mercredi 22 mars 2006 - par Olivier Bonnet

P2P : une étude contredit les plaintes des labels

La Canadian Record Industry Association (CRIA) a publié la semaine dernière, un peu en catimini, une étude qui sonde les internautes sur le contenu musical de leur disque dur et leurs motivations de non-achat de CD. Ses résultats montrent que le P2P, loin d’être responsable de la crise du disque, fait bien figure de bouc émissaire.

"La baisse des ventes de CD musicaux a peu à voir avec le téléchargement gratuit. Je l’ai maintes fois soutenu, mais plus besoin désormais de me croire sur parole : on le tient des maisons de disques elles-mêmes !" L’homme qui avance cette affirmation n’a rien d’un hurluberlu : le professeur Michael Geist est titulaire de la chaire de recherche en droit d’Internet et du commerce électronique à l’Université d’Ottawa, auteur de rapports gouvernementaux sur l’Internet et la loi, et accessoirement chroniqueur pour les questions de droit de la technologie au Toronto Star.

Dans son blog, sous le titre de "La propre étude de la CRIA contredit ses plaintes contre le peer to peer", Geist a publié le 17 mars une note consacrée au décryptage des 144 pages d’un volumineux rapport, commandité par l’association des labels canadiens, qui sonde les internautes sur le contenu musical de leur disque dur et leurs motivations de non-achat.

Si la CRIA n’a guère accordé de publicité à ses résultats, on peut compter sur le bouillant professeur pour au contraire les médiatiser ! Il observe notamment que les fichiers téléchargés gratuitement ne représentent qu’un tiers du total, contre 36,4 % pour les CD copiés par leurs propriétaires eux-mêmes, que la catégorie qui télécharge le plus, les 13-17 ans, est aussi celle des plus gros acheteurs, avec 11,6 CD en moyenne sur les 6 derniers mois, et que 75 % des téléchargeurs achètent ensuite la même musique ! Le P2P correspond donc bien à une pré-écoute qui favorise l’achat. Quand on interroge enfin les internautes sur la cause de leur baisse de consommation de CD, seuls 10 % mettent en avant la gratuité des fichiers disponibles en P2P. Autres causes citées : prix trop élevé des CD (16 %), manque d’intérêt (14 %) ou de temps (13 %), collection déjà bien garnie (9 %), refus pur et simple d’acheter (7 %) ou écoute de la radio (7 %). Le P2P est donc bien loin d’être le responsable de tous les maux dont souffre une industrie du disque qui ferait mieux de balayer devant sa porte, et qui vient de se tirer une balle dans le pied en faisant adopter en France la loi DAVDSI qui sanctionne d’amendes le téléchargement gratuit.



25 réactions


  • Sam (Paris) (---.---.108.229) 22 mars 2006 11:01

    On le savait déjà mais il n’est pas inutile de le rappeler.

    Merci.

    [Off Topic]

    Ouou Damian, t’es pas encore levé !!!

    Ne nous dit pas que tu est fâché...

    Excusez pour l’aparté.


  • (---.---.162.15) 22 mars 2006 11:23

    Mais on le sait tout cela, le p2p a été mis en exergue de façon très artificielle, ça a été dit et répété. Les hommes politiques ont été manipulés par de gros lobbies et voilà tout, les citoyens n’ont qu’à s’écraser...

    Am.


    • Sam (Paris) (---.---.108.229) 22 mars 2006 11:43

      Voir Freenet...

      Peut être un début de réponse.


    • lulu07 (---.---.37.118) 22 mars 2006 17:36

      Pas manipulés, PAYES (manipulés sous-entendrait contre leur volonté ce qui n’est pas du tout le cas)


    • Olivier Bonnet Olivier Bonnet 22 mars 2006 21:00

      Je pense qu’il est bon de le rappeler, même si cette nouvelle étude ne fait qu’enfoncer le clou. Cerise sur le gâteau, elle émane de l’industrie du disque ! N’est-il pas souhaitable de tenter, une nouvelle fois, de rétablir la balance de la désinformation ?


  • pierrarnard (---.---.180.145) 22 mars 2006 13:41

    Soutenons les majors dans leur lobying et la desinformation :

    Passons trois mois sans acheter ni CD ni DVD en guise de protestation.....

    On verra qui tiendra le plus longtemps !!!!!


    • Olivier Bonnet Olivier Bonnet 22 mars 2006 21:01

      L’arme serait efficace, pour sûr !


    • Anatello (---.---.244.167) 22 mars 2006 21:54

      Très bien ; j’ai déjà commencé, en ne mettant plus les pieds à la FNAC. Quant à l’ITMS, depuis que je me suis rendu compte que je ne pouvais même plus lire des titres après avoir changé d’ordinateur, il n’est plus question que je donne 1 centime à apple. Mais pour que notre initiative « prenne » auprès d’un nombre non négligeable de gens, comment fait-on ?


