de s’autonomiser jusqu’à échapper à ses créateurs : « la science ne ressemble ni à un preux chevalier ni à un monstre sans pitié. Qu’est-elle alors ? La science est un golem (...) il est maladroit et dangereux. Si ses maîtres ne le surveillent pas, il risque de les détruire par maladresse dans le déchaînement de sa force ».

    Dans les légendes yiddish, pour insuffler la vie au golem, ses créateurs inscrivaient sur son front le mot « vérité » ; poursuivant leur comparaison avec la science, les deux auteurs remarquent que « c’est la vérité qui le met en mouvement. Mais cela ne signifie pas que le golem connaisse celle-ci - tant s’en faut ».

    Enfin, les auteurs remarquent que dans la plupart des cas la science ne remet en questions ses modèles que lorsqu’elle y est obligée : « Si, en certaines circonstances, les hommes de science peuvent penser l’impensable, qu’est-ce qui les empêche de le faire la plupart du temps ? Si la réponse ne se trouve pas dans une Nature récalcitrante, il ne reste que la culture scientifique. Si la science fonctionne comme elle le fait, ce n’est pas tant en raison de contraintes impérieuses imposées par la nature, mais parce que nous l’avons faite ainsi ».

    Un excellent petit bouquin dont je recommande la lecture !


  • janequin 21 janvier 2008 19:38

    Excellent article qui me rejoint dans ma quête epistémologique.

    Je voudrais compléter en indiquant qu’il me semble qu’un des plus grands ennemis de la quête de la vérité, que tout scientifique doit soutenir, est la spécialisation.

    Je me rends compte, par exemple, que mon domaine, la chimie organique, n’est perçue par les scientifiques des autres branches, et en particulier par les biologistes, que comme un outil permettant de synthétiser des molécules à l’infini - ce que nous savons certes très bien faire - mais ne comprennent pas que la chimie peut les éclairer dans la compréhension des mécanismes intimes de la vie. Ils ne se basent que sur l’expérience macroscopique qu’ils mettent au point, et ne se posent pas la question de savoir si leur interprétation est en accord avec la chimie la plus élémentaire.

    Il suffit de voir avec quelle lenteur la découverte de l’intervention du monoxyde d’azote dans la vie cellulaire a été intégrée aux études biologiques, alors que la connaissance de son rôle devrait ouvrir des horizons infinis à la connaissance.

    Certes, il s’agit-là de recherche fondamentale, mais qui risque d’ébranler les structures mises en place pour exploiter les données expérimentales déjà acquises, et dont les intérêts financiers ne peuvent permettre la remise en question.

    Et pourtant, un scientifique qui se respecte devrait être capable de remettre en permanence en question ses propres connaissances.

    Enfin, pour terminer, il me semble que nos connaissances sont encore si fragmentaires, qu’espérer les appliquer sans accroc relève du mythe. Mias au moins, lorsqu’il y a un accroc - et il y en a beaucoup - que les scientifiques et les hommes poltiques responsables sachent en tirer immédiatement les conséquences et ne tergiversent pas pour les raisons financières déjà citées.

     


  • Aspiral Aspiral 22 janvier 2008 09:28

    Cela fait près de 15 ans que je m’attache dans mes publications et sur mon site à distinguer science et mythe scientifique. Mais le complexe de Colomb, issu du mythe scientifique, bloque toute possiblité de confrontation des ex-pères en tout qui pullullent, prolifèrent et sont manipulés parfois plus ou moins naïvement par les pouvoirs, et poluent la pensée et surtout dédruisent la créativité de la population, complexée à longueur de temps par le "c’est plus complexe que cela" de leur toute puissance.


  • stephanemot stephanemot 22 janvier 2008 12:07

    Sous couvert de défendre la science, ce papier laisse planer quelques doutes.

    Les limites de la science sont totalement assumées par les scientifiques, et il y a bien longtemps que la science n’a plus la prétention de vouloir apporter réponse à tout, et surtout qu’elle n’a plus la moindre prétention dans des domaines étrangers à la science (ex philosophie). 

    Soutenir le contraire ou évoquer une "orientation philosophique des chercheurs", c’est quelque part faire le jeu des néo-créationnistes qui tentent de recréer artificiellement les faux débats du XIXe siècle (en agitant les caricatures créationistes et scientistes) et d’entretenir la confusion et le mélange des genres (ex science, philosophie, métaphysique, religion...).


    • quen_tin 22 janvier 2008 13:41

      Merci de préciser que les scientifiques connaissent et assument les limites de la science. J’avoue que j’aurai du préciser ce point.

      Toutefois je soutiens que la recherche scientifique se fait au sein d’un cadre, ce qui a pour effet de rejeter comme douteux tout ce qui n’entre pas dans ce cadre, parfois à tort. D’après moi les scientifiques n’ont pas forcément conscience de l’existence de ce cadre philosophique et croient souvent à tort à l’objectivité de leurs points de vus. Une certaine forme de "scientisme" adouci me parait ainsi très répendue.

      Je ne défend pas la science sur ce point, je pense que c’est un frein à son développement. C’est ce que je souhaitez dire dans l’article et ça ne me parait pas ambigu.

       

       


    • stephanemot stephanemot 23 janvier 2008 08:30

      pas ambigü en effet : votre propos fait clairement le lit des théories néo-créationnistes.


    • quen_tin 23 janvier 2008 10:51

      Arretez de crier au loup dès qu’on ose critiquer la science, ce n’est pas un sanctuaire quand même ! Je parle juste d’un système communautaire qui a ses avantages et ses inconvénients... (et qui aurait tendance à refuser la critique ?)

      Je dis pas qu’il faut inventer des théories farfelues quand la vérité choque nos croyances ! Et quand je dis qu’on a tous tendance à croire vrai ce qu’on souhaiterait vrai, remarquez que ça s’applique en premier lieu aux créationnistes qui n’ont même pas l’honeteté intellectuelle d’essayer d’être objectifs.

      Je persiste juste à dire que la communauté scientifique génère une forme de "pensée unique", et ça ne veut pas dire que j’appuie tous ceux qui s’y opposent pour des raisons non scientifiques !


    • quen_tin 26 janvier 2008 11:16

      J’ai pris en compte ces crtiques ainsi que les autres remarques dans une mise à jour de l’article :

      http://ungraindesable.blogspot.com/2008/01/la-science-nest-pas-un-monstre.html

       


  • Tzecoatl Tzecoatl 22 janvier 2008 18:30

    Excellent article, surtout la conclusion sur le théorème de Gödel, à péter de rire


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