vendredi 24 avril 2009 - par Charles Bwele

Oracle rachète Sun, IBM frissone


Presque au nez et à la barbe de Big Blue, c’est finalement Oracle qui a acquis Sun Microsystems.

Purs produits de la Silicon Valley, Lawrence J. Ellison et Scott G. McNealy, respectivement PDG d’Oracle et chairman de Sun, travaillent ensemble depuis une vingtaine d’années, ont remarquablement su adapter leurs compagnies au boom Internet des années 1990-2000 et éprouvent tous deux quelque malin plaisir à détester IBM et Microsoft. Leur longue et solide relation a probablement été pour quelque chose dans le refus de l’offre d’achat proposée seulement quelques jours plus tôt par IBM au conseil d’administration de Sun.

Comme IBM, Oracle a été alléchée par des joyaux de la couronne tels que la technologie Java, les systèmes d’exploitation Solaris et OpenSolaris, la base de données MySQL, la suite bureautique Open Office, les applications Software-as-a-Service, les processeurs Sparc et les immenses opportunités inhérentes aux trois milliards de dollars investis annuellement par Sun en recherche & développement (cf. Pourquoi IBM convoite Sun). L’inéluctable question des réductions d’effectifs n’a encore fait l’objet d’aucune déclaration officielle par Sun ou par Oracle mais l’entreprise rachetée pourrait supprimer jusqu’à 13 000 postes.

La piètre profitabilité de Sun avait incité Oracle à s’allier depuis plusieurs années à HP et à Dell dans le développement de solutions « from database to disk ». Désormais, la firme de Redwood City contrôle plusieurs technologies clés hautement convergentes et compatibles, d’autant plus populaires du fait d’un modèle peu ou prou open source (OpenSolaris, MySQL, OpenOffice, etc) d’abord prodigué par Sun. Dès lors, elle consolide drastiquement sa position face à HP, à Cisco Systems, à SAP, à EMC et à IBM dans les solutions informatiques (SGBD, réseaux, serveurs, outils collaboratifs, applications de gestion et de finance, etc) pour moyennes et grandes structures... Qui ne se plaindront certainement pas de l’imminente compétition conséquente sur les tarifs et sur les prestations.

D’ores et déjà, la majeure partie des databases d’Oracle tourne sur Solaris et sa suite intergicielle Middleware Fusion repose sur Java, une technologie certes vieille de plus de quinze ans mais omniprésente dans les serveurs d’applications et dans les terminaux mobiles (téléphones, smartphones et PDAphones), deux marchés juteux renouvelant leurs modèles tous les 12 ou 18 mois. En outre, les grandes entreprises affectionnent ce langage car, contrairement au C++, il supporte aisément des délais d’éxécution très longs (des semaines jusqu’à plusieurs mois) sans redémarrage nécéssaire.

NB : Tout porte à croire que l’application Java Enterprise System s’effacera au profit de Weblogic made in Oracle depuis le rachat de BEA Systems en 2008.

La firme de Redwood City tuera-t-elle ou privatisera-t-elle le modèle open source de MySQL et de Open Solaris – pour ne citer que ceux-ci - en concurrence directe avec son business ? Directeur de la division technologies serveurs d’Oracle, Ken Jacobs a annoncé lors de la toute récente conférence annuelle MySQL que la fameuse base de données conservera son statut, idem pour OpenSolaris. Les prolifiques communautés en ligne consacrées à ces deux technologies sauront contourner et outrepasser cette appropriation, de plus, une telle démarche profiterait immédiatement à ses rivaux. Quand on veut se tailler une part de lion entre la base de données et le disque dur, mieux vaut ne pas ignorer l’open source. Depuis peu, IBM procède à des manoeuvres tactiques avec la société EnterpriseDB afin de faciliter les migrations entre MySQL/PL d’Oracle et Postgres/DB2. Il y aurait également de l’open source dans l’air, Big Blue en dira certainement plus dans les semaines à venir.

Enfin, si les directions de Sun passent pour des colombes dans le milieu techno, leurs homologues d’Oracle font plutôt figure de faucons. Malgré la pérénnité des technologies open source MySQL et OpenSolaris en son sein, la firme de Redwood City n’a encore rien révélé sur sa future politique tarifaire vers le monde professionnel. Sans pour autant plonger illico presto dans Postgres et dans Ubuntu, les DSI devraient néanmoins jeter un oeil aux précieuses recommandations générales du blogzine CTO Vision. En effet, Lawrence J. Ellison est souvent surnommé « l’Impitoyable Ming » par la presse informatique anglo-saxonne...

