mercredi 21 novembre 2007 - par Francis Pisani

Livre 2.0 : débat et passions

amazonkindle2.1195540311.jpgAnnoncé dans ce ce billet, le Kindle d’Amazon arrive. J’en ai commandé un. Je dois l’avoir dans la journée. Je vous raconterai. Il s’agit d’un “bouquineur” (terme suggéré par Constance Krebs) toujours connecté au réseau et capable de garder 200 ouvrages en mémoire.

Concernant l’objet lui-même, on sait maintenant que l’écran fait un poil plus de 15 cm, qu’il vient avec une adresse courriel qui permet de recevoir des documents et donc de les lire sur l’appareil (mais les formats acceptés sont encore très peu nombreux), que les livres sont téléchargés en une minute environ, qu’on peut faire des recherches dans les textes emmagasinés autant que sur le net et surtout que le premier chapitre de presque tous les livres disponibles est gratuit.

Pour ceux qui veulent plus de détails de gens qui l’ont déjà essayé, je conseille ce billet de BoingBoing et celui-ci de PaidContent dont j’apprécie la conclusion : “Le discours de Bezos [patron d’Amazon] a enthousiasmé l’audience. Le problème est le fossé qui sépare la description de l’appareil lui-même”, écrit Joseph Weisenthal avant de terminer sur ces mots : “Avec quelques améliorations à l’écran et un système de navigation plus intuitif, il pourrait devenir un produit attirant, même à ce prix” [400 dollars].

Mais, comme on pouvait l’imaginer, le lancement de ce nouvel appareil électronique suscite des discussions passionnées sur le futur du livre.

Dans le Newsweek de cette semaine (c’est l’article de couverture) Steven Levy met en avant les avantages du livre connecté, des textes reliés les uns aux autres, du livre comme processus plus que comme produit, etc. Il cite plusieurs des sources ? dont Kevin Kelly - que j’avais utilisées l’an dernier dans une série de papiers sur le même sujet (voir ces billets : un, deux, trois, quatre, cinq).

Avec son mordant habituel, Nicholas Carr remarque pour sa part que Jeff Bezos de dit rien de ces délires futuristes (que Carr semble mépriser) et donne une idée très classique de son amour pour les livres quand il écrit à propos du lancement de Kindle :

“J’adore me poser sur un fauteuil confortable pour une longue lecture. A mesure que je me relaxe sur le fauteuil je me détends également dans les mots, les histoires et les idées de l’auteur. Le livre physique est un objet si élégant qu’il s’estompe à l’arrière-plan. Le papier, la colle, l’encre et les coutures qui font le livre disparaissent et ce qui reste est l’univers de l’auteur.”

Pour Carr, il ne fait aucun doute que Kevin Kelly se trompe quand il écrit que la grande vertu du Kindle est qu’il est toujours connecté et que c’est “la capacité d’interagir, manipuler, donner forme, couper, sélectionner, annoté et mixer qui feront que les livres resteront importants.” Carr affirme au contraire que c’est “le respect pour l’auteur individuel, le lecteur individuel et la sainteté du livre comme un container (récipient) fermé” qui préservera l’importance du livre.

Je dois confesser que dans ma motivation d’achat il y a la recherche d’un plaisir très comparable à celui invoqué par Bezos, mais aussi la désir de voir émerger de nouveaux modes de lecture, de nouvelles formes de littérature.

La force extraordinaire du livre tient largement au fait qu’il a été raffiné, fignolé, amélioré pendant plus de cinq siècles. Je trouve merveilleux d’être là au moment où nous avons l’opportunité de le réinventer. Ce n’est pas tous les jours ?



22 réactions


  • morice morice 21 novembre 2007 11:01

    Vous jetez l’argent par les fenêtres, Mr Pisani. Vous ne pourrez le faire comnuniquer ici d’ailleurs.


  • Totor 21 novembre 2007 11:25

    « ....surtout que le premier chapitre de presque tous les livres disponibles est gratuit..... »

    Et le coût de l’abonnement pour les autres chapitres ?

