vendredi 21 juillet 2006 - par Guillaume Champeau

Yahoo pourra-t-il sauver l’industrie du disque ?

Yahoo va-t-il être celui qui parviendra à réconcilier maisons de disques et internautes ? Sans surprise au regard des récentes déclarations de son responsable Music, Yahoo propose de télécharger une chanson de Jessica Simpson pour 1,99 $, sans DRM.

Comme vous le savez, nous avons essayé publiquement depuis longtemps de convaincre les maisons de disques qu’elles devraient vendre des MP3, explique Ian C. Rogers sur le blog de Yahoo Music. Il fait référence surtout au coup de massue lancé cette année par Dave Golberg, le responsable de Yahoo Music, qui avait conseillé dans une conférence sur l’industrie musicale de vendre de la musique sans DRM. Pour la première fois, un cadre important de l’industrie du divertissement (Yahoo est le premier portail musical au monde) brisait le tabou et osait proposer l’improposable. Notre position est simple, résume Rogers, les DRM n’ajoutent aucune valeur pour l’artiste, pour le label (qui vendent de la musique sans DRM tous les jours : le compact disque), ou pour le consommateur ; les seules personnes pour qui cela ajoute de la valeur sont les entreprises technologiques que ça intéresse d’enfermer les consommateurs dans une plate-forme technologique en particulier.

En clair, Yahoo dit aujourd’hui ce que nous répétons sans nous lasser depuis quatre ans sur Ratiatum et ailleurs. Loin d’ajouter de la valeur, le DRM la détruit, et pousse les consommateurs à aller chercher de la musique là où les protections contre l’usage n’existent pas, c’est-à-dire principalement sur les réseaux P2P. Preuve en est, pour une première expérience de vente de musique sans DRM, Yahoo a choisi de fixer le prix de la chanson A Public Affair de Jessica Simpson à 1,99 $. C’est sans doute trop cher, mais cela suppose que la musique avec DRM vaut deux fois moins, ou inversement que la liberté vaut deux fois plus.

Toutefois le prix n’est pas fixé uniquement sur l’absence de DRM. L’internaute peut en effet télécharger une version personnalisée de la chanson, en fonction de son prénom, et cela s’appelle de la valeur ajoutée.

"Les DRM ont un coût", rappelle Yahoo pour expliquer sa position. "Ca coûte très cher à implanter pour des entreprises comme Yahoo. Nous préfèrerions voir nos ingénieurs créer de meilleures recommandations personnalisées, des applications de playlisting, des applications communautaires, etc., plutôt que des systèmes de fourniture complexes qui, à la fin du compte, vous permettent de toute façon de graver un CD et de retirer le DRM". Une leçon de bon sens.

Il est vrai qu’alors que Freddy Mini était encore à la tête de MusicMe, nous lui avions demandé pourquoi le service "To Go" avait tant de retard (le service qui permet un abonnement avec transferts sur baladeur). Il nous affirmait alors qu’il s’agissait essentiellement de complications techniques pour paramétrer les très nombreuses règles que nécessitent les DRM de Microsoft et le reporting auprès des majors. Ce service, qui était annoncé pour février 2006, n’est toujours pas apparu sur le marché français. S’il apparaît à la rentrée, cela fera près d’un an de perdu, simplement à cause des DRM...

Yahoo n’oublie pas non plus d’avertir les majors du danger qui les guette. La plate-forme eMusic est l’une des plus populaires aux Etats-Unis, et elle vend uniquement de la musique sans DRM au format MP3. Les majors Sony BMG, Universal, Warnet et EMI se figent sur leurs positions de principe et refusent de livrer leurs catalogues à eMusic... qui devient quand même de plus en plus populaire et permet aux labels indépendants de profiter de cet avantage stratégique. Jusqu’à ce qu’enfin les leaders de l’industrie comprennent que le DRM apporte davantage de problèmes que de solutions.

Entre décembre et mars 2006, eMusic est passé, selon NPD Group, de 6 % à 12 % de parts de marché aux Etats-Unis, tandis que iTunes et ses DRM perdait sept points, en passant de 68 % à 61 %.



15 réactions


    • Forest Ent Forest Ent 21 juillet 2006 14:36

      Non, ça ne va pas vers l’auto-régulation. Plutôt vers une disparition brutale des dinosaures. Ils ont maintenant dix ans de retard sur le changement climatique.


  • Romain (---.---.10.200) 21 juillet 2006 14:23

    Ca fait quand même plus cher l’album virtuel que l’album CD réel... Ils vont pas en vendre beaucoup :s


  • Bob (---.---.76.255) 21 juillet 2006 15:04

    C’est une bonne idée de vendre de la musique non DRMisée (c’est la logique en fait), reste plus qu’à mettre des prix plus réalistes, car 2€ pour un mp3, moi je dis non, m’enfin c’est déjà une belle initiative, ça ouvre la voie à d’autres avancées...

