Commentaire de Oxygène
sur L'ironie du sort : et si le 22 avril marquait la sortie par le haut de la France ?
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A l’auteur de l’article :
Excusez-moi, c’est long. Mais le sang bout en moi !
Marre ! Marre ! Marre de toujours lire les mêmes stupidités sur le spectre de 2002. Mais de quel spectre parlez-vous donc, Monsieur ? La présence de Jean-Marie Le Pen au second tour ? Mais si les électeurs n’expriment pas leur amertume dans les urnes, où donc l’exprimeront-ils ? Dans la rue ? Je mantiens pour ma part que le 21 avril fut une immense chance pour la démocratie : les Français ont montré, sous toutes les formes possibles : vote Le Pen, vote blanc, vote d’extrême gauche, abstention, qu’ils en avaient ASSEZ ! ASSEZ ! de cette politique menée depuis vingt ans, et qu’il fallait maintenant changer. Et mieux que tout, le vote Le Pen représentait cette colère. Et plus que tout, son arrivée au second tour était nécessaire. Pour comprendre ! Pour qu’ils comprennent enfin, nos politiques ! Sinon ils n’auraient rien entendu. Quelques mots seulement, deux ou trois commentaires sur son score élevé, et puis c’est tout. Et ils auraient continué comme avant. Exactement comme avant. Autistes.
Grand Dieu ! Mais quelle catastrophe aurait donc été un second tour Chirac - Jospin ! Vous n’arrivez pas à vous l’imaginer ? Je ne comprends pas, vraiment je ne comprends pas cet aveuglement. Dix fois pire ! Cent fois pire à ce que fut le vrai 21 avril. Ne me croyez pas si vous le voulez, c’est votre problème, mais un an avant l’élection de 2002 j’avais prévu qu’il n’y aurait pas de second tour Chirac - Jospin, et en janvier 2002, je m’arrêtais sur le nom de Le Pen. Pourquoi ? Pourquoi donc ? Parce qu’il était évident que Chirac et Jospin étaient épuisés, à bout de souffle, mourants. Il devait y avoir un vaincu. Il y en eut un, de peu, certes, mais souvent l’histoire se joue à des rien. Jospin aurait pu se qualifier. Certes. Et on aurait certes pu avoir le second tour tant de fois annoncé. Mais que se serait-il alors passé ? Vous pouvez me le dire ? Un second tour opposant un président sortant épuisé, avec un score minable, à un premier ministre sortant lessivé, avec un score plus faible encore. L’un ou l’autre aurait certes gagné, c’est le jeu, Chirac ou Jospin, qu’importe, on ne refera jamais l’histoire, de peu, 51 ou 52%. Et après ? La belle affaire ! Qui vous dit en effet que les élections législatives se seraient bien déroulées pour le nouveau président ? Qui vous le dit ? Qui sait si nous n’aurions pas recommencé avec une nouvelle cohabitation paralysante, de cinq années encore ? Dois-je vous rappeler que les socialistes n’eurent pas la majorité en 1988, alors même que ces élections succédèrent à la large victoire de François Mitterrand à la présidentielle, et qu’ils durent composer avec les communistes, d’où le fréquent recours au 49-3 ? Qu’aurait donc été le résultat d’élections législatives un mois et demi après l’élection poussive d’un nouveau président ? Je le répète : peut-être cinq années de paralysie.
Au lieu de ça, le 21 avril a offert une formidable opportunité, un joker, une chance pour le système. La chance de repartir à zéro, de rebâtir, de remonter. C’était certes une victoire à la Pyrrhus. Mais qu’importe, Chirac avait les mains libres pour mener la politique qui aurait pu rétablir la France, il avait un mandat, clair, une obligation, autant morale que politique. Accessoirement, il pouvait rentrer dans l’histoire. Il ne fit que gâcher cette chance, briser l’espoir q’un peuple entier avait placé en lui : autant celui des 82 % qui le portèrent au pouvoir, que des 18, qui, malgré tout, pouvaient espérer que le signal clair que constituait leur vote serait enfin entendu. Que les choses allaient enfin bouger. Enfin ! Un sursaut. Quelque chose.
J’étais de ces 18 pour-cent-là. Je n’avais aucune illusion cependant, connaissant l’homme, Chirac. Et j’avais même de la colère devant l’horrible imposture que constitua l’entre-deux tours. Et devant la faiblesse d’un majorité de Français qui auraient mieux fait de comprendre que donner le pouvoir avec une marge trop large était, de toutes, la pire des solutions. Un poison. Un anesthésiant. « On a vaincu la bête ». Dix-huit pour-cent. Minable. On peut s’accomoder de cette minorité-là, et continuer, comme avant. Sans rien faire. Alors qu’une victoire plus étriquée aurait sonné comme un message plus clair encore. Comme une urgence. Il n’en fut rien. Et ce qui devait arriver arriva. Chirac gâcha la chance, l’unique chance.
Car il n’y en aura pas une chance du même type. Et ne croyez surtout pas que les choses se reproduiront de la sorte cette fois-ci, si jamais Le Pen est à nouveau au second tour (ce que je crois). J’en appelle au courage des Français. Votez ! Donnez un signal clair ! Qu’ils se remuent enfin, « là-haut », sans quoi dans quelques années ce sera la révolution ! Il ne s’agit pas nécessairement d’élire Le Pen. Il s’agit de voter en masse pour lui. Pour que les autres comprennent l’urgence. Et ma foi, s’il passe, ce ne sera pas non plus la fin du monde. Soit il réussit. Et c’est tout bon. Soit il échoue. Et l’aventure se terminera très vite pour lui. Et on recommencera alors avec des hommes nouveaux quelque chose de neuf. Mais vite ! Très vite ! Il y a urgence. L’explosion guette.