    Je suppose que vous trouverez normal de payer le prix d’un abonnement mensuel à une bibliothèque pour télécharger un livre...

    .. l’étape suivante c’est d’applaudir quant on brûle les livres parce que c’est ringard et rétrograde de ne pas être connecté ...

    Encore un gadget pour gogo technophile

    400$ ça représente quoi dans le budget d’un des gréviste actuel qui a des enfants ? smiley


  • morice morice 21 novembre 2007 11:38

    Un chewing gum, ça se colle à des pages e-book ?


  • kirinyaga 21 novembre 2007 11:38

    Voici une comparaison des livres électroniques existants :

    http://wiki.mobileread.com/wiki/E-book_Reader_Matrix

    Le kindle d’Amazon n’est pas forcément le plus intéressant selon vos besoins ou envies, à vous de voir.

    Un atout de ces appareils par rapport au livre, c’est qu’on a pas besoin de se tourner d’un côté sur l’autre en passant d’une page paire à une impaire quand on lit allongé ;) Ceux ayant des problèmes visuels apprécieront aussi de pouvoir changer la taille des fontes. Les voyageurs, enfin, seront soulagés d’un grand poids puisque cent livres ou un seul pèsent ici le même poids. Une note d’importance, quand même : l’écran n’est pas du LCD, c’est du papier électronique (il n’est pas éclairé de l’intérieur et ne réfléchit pas non plus la lumière par l’arrière comme les LCDs transflectifs, on a la même sensation qu’en lisant du papier imprimé).

    Je ne suis pas convaincu de l’intérêt de la connexion permanente : quelle supériorité aurait alors l’objet sur un portable connecté à internet ? Quelle différence entre ces « textes reliés les uns aux autres » et le web ?


  • thirqual 21 novembre 2007 11:40

    Marrant j’arrive très bien à lire des bouquins numérisés sur mon vieux (aha) PDA de recup’. Avec une petite carte mémoire, et hop 1 Go de données permet de défoncer allègrement et à répétition ce chiffre ridicule de 200 ouvrages, qui ne représente même pas ce qu’on arrive à stocker sur des murs de chambre d’étudiant.


    • kirinyaga 21 novembre 2007 11:55

      Lire sur un écran émettant de la lumière est très inconfortable, et en tous cas est très loin derrière un support réflectif diffusant comme le papier imprimé pour le confort de lecture. C’est la spécificité même de ces appareils, la raison pour laquelle on les construit et la cause de leur coût élevé : leur écran n’est pas une dalle LCD mais du papier électronique, fabriqué en tout et pour tout par deux usines dans le monde.

      La taille de l’écran n’est pas non plus à négliger. C’est le principal reproche à faire aux ebooks d’ailleurs : seuls des écrans 6« sont disponibles, l’unique 8 », l’Iliad, est hors de prix.


  • boumboum 21 novembre 2007 11:47

    Il a un deisgn annee 80 et ne peut pas lire les pdf apparemment...

    On peut prendre des note sur l’ecran ? smiley


  • 21 novembre 2007 11:48

    @thirqual : je crois que ce qui est le plus essentiel n’est pas la capacité de stockage (même si c’est évidemment important) mais le confort de lecture (ie l’écran). Parce qu’avant que je lise Anna Karénine sur un PDA...


  • morice morice 21 novembre 2007 11:53

    Et bien bon voyage, Mr West le technophile : si vous l’achetez, vous ne pourrez vous brancher sur internet qu’aux Etats-Unis, le système retenu par le bouzin étant prioritaire et utilisant un procédé qui n’existe pas en France !!! « Se connecter n’importe où » avec ça, elle est bien bonne !

    Un peu de sources, ça fait toujours du bien (extrait) : « Concrètement, l’appareil (qui n’est pour l’instant disponible que sur le marché américain) est connecté en permanence au réseau haut-débit mobile de l’opérateur américain Sprint (norme EV-DO, utilisée en Amérique du Nord). Pour l’utilisateur, c’est un peu comme s’il laissait son téléphone mobile dernier cri connecté en permanence à Internet ». Donc ici, bernique !

    http://www.01net.com/editorial/364876/kindle-le-livre-electronique-sans-fil-d-amazon/

    J’en veux un, il dit..


