Commentaire de ronchonaire
sur Année noire, saison 2 épisode 5 : la nationalisation des pertes


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ronchonaire 15 juillet 2008 11:51

Plus qu’une crise du libéralisme (ou du libertarianisme pour reprendre votre expression), il me semble qu’il s’agit surtout d’une crise du capitalisme.

Je m’explique : une politique véritablement libérale n’aurait pas laissé de tels mastodontes se constituer, elle aurait cherché à introduire un minimum de concurrence de manière à ce que les risques (et les bénéfices) soient partagés dès le départ et de manière à ce que, si l’un des agents s’effondre, le système ne s’effondre pas avec lui. C’est à ce niveau, en amont, qu’une réglementation appropriée prend tout son sens.

Or, nous sommes ici à l’opposé d’une telle situation : ces deux entreprises représentent, je crois, environ 40% du crédit hypothécaire aux Etats-Unis. Etant donné la dépendance de l’économie américaine vis-à-vis de ce type de crédit, il semble évident que si l’une des deux (voire les deux) se met à plonger, c’est toute l’économie qui plonge en même temps.

D’un point de vue théorique (je sens que certains vont hurler), cette crise montre ce qui se produit lorsqu’on ne respecte pas l’un des axiomes de la concurrence : l’atomicité des agents. Contrairement à une idée largement répandue, les libéraux ont en fait horreur des grandes entreprises capitalistiques telles que celles-ci car elles se créent des activités de rente qui éloignent leur optimum privé de l’optimum social.

Dans le cas précis du système financier, un problème supplémentaire se pose, qui est d’ailleurs aussi à l’origine de la crise : ce système a fini par fonctionner en vase clos alors qu’il est censé n’être là que pour financer l’économie réelle. Les sommes en jeu sont devenues sans communes mesures avec le réel ; par exemple, lors de l’affaire Kerviel, la SG a quand même liquidé l’équivalent du PIB annuel de la Corse en une nuit !

Quand à la nationalisation, elle est, étant données les circonstances, inévitable : quels autres choix auraient pu avoir les autorités ? Espérons simplement que ça leur servira de leçons et que ce sera l’occasion de doter le système financier des règles qu’il mérite.


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