Le sacre du vivant, essai post-darwinien sur l’essence de la vie et son évolution
C’est fait, mon livre sur le vivant et l’évolution est enfin disponible dans les bonnes ou moins bonnes librairies, sans doute rangé sur un coin d’étagère assez loin du livre de Valérie Trierweiler. Cet essai propose une philosophie de la nature (vivante) construite avec les données scientifiques récentes. Il tente d’expliquer ce qu’est la vie dans ses grandes lignes, en refusant la facilité des solutions mécanistes et darwinistes tout en faisant une sorte d’éloge de l’évolution. Une suite est prévue mais par pour demain. (Par une étrange coïncidence, le livre est sorti le jour même où j’ai achevé un essai dont le titre définitif devrait être : « Après Newton et Einstein, la cosmonadologie quantique ». Les résultats acquis en étudiant la physique théorique confirment les idées esquissées dans cet essai sur le vivant. Aurais-je quelques coups d’avance ? ). Bien évidemment je ne vais pas faire de commentaires sur « Le sacre du vivant », laissant lecteurs et reviewers se forger un avis critique. Tout au plus vais-je reproduire quelques extraits de la préface rédigée par Hervé Barreau, DR honoraire au CNRS et membre de l’académie internationale de philosophie des sciences.
« Le livre que Bernard Dugué livre au public est remarquable à plus d’un titre. D’abord il se présente comme « post-darwinien ». Il ne faut pas entendre seulement cette expression, me semble-t-il, comme signalant un ouvrage qui paraît après l’œuvre très influente de Darwin, ce qui est une évidence. L’analogie avec le qualificatif de « post-moderne », revendiqué par certains philosophes, me semble plus pertinente. Dans un cas comme dans l’autre, il convient de se référer à ce que Nietzsche désignait comme la « généalogie » des doctrines. C’est parce qu’on connaît bien une doctrine, qu’on l’a même reçue comme un enseignement de base, qu’on en détecte facilement les limites, et son inadéquation à recouvrir les découvertes qui l’ont suivie. Certes le darwinisme exprime bien la sanction du jeu de la vie, quand ce jeu n’a pas pris suffisamment en compte l’environnement où il se déroule, et qui ne permet pas n’importe quoi. La sélection naturelle désigne les vainqueurs du jeu de la vie, mais n’explique pas leur victoire. Il faut chercher ailleurs le secret de cette victoire. C’est parce que la vie est dotée d’une capacité évolutive qu’elle est capable de réagir aux défis que ne cesse de lui poser le milieu qui l’entoure. »
« Le deuxième intérêt de ce livre est qu’il ne se contente pas de manifester ce constat d’une évolution de la vie, si apparente dans la cladogenèse comme dans l’embryogenèse, malgré les différences de l’une à l’autre. Il l’attribue à « l’essence de la vie », dont il tente de décrire les prérogatives et d’où il peut justifier son titre « le sacre du vivant ». Pourquoi arrive-t-il à certains vivants de détenir une sorte d’empire, aujourd’hui contesté, parce qu’il s’est révélé avec l’homme trop arbitraire et inconscient, sur les choses matérielles ? Parce que la vie est un pouvoir de technique visant des finalités et de cognition, sachant reconnaître les moyens de ces finalités et la valeur même de la connaissance. Ce pouvoir est présent déjà chez les unicellulaires, comme le montre l’auteur, qui se plait à décrire ces comportements du vivant, dont la compréhension échappe aux mécanismes qui sont l’objet de la science biologique. Il ne s’agit pas de mettre en cause les immenses résultats qu’a obtenus la science, en s’attachant à expliquer par des lois, des régularités, ou des modèles, non à comprendre par des intentions et des finalités. Mais il s’agit de restaurer une philosophie de la nature, dont la tâche est de faire ce que la science, précisément, s’interdit de faire, de peur de tomber dans un anthropomorphisme naïf et stérile. »
« Qu’il y ait quelque chose de métaphysique à la racine de tout être vivant n’a rien non plus qui devrait nous étonner. C’est d’ailleurs ce qu’ont pensé, avant l’auteur, les grands initiateurs de la philosophie de la nature que furent Aristote et Bergson. Le troisième intérêt de son livre, c’est que l’auteur ne craint pas d’en faire mention, et précisément à ce titre. Il a très bien vu qu’Aristote, par le vif sentiment qu’il avait de l’originalité des phénomènes vivants, est le fondateur de la biologie. (…) Ce qui éloigne le plus Aristote de notre conception moderne de la vie, c’est son refus de l’évolution des espèces, dont l’auteur fait, au contraire, une capacité essentielle du vivant. Par là il peut écrire que son étude peut être « mise à côté de L’évolution créatrice de Bergson ». Les citations qu’il donne de l’œuvre magistrale de Bergson, au chapitre II de son livre, sont d’ailleurs bien choisies et témoignent du refus que, dès 1907, Bergson opposa au darwinisme. Dans le sillage de Bergson, l’auteur fait mention de Lucien Cuénot, à qui il doit, sans doute, d’avoir mis l’accent sur les capacités techniques du vivant. Il mentionne également, dans la ligne anti-darwinienne, à côté de la critique de Simon Conway, l’étude intéressante du biologiste allemand Josef Reichholf, L’émancipation de la vie (1993), à laquelle le regretté Albert Jacquard accorda une préface qui ne semble pas avoir eu l’effet escompté. »
« En conclusion, on se reportera aux propres conclusions de l’auteur en son chapitre VII qui propose « quelques conjectures sur une révolution copernicienne en science de l’évolution ». La révolution copernicienne consiste à expliquer non la vie par l’évolution, ce que tente de faire le darwinisme, mais l’évolution par la vie, ce que propose l’auteur. Il ne prétend pas avoir rempli un tel programme, mais du moins en avoir fait ressortir le caractère plausible, dont doit se contenter l’essai philosophique en général : « Le plus grand mystère reste celui des origines de la vie. La sélection naturelle ne peut expliquer l’apparition de la vie car la vie précède la sélection. Avant que le jeu ne se déroule, il faut qu’il y ait des êtres individués, capables de se répliquer à l’identique. Le mystère de la vie et de son évolution résiste à l’entendement. Hasard disent la plupart des scientifiques. Mais si l’on admet de prendre en compte comme donné ontologique la substance double, technique et cognitive, voire les deux substances, technique et cognitive, alors le mystère n’est pas levé mais il est partiellement dévoilé. Par ailleurs, cette hypothèse de technicité et cognition fonctionne avec d’autres hypothèses, celle d’une intention émergente, évolutive, et celle d’une finalité, elle aussi évolutive, selon la nature de l’espèce considérée ». C’est au lecteur d’apprécier la consistance de ces vues théoriques et leur pertinence face à l’état de la science biologique de notre époque. J’espère l’avoir aidé à saisir et cette consistance et cette pertinence, telles qu’elles me sont apparues à une lecture attentive. Ce qui n’empêche pas d’attendre de l’auteur, qui sait si bien se mouvoir dans les champs difficiles de la philosophie, des éclaircissements encore plus poussés sur sa philosophie de la nature. » (Hervé Barreau)
Le sacre du vivant, aux éditions Le temps présent (oct. 2014)
JMG éditions. Email : contact ((at)) jmgeditions.fr
http://www.decitre.fr/livres/le-sacre-du-vivant-9782351851821.html