    @suivre


  • eric63 (---.---.185.194) 21 juillet 2006 16:00

    c’ est quand même assez scandaleux 2€ pour avoir un morceau de musique et en plus en mp3 c’est très cher payé pour une qualité moyenne. Un format flac (compressible) ou audio waw qui ne détruit pas les données aurait été bienvenue) une qualité cd en somme. Libre à l’utilisateur de compresser-déformer son morceau comme il l’entend en mp3.


  • bosk (---.---.69.69) 21 juillet 2006 16:14

    je ne suis pas scandalisé car qu’est-ce qui m’empèche par principe d’acheté le titre à plusieur et de répartir la dépense puisqu’il n’y a pas de drm, rien ne l’empeche. je pense que le prix intègre cette idée


  • Shen (---.---.139.169) 21 juillet 2006 18:12

    eMusic.com vends déjà des mp3 sans DRM, à un prix bien plus raisonnable (sous forme d’abonnement mensuel). Il ne leur manque que l’adhésion des grandes maisons de disque pour proposer des artistes plus connus...


  • Philgri (---.---.156.155) 21 juillet 2006 18:56

    Et c’est reparti pour un tour !

    Il est tant que les Musiciens réinventent la Sacem, sinon ils vont se faire dépouiller ! Mais çà, c’est déjà fait ! et comme il faut, dans la règle de l’art ! (pas besoin d’un dessin) (le mal, vient souvent de l’intérieur)

    Pourquoi la Zique retient un tel engouement ? Le cinéma est deux fois plus lucratif, le jeu vidéo est 4 fois plus juteux, les logiciels sont 8 fois plus rentables ! (et je suis gentil) C’est qu’il y a bien un truc. Eh oui ! il y a toujours un truc, dans les tours de passe-passe...

    Yahoo contre les DRM ! et pour une simple raison financière ! À d’autres ! merci. Votre PC est déjà bourré d’Agents (petits logiciels qui font ce qu’ont leurs demandent), vous surfer sur le net, alors qu’il n’y a pas un seul site qui ne fasse pas du renseignement ! Et vous aurez beau vider votre cache, vous planquez derrière des proxys ou autres supercheries, L’informatique, c’est se balader à poil sur la place publique. Pour ceux qui ont encore un peu de pudeur, désolé il va falloir, oublier l’info ou devenir hackeur chevronné.

    Ben voila que Microsoft veut faire un i-pod ! après la guerre c’est encore la guerre !

    Oui belle façon de remercier ceux qui vous ont ouvert les oreilles. Mais les ziquos, ceux qui vous ont tous montrés, tout expliqués, sont déjà dans un autre univers !

    Et maintenant c’est à vous de jouer. Pour l’instant, c’est plutôt Cacaphonique, mais il y a un temps d’apprentissage, c’est normal...

    Puisqu’il faut passer par là pour comprendre.

    La musique est ta meilleure amie, à toi d’en être a sa hauteur. Aprés, vous comprendrez qu’elle n’a pas de prix, et qu’elle ne peut se vendre comme un vulgaire torchon.

    Toute la Musique gratuite, tout de suite pour ceux qui ne l’ont pas encore. À très bientôt.

    Philgri.


    • Forest Ent Forest Ent 21 juillet 2006 19:39

      En fait, ce ne sont pas les musiciens qui sont menacés par le progrès technologique. Au contraire, ce sont les seuls dont la place dans tout futur système est assurée quoiqu’il arrive.

      Ceux qui vont perdre leur boulot sont les vendeurs de CD à la FNAC, les enfants chinois qui empaquètent les tas de DVD à la sortie de l’usine, des employés d’agences publicitaires, etc ... au total envrion 400 000 emplois en jeu sur la planète.

      Tous sauf les musiciens. Ceux-ci ont juste servi de caution aux autres.


  • Philgri (---.---.156.24) 21 juillet 2006 21:10

    Eh oui, Forest, la lucidité les vrais ziquos l’ont acquis depuis belle lurette.

    Et si la société désire écouter la finesse du premier Langage humain, il va falloir qu’elle apprenne de se passer du Top show play-back et de revenir sur du Hot on the live.

    Et d’arrêter de nous faire croire qu’il n’y a que la fête de la Zique pour soulager les ardeurs des artistes en Herbes ou qu’il n’y a que le conservatoire pour comprendre le sens de nos émotions.