  • Mathieu Clavel (---.---.69.8) 22 mars 2006 20:34

    Je ne sais pas s’ils ont touchés des pots-de-vin, mais leurs vidéothèques et cdthèques doivent être emplies de cadeaux... Et le ministre de la culture s’est sûrement assuré une bonne place chez un major à la fin de sa carrière politique - fin qui est toute proche - sur le modèle de Schroeder (l’ex chancellier Allemand) qui a une place (recommandée par Poutine !) dans une société de gaz/pétrole Russe.

    Je suis d’accord pour l’appel à la grève des achats, mais pas pour trois mois mais jusqu’à ce que les majors cèdent.

    En bouquinant « Du bon usage de la piraterie » de Florent Latrive, j’ai noté l’exemple des chercheurs qui pour publier des articles : donnaient ces articles aux revues, faisaient la lecture et l’approbation des articles d’autres scientifiques gratuitement, et achetaient la revue trop cher ! Pour éviter cela, aux US, un groupe de chercheurs a monté une revue qui ne fait pas de bénéfice. Je pense qu’il faudrait monter un groupe de distribution dans ce genre. Il vendrait les cd/dvd à prix plus justes (10€ le cd, 15€ le dvd par exemple), distribuerait un pourcentage correct aux artistes (au moins 50%), ne mettrait pas de DRM (économies !! et puis la vision des majors qui pensent que si les gens ne sont pas contraints par l’inexistence d’autres sources, ils n’acheteraient pas ; c’est faux), diffuserait la musique gratuitement pour la copie privée, et fonctionnerait à bénéfice nul (ventes - pourcentage artistes - coûts de production - salaires - etc. = 0). Par contre il faudrait trouver un moyen de contraindre l’entreprise à rester dans ce schéma là, pour ne pas qu’un jour un de ses dirigeants décide de s’en mettre plein les poches.

    Je me souviens d’un cours d’économie où le prof nous a dit : « le but d’une entreprise est de produire des bénéfices ». Sur le coup, je n’ai pas réagis, mais maintenant je sais que c’est une des raisons de la ’pourriture’ de notre société ou l’argent prédomine sur tout. Pour moi au contraire, le but d’une société doit-être de produire des biens et des services. Une société pharmaceutique doit chercher et vendre des médicaments, un groupe de distribution doit distribuer (douh !) et chercher/aider de nouveaux talents, etc.


    • Olivier Bonnet Olivier Bonnet 22 mars 2006 21:03

      « le but d’une entreprise est de produire des bénéfices » ? Il a parfaitement raison, votre prof d’économie. C’est donc bien le système entier qui est en cause.


    • Mathieu Clavel (---.---.69.8) 22 mars 2006 23:21

      Je sais qu’il a raison ’dans notre société actuelle’ où l’argent est maitre. C’est bien ça qui me désole ; j’ai sans doute des idées qui peuvent sembler simplistes, mais je rêve de sortir de ce monde mercantile. Comment peut-on s’y prendre de façon pacifique ?


    • Mathieu (---.---.212.160) 23 mars 2006 11:10

      Oui généré des bénéfices, c’est la base de notre système capitaliste. Aujourd’hui nous subissont en plus les dérives du système, la recherche de bénéfices maximum à court terme et ceci à n’importe quel prix. Et donc les conséquences que cette attitude engendre. Tu peux heureusement sortir de ce système mercantile, il ne tient qu’à toi de faire ce choix. Mais pour changer de système, il faut qu’un grand nombre de personnes décide de faire le même choix que toi, ce qui n’est pas gagné. Comment faire pour sortir de ce système ? Acheter ses livres dans des librairies et non plus à la FNAC ou autres, faire de même pour les disques et ne pas acheter des disques produits par les majors en privilégiant les petits labels. Il existe des labels dont le seul but de la vente de l’album d’un artiste est de lui permettre de pouvoir en sortir un autre (je conseille d’ailleurs la label canadien Constellation Records). Et il y a encore plein d’autres choses à faire : ne plus acheter les produits ménagers soit-disant miraculeux mais utiliser des moyens traditionnels (en plus c’est écologique), faire ses courses au marché du coin plutôt qu’au supermarché, etc...


  • (---.---.4.189) 22 mars 2006 23:17

    ah ah !

    et quand on lit les dernieres declarations du PDG de Apple, en colere, qui déclare que la loi votée en France allait à l’encontre des interets economiques de sa société... on commence à sentir dans quel pétrin nos amis les députés sont allés se mettre, nous mettre....

    enfin, commencons à rigoler !


  • Talion Talion 23 mars 2006 00:55

    Ce qu’il y a de mieux, c’est que loin de réconcilier l’industrie et ses clients, la loi DADVSI risque de transformer une grande majorité de P2Pistes en téléchargeurs revenchards et en ce qu’on appelle des « non-consommateurs absolus » (personnes qui n’achêteront jamais plus).