En savoir plus :

  1. New York Times : In Sun, Oracle Sees a Software Gem

  2. Fast Company : Oracle Spends $7.4 Billion to Buy Sun, Now Rivals IBM

  3. Le Monde : Oracle rachète Sun Microsystems pour plus de 7 milliards de dollars

  4. CTO Vision : What does the Oracle-Sun news mean for enterprise CTOs

  5. The Register : IBM picks open-source in Oracle database fight

  6. Électrosphère  : Pourquoi IBM convoite Sun



19 réactions


  • Céphale Céphale 24 avril 2009 10:54

    La fusion de Sun Microsystems avec Oracle est une bonne nouvelle. Les deux entreprises sont complémentaires.

    Je me souviens qu’elles ont souffert des coups tordus de Microsoft.


    • morice morice 26 avril 2009 10:57

      La fusion de Sun Microsystems avec Oracle est une bonne nouvelle. Les deux entreprises sont complémentaires.

      c’est une très mauvaise : oracle comme le dit Charles va faire payer... Java. Et là ce sera grave.

  • Jiache 24 avril 2009 11:55

    Beaucoup d’approximations dans votre article.

    */ MySQL n’est pas réellement open-source.
    */ Sans remettre en cause la qualité des produits, open-solaris ou solaris n’interressent plus grand monde, comme les unix propriétaires en général. Contrairement aux idées reçues, Linux a fait plus de mal à tous les unix propriétaires qu’à windows
    */ L’idée pour Oracle était d’avoir un système maison sans avoir de concurents. Le linux « by oracle » existe déjà. Ce rachat est un moyen de dégommer solaris.

    Ceci dit, vous avez raison sur un point : la bataille fait rage dans le monde SGBD / Unix / Java / middleware et personne ne sait aujourd’hui qui s’en sortira indemne. Oracle a l’avantage d’avoir un budget illimité (cf Louis Vuitton Cup).


    • Charles Bwele Charles Bwele 24 avril 2009 12:03

      @ Jiache

      J’ai bien mentionné (sans trop entrer dans les détails histoire que l’article ne soit pas trop gavant) dans le 3ème paragraphe :« du fait d’un modèle peu ou prou open source (OpenSolaris, MySQL, OpenOffice)... »

      Cordialement


  • non666 non666 24 avril 2009 12:29

    L’Histoire de l’informatique est fort drole, pourvu qu’on ait un peu d’humour.

    Dans les années 80, les groupes des moins competents s’alliat pour contrer IBM, le geant qui savait tout faire et avait rien de moins que 80% des brevets et innovation dans l’informatique.

    Attaquant sur le plan legal, les « deuxieme division » firent interdire par les autorutrés US a IBM le droit d’etre present dans tous les secteurs du marché. Mainframe, moyen systeme et micro etait en effet dominé tous les 3 par big blue...
    C’etait l’epoque ou Bill gates, allié avec IBM saluait OS/2 comme la revolution de la micro-informatique. Il faut dire qu’IBM avait repris les sources de DOS , puis ayant compris que cette merde etait incapable d’evolution, avait choisit de redevelopper un veritable OS qui « hebergeait » le DOS... L’engagement de partager les sources du produit avec les première version de NT et le proces sur la position dominante d’IBM ont offert a microsoft un « vrai » OS a vendre sous son seul nom....

    Le groupe des loosers avait inbventé les concepts de « nouvelles technologies », de « systeme open » pour masquer leur incapacité a assurer tous les niveaux, comme seul IBM savait le faire.

    « Avec nous vous aurez la liberté, la democratie et pas le system sovietique de IBM ou vous n’avez pas de choix » criaient les camelots de sun, oracle, microsoft et autres vautours !
    Mais dès que ces systemes se sont imposés, dès u’ils se sont mis a prendre un peu de parts de marché, ils ont fait comme IBM : verrouilage de tout sans se soucier , au contraire d’IBM des notions comme l’interoperaébilité....

    vous pouvez essayer de faire de l’Oracle Applications sans la base de donnée Oracle et les outils de developpement oracle, mais c’est tres, tres dur !
    Bref, l’air de rien, ils re-inventent le concept qu’ils decriaient tous il y a 20 ans de generaliste.

    Microsft vends desormais des OS, des bases de données et tous ses outils bureautiques en vente « forcées » avec son os de bureau.
    Oracle rachete SUN et fait des progiciels....

    Les plus mauvais ont disparus les autres se reconcentrent.
    La qualité et le soucis du client ont juste disparus entre temps.


     


    • Jiache 24 avril 2009 14:12

      Je nuancerai néanmoins en citant IBM comme un des plus gros contributeur du noyau linux (LVM notamment). Il ne faut pas non plus oublier que microsoft s’en est sorti parce qu’IBM a ouvert l’architecture PC et parce qu’OS2 était très cher par rapport aux OS microsoft.


