mardi 25 octobre 2005 - par Fred Cavazza

Ne confondez plus internet mobile et internet en situation de mobilité

Les services mobiles ont de nouveau la cote. Mais si, même le patron de Google avoue que l’avenir est dans les services mobiles. Cependant, d’autres (dont votre serviteur) restent dubitatifs. En fait, l’explication à cette divergence d’opinion vient de l’ambiguïté entre la notion de service mobile (ceux destinés à des terminaux mobiles) et de services en situation de mobilité (ceux que vous utilisez mais en dehors de votre lieu habituel de consultation).

Après avoir défini ce qu’on attend des services - mobiles et en situation de mobilité, nous essaierons de voir en quoi la donne a changé, et ce vers quoi nous nous dirigeons.

Internet mobile = WAP

Oui, je sais, le WAP, ça fait ringard, et ça laisse un goût d’inachevé. Pour faire simple, nous dirons que les infrastructures n’étaient pas prêtes (débits trop faibles) et les terminaux, trop limités (manque de puissance).

Et pourtant, nous parlons ici d’une version dégradée de l’internet, avec des choix technologiques adaptés aux contraintes des infrastructures et des terminaux. Avec un oeil critique, les premiers pas du WAP ressemblaient plus à du Minitel mobile qu’à de l’internet mobile.

Le WAP est mort, vive l’XHTML !

Aujourd’hui, les infrastructures ont fortement évolué (voir à ce sujet mon précédent billet sur la 3G) et les terminaux sont de plus en plus puissants (compatibilité Java et navigateur XHTML sont maintenant des caractéristiques standards).

Même si, techniquement, il est possible de consulter un site web sur un téléphone portable ou un PDA (à condition qu’il soit codé en XHMTL"propre’’), l’affichage sur un petit écran est plus qu’inconfortable.

Internet en situation de mobilité = WiFi

Si vous n’êtes pas sur votre lieu de consultation habituel (au travail ou à la maison) vous pouvez également vous connecter à l’aide d’une connexion sans fil Wifi. Il est bien ici question de mobilité par contre, l’internet auquel vous vous connectez est le même.

Les services dont vous allez avoir besoin sont en revanche complètement différents (cartographie, itinéraire, réservation d’hôtel...) Le plus intéressant dans tout cela, c’est que tous ces services peuvent être localisés à l’aide d’un principe de triangulation (à condition que vous donniez votre autorisation bien sûr).

Est-ce la fin de l’internet mobile ?

Oui, probablement. Avec la généralisation des points d’accès WiFi, les cartes 3G data et l’arrivée sur le marché de technologies comme 802.11a ou WiMax, le mythe du réseau pervasif (c’est-à-dire une connexion permanente) est en passe de devenir une réalité.

Dans ce contexte, proposer deux versions d’un même service / contenu (une en HTML et une en WML) semble être un non-sens. La clé réside dans la mise à disposition de services modulaires qui peuvent être exploités à la fois par des téléphones ou PDA et par des ordinateurs portables.

Le terminal : le facteur limitant

Vous l’aurez bien compris, le problème n’est plus technique, mais pratique : avez-vous déjà essayé de consulter une carte sur un écran de téléphone portable, ou de saisir une adresse de départ et d’arrivée ? C’est à s’arracher les cheveux, et vous aurez plus vite fait de demander votre chemin.

Même s’il y a des freins économiques à la diffusion de terminaux nomades avec des périphériques d’affichage et de saisie confortables (c’est que ça coûte cher, un iBook 17), je mise sur les géants de l’électronique (Sony, Samsung...) pour mettre sur le marché des solutions viables techniquement, économiquement et ergonomiquement. La PSP est un bon début, le projet d’ordinateur à 100 $ du MIT en est un autre.

Conclusion :

L’internet mobile n’a jamais réellement eu l’occasion de décoller en France comme ça a été le cas en Asie. Au rythme où vont les innovations, je parie que la téléphonie 3G n’aura pas non plus le temps de percer : d’ici à ce que les offres et terminaux rejoignent des niveaux de prix décents, les grandes agglomérations seront déjà bien quadrillées en points d’accès sans fil.

La clé de la mobilité réside dans la capacité d’un service ou d’un site à s’adapter à une situation de mobilité, c’est-à-dire à être simple et efficace quand il faut l’être. Un peu à l’image des services Yahoo ! disponibles en version normale ou allégée.




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