lundi 1er novembre 2010 - par Fabio

Ma vie en « 2.0 »

Petit guide à l’usage des dépassés dont je fais partie.

Etes-vous High-Tech ? Non il ne s’agit pas d’une insulte, même si parfois ça pourrait y ressembler. Etre High-Tech, c’est être « In », être « tendance », « dans le Move ».

Vous aussi vous vous sentez un peu perdu dans le grand monde fantastique du Web ? Vous souriez gentiment en soirée en inclinant légèrement la tète lorsque les personnes autour de vous commencent à parler de la différence entre web 1.0, web 2.0 et web 3.0 ou à compter leurs nombres d’amis respectifs ? Si c’est le cas, ces signes ne trompent pas, vous êtes un paumé. Mais pas de panique, cela se soigne très bien et nous allons pouvoir y remédier rapidement.

Tour de revue de ce qu’il faut savoir, faire et dire sur le web aujourd’hui pour être « connected ».

Pour commencer, comme vous le savez peut-être, de nos jours on n’écrit plus. Ecrire c’est ringard, démodé. Jetez vos stylos, dorénavant, on « post ». Tout le monde a quelque chose à dire, moi le premier. Résultat : 133 millions de blogs sur Internet à fin 2008, et 900,000 nouveaux posts de blog par jour, soit plus de 10 à la seconde ! Mais ou est passé mon cahier Clairefontaine à spirales et mon papier à lettre ?

Un point de divergence lors d’une soirée arrosée ? Une date à vérifier ? Mais rangez donc cette encyclopédie que je vous vois sortir de la bibliothèque du salon. Voyons, un peu de retenue tout de même, on ne cherche plus en feuilletant avec respect les pages jaunies par le temps, maintenant, direction internet, ou l’on « google » ou « wiki ». Wikipedia, l’encyclopédie en ligne, c’est 290 millions de pages vues par jour, et chaque jour, sur le seul moteur de recherche de Google, ce sont plus de 200 millions de requêtes qui sont faites.

Au bureau, je me souviens encore de cette époque ou l’on papotait devant le fax, en attendant que la feuille sur laquelle on avait griffonné quelques lignes succinctes et précises passe dans la machine. Chacun des numéros du destinataire était rentré séparément. Il fallait attendre le lendemain, sinon le jour d’après pour entendre crisser le fax qui débitait sa page avec les quelques mots de en guise de réponse. Aujourd’hui on « email », sans trop hésiter à mettre la terre entière en copie… Sur 7 milliards d’habitants, seul 1 personne sur 4 dispose d’un accès internet, soit « seulement » 1,7 milliards d’utilisateurs pour…210 milliards d’emails envoyés par jour en 2008. Conclusion : si vous envoyez moins de 123 emails par jour ou si vous envoyez un email à moins de 123 personnes par jour, vous êtes un petit joueur ! Mais pas d’inquiétude, cela s’apprend assez vite, la règle de base étant pour chaque email de mettre en copie en moyenne 10 personnes ou de "répondre à tous". Vous verrez finalement ca va assez vite. Et ne pensez pas que lorsque vous répondez à tous dans un email il faut avoir un contenu intéressant, un simple « Lol » suffit. Pour ceux qui n’ont pas assisté au cours de rattrapage des formules à employer sur le net, « Lol » veut dire que vous vous gaussez, que vous êtes hilare, bref que l’email vous a plu et qu’il vous a mis dans un état émotionnel positif. Mais un simple « Merci » pour les plus timides peut également suffire.

Ca y est, vous avez définitivement rangé vos crayons de couleurs et mis au feu encyclopédies, cartes routières, dictionnaires et autres objets inutiles ? Bien, on peut donc continuer.

