Christophe Leclaire

Auteur de "Insolvables !" (Flammarion, 2011) et de "La Charité des Prédateurs, Lettre à l'Abbé Pierre" (Les Impressions Nouvelles, octobre 2013).
Je ne suis pas un « Indigné » – trop loin, hélas, des places européennes pour ça –, ni même indigné tout court, tant le mot me paraît faible devant les malheurs qui sont là, les tragédies humaines créées par les banques, les spéculateurs, et tous les ravages qui s’annoncent, et que nous devons empêcher de toute notre force, chacun là où nous (en) sommes et avec nos outils. Je suis plutôt un « Excédé », un « Écoeuré », un « Anéanti », un « Humilié », un « Dépouillé », un « Abusé », un « Débité » (genre tronc d’arbre), voire même un « Violé » et un « Massacré », et pour tout dire un « Insolvable », mais un insolvable qui parle, qui écrit, parmi des millions d’autres qui se taisent parce qu’ils n’ont pas le choix, parce qu’il leur faut préserver encore le si peu qu’il leur reste, une allocation, une réputation minimale, un RSA, une indemnité, une obole smicarde, la garde d’un enfant, un toit de misère ou un échéancier consenti à grands frais par une meute de créanciers, en espérant des jours meilleurs qui ne viendront jamais. Préserver mon anonymat, pour ma part, est ma seule façon, à l’autre bout du monde, entouré de dangers permanents, de pouvoir rester en vie : libre !