Commentaire de Philippe Vassé
sur Société générale : la « fraude des fraudes » : des faits et une hypothèse


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Philippe Vassé Philippe Vassé 28 janvier 2008 17:33

Snoopy86

Les données que vous publiez et dont je vous remercie sont instructives d’un état du monde bancaire français et plus largement mondial depuis quelques mois notamment.

Pour autant, des chiffres proches en apparence peuvent cacher des réalités bien différentes dans les causes de ces baisses.

LCL et BNP ont depuis des mois perdu en valeur parce qu’elles ont notifié assez vite leurs pertes prévisibles dur certains marchés et ont annoncé en quelque sorte la couleur, d’une manière relativement transparente. Les titres ont reculé, mais celui de la SG avait perdu 40% à la Bourse de Paris avant la crise du 21 janvier depuis...mai 2007 !!!

Les marchés ont sanctionné ces annonces en recul des autres banques françaises, avec parfois des rebonds significatifs, mais le cas de la SG est bien spécifique :

1) les annonces de pertes potentielles ont été étendues dans le temps, donc ont accumulé des baisses successives et surtout nourri doutes et rumeurs baissières.

2) les récents évènements se sont inscrits dans ce cycle de baisse actif et continu, ils ont renforcé les doutes sur la réalité des actifs pourris et des problèmes internes de la SG.

3) puis est survenu le 21 janvier 2008, perte de près de 7 milliards d’euros en 3 jours. Le cours de la SG est toujours à la baisse, alors que, selon les jours, les titres des autres banques françaises jouaient au yoyo.

Bref, les chiffres cachent des réalités diverses et pas toujours comparables.

Pour l’heure, personne ne met en cause les gestions au CA, à LCL et à la BNP, par contre, à la SG, oui et de façon massive autant que publique.

Autre chose ; Elie Cohen est effectivement administrateur de la SG. C’est aussi pour cela que je le citais.

Si un de ceux qui a voté la confiance en Daniel Bouton dit à l’extérieyr qu’une OPA est du domaine du possible rapide, cela me semble donner une idée de sa position, certes un peu ubique, sur le dossier de la SG.

En clair, sur ordre éminemment politque, le CA soutient comme un seul homme Daniel Bouton avec confiance. Mais, on se prépare à vendre le bateau avec l’eau avariée qui y est rentrée.

C’était en effet ma conclusion d’article, certes un peu ironique : jusqu’à quel niveau de cours le CA sera-t-il une force unie de soutien à Daniel Bouton ?

On peut aussi poser la question plus politiquement vu la sensibilité politique de l’affaire : à quel moment sera-t-il incontournable, impératif, nécessaire de virer Daniel Bouton, sachant que sa mise en cause publique pourrait alors entraîner des conséquences très fâcheuses, à droite et à gauche, eu égard aux informations que ce banquier ancien Directeur du Budget possède ?

Sans oublier que, plus la SG va être sur le grill, plus les appétits internes vont s’aiguiser contre le PDG en intérim manifeste, et que, parfois, balancer aux médias des informations "saignantes" peut être un moyen de vider vite l’abcès, quitte à provoquer une crise politique nationale d’ampleur incontrôlable.

Et, dans les archives de la SG et/ou de Daniel Bouton, beaucoup disent que l’on trouverait les listes des "commissionnés" légaux des affaires de ventes d’armes à Taiwan et ailleurs (Afrique notamment) et, plus ennuyeux, les traces des rétro-commissions totalement illégales, elles.

En résumé, la SG pourrait être un scandale d’Etat potentiel d’une gravité qui dépasserait de loin les seules sommes perdues, mais pourrait révéler publiquement les pratiques cachées des 20 dernières années en matière d’armements, entre autres. Et là, beaucoup de politiques s’inquiètent et se concertent à juste titre, comme récemment Nicolas Sarkozy et Dominique Strauss-Kahn.

Il arrive parfois que des intérêts communs génèrent des défenses et positions communes.

Bien cordialement,

 


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