Commentaire de Tahar Hamadache
sur Traité d'amitié France-Algérie : de plus en plus improbable


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Tahar Hamadache Tahar Hamadache 23 août 2005 16:31

Terrible, l’image que le président Bouteflika réussit à donner de lui, si on se fie à ce seul article ! Il faut, pour la percevoir, concevoir que « l’individu qui préside l’Algérie » ne donne pas entière satisfaction au commun des individus que préside l’individu qui préside l’Algérie. Il faut aussi se rendre compte que le sens de la dynamique du 23 février rendue publique à cette même date et officielle avec la nomination de l’un de ses initiateurs n’échappe pas à cette foule d’individus dont l’un préside les autres :)

Ce qui est certain, c’est que l’individu président se gourerait vraiment s’il lui arrivait de croire qu’il suffirait de se ranger du côté de l’exécuteur testamentaire du colonialisme bienfaiteur (l’individu qui a initié l’erreur colossale - la loi du 23 février-) et qui en a été félicité par le prestige de chef de la diplomatie. Il se gourerait s’il lui arrivait de croire qu’une simple « commission », avec ce qui connote ce mot en Algérie, « mixte » en plus et, françalgérienne donc pour tout couronner, pourrait suffire à faire sortir les individus qui l’ont mandaté président dans les rues et crier « Tahya la loi du 23 » :))

Ce n’est pas que les individus dont l’un préside les autres sont tellement en colère au point que les soldes (ou les enchères) pourraient ne concerner que l’erreur colossale et la manière de la rendre moins colossale -avec probablement l’idée de n’avoir pas à travailler sur le fond du texte ni sur la trajectoire de son initiateur. Le colonialisme a depuis bien longtemps fini de susciter des colères aveugles.

Ce texte, on l’aura remarqué, n’a pas spécialement attiré l’attention des individus dont l’un est présidé par les autres. Ceux parmi eux qui ont eu à s’exprimer dessus l’ont fait très tardivement ! Ils n’ont fait qu’intervenir dans un débat initialement franco-français !

Le commun des individus dont l’un préside les autres apprécie autrement la situation. Il pense que l’erreur colossale ne l’est que dans la tête de ceux qui se prennent à tomber dans le piège consistant à focaliser le débat sur elle. C’est le problème des françaises et des français s’ils ont l’intention de pousser leur Etat à être plus franc, question impérialisme et colonisation, que la perfide Albion et l’Etat yankee ; c’est leur problème s’ils veulent assumer, en tant que peuple, nation et société, le caractère colonialiste de leur pays et le lui consacrer en tant qu’attribut officiel et civilisationnel. Le problème des individus dont l’un préside les autres est de ramer encore plus fort, plus vite et de manière toujours plus efficace pour sortir des séquelles du colonialisme. Leur problème concerne seulement la bonne identification de l’ami, des amis, du pays ami avec lequel ils auraient l’intention de pactiser une amitié sans que le passé colonial ne vienne s’immiscer dans ses attributs de souveraineté sur les mouvements politiques, sociaux continuent de travailler. C’est tellement plus difficile de faire un pacte avec un ami qui fut un ancien colonisateur que beaucoup d’individus qui sont présidés par l’un d’entre eux flairent déjà, à la recherche d’amis avec qui pactiser sans que le projet de pacte ne soit alourdi par un volumineux reliquat historique.

Les individus dont l’un préside les autres pensent qu’il n’y a pas lieu de se fourrer la tête d’obsessions au sujet du colonialisme, des colons, des nostalgiques. Et que la terre est ronde qui porte de moins en moins de murs et de plus en plus de pactes d’amitiés potentiels à travers le monde.

Et les individus ne cessent d’exprimer par tous les moyens dont ils peuvent disposer, à l’attention de celui parmi eux qui les préside, qu’ils entendent bien ne se laisser aller à être l’ami de personne avant de percevoir que le vis-à-vis est fier de cette amitié ni avant d’être sûr qu’il en est digne aussi. Tout cela, dans la réciprocité généreuse et détendue mais extrêmement vigilante et attentive.

Il n’est pas inutile de relever que les individus dont l’un préside les autres ont les oreilles qui bourdonnent encore de malveillances et de propos recueillis de manière directe et indirecte auprès des colons et des colonialistes d’hier. Il ne leur échappe pas que le langage peut évoluer au contact des réalités et qu’un statu-quo mental peut conduire au bégaiement.

Et , sans nul doute pour des raisons médicales, économiques et de communication politique, le bégaiement n’est pas une fine qualité chez de bons négociateurs...


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