    • L'enfoiré L’enfoiré 24 avril 2009 18:16

      Non666,
       L’histroire, je l’ai appelé la « Grande Gaufre ». Tout à fait d’accord avec vos propos.
       


    • morice morice 26 avril 2009 10:58

      C’etait l’epoque ou Bill gates, allié avec IBM saluait OS/2 comme la revolution de la micro-informatique. Il faut dire qu’IBM avait repris les sources de DOS , puis ayant compris que cette merde etait incapable d’evolution, avait choisit de redevelopper un veritable OS qui « hebergeait » le DOS... L’engagement de partager les sources du produit avec les première version de NT et le proces sur la position dominante d’IBM ont offert a microsoft un « vrai » OS a vendre sous son seul nom.. 


      OS/2 était de loin supérieur à Windows en effet !

  • Login 24 avril 2009 12:41

     Je crois que vous ratez l’essentiel. Demandez aux employes de SUn Microsystems s’ils sont contents du rachat par Oracle.... 


    • Traroth Traroth 24 avril 2009 15:44

      Je suis persuadé qu’ils préfèrent être rachetés par Oracle que par IBM, qui aurait viré à peu près tout le monde...


  • pendragon 24 avril 2009 13:56

    Acheter et vendre sont les deux actions les plus banalisées, comme lire et écrire à notre époque.


  • Michael Jordan Manson (MJM) Michael Jordan Manson (MJM) 24 avril 2009 15:07

    Un très bon texte technique informatique ! Ca me donne envie de travailler tiens... s’il n’y avait pas tous les problèmes politiques annexes qui vous coulent un projet applicatif en deux jours pour des conneries à 2 balles... pfff


  • Login 24 avril 2009 16:01

     Comme ancien de Sun et pour connaitre IBM et Oracle... j’emets la un avis personnel.
     J’aurais tendance à penser qu’Oracle ne gardera pas 1 employé sur 3. 


    • plancherDesVaches 24 avril 2009 16:50

      Bof...
      Un employé est là pour se faire jeter, non ?

      Concernant le Libre, là, il semble qu’il intéresse au plus haut point les requins de la finance. Et ça, autant on peut se passer des requins, autant, tuer le Libre est tuer, une fois de plus, l’humanité.


    • zelectron zelectron 24 avril 2009 16:54

      @Login
      Si IBM avait emporté le morceau ça aurait été pareil et peut-être pire...


    • L'enfoiré L’enfoiré 24 avril 2009 18:13

      @Login,

       Tout à fait d’accord. Tout est délocalisé en Inde. J’en sais quelque chose. Oracle Finantial a été mon outil pendant 10 ans. 


  • L'enfoiré L’enfoiré 24 avril 2009 18:11

    @L’auteur,

    « Fusion repose sur Java, une technologie certes vieille de plus de quinze ans »

    >>> Je crois que là, c’est pas tout à fait vrai. Pure Java et Javascript sont les correspondants de toute l’infrastructure de Microsoft basée sur le Basic pour ce qui concerne les applications Internet. Le développement continuait du côté des classes. L’avantage de ne pas être propriétaire et de pouvoir tourner sur n’importe quelle base en faisait son originalité. Dépèchez-vous à en prendre une copie gratuite. Si Oracle est là, ce ne sera plus gratuit. 


    • Traroth Traroth 24 avril 2009 18:15

      Désolé, votre message est incompréhensible. Ce qui est sûr, c’est que Java et Javascript, ça n’a rien à voir. Le nom Javascript a simplement été choisi par Netscape parce que Java était en plein buzz.

      @L’auteur : vous connaissez beaucoup de technologies informatiques utilisées massivement qui ont moins de 15 ans ? Windows, Linux, Javascript, C, HTML, ça a quel âge ?


  • L'enfoiré L’enfoiré 24 avril 2009 19:46

    Tratoth,

    Incompréhensible ? Je vois que vous n’êtes pas dans la branche. donc, cela devient très vite incompréhensible.
    Java n’a rien à voir avec Sun ? Qu’est ce qu’ils ont à disposition d’après vous ?
    Javascript vient de Netscape ? Netscape est un Explorer qui dominait le marché dans les années 90.et qui s’est fait racheté par ex« AOL » Time Warner). Son support a été arreté début 2008. Javascipt est interprété. 
    Pure Java n’a rien à voir, même si certaines fonctions existent dans les deux. C’est compilé.

    « Java en plein buzz. »
    >>> Amusant. Connaissez vous le nombre d’application en Pure Java ? C’est un beau buzz. 
    Un conseil, étudiez-le, vous aurez une place assurée.
    Mais attention c’est une phylosophie très spéciale et une foule de cours sont nécessaire avant d’être expert.


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