    La Musique c’est comme l’amour : quand je veux, ou je veux avec ceux qui veulent. (sinon c’est un viol, faut pas abuser...) Si tu payes, c’est de la prostitution.-

    A bon entendeur, à très bientôt.

    Philgri.


  • Schriss (---.---.147.161) 24 juillet 2006 03:34

    Concernant les DRM et l’interoperabilite dont nous gratifie DADVSI, n’y a t il pas une contradiction entre ses 2 termes ?

    Les DRM empeche la copie d’un media d’un support vers un autre (exemple CD -> Ordinateur) mais l’interoperabilite prone la possibilite de pouvoir ecouter les medias partout ...

    on peut donc lire les media ou on veut mais pas les copiers ???? Quelle est l’utilite de l’interoperabilite ???

    Y a pas un probleme quelque part ?


  • nono (---.---.94.25) 24 juillet 2006 09:25

    Les producteurs et les artistes seront libre de choisir leurs formes de distribution avec ou sans drm....

    Et la proposition de yahoo de distribuer sans drm n’interesse pas la grand majorite de l’industrie du disque...

    donc yahoo par definition aura des catalogues moins attractif.... franchement yahoo ne sera pas le sauveur de l’industrie du disque....

    yahoo est un intermediaire technique qui ne repond pas aux attentes des fournisseurs de contenu : les producteurs....

    Quand l’interoperabilite elle passe par des memoires de stockage utilisable dans plusieurs machine (PC, portable, mobile, etc)


  • Daop (---.---.118.127) 25 juillet 2006 10:12

    Yep

    Très franchement, au rythme où vont les choses, je ne pense pas que l’aspect DRM soit si important. Le quidam ira toujours vers la solution la plus simple ou la plus intéressante pour lui.

    Pour preuve, l’industrie musicale, par son attitude, amena le consommateur à développer sa propre alternative. DRM ou non, le processus est en marche...

    Ce réflexe est compréhensible et ce manifeste quelque soit le thème :

    - utiliser du colza à la place du diesel car celui ci est trop chère et trop polluant

    - oublier la redevance TV, utiliser un décodeur pirate ou télécharger des DivX car l’offre audiovisuelle est trop chère, pas assez souple ou trop peu intéressante

    - acheter ses produits en zone détaxée ou sur internet (même en période de solde) car rien ne justifie de payer 60% de plus le même produit surout depuis la perte de confiance en l’économie, les valeurs de l’entreprise, la politique, etc...

    - ...

    Cet état de faits témoigne de la difficulté de notre système à répondre aux besoins et préoccupations des consommateurs.

    Le plus vexant dans cette histoire n’est pas tant l’attitude du consommateur, mais plutôt celle de l’industrie du disque ou toute autre partie concernée qui feignent de ne pas comprendre les raisons de cette situation.

    Personnellement, j’ai beaucoup de mal à accorder ma confiance ou renouer avec l’envie lorsque l’entité concernée préfère se mentir plutôt que de se remettre en question... et ce pour d’obscures raisons...

    ++


  • jean de (---.---.220.12) 1er août 2006 13:41

    Question qui restera sans réponse... Une chose est certaine en revanche : les initiatives de Yahoo seront moins néfastes que celle du gouvernement français... Cocoricooooo ! Une fois de +, on se distingue par notre intelligence du vide, notre inégalable propension à vouloir tout réguler, organiser, régenter... Le marché de la musique va se réguler de lui même et - Dieu merci - ne sera pas uniforme ! La place est assez grande pour faire cohabiter réseaux « institutionnels » et réseaux underground, ne trouvez vous pas ? Ou bien les consommateurs seront eux mêmes responsables de leur échec... Car en effet, les moyens techniques n’ont jamais été si abordables pour gagner en autonomie et diffuser ses propres oeuvres, émotions, travaux, expériences... (Pour preuve AgoraVox)


  • YvanCe77 (---.---.234.111) 26 août 2006 10:35

    Ce qui est au final triste c’est de ne voir cette loi que sur l’aspect du support (remarque elle porte essentiellement là dessus) mais le problème est plus général.

    Le socle qui s’est aussi un peu fendu, est celui de la relation entre l’artiste et fan. Ceux qui hier marchaient main dans la main, aujourd’hui voient leurs routes se séparer irrémédiablement, mais il n’est pas encore trop tard.

    L’essence de l’artiste, ce qui le nourrissait avant hier, hier encore un peu, et qui aujourd’hui passe au second plan c’est la scène, cette relation magique entre lui et son public.

