Commentaire de Krokodilo
sur L'école négligée par l'Etat !
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C’est sympa de défendre l’école, mais je crois que votre article n’est pas assez documenté, pas assez fouillé.
Êtes-vous sûre que les classes Cliss ont été fermées partout ? Il y a à peine un an ou deux , je me souviens en avoir entendu parler, et je suppose que le Rased (réseau d’aide et de soutien aux enfants en difficulté) existe toujours, qui dépiste et intervient dès la maternelle.
D’autre part, le CP est un très mauvais choix pour un exemple, car la différence d’âge y joue encore un grand rôle : entre celui qui est né en janvier et celui qui est né en décembre, il peut y avoir presque 12 mois de différence qui se feront sentir sur la vitesse d’apprentissage de la lecture. En outre, vous parlez du mois d’octobre :
"J’ai observé l’évolution du niveau pour les élèves du Cours Préparatoire : Au mois d’octobre 3 élèves savaient lire, 3 élèves avaient un niveau moyen, et 15 élèves étaient en difficulté. Ces élèves sachant lire avant les autres sont le plus souvent poussés par leurs parents..."
On ne peut absolument pas parler de 15 élèves en difficulté au CP en octobre, c’est là une répartition normale selon une courbe de Gauss, avec un faible nombre précoce, un faible nombre (peut-être) en difficulté, et un gros groupe dans la moyenne - en regroupant vos 3 moyens avec la majorité des "difficultés".
C’est sur l’ensemble du CP qu’on apprend à lire. D’ailleurs dans les pays dont la langue est difficile phonétiquement (anglais), on considère qu’il faut 2 à 3 ans, et moins dans les pays facile sur le plan correspondance écrit-oral (italien, russe je crois).
"Une constatation flagrante est à dégager, les CE2 sont meilleurs, les CM1 stagnent, on en conclut qu’une classe est poussée par l’autre et l’autre est justement ralentie donc retardée dans leur apprentissage."
J’ai envie de dire doucement, mollo-mollo, c’est bien là une vision française de la compétition et de la notation au demi-point près qui est absurde et inutile au primaire, une évaluation en cinq lettres seraient largement suffisante, je crois que la Finlande n’utilise rien d’autre au primaire qu’une phrase d’encouragement ou un commentaire du PDE. Il faut aussi accepter une certaine hétérogénéité des élèves, qui n’est pas incompatible avec l’égalité des chances. Je ne sais combien de fois revient le mot "niveau" !
C’est seulement en français que les récents rapports ont montré un niveau inférieur à celui qu’on serait en droit d’attendre à l’entrée en 6e, pour 25% des élèves.
Votre article suppose que la seule solution est dans le "toujours plus", de profs d’heures, et moins d’élèves par classe. Ce ne sont pas les seules pistes :
— Cesser officiellement cette absurde méthode globale (que la plupart des PDE ont abandonnée depuis longtemps),
— Ne pas sacrifier des heures de français au profit de l’anglais (imposé illégalement) ou du sport (on parle de rajouter une heure), voire d’activités d’éveil certes utiles, si elles demeurent en quantité modérée.
— Aborder les sujets tabous : le niveau en français des PDE. Il serait préférable que les IUFM donnent des cours de français plutôt que de les gonfler avec du pédagol fumeux et la validation d’une langue (anglais majoritairement…) dans laquelle de toute façon ils n’auront qu’un niveau inférieur à la licence de langue - et ils n’en sont pas coupables, c’est ce système qui est absurde.
— Autre tabou : reconnaître que les pédagogies qui se croyaient modernes, ORL (Observation réfléchie de la langue), ont fait et font encore perdre beaucoup de temps aux élèves, voire leur font perdre pied car trop fumeuses, et nuisent aux milieux défavorisés, les autres se voyant corriger leur français à la maison !