vendredi 14 avril 2006 - par Francis Pisani

MySpace, mes potes, mon identité

MySpace fascine et fait peur à la fois. Très prisé par les adolescents américains, c’est le second site le plus visité du monde (après Yahoo, avant Google et MSN), un rêve pour les milieux d’affaire. Il doit son succès à la liberté avec laquelle les jeunes s’expriment ; et c’est ça qui fait peur ? A d’autres.

Milymitada Animé au départ par des passionnés de musique indépendante de Los Angeles, MySpace a aujourd’hui plus de 67 millions de comptes, et a reçu 35 millions de visiteurs, qui ont vu 22 milliards de pages en février. En ce moment, il gagne 250 000 nouveaux inscrits chaque jour. L’usager moyen regarde 500 pages par mois et 37 pages par visites. C’est énorme. Rupert Murdoch, le magnat des médias, l’a bien vu, et a acheté le site pour 580 millions de dollars en juillet 2005. Depuis, ses revenus publicitaires doublent tous les six mois.

C’est un peu comme SkyBlog, en très différent, et en beaucoup plus grand... si j’ose dire.

Les jeunes Américains tendent à s’identifier très tôt avec MySpace. Fixé au départ à 18 ans, l’âge limite est passé à 16 ans, puis à 14.

La technologie n’a rien d’exceptionnel. C’est ce qu’on en fait qui est différent, et la liberté avec laquelle on peut s’en servir qui attire.

La première chose que fait une adolescente en arrivant sur MySpace, c’est de créer un "profil" dont elle se sert pour faire part à la communauté de ses goûts, de ses envies, des musiciens qu’elle adore, des livres qu’elle a lus, des autres usagers de MySpace qu’elle connaît (avec des liens renvoyant à leurs pages). Clips, vidéos, musique et photos rendent le tout sympa, ou cool pour être plus précis.

"Les profils sont des corps digitaux (numériques), des étalages publics d’identité," écrit Danah Boyd (danah.org), anthropologue et doctorante à l’Université de Berkeley, qui se spécialise dans la recherche sur les communautés de jeunes on-line.

"Une des questions les plus importantes pour les adolescents est de projeter une image cool", m’a-t-elle expliqué par téléphone. "MySpace leur permet de mettre en mots leur propre identité grâce à ces pages incroyables et, ce faisant, ça leur donne l’opportunité de se mettre en images et d’obtenir des réactions." Ils se dessinent virtuellement par petites touches, et ajustent, en fonction des réactions de leurs copains.

Il en résulte le plus souvent une atmosphère spéciale, qu’on ne peut sentir qu’en visitant les pages en question, avec leurs collages, sur fond le plus souvent sombre, de photos, clips, vidéos, images et textes pas toujours faciles à lire. ¨Ça ressemble à une chambre d’ado", suggère Danah Boyd, une forme plus traditionnelle de production (ou de recherche) d’identité.

A suivre ?



10 réactions


  • moechofe (---.---.110.230) 14 avril 2006 11:32

    et donc, pourquoi ça fait peur ?


  • Marsupilami (---.---.32.185) 14 avril 2006 12:28

    Ouaf !

    C’est mégatop cool !

    Houba houba !


    • Antoine (---.---.165.29) 14 avril 2006 15:40

      Hé Batman à la longue queue on dit « Ouaaarrffff » et c’est top méga cool....faut pas confondre.... smiley (juste pour rire)

      Comme je suis content de ne plus me gratter à cause de l’acnée juvénile et des boursouflures dues aux poussées des flux et humeurs glandulaires...Je dirai :« Vive la Vraie Vie »


  • Antoine (---.---.165.29) 14 avril 2006 15:49

    C’est vrai que ceux là ne sont pas encore prêts pour aller en Irak et heureux qu’ils aient échappé à la Guerre du Vietnam....en attendant ils se cherchent, espèrons qu’ils se trouvent avant qu’on trouve a leur place.


  • l1dit (---.---.54.30) 14 avril 2006 18:20

    j’attends la suite...


  • nantor (---.---.131.113) 14 avril 2006 21:54

    Quand on est ado on a besoin de tribus.

    On était pareil, non ?

    J’entends encore les « pfff » de mes parents quand j’écoutais les Stones, Led Zep et les Doors ... alors qu’aujourd’hui c’est la classe.

    « Time are changing, Bob » (réplique culte d’un film culte à voir et à revoir.

    Vive les d’jeuns qui deviendront des vieux qui étaient jeunes avant d’être vieux.


  • Yaarg (---.---.106.231) 14 avril 2006 23:13

    Que les jeunes cherchent leur identité et qu’ils s’identifie à une communauté « tendance », cela n’a rien de nouveau et comme dit le commentaire précédent de « nantor », effectivement cet engouement n’est qu’une énième répétition de la construction de la personnalité.

    Bref, rien à dire sur les motivations des usagers.

    Ce qui me désole et m’inquiète, c’est que derrière MySpace il y a en fait une énorme machine à faire du fric et rien que pour ça, ça ne me donne absolument pas envie d’y aller. Encore un piège à cons.


  • DavidSD (---.---.35.254) 15 avril 2006 00:16

    Habitant aux Etats-Unis et ayant moi meme une page sur MySpace, quelques commentaires...Le succes est en grande partie du premierement au fait que les pages peuvent etre modifiees assez facilement, avec du HTML, meme les neophites trouveront des sites pour generer le html automatiquement. Seconde raison, le site est entierement gratuit...et la publicite se limite a un bandeau en haut de page, c’est tout, pas de pop ups...le createur ne cesse de repeter que le site restera gratuit, alors « une machine a faire du fric » ? gratuit pour les utilisateurs, il est normal que les createurs gagnent leurs vies...Les paranoiaques pourront toutefois craindre l’acces aise a des donnees en masse sur les invididus...


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