    Si de nos jours tu veux te taper en concert les Stones, U2, Madonna et j’en passe, primo tu dois faire la queue comme aux plus belles heures communistes, devant la fnac dans l’espoir d’un hypotétique billet, que de surcroit tu vas payer entre 150 et 200 boules, une paille pour le jeune, et secondo, si tu n’habites pas Paris t’es mort.

    Une tournée, dans des temps un peu plus ancien, était une tournée, tu avais la chance de pourvoir croiser les Floyds à Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux, Nantes, Nancy et parfois Nice. En gros le contact était encore possible ... là tu peux tout oublié.

    Depuis c’est le support, merci Monsieur l’enflure de Pascal Negre (pdg d’Univers*l) qui prime, et avouons le de suite, c’est de la daube. Pour 2 titres potables tu dois te taper le cd à 18 euros,truc quasi infame, et de plus, tu n’as même plus de rattrappage possible avec ton arstiste chéri.

    Cherchons bien à ce jour un album ou tu peux sortir 3 titres qui fonctionnent bien sur les ondes, quatre c’est rare, cinq là je prie Bernadette Soubirou de suite...

    Alors le quidam moyen il est basique et il raisonne avec raison de manière basique.

    Pourquoi payer le prix fort un album protégé, et pour 2 titres ... autant aller le chercher gratos chez un pote, comme au bon vieux temps des copies de cassettes. Ou mieux le voler à Carrefour, y a moins de risque d’aller en taule.

    Hormis le fait que le poto en question, est virtuel et dispose d’un pc, pas grand chose à changer, si ce n’est :

    1/ le majors ont du souci à se faire, car aujourd’ui les fans ne veulent plus payer pour rien, on les a assez essoré 2/ l’artiste doit faire l’effort de reconquérir son plublic, en se livrant plus, et pas que dans « Gala » ou « Voici » 3/ plus l’on jouera contre les fans, plus ils seront battus d’avance, la solution passe par discuter avec les fans pas en leur imosant des barrières, ils en ont suffisament comme cela dans la vie

    A peluche


  • YvanCe77 (---.---.234.111) 26 août 2006 12:50

    Ce qui est au final triste c’est de ne voir cette loi que sur l’aspect du support (remarque elle porte essentiellement là dessus) mais le problème est plus général.

    Le socle qui s’est aussi un peu fendu, est celui de la relation entre l’artiste et fan. Ceux qui hier marchaient main dans la main, aujourd’hui voient leurs routes se séparer irrémédiablement, mais il n’est pas encore trop tard.

    L’essence de l’artiste, ce qui le nourrissait avant hier, hier encore un peu, et qui aujourd’hui passe au second plan c’est la scène, cette relation magique entre lui et son public.

    Si de nos jours tu veux te taper en concert les Stones, U2, Madonna et j’en passe, primo tu dois faire la queue comme aux plus belles heures communistes, devant la fnac dans l’espoir d’un hypotétique billet, que de surcroit tu vas payer entre 150 et 200 boules, une paille pour le jeune, et secondo, si tu n’habites pas Paris t’es mort.

    Une tournée, dans des temps un peu plus ancien, était une tournée, tu avais la chance de pourvoir croiser les Floyds à Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux, Nantes, Nancy et parfois Nice. En gros le contact était encore possible ... là tu peux tout oublié.

    Depuis c’est le support, merci Monsieur l’enflure de Pascal Negre (pdg d’Univers*l) qui prime, et avouons le de suite, c’est de la daube. Pour 2 titres potables tu dois te taper le cd à 18 euros,truc quasi infame, et de plus, tu n’as même plus de rattrappage possible avec ton arstiste chéri.

    Cherchons bien à ce jour un album ou tu peux sortir 3 titres qui fonctionnent bien sur les ondes, quatre c’est rare, cinq là je prie Bernadette Soubirou de suite...

    Alors le quidam moyen il est basique et il raisonne avec raison de manière basique.

    Pourquoi payer le prix fort un album protégé, et pour 2 titres ... autant aller le chercher gratos chez un pote, comme au bon vieux temps des copies de cassettes. Ou mieux le voler à Carrefour, y a moins de risque d’aller en taule.

    Hormis le fait que le poto en question, est virtuel et dispose d’un pc, pas grand chose à changer, si ce n’est :

    1/ le majors ont du souci à se faire, car aujourd’ui les fans ne veulent plus payer pour rien, on les a assez essoré

    2/ l’artiste doit faire l’effort de reconquérir son plublic, en se livrant plus, et pas que dans « Gala » ou « Voici »

    3/ plus l’on jouera contre les fans, plus ils seront battus d’avance, la solution passe par discuter avec les fans pas en leur ajoutant de nouvelles barrières... ils en ont suffisament comme cela dans la vie

    A peluche


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