Commentaire de Kieser
sur Ordre et barbarie


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Kieser 3 août 2008 13:45

@Radix
Bonjour,
"La démocratie est censée mettre un frein à l’utilisation abusive de la force par certains individus en créant une société policée chargée de faire respecter un minimum de droits individuels."

Pas tout à fait, la démocratie a pour finalité de donner au peuple le droit de disposer de lui-même pour son présent et son avenir. C’est le droit qui, ensuite, fixe les limites de l’exercice de la force. Le droit est supposé défendre le plus faible contre le plus fort, permettre au pauvre de disposer des mêmes droits que le riche. Vous comprendrez que nous sommes loin du compte. L’exercice démocratique n’est plus, depuis longtemps qu’une illusion.

 

Actuellement ce qui autrefois caractérisait la "barbarie" est réprimé, personne ne peut utiliser impunément sa force physique pour imposer à autrui sa façon de voir les choses.

Je voudrais lever une ambigüité sur le terme "barbarie". Il est vrai que j’entretiens moi-même ce doute. Au sens antique, est barbare ce qui est étranger à nos mœurs, à notre territoire, à nos coutumes, etc. Il existe une typologie assez universelle du barbare et les traits de cet étrange humain sont intéressants à noter.
La barbarie ne se limite donc pas à l’usage de la force brutale de la bête primitive, elle inclut tout ce qui n’est pas repéré par nos critères moraux d’évaluation de la "bonne conduite". Sous cette forme, la barbarie concerne les mœurs de l’autre. Souvenez-vous du "Bruit et l’odeur" de Jacques Chirac.
Barbarie évoque donc ici une projection sur la figure de l’autre de ce que nous ne voulons pas assumer, de ce qui nous dérange ou nous fait peur. Nous retrouvons la figure du bouc émissaire, portée actuellement par les Rom en Europe. (Italie, France, Allemagne...)

La barbarie, sous nos cieux présents, évoque le plus souvent ces mœurs évoquées par Michèle dans son post précédent. Il s’agit d’une régression aux temps les plus sombres de l’humanité – cf. "la guerre du feu". Barbarie a, ici, pour équivalent primitif, c’est donc une régression des comportements sociaux.

Mais dans notre société ce ne sont plus les muscles qui permettent de s’imposer mais l’argent !

Oui, à Paris, Berlin Montréal ou New York, mais à Bagdad, (des mercenaires américains tirent sur la foule, tuent 3 enfants et se replient...) croyez-vous que nos politiques s’embarrassent de politesse pour user de la force brute ? Que diriez-vous de Hiroshima et de Nagasaki ?
On prévoit de bombarder les centrales nucléaires iraniennes, au prix de près de trois millions de personnes irradiées. (Faites une recherche sur Internet, vous obtiendrez assez d’informations pour vous faire un premier avis)
Bien sûr, « chez nous » nul besoin de torturer, nous sommes déjà abrutis par la masse des règles et l’emprise psychique suffit à nous tenir en respect... Ailleurs, la force prime encore. Il s’établit un équilibre entre nos besoins et ce que la norme exige de soumission. C’est un contrat implicite qui n’a plus rien à voir avec les usages démocratiques.

Quels sont les freins qui permettent, dans le cadre de la mondialisation de l’économie, de réprimer l’utilisation abusive du pouvoir financier sur l’individu ?

Les freins ? Quand nous serons touchés, au sein même de nos univers, par les conséquences de la démesure de ce pouvoir. Dans pas longtemps... Il suffirait que New York soit frappé par un cyclone, que Miami soit inondé du fait de la hausse du niveau de la mer. Nous commencerons à nous poser des questions, les vraies.

Il est temps de mettre des plaquettes neuves à ces freins pour ne pas basculer dans une nouvelle barbarie !

Nous y sommes déjà... la légalisation, par les USA, de l’usage de la torture pour extorquer des informations est, en soi, une barbarie, un acte régressif. Ce n’est qu’un exemple parmi beaucoup d’autres. Il y en a tant d’autres...

Merci et bonne journée


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