Commentaire de JoëlP
sur Eloge raisonné de l'Anticyclopédie universelle


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JoëlP JoëlP 17 décembre 2007 15:03

Merci de nous offrir cet espace de trolling, pardon de trollage. Merci de parler d’Alexandre le grand. Placé sous de tels auspices, ce livre me semble déjà digne de tous les intérêts. Comme dit le proverbe bantou : « Quand un vieillard meurt c’est une encyclopédie qui disparaît et quand un nouveau naît c’est un anticyclopédie qui apparaît. »

J’ai sous la main ce petit texte du maitre que j’ai piqué quelque part sur la toile. Un conte assez moral, je trouve.

...Les sorcières s’abattent en piqué, avec un bruit de grêlons, comme une nuée de sauterelles. La pluie tombe, l’orage se déchaîne, la foudre frappe. Le diable apparaît sous un sapin. Il a l’apparence d’un vieux bouc. Il distribue des sandwiches à tout le monde : tantôt c’est du saucisson-beurre, tantôt du colin-mayonnaise. D’autres fois une feuille de laitue prise entre deux tranches de pain de seigle avec une olive noire et une branche de persiil. Les sorcières, pour ne pas se mouiller, s’asseyent sur leurs imperméables qu’elles étalent sur quelque rocher. Certaines ont apporté de la saucisse de Toulouse dans un antique morceau de journal ; elles raclent avec un canif la sauce au vin qui a séché sur le papier. C’est ainsi que ces femmes infernales se livrent à leurs tristes festins. Le diable alors devient phosphorescent ; il dégage une odeur de soufre, d’étable à chèvres et d’allumette chimique. Il distribue gratuitement aux sorcières des recettes infâmes pour faire crever le veau du voisin. Imprimées sur du papier vert. (C’est pourquoi tant de voisins, surtout dans les grandes villes, se privent aujourd’hui d’avoir un veau.) Affreux trafics ! Ensuite le diable disparaît dans un tourbillon de fumée noire, et les sorcières rentrent chez elles par la cheminée. Elles rangent le balai dans le placard. Elles dissimulent dans une armoire leur pot de graisse de vipère sous une pile de torchons. Le matin elles reprennent le travail. Elles sont très fatiguées. Elles lavent mal la vaisselle et leur patronne les congédie.

Le diable rentre dans son étable ; le paysan l’y traite sans considération.

Cette histoire prouve que la vie des sorcières est une existence très pénible mêlée d’incidents ennuyeux et qu’une jeune fille réellement bien élevée devrait toujours rentrer chez elle avant minuit.


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