  • morice morice 21 novembre 2007 12:05

    Ce n’est pas vous qui vous plaigniez, il ya quelque temps, d’être « pisté » sur vos posts divers, Mr West ???

    Ça va vous revenir cher si vous devez payer un billet d’avion pour chaque fois que vous voulez télécharger un bouquin en anglais à 19 dollars, Mr West. L’art fait vivre, mais à ce point, vous m’épatez sérieusement (ouarf !)


  • morice morice 21 novembre 2007 13:45

    J’en conclus : pas de réponse, le gars y savait pas ce qu’il allait avoir exactement pour 400 dollars. On dit merci, quand quelqu’un vous évite de dépenser inutilement. Enfin, quand on est bien élevé et...poli.


  • biztoback 21 novembre 2007 16:14

    Petit plus de ce gadget : il est gentil avec les arbres smiley


    • kirinyaga 21 novembre 2007 17:04

      tu veux dire qu’on va pouvoir construire de beaux parkings à la place de ces satanées forêts d’arbres à papier qu’on est obligé de faire pousser pour faire des livres ? Pas trop tôt !


    • biztoback 21 novembre 2007 17:12

      Heu... Une forêt à papier n’a rien a voir avec une forêt. Mais alors rien à voir du tout.


  • adeline 21 novembre 2007 19:58

    Vous oubliez l’attraction du livre réel imprimé en vrai papier qui sent bon l’imprimerie et permet des annotations la ebook ce n’est pas gagné du tout... bon courage aux vendeurs.


  • la vilaine 21 novembre 2007 22:19

    Ah la la... Me voilà contrariée par cette nouveauté... Découvrez donc cher auteur de ce billet, le bonheur de flâner dans une librairie, l’échange avec ce commerçant passionné, la sensualité de toucher du bout des doigts les piles de livres, le frottement de la paume sur une couverture, le doux petit vent parfumé qui s’échappe des pages feuilletées, le plaisir de mirer une bibliothèque remplie des ouvrages qui nous ont fait frémir. Prennez un verre de vin, lovez-vous dans votre plus confortable fauteuil, et goûtez ces menus plaisirs que jamais ne remplacera cette drôle de machine.

    (Et puis accessoirement, ça fait rudement mal aux yeux de lire sur un écran...)


  • Asp Explorer Asp Explorer 21 novembre 2007 23:20

    Ouais... le livre électronique, c’est comme le visiophone qu’on nous promet dans 10 ans depuis les années 30 (si si, les Allemands avaient un démonstrateur), mais que personne n’utilise parce que ça ne sert à rien.


  • morice morice 21 novembre 2007 23:47

    Bien dit Explorer : c’est du même tonneau, à part qu’on a Xavier Darcos qui est le seul sur cette planète à en acheter autant d’un coup..En prenant le pire modèle. Pire modèle que le Kindle ça existe, si si... Mais plus moche c’est impossible !! Jamais vu pareille horreur. http://tinleyharrier.blogspot.com/2007/11/kindle-worst-idea-ever.html la « pire idée jamais imaginée ». http://www.mobileread.com/forums/showthread.php?t=16274 extrait : So as I said, Amazon might just be the worst thing that can happen to e-books. The Kindle looks like a great device, so I hope I’m wrong. Let’s give Amazon a chance to show us the future they are trying to shape. I really, really hope I’m wrong. But the early signs so far are ominous for the general public. E-book fans, hang on to your wallet... you might find it hemorrhaging content loss.


  • manusan 22 novembre 2007 05:12

    si l’ebook est au point, les maisons d’éditions vont commencer à trembler au même titre que les majors du disque. Ces nouvelles feuilles électroniques ont fait couler beaucoup d’encres, attendons de voir les réactions du marché. En tout cas, la révolution numérique du livre se fera dans moins de 10 ans.


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