Commentaire de Renaud D.
sur Marseille : Grève de la faim d'un chanteur d'opéra
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Sanctionné à la moindre initiative (ce n’est pas dans les « textes », qui interdisent aujourd’hui ce qui était obligatoire hier), soumis aux angoisses carriéristes de son chef de service (surchargé car il apprend par cœur le nom et la fonction de tous les ministres depuis la troisième république pour préparer le QCM de son prochain concours), craignant le mouvement (un mouvement, c’est un changement d’affectation, un risque, une audace, voire une sanction !) le fonctionnaire français, à l’instar du fonctionnaire tsariste si cher à Gogol, est amené à craindre passivement tout ce qui bouge.
Dans sa culture, une réussite personnelle constitue une menace pour son propre avancement. Par conséquent, tous ceux qui entreprennent agissent contre les intérêts des fonctionnaires, donc de la France qu’ils administrent, donc des Français eux-mêmes et doivent, à ce titre, être irrémédiablement sanctionnés.
Chaque jour - chaque jour ! - des entrepreneurs, des artisans, des travailleurs indépendants perdent leur métier à la suite d’erreurs administratives. C’est dans l’ordre normal - au sens de normatif - des choses. Une erreur doit se poursuivre jusqu’à son parfait achèvement, dans le plus parfait immobilisme, mue par la seule inertie du système. Je connais de ces victimes dans mon propre entourage.
C’est un des plus forts tabous de la société française.
Que les entrepreneurs osent émettre une remarque à ce sujet, ils sont aussitôt étiquetés de poujadisme réactionnaire, de lobbying, comme l’a fait mécaniquement plus haut le célèbre M. IPxxx, toujours prêt à dégainer ses admonestations à l’abri de tout risque de représailles.
Les feuilletons TV montrent des entrepreneurs véreux, des flics véreux, des médecins véreux, jamais de chef de service véreux de la fonction publique, refusant de payer une facture sans raison valable, ni factuellement, ni juridiquement, par le seul fait du prince (plusieurs témoignages autour de moi, dont deux dépôts de bilan à la clé), interprétant les textes à la tête du client (nous avons tous vécu le papier qui manque à un dossier quand aucun texte ne mentionne sa nécessité, exigé par un le dérisoire, pusillanime, enfantin caprice d’un sujet de la république lobotisé par la crainte d’agir).
Il me faut, avant de conclure, sortir l’indispensable joker qui m’évitera une avalanche de commentaires de haine (mais pas tous) : tous les fonctionnaires ne sont pas ainsi. Dont acte.
Salarié quatre ans dans la fonction publique, plus quatre ans passés à son service, j’ai rencontré environ 20 % de personnes faisant 80 % du boulot. Les autres passaient leur temps à m’expliquer pourquoi ils ne sont pas assez nombreux...
Bon courage à ce soliste si bien nommé face au système qui le broie inexorablement.