mardi 29 juillet 2008 - par Francis Pisani

Lignes à haut débit : le retard américain

broadbandsortof.1217260679.jpg Aux États-Unis, à peine 20 % des connexions peuvent être considérées comme lignes à haut débit (plus de 5 Mbps). Corée du Sud, Japon et Hong Kong en sont à 64 %, 48 % et 35 % respectivement. Avec un débit moyen de 1,9 Mbps, les Etats-Unis occupent la 24e place mondiale.

Au sein de l’OCDE, ils sont passés de la 12e à la 15e place (sur 30) au cours de l’année 2007. Ils étaient 4e en 2001.

A cela s’ajoute l’impact des disparités sociales. Un tiers des foyers gagnant moins de 50 000 dollars par an est équipé. La proportion est d’un quart pour ceux qui reçoivent moins de 20 000 dollars. Elle a baissé de 3 % en un an.

Élément non négligeable, les chiffres officiels trompent et donc empêchent de voir la réalité. Ils considèrent qu’une ligne est à haut débit quand elle permet un téléchargement à 250 kbps.

Les fournisseurs d’accès aggravent encore la situation avec des pratiques peu orthodoxes, voire illégales. Comcast, une des plus grosses boîtes, s’est fait épingler par la Commission fédérale des communications parce qu’elle limitait le débit des usagers les plus actifs (ceux qui s’en servent pour les échanges de pair à pair). C’est plus fréquent qu’on ne croit.

Et les contrats donnent peu de marge aux utilisateurs puisqu’ils promettent des débits “allant jusqu’à” (up to) xxx bps. C’est un peu comme si un vendeur de voiture s’engageait à livrer “une Ferrari, une Volvo ou, peut-être, une Volkswagen” proteste l’analyste Mark Anderson dans sa newsletter Strategic News Service. Un scandale doublé d’un vrai problème pour qui considère, comme lui, qu’il s’agit d’un des principaux rouages (enabler dans le texte original) économiques de notre époque.

Tout ceci contribue à expliquer le lancement récent, avec le soutien de Google, d’une nouvelle association baptisée Internet for Everyone qui se préoccupe de la généralisation des lignes à haut débit. C’est à cette occasion que Robin Chase, patron de Zipcar, une société de partage de voitures, a déclaré : “Elles ne sont peut-être pas aussi basiques que l’eau, mais elles sont aussi basiques que l’eau chaude.”

Jolie formule… non ?

[Photo Flickr de Paul Nicholson ]



12 réactions


  • Vilain petit canard Vilain petit canard 29 juillet 2008 14:27

    Ah tiens, je croyais que les USA étaient à la pointe du progrès économique, technique et social ? Ils auraient donc des retards ?



  • pdeoliveira 29 juillet 2008 15:34

    En tout cas voilà qui relativise fortement les affirmations selon lesquelles le "haut débit pour tous" ferait de la France une nation de pointe sur Internet ...


  • Deneb Deneb 29 juillet 2008 15:53

    Le rêve américain est en train de tourner en cauchemar. Google va-t-il sauver les USA ? Rien n’est moins sûr. Google reste une boite commerciale, malgré leur relative generosité et leur esprit visionnaire. Quelque chose me dit que le salut ne viendra cette fois-ci pas du coté des capitaux.


  • Stéfan Stéfan 29 juillet 2008 16:15

    "Et les contrats donnent peu de marge aux utilisateurs puisqu’ils promettent des débits “allant jusqu’à” (up to) xxx bps."

    > ça c’est pareil chez nous. Tous les abonnements ADSL grand public sont des accès "jusqu’à X Mbit/s".

    Voilà, sinon de manière générale, en matière de haut débit il faut effectivement regarder ailleurs qu’aux Etats-Unis si on cherche des pays en avance. L’Asie (surtout le Japon et la Corée du sud) a pris de l’avance, certains pays d’Europe (plutôt nordiques) sont en train d’en prendre.


  • visiteur 29 juillet 2008 18:19

    Un élément à prendre en compte, la superficie du pays.
    Il est plus facile pour des pays de taille relativement  réduite d’avoir un maillage serré.

    En Europe on doit probablement retrouver le même phénomène.




  • Forest Ent Forest Ent 29 juillet 2008 18:21

    Amalgame. Contrairement à la France, les US sont massivement équipés de câble coaxial. Celui-ci permet des débits tout à fait respectables. Après, il y a l’investissement ou pas des opérateurs dans des équipements de raccordement et routage performants.

    De plus, à quoi sert une liaison haut débit ? Moins de 5Mb/s, ça permet quand même de regarder de la vidéo HD en léger différé. La volonté d’équipement en très haut débit ne correspond pas à un besoin des clients, mais des opérateurs pour tenter enfin de fourguer en streaming de la VOD qui ne se vend pas.

    Quand au regard désintéressé de Google sur le réseau ... smiley


  • visiteur 29 juillet 2008 18:26

    Un paramètre à prendre en compte, la taille du pays et la densité de la population.
    Il est plus facile pour un pays à forte densité  d’offrir un maillage adsl serré.

    En europe on doit probablement retrouver des différences de ce genre.


  • philx21 29 juillet 2008 21:55

    quid du retard français ?? j’habite à 20 km de paris et c’est à peine si je suis éligible à une ligne adsl (avec des débits pourris, pas suffisante pour recevoir la télé, à peine pour le téléphone. qui ne me rend pas éligible au télétravail, me fait donc consommer moult énergives fossiles pour aller bosser


  • artam 30 juillet 2008 10:30

     La priorités des USA, n’est-elle pas de faire la guerre d’abord et avant tout ?

    Bonne journée


  • enzoM enzoM 30 juillet 2008 11:00

    C’est la course à l’échalote, , ...   Que des pays comme le Japon soient à la pointe n’a vraiment rien d’étonnant.  D’autre part et quand aux hamburgers, je crois qu’ils commençent à regarder leur portefeuille, et sont bien trop "occupés" à faire leurs guerres contre des ennemis imaginaires.


  • Fred 30 juillet 2008 11:11

    C’est sur que quand le pays est aussi grand que toute l’Europe il est plus dur de le couvrir d’un réseau efficace. Si l’average Joe décide de vivre dans le milieu de l’Arkansa il a effectivement des chances de ne pas avoir une ligne ADSL rapide. Après je suis d’accord avec Forest, ça sert à quoi une ligne 28 Mbps mis à part télécharger des films plus rapidement et donc d’être dans l’illégalité ?


Réagir