Tout d’abord il va vous falloir créer un compte Facebook. Très utile pour avoir « des amis ». Ceux qui ne sont pas sur Facebook n’ont pas d’amis, c’est une règle de base. Aujourd’hui, on s’échange des amis sur Facebook comme petit on échangeait des images Panini. On collectionne, on s’échange les doubles. On s’invite, veux-tu être mon ami, voulez vous accepter la demande d’ami, l’ami de votre ami voudrait rentrer en contact avec vous pour être votre ami… bref avoir des amis sur le net est un must.
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Facebook va vite devenir très important dans votre vie. Tout d’abord, une fois que l’on a des amis (qui ne sont pas forcement de vrai amis – Note de la rédaction), on peut « Ecrire sur leur mur ». Il s’agit en fait de leur laisser des messages qui soient visibles par tout le monde. Vous noterez ici la terminologie très adolescente employée dans ce cas. Adulte branché, vous ne « faites plus le mur », mais vous « écrivez sur le mur ». Nuance importante car signe de reconnaissance tribale capitale de l’adulte émancipé.
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Sur Facebook, on met son humeur du moment ou ce que l’on est en train de faire en changeant son statut : « Veronica is cooking noodles being in a bad mood »…Avant de changer d’humeur ou avant de faire quelque chose d’autre, n’oubliez pas de changer votre statut. Ceci est très important afin que vos amis puissent en profiter. Votre vie peut alors être vécue par procuration. Moments tendres avec votre compagne, problèmes digestifs, soirée à la maison avec de « faux amis », ou même le fil à la minute de vos vacances peuvent de ce fait être avantageusement suivis par vos amis en temps réel. Vous verrez, cela ne demande qu’un peu de pratique et ensuite cela se fait très bien. C’est un peu contraignant au début, mais après on s’y fait et cela ne diminue votre temps disponible dans la vie réelle que de 10 a 15%. Pas de quoi en faire un drame. Pour ceux qui pensent ici qu’il peut s’agir d’intrusion ou de voyeurisme, merci de me contacter, il faudra vraiment vous faire repasser les modules de base en cours du soir.
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Facebook sert aussi à commenter des photos ou bien à mettre à disposition de tout le monde (ou presque) celles de ses amis (les patrons et collègues adorent vous voir en string léopard complètement bourré). On « tchatte » pour ne rien dire. On partage des détails dont tout le monde se fout. Mais on partage, et ça c’est bien. C’est une valeur judéo-chrétienne Ca fait partie du patrimoine. Et comme disait Karl Marx, aimez vous les uns les autres et partagez…
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Une fois le compte Facebook créé, parlez en autour de vous pour faire savoir que vous etes sur Facebook. Très important de montrer son appartenance au groupe et de profiter de toutes sorties sociales pour recruter de nouveaux amis. Les plus « riches » en amis pourront également profiter des sorties entre copains (les faux – ceux de la vraie vie) pour claironner leur nombre d’amis. Moi j’ai 147 amis, et toi ? Ceux qui ont un travail pourront également avantageusement profiter des réseaux professionnels, du style de Viadeo ou LinkedIn. C’est la même chose, mais ici le jeu est de collectionner les contacts professionnels. Tu sais que j’ai dans mon réseau Jérôme Kerviel ? M’en fous, moi j’ai Madoff !

Bon maintenant vous avez votre blog, vous sortez votre iphone pendant les dîners pour consulter Wikipedia et vous avez 282 amis sur Facebook et 803 contacts professionnels ? C’est bien. Nous n’en sommes qu’à la moitié, mais c’est bien.

Maintenant il faut passer à la vitesse supérieure. Car Blog et Facebook c’est déjà dépassé. Maintenant il faut « Twitter » [à prononcer tou-i-tté]. Le principe est de s’inscrire sur le site pour suivre en temps réel ce que les autres (les « Twitterers ») disent (on dit alors que l’on est un « follower », bref un suiveur – mais pas un looser – hein, faudrait pas tout confondre). Ben oui, c’est technique je vous avais prévenu, et le vocabulaire va avec…

Donc le grand principe est de choisir qui on veut lire. Pas ce que l’on veut lire. Non, maintenant on ne choisit plus son contenu, on choisit son émetteur… C’est le nouveau concept. Et on écrit soi-même pour être lu. Un concours de popularité ? Bon, c’est sur qu’avec en moyenne 70 personnes « suivies », ça fait de la lecture pour un bon bout de temps….

Chaque fois que quelqu’un écrit quelque chose, on est donc alerté, et puisque l’on n’a pas assez de choses à lire, il suffit alors de cliquer pour se ruer avec avidité sur ce qui vient d’être dit. Et c’est sur qu’il doit y avoir du bon a lire, puisque tout le monde parle et commente l’actualité… (à lire le bref article de l’Express.fr d’aujourd’hui « L’insolent hommage de Twitter à Michaël Jackson » sur les réactions sur Twitter à la mort de Michael Jackson – terrifiant : http://www.lexpress.fr/culture/musique/l-insolent-hommage-de-twitter-a-michael-jackson_770403.html).

