Commentaire de Marc Bruxman
sur Pourquoi nos usines ferment ?
Voir l'intégralité des commentaires de cet article
Il faut voir le problème autrement. Au XXème siécle les inventeurs dépendaient de l’industrie et son savoir faire. Aujourd’hui la situation s’est inversée.
Pour mieux comprendre le problème prenons le cas d’un objet de la vie de tous les jours : un lecteur DVD.
L’engin est revendu dans les 40$ par le chinois qui le fabrique. Celui-ci se fait environ 1$ de marge par appareil mais en vend des quantités astronomiques. La grande distribution en fait venir de gros lots et les revendra entre 40 € (merci le taux de change) et 70 €. Un très beau profit d’autant qu’elle aussi en vend des quantités astronomiques.
Mais surtout sur les 40$ que le chinois touche pour produire son DVD, près de 20$ sont des licenses pour des brevets divers et variès. (Du MPEG à la diode laser en passant par diverses autres choses).
Ce qui fait en résumé :
- 1$ de marge pour le fabriquant Chinois et ce au prix d’investissements très lourds.
- Au minimum 18.80 $ de marge pour l’importateur et la grande distribution.
- 20$ pour les détenteurs de brevets, majoritairement des boites occidentales. (Dont de très nombreuses boites européennes). On peut considérer que 80% de cette somme correspond à la marge au minimum.
- 19$ engloutis dans les couts de fabrication dont une bonne partie correspondent à l’achat de couteuses machines outils produites notamment en Allemagne (ils sont très bon pour cela) et le reste correspondant à l’achat de matières premiéres ainsi que la main d’oeuvre.
Vous commencez à voir le problème autrement ?
Le vrai problème c’est que comme Marx l’avait justement prévu (et c’est un libéral qui vous parle), on est maintenant très vite en situation de surproduction dans le domaine industriel. Dès lors le fait de produire crée une valeure ajoutée minime. Toute la valeure ajoutée est maintenant dans l’invention initiale des concepts et algorithmes. Car les usines sont tellement performantes qu’il est VITAL pour elles que des gens inventent afin qu’elles aient de nouvelles choses à produire. Et c’est pour cela que l’on nous rabache tant les oreilles avec l’innovation. Car si l’on cesse d’innover l’économie se cassera immédiatement la geule dans une superbe crise de surproduction. Et comme la valeur ajoutée de la production est maintenant quasi nulle, il est absolument nécéssaire d’avoir de la main d’oeuvre à pas cher pour pouvoir produire. C’est pour cela que le role de la Chine va croissant et que lorsque celle-ci se sera trop développée, un autre continent comme l’affrique devra prendre le relai. (Mais on a encore une bonne 40aine d’années devant nous).
Non on est pas prêt de revoir des usines en Europe. La désindustrialisation est inéluctable. Si l’on réduit les charges des entreprises c’est avant tout pour dégager de la marge en R&D. Le reste c’est de la politique. Pleurer sur les ouvriers d’une usine permet de faire des voix. Mais le vrai défi reste l’innovation. La production c’était le défi du XXème siécle. Il a été largement gagné. Souvenez vous qu’il n’a fallu que quelques années pour innonder le monde de téléphones portables. Et qu’il est nécéssaire d’innover pour pouvoir en refabriquer et faire tourner les usines. Si on innovait pas, il n’y aurait pas de renouvellement et les usines fermeraient. C’est pour cela que le transfert de richesse se fait petit à petit du monde de la production vers le monde de l’innovation. Car alors qu’au XXème siécle les inventeurs étaient dépendents de l’industrie, aujourd’hui l’industrie est dépendente des inventeurs.