    Télécharger risque de devenir après la parution de la loi un acte militant au même titre que le partage de DVD copiés et du contenu des disques-durs.

    Cette loi n’a fait rien d’autre que de creuser un fossé entre l’industrie de la culture et ceux qui la nourrissent (en gros, vous et moi...)


  • (---.---.220.140) 23 mars 2006 09:54

    @Mathieu Clavel Il existe un label qui vend de la musique sans DRM et verse 50% aux artistes : Magnatune

    /freeculture.org/riaafree/">Free RIAA est un site (en anglais) qui promeut les CD sans MTP.

    Bertrand Lemaire a créé des logos de RespectPublic.org. Facile à utiliser dans un commentaire pour montrer qu’un CD est MTPisé et donc ne respecte pas le public.


  • Pierre Jean Duvivier (---.---.150.78) 25 mars 2006 09:22

    Trés bon article qui montre encore l’enfumage médiatique sur le P2P.

    Je vous conseille ce guide réalisé par ODEBI à l’origine destiné aux enseignants mais vu que le petit livre rouge du gouvernement, lui, n’avait pas été distribué (encore plusieurs centaines de milliers d’euro qui pourrissent qqpart) :

    http://wwww.odebi.org/telecharger_guide.php


  • L'enfoiré L’enfoiré 25 mars 2006 10:09

    Bonjour, Le P2P n’est qu’une étape dans l’histoire de la « reconnaissance de quelque chose que l’on aime et que l’on veut garder ». En effet, bien avant, existait la radio fière de promotionner les nouvelles chansons poussées en avant par les éditeurs. Qu’en faisions-nous ? On prenait son enregistreur à bande magnétique (un peu plus volumineux qu’aujourd’hui) et on enregistrait. Bien sûr, on se contentait de moins de qualité que maintenant. D’autres étapes intermédaires y ont rémédié. Mais c’était le même processus que j’énonçais plus haut entre quote. Ce qui a augmenté ce sont les « jeunes intéressés » qui en ont fait un « sport » et qui copie tout sans même écouter parce que c’est à la mode dans un esprit complètement différent dans l’espoir de faire du fric avec la vente. Le « sport » a aussi des amateurs de l’autre côté de la rampe et qui recherchent à faire la plus petite « affaire » en dépensant le moins possible. Nous sommes tombé dans le problème du moment : « Avoir tout, tout de suite et en payant le moins possible ». A+


  • jeff (---.---.128.132) 25 mars 2006 13:37

    Cette initiative existe en France pour les artistes indépendants ! reshape-music.com est la première plate-forme équitable, elle instore un rapport direct entre les artistes et les internautes. Un titre s’écoute en entier à la demande, les internautes peuvent ensuite choisir le prix d’achat de la musique pour soutenir les artistes indépendants. Sur reshape-music.com, les artistes touchent 50% sur les ventes et tous les outils leurs sont fournis pour la vente en ligne de leurs maxis et albums. Un modèle qui va à l’encontre de l’époque actuelle...


  • Copas (---.---.35.91) 25 mars 2006 14:02

    L’étude reprise par l’UFC donnait de mêmes pistes en regardant le problème sous un autre angle, d’autres études concluaient à la même chose :

    Le téléchargement libre et sans DRM aidait à l’achat de musique et pas l’inverse.

    La loi votée ne visait qu’au contrôle par les majors de la part de l’industrie du disque (en bisbille d’ailleurs avec Apple ) et à une agression contre la liberté du net, la créativité du net, les richesses du net.

    Ce qui ne signifie pas qu’il faille enfourcher les patins d’Apple qui, là dedans, couine de sa trouille de ne plus avoir le droit de faire des systèmes incompatibles avec les autres.

    Eux recommencent la même bêtise qu’à leur création de leur entreprise : essayer de rendre leur système incompatible afin de maintenir une position dominante et puérile sur un marché, en l’occurence celui de la musique en ligne.

    Je ne m’appitoie pas donc devant leurs gémissements anticipateurs.


    • (---.---.180.158) 25 mars 2006 14:07

      je vous suis tout à fait dans votre raisonnement.

      En ce qui me concerne , c’est ZERO achat de CD.

      In yours faces, Majors and co !!!!


  • Nounours (---.---.185.105) 25 mars 2006 16:14

    Il faudrait avertir tout le public sur la nuance entre les droits d’auteurs et les profits des editeurs musicaux. publiez le prix d’un CD, d’un DVD d’un single et à coté ce que touche chacun. Qunand on verra que c’est l’éditeur musical qui fait le super profit et que le compositeur et l’interprète ne touchent que 0,20€ sur 10€ de vente on remettra les choses au point.


  • JP (---.---.225.231) 6 avril 2006 12:26

    Pour la muzik, le problème est que l’on peut enregistrer en TOUTE LEGALITE et à un débit de OUF ! avec le logiciel stationripper ! Que peuvent ils faire contre ça ? Interdire la radio sur le net ?


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