Ca y est, vous avez votre compte Twitter vous aussi ? Alors vous etes paré pour le grand saut dans le nouveau monde. Félicitations, vous aussi avez réussi à faire parti de ce monde parallèle. Mais vous n’arrivez pas à avoir assez de personnes qui suivent vos élucubrations matinales ? Pas de panique ! Qu’a cela ne tienne… achetez des « followers » ! Sur la toile, tout est possible ! Pour 100 dollars vous aurez le droit à 100 « followers ». De quoi bien débuter ! http://www.twitboost.com/
 

Pour finir, voici deux très bons articles sur le sujet pour ceux que ça intéresse :


- Le premier article, en anglais, est un article de "The Economist" du 26 février 2009, intitulé "Primates on Facebook"

http://www.economist.com/sciencetechnology/displayStory.cfm?story_id=13176775. Dans cet article il est suggéré que notre ordinateur interne ne pourrait supporter qu’au maximum 4 amis pour les hommes et 6 amis pour les femmes. Au delà de la démonstration que les femmes doivent décidément être supérieures aux hommes, cet article semble donc indiquer que sur les 120 amis en moyenne « détenus » par un membre de Facebook, 124 amis ne seraient pas vraiment des amis ? Non, la vraiment je suis sceptique… Finalement 120 amis ça fait tout juste un ami tous les 3 jours… La limite se situerait à 150 « amis », la limite cognitive théorique du nombre de personnes avec lesquelles il est possible (pas humain mais possible au sens primate du terme) de maintenir une relation sociale stable. Encore faut-il s’entendre sur la définition de l’amitié…
 
- Le deuxième article est une étude de "Digital Inspiration" http://www.labnol.org/internet/twitter-follower-count-and-user-clicks/8078/ sur Twitter dont les résultats sont repris par le site Pingwy qui conclut « Digital Inspiration vient de publier une brève étude sur la corrélation entre le nombre de clics sur les URLs publiées sur la page Twitter de blogs américains influents. Les résultats sont surprenants. Il apparaît clairement que la majorité des « followers » d’un twitterer ne lisent pas ses messages (moins de 2% de clicks). La question se pose donc de savoir à quoi servent les followers. Car s’ils ne lisent pas les messages des twitterers qu’ils suivent, à quoi cela rime t’il d’avoir une gigantesque traîne de curieux panurgiques derrière soi ? Et réciproquement, à quoi cela sert il d’être le follower d’une personne dont on ne lit pas les tweets. A l’évidence à se donner de l’importance, du crédit. Mais en aucun cas à établir des relations sociales, ne serait-ce qu’au sens électronique du terme. »

- Les statistiques du Web dont disponibles ici : http://www.seoland.fr/statistiques-web-2008/



5 réactions


  • Kalki Kalki 1er novembre 2010 11:37

    La société est composé d’individu diffèrents ? le monde est complexe, l’identité est complexe ?

    Vous avez peur ?

    bienvenu dans l’abondance

    hxxp ://fr.wikipedia.org/wiki/Économie_de_l’abondance


  • Radix Radix 1er novembre 2010 12:54

    Bonjour

    Article amusant et bien écrit !

    N’ayant pas de compte Facebook, ni de blog et ne twitant pas je suis donc complètement « paumé » ?

    Si j’ajoute que je n’ai même pas de téléphone portable, je dois dangereusement me rapprocher de l’homme de Cro Magnon !

    Radix


  • easy easy 1er novembre 2010 21:59

    Sympa ce papier !


  • Hieronymus Hieronymus 1er novembre 2010 22:54

    bon article, distrayant et au ton juste, on sent « le vecu »


  • missionaryman missionaryman 2 novembre 2010 16:58

    Très bon article, j’en fais une copie !
    Je suis fana d’informatique depuis toujours, de jeux videos, de nouvelles technos, mais je n’ai pas de compte facebook, pas de twitter...
    Comme vous dites, parler pour ne rien dire...
    En fait, le web a un côté clair et un côté obscur, à chacun de choisir son camp...


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